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Dental Tribune Édition Française | Septembre 2012 COMMUNICATION
Les progrès de la médecine, les conditions
de vie font que nous vivons de plus en plus
vieux… À l’époque de Molière, un homme de
quarante ans était considéré comme un
vieillard. Aujourd’hui les magazines de santé
fourmillent de conseils pour bien vivre après
soixante ans. La population des séniors re-
présente un pourcentage sans cesse crois-
sant de notre patientèle. En 2050, les plus de
65 ans seront devenus plus nombreux que les
moins de 20 ans. Face à ces personnes âgées,
le comportement relationnel des chirur-
giens-dentistes devra s’adapter. Nous serons
de plus en plus souvent amenés à les écouter
et communiquer avec elles. Mais parlent-el-
les le même langage que nous ? Existe –t-il un
portrait type de la personne âgée.
Deux profils différents
Si la personne âgée ne se résume pas à une
seule typologie, on peut tout de même distin-
guer deux grandes familles de patients qui
consultent dans nos cabinets libéraux
La personne âgée valide
Son caractère dépend de la façon dont elle a
abordé sa retraite et organisé la gestion du
vide laissé par l’arrêt de son travail. La situa-
tion économique et la perception subjective
de sa propre santé sont deux facteurs essen-
tiels en gérodontologie. Plus ces critères sont
favorables et plus les projets sont nombreux,
plus la représentation du futur sera
positive.la personnalité joue aussi un rôle
important. Un individu sûr de lui, s’adaptant
facilement, de caractère joyeux et de nature
optimiste sera, évidemment, un patient plus
facile à aborder.
La personne âgée malade
Son caractère dépend du degré d’autono-
mie, de son âge, de son état de fatigue et de son
état psychologique. Un malade qui prend
conscience de l’intérêt des soins pour son
bien être, un patient qui a confiance dans la
thérapeutique proposée sera docile et coopé-
ratif. Lors de la première consultation, l’éva-
luation de la santé générale du patient, ses ap-
titudes physiques et mentales se révèlent né-
cessaires pour la prise en charge future de ce-
lui-ci.
Le rôle du dentiste
Informer
Le premier sujet à aborder est l’importance
d’une alimentation équilibrée. Les patients
âgés souffrant de solitude-ou tout au
contraire menant une vie sociale très riche-
auront tendance à manger trop sucré.il est
fondamental de leur rappeler l’influence du
sucre sur les caries. De même, il est impor-
tantde les inciter à boire en petites quantités,
et régulièrement, de l’eau.
Conseiller
La régularité : rappeler de venir chez son
dentiste 4 fois par an.
Le brossage : Le sénior doit associer une
brosse à dents manuelle ou électrique (très
utile chez les personnes ayant perdu leur dex-
térité) à un dentifrice à teneur suffisante en
fluor. Pour les patients souffrant d’hyperes-
thésie, une pâte dentifrice contenant de
l’hexa hydrate de chlorure de strontium et du
nitrate de potassium leur rendra service. Il
n’est pas superflu de rappeler au patient âgé la
façon d’utiliser une brosse à dents ; on peut as-
socier un bain de bouche à la chlorexhidine à
des stades plus avancés du processus carieux.
L’éclaircissement dentaire : En plus
d’éclaircir les dents la molécule de Peroxyde
de carbamide possède une indication médi-
cale dans le traitement des lésions pré carieu-
ses grâce à une augmentation du PH de l’en-
vironnement, elle limite la plaque dentaire et
tue les bactéries. C’est donc aussi le traite-
ment parodontal des patients âgés !
L’entretien minutieux des prothèses
amovibles :avec une brosse à ongles et du sa-
von de Marseille.
Une astuce à suggérer : remplir d’eau son
lavabo afin d’amortir la chute éventuelle de
sa prothèse pendant le nettoyage. Le
conseiller sur la nécessité de l’utilisation
d’une solution désinfectante, en lui indi-
quant bien de rincer la prothèse à l’eau tiède
après afin d’éviter d’avaler la solution net-
toyante.
Créer un climat de confiance
Être âgé, c’est communiquer différem-
ment et plus difficilement. Le manque
d’échanges et de relations quotidiennes
fait qu’une visite chez le dentiste peut
prendre énormément d’importance.il faut
prendre le temps de faire des démonstra-
tions au fauteuil et proposer des fiches
conseils expliquées clairement et écrites
en gros caractères afin qu’une fois rentré à
la maison, le patient puisse relire à tête re-
posée les éléments communiqués lors de sa
visite.
Comment parler au sénior ?
Le stimulus informatif est le meilleur
moyen de permettre à votre patient âgé de se
sentir actif et intégré au monde qui l’en-
toure. Il faut néanmoins lui expliquer son
traitement en termes compréhensibles. Vos
phrases devront être courtes, avec des mots
simples.si un sénior, à l’audition défaillante,
ressent l’impatience du dentiste, il préfèrera
prétendre avoir entendu et compris plutôt
que de faire face à une hostilité. N’hésitez pas
à prendre un papier et écrire l’essentiel que
le patient rapportera chez lui. Il trouvera em-
barrassant de faire répéter deux fois la
même question ou l’information. Face aux
patients qui connaissent des problèmes
d’audition, il est important de leur parler de
face après voir éliminé les bruits environ-
nants (fermer les
portes et les fenêtres,
éteindre la radio).
Pour créer un climat
agréable, il est préfé-
rable de rester assis
durant la conversa-
tion et d’éviter les
obstacles physiques
(comme un simple
bureau) entre le pa-
tient et vous. Dans le
même but, pensez à
ne pas obstruer votre
visage, avec un
masque par exem-
ple, la personne âgée
doit voir votre vi-
sage, avant même de
parler, attirez sim-
plement son atten-
tion en lui touchant le bras ou en lui faisant
un signe de la main. Même s’il vous connait
déjà, n’hésitez pas à vous représenter briève-
ment en introduction de chaque séance. Du-
rant la conversation, et chaque fois que vous
aurez à vous adressez à lui, parlez fort, claire-
ment et lentement, attention toutefois à ne
pas crier, les personnes âgées sont très récep-
tives au climat affectif. Pour la fluidité de l’é-
change, ne posez qu’une seule question à la
fois, et, pour l’investir, pensez à n’utiliser que
des questions dites « ouvertes ». Et pour
étayer vos explications, n’hésitez pas à re-
courir aux démonstrations gestuelles. En-
fin, pour s’assure de la bonne compréhen-
sion du message, pratiquez et faites prati-
quer la reformulation.
Comment se comporter ?
Comme avec tout autre patient, mais à
plus forte raison avec une clientèle fragili-
sée par l’âge, il est important de considérer
chaque patient sénior comme unique, avec
un vécu qui lui est propre. Il est fondamen-
tal de mettre le patient âgé en sécurité et en
confiance, de s’assurer de ses motivations
profondes personnelles. Plus qu’avec une
autre population, privilégiez l’écoute et
laissez du temps au patient pour compren-
dre, répondre et s’exprimer. Concentrez
vous sur la personne et restez à l’affût des in-
dices non verbaux qui contredisent la com-
munication verbale, de même ne donnez
pas de votre coté, des signes d’inattention
ou d’impatience (évitez de griffonner ou de
tripoter un objet). Parlez avec votre patient,
parlez vraiment… Il s’agit d’adapter son dis-
cours à la personne que l’on a en face de soi,
et de ne pas répéter indistinctement le
même discours. Une discussion nécessite
une implication du praticien. L’écueil le
plus souvent rencontré dans la relation aux
patients âgés est l’infantilisation, alors qu’il
ne faut surtout pas déresponsabiliser le pa-
tient sénior. De même, pensez à diminuer
les images négatives de la vieillesse ; une
femme coquette le reste, il est important
pour elle que son entourage le remarque… et
lui en fasse compliment. Il faut stimuler la
personne âgée et la convaincre qu’elle peut
toujours faire certaines choses d’elle-
même. En l’encourageant et la soutenant
dans cette voie, elle devient alors acteur et
non plus spectateur des soins.les rendez –
vous doivent être plus longs afin de consac-
rer plus de temps à l’écoute et adaptés à
leurs horaires (attention aux activités post-
prandiales comme les séries, type les feux
de l’amour, ou les siestes). Il ne faut pas trou-
bler leurs habitudes ni les inquiéter. Avant
les soins, tachez de réduire l’attente qui peut
être source d’angoisse et de stress. De
même, les séances au fauteuil seront écour-
tées. En revanche, pour pallier cette limita-
tion de la durée de travail, le nombre de
séances sera augmenté. Et prévenez systé-
matiquement le sénior de ce qu’il va ressen-
tir et de combien de temps cela va prendre.
Le mot de la fin
Dans les années à venir, notre patientèle
comptera un nombre de plus en plus élevé de
personnes âgées. Face à cette évolution, et
pour certains patients fragilisés, le praticien
devra adapter son comportement relation-
nel et thérapeutique, s’interroger sur la parti-
cularité des séniors, et, peut être, suivre une
formation spécifique pour répondre à leurs
attentes.
Comment communiquer avec les séniors ?
La population des séniors s’accroît d’une façon telle qu’elle représentera une part importante de notre patientèle.
Comment se comporter avec cette nouvelle clientèle ?
SPÉCIAL SÉNIOR
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