Kohlberg, disciple de Piaget, réalise des travaux sur le développement moral cognitif. Dans ce sens, il identifie et hiérarchise six stades de développement moral qui conduisent à l'autonomie. Ces six stades correspondent aux six étapes de maturation morale. Niveau-1 : Morale préconventionnelle (entre 4 et 10 ans) Stade 1.1- Punition/Récompense Cette moralité est basée sur la peur des punitions. "Obéir pour éviter les punitions". L'individu est soumis à l'autorité. Obéissance et punition : l'enfant s'incline devant la position hiérarchique et le pouvoir des parents. Les conséquences physiques d'une action déterminent ici sa bonté ou sa malice. Stade 1.2- Marchée Moralité orientée par ses intérêts égocentriques. Égocentrisme. Moi, moi et moi. Loi du Talion ("oeil pour oeil, dent pour dent"). L'enfant s'incline devant une loi ou rend un service seulement s'il a l'impression qu'il en retirera un bénéfice personnel en retour. Par conséquent, l'enfant se plie aux règles qui sont dans son intérêt immédiat. Ce qui entraîne des conséquences plaisantes est nécessairement bien. Ce qui est bien est aussi ce qui est juste. L'enfant obéit dans le but d'obtenir des faveurs, des gratifications: il y a un échange « commercial ». Niveau-2 : Moralité conventionnelle (entre 10 et 18 ans) Stade 2.1- Début de relations d'empathie = approbation de personnes significatives Moralité orientée par l’effet d’une action sur l’autre. Il y un début de souci des autres. Mot d’ordre : "Satisfaire les attentes du milieu". L'enfant recherche l'approbation d'autrui et se conforme pour plaire. La bonne action est ici celle qui plaît, celle qui aide les autres ou celle que les autres approuvent. L’enfant cherche à gagner l'approbation des autres en étant gentil. Les actions morales sont celles qui correspondent aux attentes des autres ou qui évitent la désapprobation des autres. L'enfant valorise la confiance, la loyauté, le respect, la gratitude et la conservation des relations mutuelles. Stade 2.2- Loi et ordre social Prédominance du sens du devoir; normatif. Il y a un déplacement des préoccupations centrées sur la famille et les groupes proches de l'enfant vers une société plus élargie. L'action bonne est celle qui consiste à accomplir son devoir et à maintenir l'ordre établi donc à éviter la réprobation des autorités. Les lois doivent être respectées sauf en cas extrême. Contribuer à aider la société est bien. 1 Niveau-3 : Moralité postconventionnelle (18 ans et plus) Stade 3.1- Règles collectives, droits et valeurs Respect des droits d'autrui et recherche d'un consensus. Stade de hiérarchisation des valeurs. La justice découle d'un contrat entre dirigeants et dirigés qui assure à tous des droits égaux. À ce stade, l'action doit tendre vers "le meilleur pour le plus grand nombre", vers le respect des règles collectives. L'adolescent ou l'adulte sait qu'il existe différents points de vue et que les valeurs sont relatives. Les lois et les règles doivent être respectées pour préserver l'ordre social mais elles peuvent être modifiées. Toutefois, certaines valeurs sont absolues, comme l'importance de la vie humaine et la liberté de chacun et doivent être défendues à tout prix. Stade 3.2- Justice et principes éthiques Ce qui est juste et bien est défini par la conscience en accord avec des principes éthiques universels, que l'individu reconnaît et ressent comme des exigences intérieures. Stade de l'empathie parfaite fondée sur l'interpersonnalité et les principes de la dignité humaine. A ce stade, les principes éthiques auxquels le sujet se conforme font partie d'un système de valeurs et de principes clairs, intégrés, bien pesés et observés de façon conséquente. Tous les individus franchissent nécessairement ces étapes dans l'ordre indiqué. Les enfants sont aux stades du niveau préconventionnel et les adultes aux stades du niveau conventionnel mais seulement vingt à vingt-cinq pour cent d'entre eux parviennent aux stades postconventionnels. L'adolescence entre onze et seize ans étant une période de développement moral accéléré, nous pouvons par des procédures éducatives faire évoluer le jugement moral. D’ailleurs, il s'agit de créer des "dissonances cognitives", en confrontant les personnes à des arguments qu'elles peuvent entendre, relevant d'un stade au-dessus du leur. Kohlberg introduit ici la notion de "conflit cognitif", propice à une réorganisation interne. L'outil privilégié pour provoquer ce "conflit cognitif" est le "dilemme moral", car il crée un conflit intérieur entre deux branches d'une alternative et sert de point de départ à une discussion entre pairs et avec l'animateur, qui permettra d'introduire des arguments d'un ou deux stades supérieurs. Le débat doit se réduire à la question morale non de ce que le personnage pourrait faire (dépendant de ceci ou de cela) mais de ce qu'il devrait faire, ce qui est le propre d'une discussion morale. La situation morale met en présence des valeurs, des normes, des principes qui sont en conflit. Par exemple, des situations qui proposent un choix entre le souci de l'autre et celui de ses intérêts propres (rétablir ou non la vérité si quelqu'un est accusé à notre place), entre la loi et la loyauté envers un ami (divulger ou non des actes frauduleux commis par celui-ci), ou entre la loi et la vie (voler des médicaments pour sauver la vie d'un être cher). La discussion collective d'un dilemme moral permet de mettre à jour d'autres types de raisonnements et angles d'approches que l'élève seul n'avait pas entrevus comme pouvant être siens, et lui permet de mûrir son choix avec plus de lucidité et de sens éthique, voire d'évoluer, selon le pari optimiste de Kohlberg, vers un stade supérieur ou une valeur plus universelle. 2 Avez-vous des questions, des suggestions ? Merci de les adresser à : [email protected] 3