Niveau-3 : Moralité postconventionnelle (18 ans et plus)
Stade 3.1- Règles collectives, droits et valeurs
Respect des droits d'autrui et recherche d'un consensus. Stade de hiérarchisation des valeurs.
La justice découle d'un contrat entre dirigeants et dirigés qui assure à tous des droits égaux. À
ce stade, l'action doit tendre vers "le meilleur pour le plus grand nombre", vers le respect des
règles collectives. L'adolescent ou l'adulte sait qu'il existe différents points de vue et que les
valeurs sont relatives. Les lois et les règles doivent être respectées pour préserver l'ordre
social mais elles peuvent être modifiées. Toutefois, certaines valeurs sont absolues, comme
l'importance de la vie humaine et la liberté de chacun et doivent être défendues à tout prix.
Stade 3.2- Justice et principes éthiques
Ce qui est juste et bien est défini par la conscience en accord avec des principes éthiques
universels, que l'individu reconnaît et ressent comme des exigences intérieures. Stade de
l'empathie parfaite fondée sur l'interpersonnalité et les principes de la dignité humaine. A ce
stade, les principes éthiques auxquels le sujet se conforme font partie d'un système de valeurs
et de principes clairs, intégrés, bien pesés et observés de façon conséquente.
Tous les individus franchissent nécessairement ces étapes dans l'ordre indiqué. Les enfants
sont aux stades du niveau préconventionnel et les adultes aux stades du niveau conventionnel
mais seulement vingt à vingt-cinq pour cent d'entre eux parviennent aux stades
postconventionnels. L'adolescence entre onze et seize ans étant une période de développement
moral accéléré, nous pouvons par des procédures éducatives faire évoluer le jugement moral.
D’ailleurs, il s'agit de créer des "dissonances cognitives", en confrontant les personnes à des
arguments qu'elles peuvent entendre, relevant d'un stade au-dessus du leur.
Kohlberg introduit ici la notion de "conflit cognitif", propice à une réorganisation interne.
L'outil privilégié pour provoquer ce "conflit cognitif" est le "dilemme moral", car il crée un
conflit intérieur entre deux branches d'une alternative et sert de point de départ à une
discussion entre pairs et avec l'animateur, qui permettra d'introduire des arguments d'un ou
deux stades supérieurs. Le débat doit se réduire à la question morale non de ce que le
personnage pourrait faire (dépendant de ceci ou de cela) mais de ce qu'il devrait faire, ce qui
est le propre d'une discussion morale. La situation morale met en présence des valeurs, des
normes, des principes qui sont en conflit.
Par exemple, des situations qui proposent un choix entre le souci de l'autre et celui de ses
intérêts propres (rétablir ou non la vérité si quelqu'un est accusé à notre place), entre la loi et
la loyauté envers un ami (divulger ou non des actes frauduleux commis par celui-ci), ou entre
la loi et la vie (voler des médicaments pour sauver la vie d'un être cher). La discussion
collective d'un dilemme moral permet de mettre à jour d'autres types de raisonnements et
angles d'approches que l'élève seul n'avait pas entrevus comme pouvant être siens, et lui
permet de mûrir son choix avec plus de lucidité et de sens éthique, voire d'évoluer, selon le
pari optimiste de Kohlberg, vers un stade supérieur ou une valeur plus universelle.
2