INERIS DRC-03-46822-FLg/JL-03.0693
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RESUME
La directive européenne 2000/60/CE établit un cadre pour maintenir et améliorer la qualité des
eaux d’ici 2015. Cette directive présente, en particulier, une stratégie pour le contrôle de la
pollution par les substances les plus préoccupantes en imposant de définir des normes de qualité.
Ces normes de qualité sont des concentrations seuils qui ne doivent pas être dépassées dans l’eau
pour assurer la protection des écosystèmes et de la santé humaine. Quatre métaux font partie de la
liste des substances prioritaires accompagnant cette directive : le cadmium, le plomb, le mercure et
le nickel.
La détermination des normes de qualité est problématique pour les métaux :
- Les éléments métalliques sont présents, de façon ubiquitaire, en traces dans
l’environnement. Il est nécessaire de distinguer les contributions d’origine naturelle des
apports anthropiques.
- Les organismes vivants ont évolué en présence des éléments métalliques. Les êtres
vivants ont besoin de métaux qualifiés d'essentiels et certains sont adaptés pour vivre
dans des environnements particulièrement riches en métaux.
- Dans l’eau, les métaux sont présents sous forme d'ions libres mais ils peuvent aussi se
complexer avec des ligands inorganiques et organiques présents, sous forme dissoute,
en solution. Seules certaines formes du métal peuvent être assimilables et induire un
effet sur les organismes : ce sont les formes biodisponibles.
L'ensemble de ces particularités fait que l'évaluation des risques liés aux métaux ne peut être
conduite de la même manière que pour les substances chimiques organiques. De nouvelles
méthodes d’évaluation prenant en compte ce particularisme ont commencé à être appliquées dans
les évaluations des risques pour les métaux au niveau européen1. C'est notamment le cas pour le
cadmium, le nickel, le zinc, le chrome, le plomb et le cuivre, ces deux derniers faisant l'objet
d'évaluations des risques proposées par l'Industrie.
Les interactions entre les espèces métalliques en solution et les organismes vivants font l'objet de
nombreuses études. De la même manière que pour la spéciation des métaux avec les ligands
inorganiques et organiques, des programmes de calcul ont été développés pour modéliser la
fixation du métal au niveau des « ligands biotiques » (sites de fixation des métaux sur les
organismes vivants). Ces modèles dits « Biotic Ligand Models » ont été mis au point, pour
quelques espèces aquatiques et quelques métaux, afin de prédire la toxicité (aiguë) de ces métaux
en fonction des conditions physico-chimiques d'un milieu donné.
Dans le cadre du règlement CE/793/93 pour l’évaluation et le contrôle des risques présentés par les
substances existantes, l’évaluation des risques liés à la production et à l’utilisation du zinc pour le
milieu aquatique tient compte de la biodisponibilité de celui-ci suivant les milieux étudiés. La
méthodologie retenue utilise les BLM développés pour le zinc, pour différents organismes vivants
(une algue, un invertébré et un poisson). Des approches similaires seront peut-être proposées dans
les années à venir pour la détermination de seuils de qualité. Toutefois ces modèles récents sont
encore en cours d'élaboration pour certains et nécessitent des étapes de validation supplémentaires
pour d'autres.
L'étude présentée ici a montré l’intérêt mais aussi les limites des BLM proposés pour l'estimation
de la biodisponibilité des métaux dans les milieux naturels. En effet, les incertitudes sur les
résultats sont encore très importantes et de nombreuses hypothèses n’ont pas encore été validées.
Par ailleurs, il est indispensable de bien cerner le domaine d’utilisation des modèles développés
compte tenu du peu de validation de leur applicabilité à différentes espèces, différents stades de
développement et milieux aquatiques.
1 Evaluation des risques des substances existantes (Règlement CE/793/93)