
ZOE LANARA | LES SYNDICATS GRECS ET LA CRISE
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Comparativement à la crise de la dette du soi-disant
« tiers-monde » dans les années 80 ou la crise des « états
du tigre » asiatiques dans les années 90, un plan imposé
qui est la thérapie de choc du FMI se reflète sur la Grèce
lequel plan sera maintenant appliqué avec l’aide de l’UE
aussi dans la zone Euro. Ainsi les mesures d’ajustement
économique introduites en Grèce visent à atteindre la
consolidation du budget particulièrement par la poli-
tique de rigueur avec les coupes radicales au niveau des
dépenses publiques et les mesures structurelles à long
terme comme les réformes fiscales, pour maitriser le dé-
ficit budgétaire et augmenter les recettes de l’état.
Un programme d’ajustement économique à suivre à la
recette standard du FMI (Easterly 2002, Stiglitz 2002)
mise sur une croissance orientée vers l’exportation qui
sera soutenue par une dévaluation. Comme cela n’est
pas techniquement possible dans la zone Euro, la Grèce
est contrainte à une politique sans pitié de « dévaluation
interne » / déflation pour renforcer la compétitivité et l’ex-
portation sans tenir compte du fait que cette démarche a
déjà toujours échoué dans le passé, a conduit à la réces-
sion et n’est pas justifiable socio-politiquement (Roubini
2011). Le point culminant de cette politique de déflation
est la dévaluation du travail par une baisse rigoureuse des
coûts de travail ainsi que la dérégulation respectivement
la flexibilisation du marché de l’emploi qui va de paire
avec les réductions directes des salaires et les mesures de
restructuration des institutions du marché de l’emploi.
Plusieurs « paquets de sauvetage » subséquents ont été
présentés comme dernier moyen d’éviter la faillite à la
Grèce. Ceux qui vont de paire avec les restrictions ont été
tous et sans exception adoptés par la législation grecque
et appliqués sans dialogue social préalable et sans tenir
compte des implications sociales et politiques profondes.
Les questions de cohésion et de protection sociales n’ont
pas seulement été ignorées par les créanciers et les in-
stances de vérification mais aussi par les législateurs grecs.
3. L’ajustement par la récession :
un cercle vicieux
Selon l’estimation du programme d’ajustement éco-
nomique, il serait nécessaire pour la Grèce « to swim
against the tide during adjustment » (Commission Euro-
péenne 2010). Le pays a à peine réussi à rétrécir son défi-
cit budgétaire de cinq pour cent du PIB mais le résultat
de l’application des mesures après les 21 premiers mois
révèle que celles-ci ont des effets secondaires extrême-
ment négatifs.
Le programme tient la Grèce prisonnière dans un cercle
vicieux puisque la rigoureuse austérité déclenche une
crise économique que d’autres mesures d’austérité,
de nouvelles taxes et une récession profonde suivront
qui, à leur tour, limiteront la croissance économique et
empêcheront la création de nouveaux postes de travail
et mettront en péril la cohésion sociale. Les mesures
exécutées en Grèce ont conduit à la régression écono-
mique et à la récession, ce qui indique par là que pro-
bablement le remède prescrit « cause plus de mal que
de soulagement » (Bordo et Schwartz 2000 : 158), parce
que « des dépressions conjoncturelles seront des régres-
sions conjoncturelles et des régressions conjoncturelles
des crises économiques » (Stiglitz 2000 : 12). Après cinq
ans de crise économique, le cocktail de mesures de la
Grèce pouvait en effet aboutir au record non souhaité,
en ayant comme conséquence la « chute économique la
plus raide des temps nouveaux » (Reuters 2012).
Avec l’aggravation de la situation économique en Grèce,
les problèmes de l’application du programme d’ajuste-
ment économique augmentaient car les recettes de l’état
demeuraient largement en-dessous des données à at-
teindre et au niveau de certaines catégories de dépenses,
les plafonds budgétaires recommandés avaient été
dépassés (Commission européenne 2011). En décembre
2011, la forte régression conjoncturelle avait été confir-
mée dans le cinquième rapport de vérification du FMI où
tous les objectifs non atteints avaient été listés (FMI 2011).
La régression du PIB (au total de 16 pour cent au début de
la crise) était de sept pour cent (EL.SAT 2012c) de loin plus
élevée que les prévisions du gouvernement pour 2011 de
5,5 pour cent et se trouve ainsi être la régression la plus
élevée dans l’histoire d’après-guerre (INE/GSEE 2011).
On s’attend à ce que la croissance soit pour une période
plus longue plus en-dessous que la croissance moyenne
d’avant la crise. Avec cet arrière-plan, même la prévision
de croissance déjà corrigée à la baisse de 2,75 à trois pour
cent (FMI 2011) est encore peut-être trop optimiste.
Avec l’aggravation de la récession au cours de l’année
2011, la situation financière a aussi considérablement
empiré. Le manque de liquidité et de capital conduisit les
investissements à la paralysie et influença énormément
la demande intérieure qui baissa fortement de 16,4 pour