Paris : Télé-AVC à l hôpital Bichat (Entretien avec P. Amarenco)

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Reportage
> Paris
Hôpital Bichat, Paris.
Télé-AVC à l’hôpital Bichat
Entretien avec P. Amarenco
Reportage réalisé par G. Mégret
>
15 décembre 2004, Paris :
1re Journée de télémédecine orientée sur la neurologie,
sous la présidence de P. Amarenco, M. Giroud, Th. Moulin et C. Marsault.
L’essor rapide et l’avenir prometteur de ce mode quasi révolutionnaire de diagnostic
et de traitement méritent de donner quelques explications approfondies,
d’autant qu’il va trouver, dans les semaines à venir, une application immédiate en neurologie
vasculaire : la prise en charge des AVC, en particulier pour ceux susceptibles
de bénéficier d’une thrombolyse.
G. Mégret > À quand remontent
les premiers essais de télémédecine, et dans quels pays ?
P.A. > Les premières expérimentations
se sont déroulées en 1999, de façon
presque conjointe aux États-Unis, au
Canada et à Munich, où une importante
étude prospective a été mise en place,
dont les premiers résultats viennent
d’être publiés dans Stroke.
G.M. > Qu’en est-il
de l’expérience française,
et pour ce qui vous concerne
à Bichat, quand serez-vous
opérationnels ?
P.A. > Il y a très peu de réalisations en
France à ce jour. En Franche-Comté,
Thierry Moulin a mis en place un réseau,
où il se fait surtout du transfert d’images.
La téléthrombolyse est un projet en développement. Pour notre part, à Bichat,
nous y travaillons depuis environ 5 ans.
Bien entendu, ce projet, qui va aboutir
dans les jours à venir, est le fruit d’une
réflexion et d’un travail collectifs avec
nos partenaires industriels (laboratoires
Boehringer-Ingelheim, société Tandberg,
société Comiris, société Alcatel), l’unité
de recherche clinique de l’hôpital Bichat
(Pr P. Ravaud), la Délégation régionale à
la recherche clinique de l’AP-HP dans le
cadre du PHRC que nous avons obtenu
pour cette étude. Nous ne sommes pas
encore tout à fait opérationnels, mais la
mise en place s’effectue actuellement et
nous avons déjà tous les accords nécessaires, puisque nous réalisons cette
première sous la forme d’un projet de
recherche clinique visant à évaluer l’efficacité de la télémédecine dans la thrombolyse comparativement aux recommandations de l’Autorisation de mise sur le
marché de l’Actilyse® (transfert immédiat
en USI-NV et thrombolyse si le patient
arrive dans les temps). Le matériel est
livré, l’accord du CCPPRB est obtenu,
tandis que la coordinatrice et attachée de
recherche clinique de l’étude est recrutée… Bref, toute la logistique doit être
en place début mars.
G.M. > Bichat va donc être
“téléconnecté” à un certain
nombre de structures hospitalières périphériques. Desquelles
s’agit-il, et comment vont
se dérouler les premières
connections ?
P.A. > Nous allons travailler 24 heures
sur 24 avec dix hôpitaux, tous équipés
d’un scanner. Nous nous relions dans les
prochains jours avec Compiègne, qui
sera la structure avec laquelle nous
La Lettre du Neurologue - Suppl. Les Actualités au vol. VIII - n° 10 - décembre 2004
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réaliserons les premiers essais. Nous
avons déjà une garde 24 heures sur 24
pour l’USI-NV, ainsi que pour SOS-AIT,
et nous en profitons pour y inclure
la procédure “Télé-AVC”.
Si la thrombolyse
elle-même ne présente techniquement guère de
difficultés, il n’en
est pas de même
pour la surveillance, qui demande
une formation spécifique ; nous avons déjà
mis en route avec JeanMarc Olivot, Patrick
Miroux et Sandrine Canaple
un training pour les
urgentistes des hôpitaux concernés. Ils
seront ainsi tous
certifiés pour le
score NIHSS, et
l’on pratiquera des
Hôpital Bichat, Paris.
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Reportage
Paris
séances de rappel par télémédecine, en
l’utilisant pour le télé-enseignement.
Pour les besoins de l’étude, la procédure
consistera à commencer la thrombolyse
sur place, puis le malade sera transféré
ici, à Bichat, car nous avons besoin
d’une égalisation des prises en charge.
Nous voulons évaluer non pas les soins
fournis par une stroke-unit, mais la
décision du traitement par visioconférence. Nous espérons inclure environ de
350 à 360 patients sur une période de
2 ans.
G.M. > Peut-on imaginer un jour
prochain un maillage total de
la France sur le plan de la prise
en charge de l’AVC grâce
au procédé de télémédecine ?
P.A. > On peut effectivement tout imaginer… Par exemple, équiper les hôpitaux
dépourvus d’expertise neurovasculaire
permettrait aux patients d’accéder aux
soins de thrombolyse et d’être ensuite
transférés dans l’unité neurovasculaire
la plus proche.
La mise en service d’un centre de télé-stroke exige une
réflexion sur sa faisabilité et sa finalité, une organisation
logistique et technique, et la motivation des équipes de neurologues vasculaires et médecins urgentistes pour faire la preuve
de son efficacité. Des exigences que ne devront pas sousestimer les autorités de santé lorsqu’elles faciliteront le
développement de la télémédecine.
■
Imprimé en France - Point 44 - 94500 Champigny-sur-Marne - Dépôt légal : à parution. © février 1997 - EDIMARK S.A.S.
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