Perspectives sur le développement humain aux différentes étapes de la vie Journal de l’élève Dans le présent numéro : Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Noº 4 Journal sur la psychologie du développement, accompagnant le cours Psychologie 30 du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan. Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan N° 4 Dans le présent numéro : La petite enfance Au sommaire : La petite enfance – De deux à cinq ans Page 1 Les années de la tendre enfance sont les plus enjouées de toutes. Les enfants passent le plus clair de leurs heures d’éveil à jouer et à acquérir les habiletés, idées et valeurs qui seront cruciales au reste de leur croissance. Les grandes théories sur le développement cognitif Page 13 À partir des théories sur le développement cognitif proposées par Piaget et Vygotski, cet article examine différents aspects de ce développement pendant la petite enfance. L’enfant et la conscience de soi Page 15 Cet article examine comment l’enfant développe une conscience de soi et une personnalité particulière à lui ou à elle et quelles sont les principales influences sur ce développement pendant la petite enfance. L’enfant et le jeu Page 19 Produit grâce au soutien financier de la Fondation Laidlaw, de Santé Canada, du Centre national de prévention du crime et de Valeurs mobilières TD, l’étude Le Progrès des enfants au Canada 2001 dresse l’état actuel de la santé et du bien-être des enfants au Canada. Les petits et les valeurs Page 22 Un petit ou une petite, peut-on dire qu’il ou elle a des valeurs? Tout le monde sait que le petit ou la petite doit les acquérir. Mais comment? Cet article a pour but d’expliquer l’acquisition des valeurs chez les tout-petits et le rôle des parents dans la tranmission de ces valeurs. L’identité sexuelle Page 24 Un petit ou une petite, peut-on dire qu’il ou elle a des valeurs? Tout le monde sait que le petit ou la petite doit les acquérir. Mais comment? Cet article a pour but d’expliquer l’acquisition des valeurs chez les tout-petits et le rôle des parents dans la tranmission de ces valeurs. Le Progrès des enfants au Canada 2001 Page 27 Produit grâce au soutien financier de la Fondation Laidlaw, de Santé Canada, du Centre national de prévention du crime et de Valeurs mobilières TD, l’étude Le Progrès des enfants au Canada 2001 dresse l’état actuel de la santé et du bien-être des enfants au Canada. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page i Ministère de l’Éducation de la Saskatchewan Journal sur la psychologie du développement, accompagnant le cours Psychologie 30 du ministère de l’Éducation de la Saskatchewan. Le petit déjeuner et son incidence sur l’humeur, le comportement et l’apprentissage des enfants Page 30 À quel point le fait pour un enfant de prendre un bon petit déjeuner aide-t-il à son développement physique, intellectuel et affectif? Cet article relate les points saillants de la recherche effectuée à ce jour sur les corrélations entre une bonne alimentation et l’apprentissage, et avance des incidences possibles sur les politiques sociales canadiennes. Tendances contemporaines de la famille - Les forces de la famille : renforcer les points positifs Page 36 La famille est bel et bien vivante en ce vingt-et-unième siècle malgré les rapports largement publiés voulant qu'il s'agisse d'une institution sociale obsolète. Les critiques sociaux déplorent la désintégration de la famille en s'appuyant sur le taux élevé de divorces, la délinquance juvénile, les mauvais traitements dont sont victimes les femmes et les enfants ainsi que l'isolement des personnes âgées. Ce sombre tableau ne correspond pas à la réalité de la plupart des familles canadiennes. Cet article, reproduit avec l’autorisation de l’Institut Vanier de la famille, définit et décrit les familles canadiennes à partir des données recueillies pour l’essentiel dans le cadre du Recensement de 1996. Il jette un regard fascinant sur la dimension la plus fondamentale et la plus centrale de la société canadienne, la cellule familiale. Les écosystèmes et les tout-petits Page 47 Dans cet article, nous examinerons quelques-unes des plus importantes influences des écosystèmes sur le développement enfantin. Dessins d’enfants Page 52 Ton Journal de l’élève te donne ici la possibilité de réunir, d’analyser et de présenter un portfolio de dessins réalisés par des enfants. Mon anthologie Page 53 Pour que tu puisses vraiment t’approprier ton Journal de l’élève nous avons prévu des pages où tu pourras consigner et préserver des dictons, images, poèmes, anecdotes, paroles de chansons et tout ce que tu trouveras d’autre qui t’intriguera, t’inspirera, t’amusera ou t’interpellera. Mes notes de cours Page ii – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Page 54 LA PETITE ENFANCE – DE DEUX À CINQ ANS Les années de la tendre enfance sont les plus enjouées de toutes. Les enfants passent le plus clair de leurs heures d’éveil à jouer et à acquérir les habiletés, idées et valeurs qui seront cruciales au reste de leur croissance. Ils développent leur corps par des jeux de poursuite et en se mettant au défi de se dépasser physiquement, ils développent leur intellect en jouant avec les mots et les idées, et ils se forment aux premières règles de la socialisation et de la morale en s’inventant des jeux et en s’imaginant des mondes fantastiques (Berger, 2001). À 2 ANS À 2 ans, l’enfant veut être indépendant! Il adore dire « moi », « à moi » et « non ». Il a les émotions en dents de scie et peut passer coup sur coup de l’excitation à la colère au fou rire. Il passe beaucoup de temps à fouiller, pousser, tirer, remplir, vider et toucher. En grandissant, il prend de l’assurance et apprend à connaître ses possibilités et limites. Pendant sa 2e année, son corps s’allonge, et son petit ventre disparaît. Il perd de l’appétit et développe parfois des caprices alimentaires. Sa croissance est encore rapide. Le tout-petit est très attaché aux adultes qui s’occupent de lui. Même s’il expérimente et explore son environnement, il trouve confiance et assurance en restant auprès d’eux. À 2 ans, l’enfant montre aussi de l’intérêt pour les autres enfants. Toutefois, l’intérêt social et les habiletés physiques se télescopent parfois, si bien qu’un câlin peut prendre des allures de placage et une gentille tape, faire l’effet d’une claque. Il y a donc lieu de montrer à l’enfant comment bien doser son affection. DÉVELOPPEMENT PHYSIQUE • • • • • • • • • • • • • • • • Poids : de 10 à 17 kg. Taille : de 80 à 100 cm. A presque toutes ses dents. Monte et descend l’escalier en se tenant après la rampe. Se nourrit au moyen d’une cuiller. Expérimente en touchant, sentant et goûtant. Aime pousser, tirer, remplir et vider des objets. Peut tourner les pages d’un livre. Empile de 4 à 6 objets. Barbouille vigoureusement avec des crayons de couleur. Beaucoup d’enfants (pas tous) sont « propres ». Marche sans aide. Marche à reculons. Lance un ballon ou le fait rouler. Se penche ou s’accroupit. Ouvre les placards, les tiroirs. • Ramasse des objets sur le sol sans tomber. Aime les histoires, comptines et chansons simples. Forme des phrases de 2 ou 3 mots. Appelle les jouets par leur nom. Fredonne ou essaie de chanter. Aime regarder des livres. Pointe vers les yeux, les oreilles ou le nez. Répète des mots. Veut apprendre à se servir d’objets usuels. • • • • • • • Joue plus en compagnie des autres qu’avec eux. Se montre timide en présence d’étrangers. Aime imiter ses parents. Montre facilement sa frustration. Est généreux de câlins et de bécots. Peut se montrer difficile et têtu. Peut détruire ce qui lui tombe sous la main s’il est frustré ou fâché. Tient à monopoliser l’attention de quiconque s’occupe de lui; montre de la jalousie. A des peurs et des cauchemars. A un sens de l’humour, peut rire. Veut apprendre à s’habiller, se peigner et se laver les dents. Ne peut rester immobile ou jouer avec un jouet plus de quelques minutes à la fois. Peut se montrer agressif et vouloir faire mal. • DÉVELOPPEMENT SOCIOAFFECTIF • • • • • Ne veut pas qu’on l’aide pour certaines tâches. Aime faire semblant (parler au téléphone, mettre un chapeau). Est très possessif – offre ses jouets à d’autres enfants, mais tient à les récupérer aussitôt. Met beaucoup de temps pour passer d’une activité à l’autre. Pique des crises, qui résultent souvent de son incapacité de verbaliser ses idées. DÉVELOPPEMENT COGNITIF • • • • • • • • • • • • • Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 1 • • • • • • • • • • CONSEILS SUR LES SOINS ET L’ENCADREMENT À DONNER Assurez-vous à nouveau que la maison est à l’épreuve de bébé. Comme il a grandi, l’enfant de 2 ans est plus habile à ouvrir les portes et à se mettre dans de beaux draps. Racontez-lui des histoires chaque jour. Montrez-lui des livres d’images aux grosses illustrations et aux pages bien robustes. Plus l’histoire est simple, mieux c’est. Aidez l’enfant de 2 ans à déve-lopper son vocabulaire et sa syntaxe. Indiquez-lui le bon ordre des mots, sans exiger qu’il répète. Par exemple, à la petite qui dit « encore jus », répondez « Anne veut encore du jus d’orange ». Encouragez l’enfant à reconnaître des sons comme ceux de l’aspirateur, du robinet qui coule, du chien qui aboie, du tonnerre ou de l’avion qui gronde, de la voiture qui klaxonne. Laissez le tout-petit participer à des corvées simples comme ranger les jouets ou mettre le linge dans le panier. Encouragez-le à nommer les choses dont vous vous servez. Renchérissez à ce que dit l’enfant : « Oui, c’est une couverture, une couverture douce et chaude. » Donnez-lui des choix clairs et simples : « Veux-tu boire du lait ou du jus? » Veux-tu mettre tes chaussettes vertes ou les bleues? » Sachez comment réagir à une crise de rage : 1. Ne criez pas et ne frappez pas l’enfant. 2. Restez calme. 3. Parlez d’un ton apaisant. 4. Posez délicatement la main sur le bras de l’enfant, si possible. Donnez à l’enfant de quoi dessiner et peindre : papier journal, sacs d’épicerie aplatis, sorties d’imprimante. Il est déconseillé de lui donner des livres à colorier, des cahiers ou des polycopies. Abstenez-vous de demander à l’enfant de reproduire des figurines de pâte à modeler ou des dessins que vous aurez faits. Il apprendra davantage s’il donne forme à ses propres idées – les initiatives Page 2 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 • • • • • • • • • de l’adulte pouvant même nuire à son apprentissage. Ne vous attendez pas à ce que le tout-petit soit à même de partager ou d’attendre son tour. À cet âge, il en est encore à apprendre à utiliser son corps et à parler. Il apprendra à partager plus tard. Donnez-lui des coins où il pourra se cacher et s’isoler, idéalement une vieille boîte de carton ou une table à carte recouverte d’une grande couverture. Ne le forcez pas à utiliser une main plus que l’autre. À 2 ans, certains enfants commencent à se latéraliser, mais la plupart continueront de servir des deux mains pendant quelques années encore. Donnez-lui, pour qu’il dépense son énergie et explore son espace, des objets sûrs comme de petits escabeaux, des boîtes en carton, des barils, des pneus, des jouets qu’il peut tirer ou pousser, ou dans ou sur lesquels il peut monter. Pour l’aider à faire des liens de cause à effet, donnez-lui des occasions de remplir, vider, ramasser, donner, cacher et trouver des objets. Jouez au petit train ou à imiter quelqu’un. Chantez des chansons comme « Alouette, gentille alouette » pour expliquer une séquence. Développez ses habiletés verbales en lui donnant des indications simples comme « Ferme la porte s’il te plaît » ou « Voudrais-tu ramasser la poupée? ». Encouragez son goût pour l’imitation en lui enseignant des comptines et des chansons. Jouez au « miroir ». Debout ou assis face à l’enfant, dites-lui de faire tout ce que vous faites. Inversez les rôles et laissez l’enfant faire les gestes que vous imiterez. Encouragez les jeux avec du sable, de la boue, de la pâte à modeler et de l’eau. Le tout-petit aime les jeux salissants et apprend beaucoup en mélangeant, tamisant, versant, remuant et façonnant les choses. À 3 ANS À 3 ans, l’enfant s’émerveille de tout et passe beaucoup de temps à regarder, observer et imiter. Il consacre ses journées à explorer son univers. Cherchant à perfectionner ses capacités motrices, il n’est pas rare qu’il passe un avant-midi complet à dévaler une glissoire ou à rouler sur son tricycle. L’enfant de 3 ans a peu de souvenirs des • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • DÉVELOPPEMENT PHYSIQUE Poids : 11 à 20 kg. Taille : 85 à 110 cm. Corps s’allongeant et s’amincissant, suivant l’apparence d’un adulte. A toutes ses dents de lait. A besoin d’un apport de 1 300 calories par jour. Fait des nuits de 10 à 12 heures. Ne mouille plus son lit (quoique des accidents soient toujours possibles). Est propre, quoique parfois avec une certaine aide (de nombreux garçons n’apprendront la propreté que dans la troisième année). Peut enfiler ses chaussures (sans toutefois en nouer les lacets). Peut s’habiller presque tout seul (boutons, attaches, fermetures à glissière). Peut se nourrir tout seul (même s’il en échappe un peu). Peut essayer d’attraper un gros ballon. Peut lancer un ballon dans les airs, au-dessus de sa tête. Peut frapper un ballon du pied. Peut sauter sur un pied. Marche de courtes distances sur la pointe des pieds. Monte tout seul sur une petite glissoire et en descend. Pédale sur son tricycle. Marche sur une ligne droite. Peut se tenir en équilibre et sauter sur un pied. Peut sauter par-dessus un obstacle de 15 cm de haut. Peut manger avec une cuiller ou une petite fourchette et souvent beurrer son pain avec un couteau. Peut aller aux toilettes tout seul. Peut se laver les dents, les mains, et se chercher à boire. S’intéresse à la manipulation et à la préparation des aliments. événements passés, et comprend encore mal les notions adultes de « hier » et « demain ». Il aime faire les choses à répétition et assembler et désassembler, des puzzles notamment. Ces séquences de gestes se révéleront cruciales pour sa compréhension ultérieure des notions de changement et de constance. • • • • • • • • DÉVELOPPEMENT COGNITIF Parle de telle façon que de 75 à 80 % de ses paroles sont compréhensibles. Parle par phrases complètes de 3 à 5 mots. « Maman boit du jus. » « Y a un gros chien. » Bute parfois sur certains mots – habituellement pas un signe de bégaiement. Aime répéter des mots et des sons. Écoute attentivement lorsqu’on lui raconte une histoire ou lui lit un livre. Aime qu’on lui raconte toujours les mêmes histoires sans en changer un mot. DÉVELOPPEMENT SOCIOAFFECTIF Recherche l’attention et l’assentiment des adultes. Montre parfois une préférence pour l’un ou l’autre des parents (souvent le parent du sexe opposé). • Accepte les suggestions et est capable de suivre des indications rudimentaires. • Aime aider aux tâches ménagères simples. • Peut faire des choix simples entre deux éléments. • Aime faire rire les autres et faire le bouffon. • Aime jouer seul mais à proximité d’autres enfants. • Passe beaucoup de temps à regarder et observer. • Aime jouer brièvement avec des camarades, sans très bien coopérer ni partager pour autant. • Aime entendre parler de lui. • Aime « jouer à la maison », à reproduire le comportement des adultes et enfants dans leurs interactions. • Sait dire s’il est une fille ou un garçon. • En contexte multiculturel, s’intéresse à son identité ethnique ou à celle des autres. Suite à la prochaine page… Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 3 • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Aime se faire lire des histoires et répéter des comptines simples. Peut raconter une histoire simple à partir d’un livre d’images. Aime chanter et reproduire une mélodie simple. Comprend les notions de « maintenant », « bientôt » et « plus tard ». Pose des questions sur le qui, le quoi, le comment et le pourquoi. Peut empiler de 5 à 7 blocs. Aime jouer avec de l’argile ou de la pâte à modeler (qu’il pétrie, roule en boudins et écrase dans ses mains). Peut assembler un puzzle de 6 morceaux. Peut dessiner un cercle et un carré. Reconnaît des sons de tous les jours. Peut apparier un objet à une image de cet objet. Reconnaît les couleurs de base comme le rouge, le bleu, le jaune, le vert. Peut compter 2 ou 3 objets. Peut résoudre des problèmes s’il le veut – à condition qu’ils soient simples, concrets, réels et immédiats. Aime à établir des similitudes et des différences entre les choses. Peut distinguer, jumeler et nommer les couleurs. Aime ce qui distingue certains animaux et les rend uniques. A une bonne conscience de soi; comprend la différence entre soi et des enfants plus jeunes, mais pas entre soi et d’autres enfants. Peut dire son âge. CONSEILS SUR LES SOINS ET L’ENCADREMENT À DONNER • • • • • • • • • Soyez patient pour ce qui est de la propreté. L’enfant (surtout les garçons) n’apprendra pas la propreté avant l’âge de 3 ans. Il y aura de temps en temps des « accidents », auxquels il faudra réagir avec calme et sans en faire tout un plat. Surtout pas question de couvrir l’enfant de honte. Encouragez le développement de la coordination visuomotrice en faisant enfiler de gros boutons ou de vieilles perles sur un lacet de soulier. Jouez au ballon – lui montrez comment lancer, attraper et frapper des balles et ballons de tailles diverses. Montrez au petit ou à la petite comment sauter comme un lapin, marcher sur la pointe des pieds comme un oiseau, se dandiner comme un canard, ramper comme un serpent et courir comme un cerf. Adressez-vous à votre enfant en employant de courtes phrases, en posant des questions et en écoutant. Renchérissez sur les affirmations du tout-petit : « Oui, c’est une fleur, c’est une grande fleur rouge qui sent très bon. » Apprenez à l’enfant à mémoriser les noms et prénoms des gens. Donnez-lui des livres à lire, et faites-lui en la lecture. Lisez de la poésie ou des comptines. Encouragez-le à répéter l’histoire et à parler de ce qui s’y passe et des idées qu’on y fait passer. Lisez les titres et faites ressortir les mots importants sur les pages de livres, les emballages de produits et les panneaux de signalisation. Éveillez en lui ou elle l’intérêt pour la lecture et l’écriture en lisant avec eux des listes d’épicerie ou Page 4 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 • • • • des notes adressées aux parents. Ayez à portée de la main du papier, des calepins et des marqueurs pour des jeux de rôles. Comptez des objets qui suscitent son intérêt, comme des biscuits, des gobelets, des serviettes de table ou des poupées. Si c’est possible, déplacez chaque objet un à la fois tout en comptant à voix haute avec les enfants. Si vous faites une recette, mesurez les ingrédients avec l’aide de l’enfant et comptez tout haut au fur et à mesure. Expliquez comment certaines choses se produisent et pourquoi il en est ainsi en vous servant d’un ouvrage de référence. Initiez l’enfant à des activités scientifiques rudimentaires en lui expliquant notamment comment les aimants s’attirent et se repoussent, comment l’eau se transforme en glace, comme poussent les graines qu’on plante, comment on fait un terrarium et comment faire voler un cerfvolant quand il y a du vent. Créez des ensembles – rassemblez des jouets et d’autres objets qui vont ensemble. Discutez des similitudes et des différences. Par exemple, expliquez un mode d’emploi au moment de cuisiner quelque chose. Laissez l’enfant expérimenter avec le robinet, les ustensiles, les interrupteurs, les boutons, les poignées et les jouets qui se démontent et se remontent. Chantez des chansons simples. Confectionnez des instruments rythmiques à l’aide de boîtes vides de céréales ou de café, des hochets à l’aide de boîtes de fer-blanc dans lesquelles on aura inséré des haricots secs, etc. Incitez l’enfant à bouger son corps et à danser au son de musiques de toutes sortes. • • • • Faites des rondes enfantines comme Sous le pont d’Avignon et Frère Jacques. Encouragez la libre-expression dans les projets artistiques. Évitez de demander au petit ou à petite ce que son dessin « représente ». À trois ans, on l’ignore ou on s’en fiche éperdument – on dessine pour le plaisir de dessiner. Si vous êtes responsables pour la garde de plusieurs enfants, demandez aux parents d’apporter des photos de bébé. Abordez le sujet « Quand vous étiez bébés ». Peignez un visage sur une vieille chaussette et montrer à l’enfant comment on fait « parler » une marionnette. • • Parlez des couleurs, des nombres et des formes dans vos conversations de tous les jours. « On a besoin de UN œuf. C’est une voiture ROUGE. Le beurre est dans la boîte CARRÉE. » Demandez l’aide de l’enfant au moment d’exécuter des tâches domestiques très simples, comme de poser une serviette à côté de chaque assiette, de ranger les chaussettes dans le tiroir de la commode, d’arroser les plantes ou de mélanger le gâteau. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 5 À 4 ANS À 4 ans, l’enfant est « énergique » et « imaginatif » – c’est le moins qu’on puisse dire. Il ne tient pas en place et, véritable bouffon, il découvre l’humour en passant beaucoup de temps à faire le guignol ou à raconter des blagues. Le langage d’un enfant de 4 ans peut être ponctué d’expressions farfelues, voire truffé d’expressions obscènes, accompagnées de grands éclats de rire. L’imagination devient soudainement sans bornes tant il confond la réalité avec son monde imaginaire. Il n’est pas rare d’entendre de sa bouche des histoires abracadabrantes ou des récits largement exagérés. À 4 ans, l’enfant se sent bien à l’égard de ce qu’il fait, il a de l’assurance et il est prêt pour les nouvelles aventures. Il dévale les escaliers, tourne les coins sur les chapeaux de roues, file comme l’éclair sur son tricycle ou sa trottinette, et tire sa voiturette à vitesse grand V. Il faut le surveiller de près car il mesure mal ses capacités et peut tenter des manœuvres audacieuses, voire dangereuses. DÉVELOPPEMENT PHYSIQUE • • • • • • • • • • • • • • Poids : 12 à 22 kg; taille : 95 à 120 cm. Utilise cuiller, fourchette et couteau avec habileté. Dort des nuits de 10 à 12 heures. S’habille presque tout seul (baisse la fermeture à glissière, défait les attaches et déboutonne les vêtements; lace ses chaussures sans encore les nouer). Mange seul, se lave les dents, se peigne, se vêt, range ses vêtements avec peu d’assistance). Marche en ligne droite et saute à cloche-pied. Pédale et guide son tricycle avec habileté. Saute par-dessus des obstacles de 12 à 15 cm de haut. Court, saute, sautille et tourne avec aisance autour d’obstacles. Peut empiler 10 blocs ou plus. Façonne des objets en argile ou avec de la pâte à modeler, parfois de petites figurines humaines ou animales. Enfile de petites perles sur une ficelle. Attrape, dribble et lance un ballon avec aisance. Aime galoper, faire des culbutes, grimper aux échelles et aux arbres, sauter à cloche-pied. DÉVELOPPEMENT COGNITIF • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Peut aligner des objets du plus grand au plus petit. Peut reconnaître des lettres de l’alphabet si on les lui enseigne, et peut parfois écrire son propre nom. Reconnaît des mots familiers sur des livres simples ou des écriteaux (STOP). Comprend les notions « plus grand », « plus gros », « pareil », « plus », « sur », « dans » et « sous ». Peut compter à haute voix jusqu’à 7 objets, mais pas toujours dans le bon ordre. Comprend le déroulement normal de la journée (déjeuner avant dîner, dîner avant souper, et souper avant d’aller au lit). S’exprime à l’aide de phrases assez complexes. « Le bébé a mangé le biscuit avant que je le mette sur la table.» Pose un tas de questions, entre autres sur la naissance et la mort. Aime chanter des chansons simples, des comptines et dire des mots dénués de sens. Adapte son discours au niveau de son interlocuteur. À sa petite sœur, il dit : « Papa parti. » À sa mère : « Papa est parti à l’épicerie acheter à manger. » Apprend à retenir un nom, une adresse et un numéro de téléphone si on lui enseigne. Pose des questions sur les qui, quoi, où, quand, comment et pourquoi, et y répond. Peut se concentrer sur une même activité pendant 10 à 15 minutes. Nomme de 6 à 8 couleurs et 3 formes. Peut suivre deux indications non reliées entre elles (« pose ton verre sur la table et va mettre ton manteau »). Comprend des notions de base comme le nombre, la taille, le poids, la couleur, la texture, la distance, la position et le temps. Comprend le temps qui vient de se passer (la veille par exemple) mais a du mal à se situer dans le temps. Peut se concentrer longtemps sur quelque chose et mener une activité à terme. A conscience de ses réalisations et s’en souvient. Conjugue tout, même les verbes passifs avec l’auxiliaire avoir. « Je m’ai couché, levé, assis. » Page 6 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 DÉVELOPPEMENT SOCIOAFFECTIF • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Aime jouer avec d’autres enfants. Attend son tour et partage avec les autres (la plupart du temps), quoiqu’il puisse encore chercher à imposer sa volonté. Recherche l’approbation des adultes. Comprend des règles simples et y obéit (la plupart du temps). Change les règles du jeu en cours de route. Aime parler et soutenir une conversation élaborée. Est capable de sentiments de jalousie. Demande constamment pourquoi. Vantard – aime faire étalage de ses possessions et s’en vanter. A peur de la noirceur et des monstres. Commence à comprendre le danger – et peut par moments se montrer très craintif. A du mal à distinguer l’imaginaire du réel. Ment parfois pour se couvrir ou couvrir des camarades, sans vraiment comprendre la notion de mensonge – l’imagination fait souvent obstacle à cette compréhension. Peut crier des injures et s’adonner à des babillages. Aime choquer en prononçant des mots « tabous ». Exprime sa colère verbalement plutôt que physiquement (la plupart du temps). Pique encore des crises à la suite de frustrations mineures. Imite le parent du même sexe, particulièrement au jeu. Aime faire semblant, s’inventer des camarades de jeu imaginaires. Passe de scénarios imaginaires qui vont au-delà de « jouer à la maison », pour jouer au pompier, à l’institutrice, au cordonnier, à la vendeuse de crème glacée. Aime raconter des blagues qui peuvent ne pas avoir de sens pour les adultes. Peut ressentir des sentiments intenses de rage et de frustration. A une imagination sans bornes et peut parfois s’inventer des compagnons ou compagnes de jeu. Aime les jeux de rôles. CONSEILS SUR LES SOINS ET L’ENCADREMENT À DONNER • • • • • Lisez chaque jour un livre à haute voix et incitez l’enfant à regarder par lui-même des livres. Donnez du matériel de lecture différent, comme des coupons périmés, des prospectus, des annonces de journaux ou de vieilles boîtes de céréales. Chantez des comptines à l’aide de marionnettes. Encouragez l’enfant de 4 ans à raconter des histoires à des bambins plus jeunes que lui. Suscitez de l’intérêt pour l’écriture et les mots écrits. Donnez-lui du papier et des cahiers pour écrire. Imprimez des lettres et des chiffres sur le matériel artistique, et étiquetez les rayons des étagères à jouets avec des images ou des mots qui décrivent des objets. Variez les médiums d’expression artistique. Servezvous de pâte à modeler. Créez des collages à partir de coupures de journaux et de revues, de tissus et de papiers peints. Encouragez le petit ou la petite à expérimenter de nouveaux médias comme les bouchons de liège, les pailles à boire, les ficelles et les fils à coudre ou à tricoter. Apprenez-lui à mélanger des couleurs à de la peinture. Enseignez les bases des chiffres et des espaces. Classez, en comptant tout haut, tout ce qui se trouve à portée de vue, comme les couverts de table, les chaussettes, les pierres et les feuilles. Situez les choses en disant où elles se trouvent : sur, sous, dessus, derrière, à côté, avant, après, plus gros/petit que, plus loin, etc. • • • • • • • Enseignez à l’enfant comment se servir correctement du téléphone. Les enfants de 4 ans ressentent fortement le besoin de se sentir utiles et importants. Il importe donc de souligner leurs réalisations et de leur donner l’occasion de goûter à des moments de liberté et d’indépendance. Apprenez-lui à se donner des repères pour se déplacer dans le quartier. Encouragez son développement physique. Faites des jeux d’imitation. Faites semblant de marcher comme différents animaux. Mettez en place une course à obstacles dans la pièce qui oblige l’enfant à ramper, grimper, sauter, marcher en équilibre et bondir d’une surface à une autre. Faites-le marcher avec des pochettes de pois sur la tête. Faites valoir l’importance du respect de la vie et des êtres vivants, en l’invitant à vous aider à construire une mangeoire pour les oiseaux et à la suspendre à l’extérieur. Notez les oiseaux qui viennent y manger, et apprenez aux enfants à reconnaître les oiseaux à leur plumage ou d’autres caractéristiques, comme, chez le cardinal, le mâle écarlate Invitez l’enfant à vous aider à concevoir et réaliser un jardin. Il adorera arroser quotidiennement les plantes et les voir pousser. Développez chez lui une sensibilité pour les Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 7 diverses cultures environnantes à l’aide de poupées, de marionnettes, d’images et de livres qui les représentent. Encouragez son intérêt culturel pour les familles de toutes origines, et enseignez-leur les recettes, les chansons et les coutumes qu’on pratique à l’occasion de célébrations culturelles. Page 8 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 • Donnez plus d’ampleur aux jeux de rôles en leur fournissant toute une gamme d’accessoires ou de situations, comme à l’épicerie, à la pizzeria, à la fête d’anniversaire ou à la caserne de pompiers. À 5 ANS À 5 ans, l’enfant est joyeux, énergique et enthousiaste. Il aime planifier et passer beaucoup de temps à décider qui fera quoi. Il aime particulièrement les jeux de rôles, habituellement avec d’autres enfants. Il est plus sensible aux besoins et sentiments de ceux qui l’entourent. Il a moins de mal à attendre son tour et à partager jouets ou matériels. Les « meilleurs amis » deviennent très importants. Souvent, il va à la maternelle. Il faut être sensible à ses besoins au retour de l’école, car il peut vouloir se reposer un peu, jouer tout seul sans avoir à suivre les indications d’un « grand » ou participer à des activités de groupe. L’enfant qui va à la maternelle l’après-midi doit avoir une journée bien dosée de périodes de jeu et de temps de repos. S’il y passe toute la journée, il faut se montrer très attentif à ses besoins une fois rentré à la maison, car il peut être fatigué, avoir faim ou être particulièrement loquace et vouloir parler de ses expériences de la journée. DÉVELOPPEMENT PHYSIQUE • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Poids : 14 à 26 kg Taille : 1 m à 1,20 m. A besoin d’un apport de 1 700 calories par jour. Dort des nuits de 10 à 11 heures. Peut commencer à perdre ses dents de lait. Peut se vêtir tout seul ou presque. Apprend à sauter pieds joints. Peut lancer une balle par en-dessus. Peut attraper un ballon au rebond. Peut monter habilement un tricycle et vouloir monter une bicyclette (avec des roues stabilisatrices). Se tient en équilibre sur un pied ou sur l’autre pendant 5 à 10 secondes. Sait bien se servir d’une fourchette et d’un couteau. Peut découper le long d’une ligne avec des ciseaux. Fixe sa latéralité (devient droitier ou gaucher). Descend l’escalier en alternant les pieds et sans prendre appui sur la rampe. Peut sauter par-dessus des objets peu élevés. Peut courir, galoper et faire des culbutes. Peut sauter et courir sur la pointe des pieds. Peut sauter à la corde. Aime se donner en spectacle (faire la chandelle, esquisser des pas de danse, etc.). Capable d’apprendre des mouvements corporels complexes demandant de la coordination (nager, patiner, monter à bicyclette). Peut être capable de nouer les lacets de ses chaussures. Peut être capable de reproduire des dessins ou formes simples. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 9 DÉVELOPPEMENT SOCIOAFFECTIF • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • S’invente des jeux aux règles rudimentaires. Organise camarades et jouets pour jouer à faire semblant. Confond encore parfois imaginaire et réalité. Craint souvent les bruits forts et soudains, la noirceur, les animaux et certaines personnes. Sait attendre son tour et partager, mais ne le veut pas toujours. Exprime physiquement sa colère ou sa jalousie. Aime à se mesurer à d’autres en force musculaire ou en motricité, mais supporte encore mal la concurrence du point de vue émotif. Peut tenir une conversation avec ses camarades ou des adultes. Tient souvent les autres enfants à l’écart – ne joue qu’avec ses meilleurs amis. Use de jurons ou de mots grossiers pour attirer l’attention. Peut parfois être très autoritaire. Aime expérimenter du nouveau et prendre des risques. Aime décider par lui-même. S’aperçoit quand un autre enfant est en colère ou a de la peine; est plus éveillé aux sentiments des autres. Préfère la compagnie de un ou deux compagnons de jeu à la fois; tend à donner des ordres ou à bouder si d’autres se joignent au groupe. Aime se sentir comme un grand; tend à en imposer aux plus petits et moins habiles que lui. Commence à montrer une compréhension élémentaire des notions de bien et de mal. Joue avec contentement et autonomie sans supervision constante. Attend son tour et sait (parfois) partager avec les autres. Comprend les règles et les respecte; demande souvent la permission. Comprend ce qu’est donner et recevoir et aime le faire. Aime collectionner des objets. A parfois besoin de se retirer, de s’isoler. Peut comprendre les relations entre les gens, ainsi que les similitudes et différences par rapport à sa propre famille. Recherche l’assentiment des adultes. Se montre parfois critique à l’encontre des autres enfants et montre parfois de la honte par rapport à ses propres erreurs. A moins d’appréhensions que les tout-petits vis-à-vis du monde, parce qu’il le comprend mieux. A un bon sens de l’humour et aime conter des blagues et rire avec les adultes. Page 10 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 DÉVELOPPEMENT COGNITIF • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • • Comprend un vocabulaire de quelque 13 000 mots. Forme des phrases de 5 à 8 mots. Aime raisonner et défendre son point de vue; utilise des conjonctions comme « parce que… ». Connaît les couleurs de base comme rouge, jaune, bleu, vert, orangé. Peut retenir dans sa tête une adresse et un numéro de téléphone. Comprend que les histoires ont un début, un milieu et une fin. Peut se rappeler une histoire et la répéter. Aime créer et raconter des histoires. Comprend que les livres se lisent de haut en bas et de gauche à droite. Aime les devinettes et les blagues. Fait des dessins représentant des animaux, des personnes et des objets. Aime tracer et copier des lettres de l’alphabet. Peut ordonner des objets du plus petit au plus grand. Peut comprendre et utiliser des comparatifs et superlatifs comme « grand », « plus grand que » et « le plus grand ». Classe des objets par dimensions. Reconnaît certaines lettres de l’alphabet et quelques chiffres (si on les lui a enseignés). Comprend « plus », « moins » et « pareil ». Peut compter jusqu’à 10 objets. Reconnaît certaines catégories (« Ce sont tous des animaux , ce sont tous des jouets, etc. »). Comprend « avant », « après », « au-dessus », « en dessous ». Les jeux de blocs et les jeux de rôles sont plus élaborés et plus complexes. A un bon champ d’attention et arrive à bien se concentrer. A l’esprit aux projets – construire un immeuble, jouer un scénario et dessiner quelque chose. S’intéresse aux causes et aux effets. Peut comprendre des notions temporelles comme « hier », « aujourd’hui » et « demain ». CONSEILS SUR LES SOINS ET L’ENCADREMENT À DONNER • • • • • • • • Cherchez à développer la coordination corporelle et le sens de l’équilibre en faisant jouer à des jeux d’imitation où l’on saute, galope et gambade. Faites danser à la corde au son d’une musique, enseignez des danses folkloriques ou des jeux, fournissez-lui une poutre pour exercer son équilibre, un arbre auquel grimper ou une grosse corde nouée à une structure solide à laquelle se suspendre. Montrez-lui des jeux (courses dans des sacs, jeu de la statue, jeu du chat perché) pour qu’il trouve un exutoire à son besoin de bouger. Enseignez-lui les jeux par lesquels il développera un sens d’orientation (à gauche ou à droite). Aider l’enfant à apprendre à se servir d’une paire de ciseaux pour découper des bouts de papier. Fournissez-lui des aiguilles, du fil et des perles de plastique pour l’aider à développer sa motricité fine. Proposez-lui des activités de menuiserie ou des activités d’assemblage ou de démontage de vieilles horloges ou de petits appareils usagers. Montrez au petit ou à la petite comment on répare un jouet ou un livre. Ajoutez un petit côté théâtral à vos séances quotidiennes de lecture en empruntant des voix • • • • • différentes pour faire parler différents personnages. Au moment de raconter une histoire déjà connue, arrêtez juste avant la fin pour demander à l’enfant de terminer l’histoire à sa façon. Demandez-lui de vous raconter une histoire. Écrivezla et affichez-la sur le mur ou le frigo. Posez des questions du genre « Et si…? » « Et (que se serait-il passé) s’il y avait eu « cinq » petits cochons au lieu de trois? » « Et si le Petit Chaperon rouge avait croisé un lapin au lieu d’un loup? » Donnez pour activité à l’enfant d’écrire des mots de remerciements, des vœux et cartes de souhait et des lettres. Si un enfant aime reproduire des lettres de l’alphabet, laissez-lui vous dicter un bref message et le copier à partir de ce que vous avez écrit. Les vieilles machines à écrire font d’excellents outils d’écriture. Donnez-lui des occasions de trier, classer, apparier, compter et ranger en séquence à partir de situations de la vie de tous les jours, comme au moment de dresser la table, de compter le nombre de tours, de trier les chaussettes, et de jumeler des coupons d’étoffe. Des jeux de loterie et des jeux de cartes comme « la pêche » aident à former des paires. Aidez l’enfant à apprendre à s’inventer des jeux simples en fixant les règles en leur donnant l’occasion de jouer en petits groupes. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 11 • • • • • • • • Aidez l’enfant à comprendre les sentiments qu’il éprouve et à mieux composer avec eux en lui fournissant les mots à employer pour exprimer sa frustration. « Je vois que tu es TRISTE à l’idée de devoir rentrer à la maison, FÂCHÉE contre ta camarade… ». Observez comment l’enfant se comportent au jeu. Apprenez-lui à demander, à transiger, à faire des compromis et à demander pardon. Prenez les questions au sérieux. Expliquez ce qui s’est passé et pourquoi. Donnez-leur des réponses qu’ils seront capables de comprendre. Soyez plus spécifique lorsque vous voulez montrer à l’enfant la valeur véritable de ses gestes. Dites « La façon dont tu as rangé ces jouets sur l’étagère me sera bien utile – merci! » plutôt que tout simplement « Bon travail! ». Fournissez un lieu confortable où s’isoler. Une grosse boîte de carton fait une superbe cachette. Ne prenez pas ses peurs à la légère. Rassurez-le que vous veillerez à ce que rien ne lui arrive. Donnez à l’enfant de 5 ans l’isolement voulu pour aller aux toilettes. Rappelez-lui de se laver les mains après coup jusqu’à ce qu’il en ait pris l’habitude. Montrez de la patience vis-à-vis du désordre et du fouillis. Donnez suffisamment de temps pour qu’on • • • Adapté de l’anglais avec la permission du National Network for Child Care - NNCC. : Oesterreich, L. (1995). « Ages & stages - five-year-olds », cité dans L. Oesterreich, B. Holt et S. Karas, Iowa family child care handbook [Pm 1541] (pp. 207-210). Ames, IA: Iowa State University Extension. Comment se comparent les théories de Piaget et de Vygostki? Piaget Apprentissage actif – Recherche de compréhension animée par la curiosité innée de l’enfant. Égocentrisme - Tendance de l’enfant d’âge préscolaire à considérer tout de son point de vue et à être limité par celui-ci. Structure – Hypothèses et organisations mentales (les « schèmes ») que se donne l’enfant pour organiser sa compréhension du monde. Les structures existantes sont démolies et reconstruites lorsqu’un déséquilibre rend nécessaire la construction de nouvelles structures. Pensée symbolique – Capacité de penser à l’aide de symboles, dont le langage. Celle-ci surgit spontanément vers l’âge de 2 ans pour se poursuivre toute la vie. Source Berger, 2000 Vygostki Participation guidée – Processus fondé sur l’interaction de l’élève avec un tuteur ou parent qui l’aide à passer à l’étape suivante de son apprentissage. Apprentissage de la pensée1 – Tendance chez l’enfant d’âge préscolaire (vu comme un « apprenti ») à rechercher auprès d’autres individus conseils et explications, particulièrement dans le domaine cognitif. Étayage – Mise en place d’étais ou d’échafaudages par le « guide » ou « mentor » (un adulte ou un enfant qui en sait davantage) ou une culture donnée pour aider l’apprenant à passer à un niveau supérieur. Une fois l’apprentissage réussi, l’apprenant abandonne les « étais » dont il n’a plus besoin. Zone proximale de développement – Écart entre le niveau réel de développement des habiletés, des idées ou de la cognition d’un individu et celui qu’il pourrait atteindre avec l’aide d’un guide; est fonction non seulement des habiletés et intérêts de l’enfant mais aussi du contexte social. 1 Page 12 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 range les choses et fasse le ménage. Il peut être utile d’ordonner le matériel sur des étagères basses et ouvertes, où l’on peut retrouver ou replacer plus facilement. Comme à cinq ans on aime bien compter, faites-lui compter tout ce qui est susceptible de l’intéresser : des gobelets, des feuilles, des tambours, des cloches, les enfants qui sont absents, les mètres, etc. Suscitez son intérêt pour l’humour ou l’absurde en lui lisant des histoires drôles, leur posant des devinettes et en leur récitant des rimes qui ne riment à rien. Allez-y de votre propre cru en racontant des blagues venant de l’école, de livres ou de la télévision. Donnez à l’enfant des occasions d’exprimer son sens du jeu théâtral et sa créativité. Montrez-lui à bouger pour représenter l’éclosion d’une fleur, la chute de flocons de neige, de feuilles ou de gouttes de pluie; à se tortiller comme des vers ou des serpents; ou à se soulever comme du linge gonflé par le vent. Selon K. Berger (p. 221), « Le jeune enfant est donc à bien des égards un « apprenti de la pensée ». Sa participation guidée aux activités sociales stimule et oriente son développement intellectuel. » Selon les deux théoriciens du développement cognitif chez l’enfant, comment se développent les habiletés cognitives pendant la petite enfance? La période préopératoire de la pensée chez Piaget est le début de la capacité à reconstruire au niveau de la pensée ce qui a été établi par le comportement, et le passage d’une utilisation primitive des symboles à un emploi plus sophistiqué de ceux-ci. L’enfant ne pense pas encore en « opérations ». La période préopératoire se divise en deux étapes : la fonction sémiotique (2 à 4 ans) et la pensée intuitive (4 à 7 ans). La capacité d’attention se développe profondément pendant les années de la petite enfance, tout comme sa mémoire à court terme. Les jeunes enfants développent alors une curiosité quant à la nature de l’esprit humain. C’est également pendant la petite enfance qu’il y a de grands progrès sur le plan de l’acquisition du langage. 2. 3. 4. 5. Dans sa théorie, Vygostki met l’accent sur la zone proximale de développement, la fusion du langage et de la pensée qui se produit à l’âge de 3 à 7 ans, et sur les contextes socioculturels du développement cognitif. Des maternelles centrées sur les besoins des enfants et des programmes éducatifs axés sur le développement sont importants pour un bon développement pendant la petite enfance, tout comme des programmes d’aide préscolaire de qualité. L’une des grandes préoccupations actuelles est que de trop nombreux programmes d’éducation destinés à la petite enfance et à l’âge préscolaire insistent trop sur le rendement scolaire (Santrock, 1999). Le stade préopératoire va environ de l’âge de 2 ans à l’âge de 7 ans. C’est la période de la formation des concepts stables, du raisonnement davantage intuitif que logique, du passage de symboles primitifs à des symboles plus raffinés, de l’égocentrisme (tendance à considérer le monde et les autres de son seul point de vue) qui commence en force pour perdre ensuite de la vigueur, de l’apparition de l’animisme (croyance que des objets inanimés ont des qualités « humaines » et tendance à leur prêter des intentions), des principes de la conservation de la substance qui n’ont pas encore été assimilés, et de la construction de la pensée magique. Pendant le stade préopératoire, la pensée est imparfaite et mal organisée (Santrock, 1999). Quel est le processus d’acquisition du langage pendant la petite enfance? Selon Brown, il existe cinq (5) stades d’acquisition du langage : 1. Au 1er stade (12 - 26 mois), la longueur moyenne des énoncés (LME) est de 1 ou 2 mots. Le vocabulaire consiste principalement en noms et verbes, et en quelques adjectifs et adverbes. L’ordre des mots est préservé. Énoncés typiques : « Pati maman » et « Gros camion ». Au 2e stade (27 - 30 mois), la LME est de 2 à 2,5 mots. Les pluriels sont bien formés, on conjugue correctement au passé, on utilise les articles définis (le, la, les) et indéfinis (un, une, des), les possessifs et déictiques et quelques prépositions. Énoncés typiques : « Ma poupée », « Cette pomme », « Toto dans garage », « Fini lait ». Au 3e stade (31 - 34 mois), la LME est de 2,5 à 3 mots. C’est là que fusent les questions à réponse oui/non, les questions qui?, quoi?, où?, quand?, comment?, pourquoi?, les négations (non, pas, p(l)us), les commandements ou les demandes. Énoncés typiques : « Cest pas gentil. », « Marie prend balle », « « Papa bobo ». Au 4e stade (35 - 40 mois), la LME est de 3 à 3,75. Il y a parfois conjonction de deux membres de phrase. Énoncés typiques : « J’ai vu qu’il partait ». « Tu veux que je me lève. » Au 5e stade (41 - 46 mois), la LME est de 3,75 à 4,5. Il y a coordination des membres de phrase en relation prépositionnelle. Énoncé type : « Je crois que je veux mais je ne veux pas. » « Paule et moi, on y va. » (Adapté d’après Santrock, 1999). Une fois franchi le stade des énoncés de deux mots, la connaissance qu’acquièrent les enfants du sens qu’ont les mots devient fulgurante. À 6 ans, le vocabulaire parlé d’un enfant réunit de 8 000 à 14 000 mots. En supposant que l’apprentissage du vocabulaire a commencé à l’âge de 12 mois, cela revient à un taux d’acquisition de 5 à 8 mots à sens nouveau par jour, de l’âge de 1 à 6 ans (Santrock, 1999). Comment le milieu socioculturel influence-t-il le développement de l’enfant? Le portrait que brosse Vygostki du développement des enfants donne à penser que les enfants construisent activement leurs connaissances et qu’elles sont indissociables des activités sociales et culturelles. Selon sa théorie, la cognition est située et distribuée entre les gens et les environnements, qui regroupent les objets, les artefacts, les outils, les livres et les collectivités dans lesquelles on vit, et collaborative, à savoir qu’elle progresse grâce aux interactions avec les autres dans le cadre d’activités de collaboration (Santrock, 1999). Vygostki situe dans ce qu’il appelle la zone proximale de développement les tâches trop difficiles pour être maîtrisées seules par des enfants, mais que ces derniers peuvent apprendre avec l’orientation guidée et l’assistance d’adultes ou d’enfants plus habiles. Le seuil inférieur de la zone correspond au niveau de solution de problème auquel parvient l’enfant qui travaille de façon autonome. Le seuil supérieur correspond au niveau de responsabilité supplémentaire que l’enfant acceptera d’assumer avec l’aide d’un formateur compétent. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 13 Un concept proche de la zone proximale de développement est celui de l’étayage, lequel suppose la structuration du soutien tout au long d’un apprentissage. Des individus plus habiles adaptent leurs conseils en fonction du niveau d’exécution courant de l’apprenant (Santrock, 1999). anglais appris dans la rue ou sur le terrain de jeu de sa communauté). Quelle influence la culture a-t-elle sur le développement cognitif pendant la petite enfance? Nous savons que l’enfant d’âge préscolaire échafaude des suppositions sur le mode de pensée et les émotions des êtres humains afin de comprendre les situations auxquelles il est confronté. Quels sont les effets des connaissances et des émotions d’une personne sur ses actions? Pourquoi les gens ont-ils, dans les mêmes situations, des pensées, des intentions et des sentiments si différents? En d’autres termes, l’enfant se dote d’une théorie mentale qui traduit sa compréhension et sa vision des processus psychologiques des êtres humains. À 3 ou 4 ans, cette théorie mentale a tellement progressé que : l’enfant est capable d’établir une claire distinction entre les phénomènes mentaux et les événements concrets auxquels ils renvoient (il sait, par exemple, qu’on peut caresser un chien qui se trouve là devant soi, mais pas celui qui se trouve dans ses pensées); On trouve la preuve de l’influence de la culture sur le développement des habiletés cognitives dans un processus qui semble être universel. Où que ce soit dans le monde, les enfants deviennent plus habiles aux habiletés cognitives qui sont valorisées dans leur culture, au détriment d’autres intérêts ou habiletés, qui ont tendance à s’atrophier. Ainsi, les enfants des îles micronésiennes sont bien plus habiles à interpréter les signes du temps et de la navigation maritime q.éue, disons, des enfants qui auraient grandi dans une grande ville au centre du Canada ou des États-Unis et qui n’y entendent généralement pas grand-chose aux différentes phases de la Lune, aux multiples types de formations nuageuses et à la provenance des coups de vent. En revanche, n’est-il pas tout à fait naturel pour les enfants élevés dans une ferme en Saskatchewan d’avoir un intérêt pour la machinerie agricole, de connaître les différentes récoltes, ou même, étant donné la situation économique précaire dans les fermes de nos jours, de vouloir quitter la ferme et faire sa vie ailleurs. Qui aurait cru, par contre, que durant les deux grandes guerres mondiales, des milliers de jeunes hommes des Prairies auraient fait d’excellents matelots! Dans un autre ordre d’idées, les enfants de parents qui ont reçu une éducation formelle ont tendance à acquérir des habiletés qui leur seront utiles plus tard dans leurs raisonnements abstraits ou scientifiques, ce qui finit souvent par aider à scolariser l’enfant par exemple. Ces parents qui aiment bien répondre aux « pourquoi » de leurs enfants au point que d’autres parents pourraient les considérer comme déplacés. Il en va de même pour les foyers francophones. Si l’enfant entend le français, voit que ses parents sont à l’aise à le parler entre eux, se trouve entouré de référents culturels, est inscrit à la garderie et à la prématernelle françaises, en somme, passe une bonne partie de sa petite vie en français peu importe ou il ou elle vit en Saskatchewan, il est probable que les parents auront créé un petit ou une petite francophone. Cet enfant arrivera à l’école, identité francophone bien en place, sa langue plus ou moins maîtrisée (et peut-être même un bon départ en Page 14 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 À partir de quand les enfants développent-ils une compréhension des pensées, émotions et comportements humains? • • • • il sait que les croyances, attentes et désirs naissent d’expériences issues du monde réel et qu’ils sont propres à ceux qui les vivent (les autres ne peuvent pas « voir » ce qu’il a dans la tête); il reconnaît que d’autres peuvent avoir des opinions et préférences différentes des siennes (quelqu’un peut aimer un jeu qu’il n’aime pas); il reconnaît que les actions sont motivées par des croyances et des désirs (papa conduit vite parce qu’il ne veut pas arriver en retard pour le dîner chez grandmaman); il comprend que les émotions naissent non seulement d’événements concrets, mais aussi d’objectifs, d’attentes et d’autres phénomènes mentaux (à la garderie, par exemple, un enfant de 4 ans pourra s’isoler pour prendre son déjeuner afin de soustraire son dessert à la convoitise de ses camarades). Le développement de la théorie mentale chez les enfants pendant l’âge du jeu aura plus tard de vastes retombées, car, avec le temps, ils comprendront mieux que les modes de pensée des gens viennent de leurs expériences passées et des opinions des autres, si bien qu’ils deviendront euxmêmes plus habiles à prévoir les pensées, émotions et intentions des autres et à avoir de l’influence sur elles (Berger, 2001). Quand et comment les petits enfants développent-ils une conscience de soi? Vers la fin de la deuxième année de vie, l’enfant développe un sens du soi. Pendant la petite enfance, une importante évolution se produit au niveau du soi, dont l’opposition de l’initiative avec la culpabilité et une meilleure compréhension de soi (Santrock, 1999). Selon Erikson (1968), la crise psychosociale qui caractérise la petite enfance est celle de l’initiative et de la culpabilité. À cette époque de la vie, l’enfant doit découvrir quel genre de personne il veut devenir. Le grand maître de l’initiative est la conscience. L’enfant a non seulement la crainte qu’on le découvre, mais encore se met-il à craindre la voix intérieure qui lui vient de son auto-évaluation, de son auto-orientation2 et de son autopunition (Santrock, 1999). à la conclusion que la personnalité et le comportement sont davantage déterminés par des facteurs psychologiques que des conditions biologiques ou des événements courants. Selon lui, on peut ne pas connaître les causes de ce qui nous fait penser, ressentir ou faire quelque chose, tant on est partiellement contrôlé par la portion inconsciente de notre personnalité – la partie dont on n’a normalement pas conscience (Bernstein et Nash, 1999). L’approche de la stabilité des traits de personnalité part de trois hypothèses de base : 1. 2. 3. Les scientifiques estiment que la dimension active est un élément central du soi pendant la petite enfance. Si l’on définit assez largement la catégorie physique, on peut y faire entrer tant des actions physiques que l’image corporelle et les possessions matérielles. Dans la petite enfance, les enfants pensent souvent à eux-mêmes en termes de soi physique ou de soi actif (Santrock, 1999). L’âge du jeu offre de nombreux exemples de l’émergence du concept de soi. L’enfant d’âge préscolaire se fait fort d’affirmer son identité, de déclarer ses possessions et d’énoncer les raisons pour lesquelles certaines choses comptent à ses yeux. Fait caractéristique : il se sent plus vieux, plus fort et plus habile que des enfants plus jeunes que lui. De 2 à 6 ans, l’enfant a une opinion générale très favorable de lui-même. De fait, la recherche démontre qu’il a tendance à surestimer ses propres capacités. Il croit qu’il peut remporter n’importe quelle course, sauter à la corde comme un athlète, compter sans se tromper et composer de merveilleuses chansons. Il aime s’attaquer à toutes sortes de tâches, et s’attend à ce que tout le monde l’observe patiemment pendant qu’il s’exécute, et l’applaudisse quand il a terminé. La confiance en soi est reliée à la compétence, laquelle passe par la démonstration répétée de la maîtrise (Berger, 2000). Comment se développe la personnalité? L’approche psychodynamique : À force de travailler au traitement des « troubles névrotiques », Freud en est venu 2 Les traits de personnalité restent relativement stables et sont dès lors prévisibles dans le temps. Les traits de personnalité restent relativement stables selon les situations, ce qui explique qu’on agit de façon prévisible dans des circonstances différentes. Chaque individu diffère des autres quant à la mesure dans laquelle il possède un trait de personnalité particulier ou un autre; il n’y a pas deux personnes qui soient identiques sur tous les traits, d’où la variété infinie de personnalités uniques (Bernstein et Nash, 1999). L’approche béhavioriste considère la personnalité comme un ensemble de comportements que l’individu acquiert par l’apprentissage et manifeste dans certaines circonstances. Elle définit la personnalité comme la somme des habitudes comportementales et cognitives que l’individu acquiert par l’expérience dans le monde social (Bernstein et Nash, 1999). L’approche phénoménologique (humaniste) part du principe que la principale motivation humaine est une quête innée de croissance personnelle qui pousse l’individu à réaliser son potentiel unique et naturel. Comme la graine qu’on plante et qui naturellement se développera en une fleur, l’individu est naturellement incliné vers la bonté, la créativité, l’amour et la joie. Les tenants de cette théorie soutiennent que chaque individu perçoit la réalité quelque peu différemment et que ce sont ces différences, et non pas les traits de personnalité, ni les instincts ni les expériences d’apprentissage, qui sont à l’origine des différences sur le plan de la personnalité (Bernstein et Nash, 1999). Selon les tenants de l’approche psychobiologique, les études réalisées sur des jumeaux ou des enfants adoptés révèlent que les facteurs de personnalité, entre autres l’extraversion, le névrosisme et le psychotisme, sont fortement influencés par des facteurs génétiques. Les traits de personnalité importants ont de bonnes Traduction du terme anglais « self-guidance ». Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 15 chances d’être le produit des systèmes neuraux responsables du renforcement, de la punition et de l’éveil (Buskist et Carlson, 1997). Quels aspects de l’environnement influencent le développement de la personnalité de l’enfant? Biologie Chaque individu naît avec un ensemble de tendances ou dispositions psychologiques qui lui sont propres et qui sont programmées dans ses gènes. Ces tendances, qui ensemble forment le tempérament, imprègnent et façonnent presque tous les aspects de la personnalité de l’individu en développement. C’est pourquoi on dit que le tempérament – et, par ricochet, la personnalité – est « épigénétique » et non seulement génétique. Autrement dit, le tempérament vient non seulement des multiples instructions du programme génétique qui guident la formation du cerveau, mais aussi des influences du milieu prénatal (Berger, 2000). Rang dans la fratrie Se reporter à la leçon précédente 4.5 Le développement socioaffectif pendant la petite enfance ou encore à l’article « Le rôle de la fratrie dans le développement socioaffectif du nourrisson » dans le Nº 3 du Journal de l’élève qui traite de cette théorie même si c’est fait dans le cadre d’une leçon traitant du développement du nourrisson. issus de l’éthique confucéenne d’éducation rigoureuse.3 Aux États-Unis, en revanche, les établissements préscolaires sont souvent conçus de manière à développer chez les enfants un sens de l’assurance et de l’autonomie, et à leur inculquer de bonnes bases scolaires mettant l’accent sur les habiletés linguistiques. Étant donné que la majorité de ces établissements en Amérique du Nord relèvent du secteur privé, ils varient considérable-ment les uns par rapport aux autres sur le plan des règles intérieures, du programme et des valeurs (Berger, 2000). Fonction parentale La relation parent-enfant jette les bases affectives nécessaires à l’exploration et à l’appréciation des relations avec les pairs. Les « petites brutes » qui intimident ou tyrannisent les autres enfants ont souvent eu, avec leurs parents, une relation marquée par le rejet, par une attitude éducative autoritaire et permissive vis-à-vis de l’agression, et par la discorde entre les conjoints. À l’opposé, les parents des « souffre-douleur » et autres boucs-émissaires ont souvent été trop anxieux et surprotecteurs, cherchant à soustraire leurs fils ou leurs filles à toutes formes d’agression. Les parents peuvent aussi servir de modèle à suivre ou d’entraîneur auprès de leurs enfants, leur enseignant comment se comporter avec leurs pairs. D’accoler l’étiquette « difficile » à un enfant, c’est risquer que la prophétie ne se réalise. Si l’on qualifie un enfant de « difficile », cette qualification ne fera que perpétuer cette catégorisation. Une grande dimension des relations avec les pairs est reliée de près aux modes de vie choisis par les parents. Les choix que font les parents en ce qui concerne le quartier où s’établissent la famille, l’église, l’école et leurs propres amis circonscrivent dans une certaine mesure le bassin d’enfants à partir duquel leurs propres rejetons pourront nouer des amitiés. Culture Famille Dans chaque culture, l’éducation préscolaire vise non seulement à préparer l’enfant sur le plan cognitif en vue de la poursuite de sa formation, mais elle va au-delà. Ainsi, comme la culture japonaise valorise le consensus et la conformité à l’ordre social, les établissements préscolaires japonais enseignent les comportements et attitudes appropriés aux activités de groupe : on encourage par exemple les enfants à se soucier des autres et à collaborer dans des activités collectives. Ces attitudes et habitudes sociales ont pour effet de préparer les jeunes enfants à la fois pour l’école qui suivra et par la suite pour les diverses situations qui les attendent sur le marché du travail. De même, en Chine, on combine l’apprentissage d’aptitudes collectives à un esprit de créativité dans l’expression de soi – deux principes La santé affective des enfants est intimement liée aux rapports affectifs entre leurs parents. Lorsque la relation de couple est chaleureuse et constructive, et que mari et femme se sentent aimés, admirés et encouragés à agir de façons qu’ils valorisent tous deux, leurs enfants sont sains et heureux. Les parents qui sont proches sur le plan affectif, qui vont au-devant des attentes de l’autre et qui encouragent une bonne image de soi font de bons parents. Puisqu’ils répondent aux besoins de l’autre, ils ne se servent pas de leurs enfants pour y arriver; satisfaits et heureux, ils peuvent se tourner vers leurs enfants pour Tempérament Page 16 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 3 Pour le grand sage oriental Confucius donc, l’homme doit prendre en main sa destinée et construire sa culture de manière à assurer un ordre social durable et paisible (si possible). Une telle construction passe évidemment par l’instauration de règles qui doivent donc être enseignées grâce à une éducation rigoureuse. Référence suggérée : http://www.barbier-rd.nom.fr/ReflexionSagesseChin.html répondre aux besoins de ces derniers; et puisque leur propre identité est bien ancrée, ils n’ont pas de mal à se percevoir comme étant distincts de leurs enfants. Tout cela concourt à faire de leurs enfants des êtres sains sur le plan émotionnel (Schlesinger, 1998). Situation économique Peu importe comment on définit ou chiffre la maltraitance, un fait demeure certain : plus le revenu familial baisse, plus elle est présente. Cela est particulièrement vrai pour la négligence et la violence physique, qui frappent le plus durement les enfants de moins de 6 ans qui vivent dans des familles dont le revenu est inférieur au seuil de la pauvreté, dont le père est sans emploi et qui comptent au moins quatre enfants. Dans ces familles, les enfants ajoutent de toute évidence aux pressions financières existantes et peuvent par conséquence en faire les frais (Berger, 2000). l’observe patiemment pendant qu’il s’exécute, et l’applaudisse quand il a terminé. La confiance en soi est reliée à la compétence, laquelle passe par la démonstration répétée de la maîtrise (Berger, 2000). Les enfants « n’héritent pas » d’une identité de leurs parents ni de leur culture. Ils doivent la trouver et la bâtir d’eux-mêmes. Mahler (1979) estime que le petit enfant passe d’abord par un processus de séparation puis par un processus d’individuation. La séparation implique une distanciation par rapport à la mère, tandis que l’individuation implique le développement du soi (Santrock, 1999). Il est généralement admis que la « conscience de soi » se développe très tôt. En fait, l’un des premiers stades que traverse l’enfant dans le développement de sa pensée est la capacité qu’il acquiert de distinguer ce qui est « moi » de ce qui n’est « pas moi » (Alcock et collègues, 1998). Régulation émotionnelle Maltraitance Plus on en sait sur les mauvais traitements infligés aux enfants, plus on est forcés de constater que leurs conséquences sont nombreuses et vont bien au-delà des questions de privation et de châtiment corporel. Comparativement à des enfants bien traités, les enfants qui font l’objet de violence ou de négligence de façon chronique ont plus souvent un poids inférieur, ils parlent plus tardivement, ils se concentrent moins facilement et ils progressent plus lentement à l’école. Les déficits sont encore plus apparents sur le plan des habiletés sociales. Les enfants maltraités voient de l’hostilité et du calcul chez leurs pairs et chez les adultes et, par conséquent, ils sont moins amicaux, plus agressifs et plus isolés que les autres enfants. Plus les sévices durent longtemps et plus ils ont commencé tôt, plus les relations avec les pairs sont mauvaises. Les adolescents et les adultes qui ont été gravement maltraités pendant leur enfance (que ce soit physiquement ou psychologiquement) se tournent souvent vers la drogue ou l’alcool pour engourdir leurs émotions, ils s’engagent dans des relations dépourvues de soutien, ils sabotent leur propre carrière, ils mangent trop ou pas assez, et généralement ils ont un comportement autodestructeur (Berger, 2000). Le développement le plus important sur le plan affectif à avoir lieu pendant la petite enfance n’est pas tant l’émergence de nouveaux sentiments, comme la fierté ou la culpabilité, que la capacité accrue de réprimer, activer, maintenir et moduler des émotions qui naissent dans le cadre de la poursuite des objectifs de l’individu. Cette capacité dite de « régulation émotionnelle » se développe en réaction aux attentes de la société que les enfants d’âge préscolaire soient en mesure de « gérer leur frustration » et de « moduler l’expression de leurs émotions ». Attachement et attentions reçus Concept de soi On peut voir clairement de quels soins on a entouré certains enfants en les voyant réagir lorsqu’un autre enfant crie de douleur. Les enfants qu’on a bien traités et qui ont formé des liens d’attachement sécurisant sont en mesure de maîtriser leurs propres émotions et d’exprimer de l’empathie en cherchant à réconforter l’enfant qui a mal, à rassurer l’enfant qui a peur ou à aller chercher des secours s’il le faut. Les études longitudinales ont permis d’établir que les enfants qui ont établi des liens d’attachement insécurisant réagissent anormalement à la détresse d’autres enfants (Berger, 2000). L’âge du jeu offre de nombreux exemples de l’émergence du concept de soi. L’enfant d’âge préscolaire se fait fort d’affirmer son identité, de déclarer ses possessions et d’énoncer les raisons pour lesquelles certaines choses comptent à ses yeux. Fait caractéristique : il se sent plus vieux, plus fort et plus habile que des enfants plus jeunes que lui. De 2 à 6 ans, l’enfant a une opinion générale très favorable de lui-même. De fait, la recherche démontre qu’il a tendance à surestimer ses propres capacités. Il croit qu’il peut remporter n’importe quelle course, sauter à la corde comme un athlète, compter sans se tromper et composer des chansons merveilleuses. Il aime s’attaquer à toutes sortes de tâches, et s’attend à ce que tout le monde Ainsworth et ses collaborateurs (1978) ont découvert que les nourrissons formaient trois types d’attachement avec les personnes qui en prennent soin. Le principal critère pour déterminer la qualité de l’attachement est la sensibilité du parent aux besoins de l’enfant ou la qualité de la réponse donnée à ceux-ci. Le parent/tuteur/ gardien sensible sait voir les choses du point de vue du bébé, interpréter correctement ses signaux, satisfaire ses besoins et montrer de l’ouverture, de la coopération et de l’accessibilité. Par contraste, le parent/tuteur/ gardien insensible n’intervient presque exclusivement qu’en Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 17 fonction de ses propres désirs, humeurs et activités. La recherche d’Ainsworth et de ses collaborateurs indique que les parents sensibles voient leurs enfants développer un attachement sécurisant, et les enfants des parents insensibles, un attachement insécurisant de type esquivé ou ambivalent. Comportement social L’une des plus importantes fonctions du groupe de pairs est de fournir une source d’information et de comparaison avec le monde extérieur. Les enfants reçoivent du groupe de pairs une rétroaction sur leurs habiletés. De bonnes relations avec des pairs peuvent être nécessaires à un développement socioaffectif normal. L’isolement social ou l’incapacité de « se connecter » sur un réseau social peut être à la source de nombreux problèmes ou troubles sociaux, dont la délinquance et l’alcoolisme jusqu’à la dépression. Médias Selon un sondage réalisé en 1996 par Neilson Media Recherche, les enfants américains de 2 à 5 ans passent chaque semaine 23 heures et 21 minutes devant le petit écran. C’est là plus de 3 heures par jour et au moins 3 heures de plus par semaine passées devant la télévision que n’importe quel autre groupe d’âge. On reproche entre autres à la télévision de soustraire les enfants à des formes de jeux actifs, interactifs ou imaginatifs, de transmettre de faux messages nutritionnels, et Page 18 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 de véhiculer des stéréotypes sexistes, racistes et âgistes susceptibles d’impressionner particulièrement les jeunes téléspectateurs, vulnérables et inexpérimentés. Le comportement prosocial dépend de la capacité de régulation de ses expressions émotionnelles, ce qu’on est susceptible d’apprendre le mieux dans le cadre de relations sociales actives. La télévision – par son observation passive – mine les attributs, habiletés et valeurs mêmes qui conduisent à une activité prosociale. Cependant, la critique la plus virulente et la plus convaincante qu’on puisse adresser à la télévision est le comportement antisocial qu’elle se trouve à encourager, surtout chez les enfants, dont les effets sont à la fois interactifs et cumulatifs : les enfants qui passent beaucoup de temps rivés au petit écran risquent d’être plus agressifs que les enfants qui n’en passent pas autant, et les enfants qui ont déjà une propension pour l’agressivité ont des chances plus grandes de regarder des émissions qui illustrent de la violence. La télévision désensibilise les enfants à la violence dans la vraie vie et banalise à leurs yeux l’agression physique. C’est pourquoi les enfants qui regardent beaucoup d’émissions à caractère violent ont des probabilités plus grandes de tyranniser les autres, de répliquer violemment à ce qu’ils perçoivent comme une attaque, d’être des victimes passives d’agression ou d’être des observateurs passifs plutôt que des médiateurs lorsque d’autres enfants se querellent (Berger, 2000). • Pourquoi les enfants jouent-ils? Les motivations à la base de la recherche de sensations sont apparemment des besoins innés de certains niveaux de stimulation. Elles dépendent davantage de stimuli externes que de motivations de source biologique, et leur fonction principale est d’agir sur l’environnement. Ces motivations visent à faire augmenter plutôt que baisser la quantité de stimulation, et se manifestent le plus dans la façon dont nous tentons de créer nos propres sensations lorsque placés en situation d’isolement sensoriel. D’autres motivations à la base de la recherche de sensations sont l’activité, la curiosité, l’exploration et la manipulation : • • • • Le besoin d’activité touche tous les animaux. Lorsqu’un animal est gardé captif pendant un certain temps, il est bien plus actif qu’à l’accoutumée aussitôt qu’on le remet en liberté. Il n’est pas clair cependant si l’activité en soi est une motivation unique ou la combinaison de motivations, ni si elle innée ou acquise. La curiosité et l’exploration sont activées par la nouveauté et l’inconnu, et semblent se limiter pour l’essentiel au besoin de « découverte ». Ainsi les enfants joueront avec des jouets même s’il n’y a aucune récompense au bout. La manipulation est dirigée sur un objet particulier qu’on doit toucher ou manier ou avec lequel on doit jouer pour trouver satisfaction. Il est généralement admis que la motivation à la base de la recherche de sensations a évolué en raison de sa valeur pour la survie. Des organismes motivés à explorer leur environnement et à acquérir de l’information à son sujet ont plus de chances de survivre parce qu’ils en connaissent aussi mieux les ressources et les dangers potentiels. Un tel comportement leur permettrait de modifier leur environnement de façons qui leur seraient profitables (Gross, 1998). Le jeu est une activité qu’on exerce pour le plaisir. Le jeu est essentiel à la santé de l’enfant en bas âge. Le jeu accroît l’affiliation avec les pairs, relâche la tension, fait progresser le développement cognitif et fournit un cadre sûr à l’intérieur duquel on peut donner libre cours à un comportement éventuellement violent. • • Quels sont les différents types de comportements au jeu? Mildred Parten (1932) a développé, dans le cadre du classement des jeux d’enfants, la grille de participation sociale suivante : • • • • • Quelques théoriciens ont proposé les théories suivantes : • Pour Freud et Erikson, le jeu est une forme utile et essentielle d’adaptation humaine qui aide l’enfant à maîtriser anxiétés et conflits. Parce que le jeu aide à relâcher les tensions, l’enfant qui joue arrive mieux à composer avec les problèmes de la vie. Piaget estime que le jeu fait progresser l’enfant sur le plan cognitif. Le jeu lui permet d’exercer ce à quoi il est compétent et d’acquérir des habiletés dans un contexte relâché et agréable. Vygotski estime aussi que le jeu est un excellent cadre pour le développement cognitif, surtout le jeu symbolique ou de faire semblant, où l’enfant enfourche un manche à balai en guise de monture. Daniel Berlyne (1960) décrit le jeu comme une source d’excitation et de plaisir en soi car il aide à satisfaire la soif d’exploration qui réside en chacun de nous. Cette soif se traduit par une curiosité et un désir d’information sur quelque chose de nouveau ou d’inusité. Le jeu encourage le comportement exploratoire en offrant à l’enfant toutes les possibilités que révèlent la nouveauté, la complexité, l’incertitude, la surprise et l’incongruité (Santrock, 1999). • Il y a inactivité lorsque l’enfant ne prend pas part à proprement parler à une activité ludique. Il peut se tenir dans un coin, observer la pièce et effectuer des mouvements au hasard qui ne semblent pas avoir de but. Il y a jeu solitaire lorsque l’enfant joue seul ou indépendamment des autres. Les bambins de 2 ou 3 ans s’adonnent plus souvent à des jeux solitaires que des enfants d’âge préscolaire. Il y a attention dirigée sur les partenaires de jeu lorsque l’enfant observe ses camarades au jeu. L’intérêt que prend l’enfant dans le jeu de ses camarades le distingue de l’inactivité. Il y a jeu parallèle lorsque l’enfant joue séparément des autres, mais avec des jouets semblables aux leurs ou en mimant leurs gestes. Il y a jeu interactif lorsqu’il y a interaction sociale avec peu d’organisation ou pas du tout. Les enfants semblent davantage intéressés par leurs partenaires de jeu que par l’activité à laquelle ils s’adonnent. Il y a jeu coopératif lorsqu’il y a interaction sociale dans un groupe où règnent un esprit de groupe et une activité organisée. On voit peu de jeu coopératif dans les années préscolaires. Les catégories proposées par Parten sont une façon d’envisager les types de jeux. Cependant, d’autres jeux Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 19 jouent un grand rôle dans le développement de l’enfant. Alors que les catégories de Parten mettent l’accent sur la place qu’occupe le jeu dans le monde social de l’enfant, la perspective contemporaine met davantage l’accent sur les dimensions cognitives et sociales du jeu. Voici ce que Parten propose : • Le jeu sensori-moteur est un comportement dans lequel s’engagent les enfants en bas âge en vue de tirer du plaisir de l’exercice de leurs schèmes sensorimoteurs existants. Les bébés s’adonnent à des jeux d’exploration visuelle et tactile à partir du 4e mois. À 9 mois, ils recherchent de plus en plus de nouveaux objets à explorer et avec lesquels jouer, surtout s’il s’agit de jouets qui réagissent en faisant du bruit ou en rebondissant. À 12 mois, les enfants aiment « faire marcher » les choses et explorer les causes et effets. À ce stade de développement, les enfants aiment les jouets qui s’animent quand on y touche. • Le jeu symbolique. De 9 à 30 mois d’âge, l’enfant accroît l’usage qu’il fait d’objets dans des rôles symboliques. Il apprend à transformer des objets, à les substituer à d’autres et à agir avec eux comme s’il s’agissait des vrais. Jouer à « faire semblant » apparaît vers l’âge de 18 mois, culmine à 4 ou 5 ans, puis régresse par la suite. Dans sa deuxième année d’existence, le nourrisson commence à comprendre la signification sociale des objets. Par exemple, les bambins de 2 ans peuvent faire la distinction entre un jeu exploratoire qui est intéressant sans être drôle et un jeu « pour le plaisir » aux dimensions incongrues et amusantes. • Le jeu social est un jeu faisant interagir socialement l’enfant avec ses pairs. Les catégories proposées par Parten concernent avant tout le jeu social. • Le jeu constructif combine le jeu sensorimoteur et répétitif avec la représentation symbolique des idées. Il y a jeu constructif lorsque des enfants s’engagent dans une création autoréglementée, la construction d’un produit ou la solution d’un problème. • Le jeu de règles est une activité dans laquelle on s’engage pour le plaisir. Comme son nom l’indique, il est assorti de règles mettant l’enfant en compétition avec une ou plusieurs autres personnes (Santrock, 1999). Comment les parents peuvent-ils encourager l’exercice de jeux non violents?4 vaste et souvent intimidant. Ces facteurs, qui convergent naturellement vers l’âge de 4 ou 5 ans, donnent lieu chez lui à une fascination pour les armes à feu. Le fait qu’un garçonnet de cet âge soit fasciné par une arme ne signifie pas pour autant qu’il sera violent plus tard, mais bien que son développement suit logiquement son cours. L’enfant cherche à comprendre pourquoi les armes à feu procurent de la puissance, pourquoi les gens se blessent et pourquoi ils meurent, pourquoi tout le monde à la télévision cherche à se tirer dessus, et pourquoi ses parents sont si horrifiés chaque fois qu’il pointe son doigt vers quelqu’un, tel un pistolet, et fait semblant de tirer sur la gâchette. Les familles réagissent bien différemment aux jeux où les enfants font semblant de servir d’une arme à feu, avec, à l’extrême, celles qui vont jusqu’à équiper leurs enfants de pistolets ou mitrailleuses jouets on ne peut plus réalistes et, à l’autre, celles qui leur interdisent toute forme de jeu violent. Cependant, même dans les foyers où les armes-jouets ne sont pas permises, les enfants trouvent toujours le moyen de donner libre cours à la fascination qu’elles exercent sur eux : ils s’en fabriquent avec des Lego, ils visent les gens avec des bâtons en disant « Bang! Bang! » ou ils mordillent leurs « toasts » au petit déjeuner pour se créer des « armes » en forme de pistolets. Voici quelques principes que les parents peuvent observer pour aider leurs petits garçons (ou leurs petites filles!) à satisfaire leur fascination pour les armes à feu tout en encourageant chez eux la non-violence : • • À 4 ans, l’enfant s’emploie à dominer ses peurs, à comprendre la mortalité et à acquérir un sens de pouvoir dans un monde 4 Tiré de Becoming The Parent You Want to Be par Laura Davis et Janis Keyser. Copyright C 1997 par Laura Davis et Janis Keyser. Adapté, traduit et reproduit avec la permission des auteures. Page 20 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 • Établissez clairement les paramètres du jeu. Lorsqu’on interdit une forme de jeu, celle-ci a tendance à sombrer dans la clandestinité, et nous perdons dès lors une bonne occasion d’aider nos enfants à trouver des réponses à leurs questionnements. Or, il faut qu’ils comprennent bien au contraire qu’un jeu qui cherche à intimider un autre enfant ou qui cherche à lui faire mal ou à lui faire peur est tout à fait inacceptable. Puis précisez les règles qui s’appliquent aux armes-jouets dans la maison : « Dans notre famille, on n’a pas le droit de pointer une arme sur qui que ce soit ou quelque animal que ce soit sans lui demander la permission. » Ou encore « Pas le droit de jouer au pistolet dans la maison. » Fournissez des jouets transformables. En donnant aux enfants des jouets auxquels on peut donner des formes diverses et réserver des usages divers, on encourage chez eux la souplesse et la créativité. Lorsqu’un enfant se fabrique une mitraillette avec des blocs de malléable, on peut, dix minutes après, « démonter » l’arme pour recomposer quelque chose d’autre, comme un gros bateau. Cependant, si l’on donne une simili-arme à un enfant, il ne s’en servira que pour viser et tirer. Faites clairement passer vos valeurs. Les enfants se préoccupent beaucoup de la façon dont nous voyons le monde. Aussi importe-t-il de partager avec vos • • garçons votre perspective de la vie : « Quand je te vois jouer avec ton fusil, cela m’attriste beaucoup, car je pense à tout le mal que les vraies armes font aux gens. » Aidez les enfants à dominer leurs peurs. Souvent les jeux de combat augmentent proportionnellement avec les craintes des enfants. Pour se sécuriser, ces derniers recherchent des symboles de pouvoir (comme des fusils ou des épées). Les aider à composer avec leurs craintes peut enlever de l’intensité à la violence de leurs jeux. Dites à vos enfants ce qu’on fait pour stopper la violence dans le monde. Les enfants s’adonnent parfois à des jeux violents pour contrer leurs craintes vis-à-vis de la vraie violence. Si c’est le cas de vos enfants, parlez-leur de ce qu’on fait dans le monde pour arrêter les combats et arrêter les guerres. Cela • les rassurera et ils seront éventuellement moins portés à se livrer à des jeux violents. Trouvez à vos enfants des substituts qui leur procureront un sentiment de puissance. À 4 ou 5 ans, on adore se sentir compétent. Donner à l’enfant des occasions de faire un vrai travail, comme des travaux de menuiserie, de cuisine ou de jardinage, peut aider à recanaliser dans une nouvelle voie plus productive une partie de l’énergie qui, autrement, irait à des jeux violents. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 21 Chaque interaction avec des enfants fournit des occasions de faire passer des valeurs. Sans transformer systématiquement l’heure du coucher en une occasion de donner une leçon, les parents devraient néanmoins trouver des moments propices dans la vie de famille pour communiquer certaines valeurs à leurs enfants : • • Les enfants acquièrent des valeurs par nos interactions quotidiennes avec eux. On pense souvent que d’inculquer des valeurs à ses enfants, c’est les emmener à l’église, les sermonner sur les méfaits des mensonges, leur enseigner à partager ou les encourager à se montrer généreux au temps des fêtes. Pourtant, nous leur enseignons des valeurs tous les jours, dans le cadre de nos interactions quotidiennes avec eux et avec d’autres. Les enfants acquièrent des valeurs par l’exemple. Un père raconte : « L’autre jour, mon fils m’a vu ramasser un papier qui traînait dans la rue et m’a demandé "Qui a jeté ça par terre?" Je lui ai répondu "Je l’ignore, mais comme il se trouvait sur ma Terre, je l’ai ramassé."» Jeannette, qui a accueilli en foyer nourricier plusieurs enfants issus de familles en difficulté, dit qu’elle le fait parce qu’elle a la conviction de rendre service. « Je ne peux pas réparer ce qui ne marche pas chez les parents de ces enfants, et je ne peux pas réparer non plus la société. Mais, déjà, de donner de l’amour à un enfant fait toute la différence. La devise de l’Associa-tion des parents de familles d’accueil est "Laisser une marque pour toujours". Même s’ils ne restent chez moi que 12 heures, ils peuvent voir en 12 heures tout ce que l’amour peut faire pour une famille. Ils voient en interaction des gens qui se respectent les uns les autres. Ils voient que ce n’est pas impossible. J’aime aussi que cela enseigne à mes propres enfants les valeurs qui me sont chères, comme l’adaptabilité, la compassion et la générosité. « Mes enfants se montrent très accueillants à l’égard des enfants qu’on place chez nous. Les deux aiment m’accompagner au refuge pour aller chercher les nouveaux enfants. Emma, cinq ans, est ma petite ambassadrice. Elle va cueillir les enfants sur le pas de la porte et les ramène par la main. Elle leur dit : "N’aie pas peur. Ici tu peux montrer tes sentiments. Tu as le droit d’être fâché. Quand on est fâchés, on va se défouler dehors ou frapper des oreillers en criant, mais on ne frappe pas les autres. Ici, personne ne te frappera. Là, c’est ma chambre. C’est là que tu vas dormir. C’est ton espace privé à toi." » Page 22 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 • Les enfants acquièrent des valeurs en voyant les valeurs que nous poursuivons. Même s’il est vrai que les enfants apprennent en suivant notre exemple, il n’est pas vrai pour autant • Les enfants acquièrent des valeurs par la façon dont nous vivons en famille. Catherine raconte comment elle leur enseigne les valeurs familiales : « Une fois par semaine, nous passons la soirée en famille à parler de ce que nous aimons faire ensemble. Nous planifions des jeux, nous chantons et nous faisons de l’artisanat. C’est une période où nul n’a le droit de prendre d’autres engagements. J’adore cette soirée. Elle confirme que notre famille passe avant tout le reste. » Le célèbre neurochirurgien canadien, Wilder Penfield, qui avait toujours cru aux bénéfices du bilinguisme, avait décidé d’élever ses enfants dans les deux langues. Son épouse étant francophone et lui étant francophile avec une bonne connaissance de la langue française, tout se passait dans les deux langues. Au moment où l’aîné de la famille s’était présenté à l’école anglaise (il parlait déjà couramment le français) et que Mme Penfield avait décidé de poursuivre des intérêts à l’extérieur du foyer, la famille avait fait face à une situation intéressante. Dr. Penfield avait embauché une gouvernante pour ses enfants – une Espagnole. Dorénavant, avait décidé le médecin, les Penfield – les enfants du moins - seraient trilingues et jusqu’à un certain point, triculturels, car on célébrait la « Noche Vieja » en même temps que « Christmas » et « le réveillon ». On fêtait la « San Juan » à peu près en même temps que les Francophones de la région célébraient la « St.-Jean ». Les Penfield faisaient mine de rien. Ces valeurs culturelles étaient la norme. Dr. Penfield regrettait seulement que sa cuisinière, une Suédoise, n’ait pas eu la pleine maîtrise de sa langue maternelle et que le contact de cette femme avec ses enfants soit si limité. Il en est ainsi pour les parents francophones qui désirent trans-mettre la langue française et les valeurs culturelles de la francophonie à leurs enfants et s’assurer qu’ils acquerront une identité francophone. Il faut non seulement que l’enfant apprenne le français (préférable-ment comme langue maternelle), mais que la grande majorité de ses référents culturels soient tirés des traditions, des moeurs et des valeurs de la francophonie. Il n’est pas assez qu’il ou elle soit « instruit.e » dans ces valeurs. Il faut que ses valeurs fassent partie de son vécu, du vécu de ses parents, du vécu de la fratrie de la maisonnée et de sa famille élargie, s’il y a lieu. Éventuellement, l’école francophone et les différentes composantes d’une infrastructure dite « francophone » viendront jouer leur rôle de « contributeurs culturels ». Comme disaient Landry et Rousselle, « On ne naît pas francophone, on le devient. » Et plus loin dans la même publication5, « On devient ce que l’on a vécu! » de répliquer : "Oh, t’a-t-il fait une piqûre?" Tout d’un coup, la perception de Mélissa – à savoir que son médecin était une femme – venait une fois de plus d’être contestée par une autorité plus grande qu’elle, en l’occurrence sa tante, ainsi que par la somme et le poids de toutes les images véhiculées à propos des médecins dans le monde autour d’elle. • • Les enfants acquièrent des valeurs et des convictions par leurs contacts avec le monde extérieur. Par le biais de leurs amis, de la famille étendue, de leurs lectures, de la télévision et de leurs expériences dans la collectivité, les enfants absorbent des valeurs et des normes sociétales. De dire Mélanie : « Ma petite fille de 3 ans, Mélissa, m’a dit un jour "tous les médecins sont des hommes", alors que moi je savais pertinemment qu’elle n’était allée voir jusqu’alors que des femmes médecins. Cela lui venait du fait que, chaque fois qu’elle entendait parler de médecins, on en parlait toujours au masculin, et que tous les livres où l’on montrait des médecins, c’étaient toujours des hommes. Un jour, quand elle est rentrée à la maison, elle a dit à sa tante qu’elle était allée chez le médecin. Sa tante 6 5 Roderique Landry et Serge Rousselle, Éducation et droits collectifs : Au-delà de l’article 23 de la Charte, Les Éditions de la francophonie, Moncton, 2003 Les enfants acquièrent des valeurs par les explications qu’on leur donne sur le monde. Il n’est pas toujours possible de contrôler l’environnement de nos enfants. On peut toujours choisir son épicier, mais on ne peut pas choisir ses clients. Nos enfants seront donc parfois témoins de gestes ou de paroles que nous préférerions qu’ils ne voient pas ni n’entendent. En revanche, si nous sommes alors à leurs côtés lorsque cela se passe ou qu’ils peuvent nous le raconter aussitôt arrivés à la maison, nous pouvons échanger avec eux et leur donner notre point de vue sur ce qui s’est passé. Même si nous n’avons pas choisi qu’ils vivent cette expérience, nous pouvons au moins les aider à la comprendre : « Je suis désolée que cette dame ait crié après toi au magasin parce que tu te tenais debout dans le chariot. Je pense qu’elle avait peur que tu te fasses mal. Elle ne savait pas que tu étais capable de te tenir debout sans problème dans le chariot et elle ne savait pas non plus qu’en criant, on fait peur aux enfants. » 6 Source : Tiré de Becoming The Parent You Want to Be par Laura Davis et Janis Keyser. Copyright C 1997 par Laura Davis et Janis Keyser. Adapté, traduit et reproduit avec la permission des auteures. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 23 Comment s’acquiert l’identité sexuelle? Théorie humaniste : Même à l’âge de 2 ans, on peut déjà observer chez l’enfant des préférences et modes de jeux sexués. L’enfant sait à quel sexe il appartient et commence à distinguer les « mamans » des « papas » et il emploie les mots « madame », « monsieur », « femme » et « homme » à bon escient. Cette simple conscience cognitive devient, à l’âge de 3 ans, une compréhension rudimentaire que les distinctions mâle-femelle sont appelées à durer toute la vie. À 4 ans, l’enfant est convaincu que certains jouets (poupées, camions…) conviennent à un sexe et pas à l’autre. L’enfant de 4 ans a aussi tendance à critiquer ses petits camarades s’ils semblent préférer des jouets jugés déplacés pour leur sexe et à s’enorgueillir lorsqu’il pense agir de la manière attendue pour son sexe. Lorsqu’on lui en donne le choix, l’enfant jouera avec des enfants de son sexe, tendance qui s’est amorcée à 2 ans mais qui est bien définie à 5 ans. À 6 ans, l’enfant a des idées bien tranchées (pour ne pas dire des préjugés) sur les différences entre les sexes et sait aussi quel sexe est le meilleur (le sien!) et quel est le plus stupide (l’autre!). Stéréotypes et tabous se retrouvent dans les jeux sociodramatiques, d’où sont absentes la plupart des autres restrictions de la vie quotidienne (Berger, 2000). Carl Rogers pose pour principe que chaque individu réagit en tant qu’un tout organisé à la réalité telle qu’il la perçoit. Rogers accorde beaucoup de place à l’autoactualisation, qu’il décrit comme une tendance innée à la croissance motivant tout comportement humain. Pour Rogers, la personnalité est l’expression de la tendance à l’actualisation de soi de chaque individu dans la réalité qu’il perçoit et qui lui est unique. Le soi se trouve au cœur de la théorie de Rogers, à savoir la partie de l’expérience qu’une personne associe à « je » ou à « moi ». Quelles sont les perspectives théoriques sur l’apparition du rôle sexuel? Théorie sociobiologique : Les sociobiologistes (théoriciens évolutionnistes) soutiennent pour leur part que la différenciation des rôles sexuels s’est établie tout au long du développement de l’être humain dans le cadre d’un processus plus vaste d’adaptation à l’environnement. En raison de leur plus grande force physique et de leur grande capacité respiratoire, les mâles étaient mieux adaptés pour la chasse et la défense de leur territoire et de leur famille, tandis que le fait qu’elles portent et allaitent les enfants rendait les femelles plus aptes à prendre soin de la famille et à exercer d’autres rôles maternels. Théorie biologique : Théorie psychodynamique : Les tenants de l’approche biologique sur l’identification sexuelle postulent que les hommes et les femmes sont biologiquement programmés pour certains types d’activités compatibles avec leurs rôles d’hommes et de femmes. Par exemple, chez 18 mâles La théorie de Freud s’appuie sur son explication du développement moral. Il considère que l’identité sexuelle n’est pas fixée tant que n’a pas été résolu le complexe d’Œdipe, ce qui se produit par l’identification au parent de même sexe et se traduit par l’apparition à la fois d’un Surmoi et d’une identité sexuelle. À l’instar de la conscience, qui serait plus faible chez les filles, Freud considérait aussi le processus d’identification sexuelle comme étant moins marqué chez les filles que les garçons. présentant des déficits en dihydrotestostérone (DHT), une hormone masculine, tous sauf deux ont réagi aux changements biologiques profonds survenant à la puberté en adoptant un rôle masculin, même s’ils avaient été élevés comme des filles – ce qui laisse croire que leur testostérone avait préprogrammé leur masculinité dans leur cerveau. Théorie biosociale : Selon cette approche, les facteurs sociaux se conjugueraient à des facteurs biologiques, et l’interaction entre les deux primerait sur les seules influences directes d’origine biologique. Les adultes préfèrent passer du temps avec des bébés qui réagissent de façons « gratifiantes », et les bébés « exigeants » auraient tendance à recevoir plus d’attentions que les bébés « passifs ». Page 24 - Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Théorie de l’apprentissage social : Selon la théorie cognitive de l’apprentissage social, l’une des raisons pour lesquelles filles et garçons se comporteraient différemment est le fait que leurs parents les traitent différemment. Cette théorie met l’accent sur l’apprentissage par observation et les rôles du renforcement. En observant les autres en train de se comporter de façons précises et en imitant leurs comportements, les enfants reçoivent de leurs « proches » des renforcements à l’égard des comportements considérés comme appropriés à leur sexe7. 3. Théorie cognitivo-développementale : L’approche cognitivo-développementale met l’accent sur la participation de l’enfant dans l’acquisition d’une compréhension de la notion de genre et de comportements appropriés au genre auquel il appartient. La découverte par l’enfant qu’il est une fille ou un garçon le porte à s’identifier aux membres du même sexe (et non l’inverse, comme le veulent la théorie psychanalytique et la théorie de l’apprentissage social). Selon les psychologues d’appartenance cognitivo-développementale, les enfants en bas âge acquièrent une compréhension des sexes masculin et féminin en trois stades8 : 1. 2. 7 8 Identité de genre: Vers l’âge de 3 ans, l’enfant est conscient qu’il est un garçon ou une fille. Stabilité de genre : À 4 ou 5 ans, la plupart des enfants prennent conscience que leur sexe est stable dans le temps, même s’ils se fient à des signes superficiels, comme la longueur des cheveux, pour reconnaître le sexe de leurs interlocuteurs. Pour les théoriciens de l'apprentissage social, le rôle de genre (« gender role ») est acquis par l'enfant de la même façon que les autres comportements par imitation sur le modèle de son propre sexe et par des renforcements différentiels prodigués par les parents, par les pairs, par les enseignants ou par les médias. L'imitation est ici le mécanisme essentiel pour que l'enfant acquière les conduites sociales sexuées. Les enfants « imitent davantage des modèles avec lesquels ils perçoivent une certaine similitude, et imiteraient donc le parent du même sexe et par généralisation, d'autres modèles du même sexe » (Vandenplas-Holper, 1987, 212). Pour apprendre les comportements considérés comme appropriés, les enfants observent les modèles masculins et féminins d'hommes et de femmes, de garçons et de filles, et notent quels comportements sont effectués plus souvent par des femmes et rarement par des hommes et inversement. Ils utilisent alors ces abstractions de comportements sexués comme modèles pour leur propre activité d'imitation. La théorie cognitive, élaborée par Kohlberg (1966) sur le modèle piagétien, décrit trois stades évolutifs dans le temps pour expliquer comment l'enfant intègre le genre et surtout comment il arrive à la constance de genre. Dans les deux premières années, l'enfant ne dispose pas de moyens lui permettant de savoir que le genre est une caractéristique « immuable » pour tout individu. Vers 2 ans, l'enfant entre dans le stade 1 appelé identité de genre. Ce premier concept relève d'une différenciationclassification des adultes en homme ou femme suivie d'une auto-classification de soi dans la classe homme ou femme ; mais cette catégorisation est avant tout fondée sur des caractéristiques physiques (cheveux, vêtements...). Vers 34 ans, l'enfant passe au stade 2 de la stabilité de genre et comprend que le genre est stable dans le temps : le petit garçon deviendra un homme et un père, la petite fille deviendra une femme et une mère. Vers 5 ans, l'enfant entre dans le stade 3 de la constance de genre. Dès lors, il comprend que le genre est constant, indépendamment du temps et des situations. L'identité sera définitivement stable vers 7 ans. Constance de genre : Vers 6 ou 7 ans, l’enfant comprend que le genre est immuable. La constance du genre est une sorte de conservation qui, fait non négligeable, apparaît chez l’enfant peu après qu’il a maîtrisé la notion de conservation de substance. Théorie du schéma de genre 9 : La théorie du schéma de genre postule que l’identité de genre pourrait à elle seule fournir suffisamment de motivation à l’enfant pour qu’il adopte des modes de comportement typiques à son sexe. À l’instar de la théorie de l’apprentissage social, cette approche part du principe que l’enfant apprend par observation des modes de comportements « appropriés ». Cependant, tout comme dans l’approche cognitivo-développementale, le traitement cognitif actif de l’information par l’enfant n’y serait pas étranger. Les théoriciens du schéma de genre estiment donc que l’enfant apprend à juger par luimême à partir des traits considérés comme appartenant à son propre sexe. En conséquence, le concept de soi viendrait se mêler aux schémas de genre que lui renvoie une culture donnée à titre d’éléments de comparaison. Quelles différences y a-t-il entre les sexes? 9 Cependant, ce décalage entre les préférences des jouets et des activités stéréotypées et les connaissances que les enfants en ont, ont interpellé un certain nombre de chercheurs. A partir de ces constatations pour lesquelles la théorie de Kohlberg restait sans réponse, Martin et Halverson (1981) avec Bem (1981) se sont tournées vers la théorie du schéma de genre. Celui-ci constitue une sorte de noyau central à partir duquel l'enfant peut faire des associations et des interprétations du monde. Au début, l'enfant dispose d'un premier schéma de base composé d'informations très générales dont il a besoin pour catégoriser les objets, les comportements, les traits de personnalité et les rôles, au féminin et masculin. Ce premier schéma guide en quelque sorte son comportement et il s'agit pour l'enfant de lier tous ces caractères sexués entre eux. Un deuxième schéma concerne le « own sex » c'est-à-dire le schéma associé à son propre sexe. Plus focalisé et plus détaillé, il est composé d'information que l'enfant possède sur les objets, les comportements, les traits de personnalité et les rôles qui caractérisent son propre sexe. Que faut-il déduire de ce modèle ? Pour ces auteurs, l'enfant n'a pas besoin d'être dans la constance de genre pour adopter des modes de comportement sexué. En somme, ces schémas permettent à l'enfant, à partir de peu d'informations, de pouvoir faire une grande quantité de prédictions et de construire la bi-catégorisation de genre. Mais l'aspect novateur est de ne plus penser en termes stricts de catégorie binaire : c'est « un objet masculin », c'est « un objet féminin » mais en catégories du type : « ça c'est pour moi » et « ça ce n'est pas pour moi ». Au lieu de s'arrêter sur un marquage des différences, se trouve mis en scène l'écart entre « ce que je suis » et « ce que je ne suis pas ». Traduit autrement par Zazzo (in Tap, 1985) : « S'il en est bien ainsi, je dirais qu'on réagit en garçon, qu'on réagit en fille, bien avant de savoir qu'on est un garçon et qu'on est une fille ». Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 25 Il existe de véritables différences entre les sexes sur le plan du comportement et les stéréotypes que véhiculent les gens ne sont pas tout à fait sans fondement. Cependant, ces différences sont moins nombreuses, moins importantes et bien plus complexes qu’on semble vouloir le laisser croire. Par exemple : • Agressivité : L’une des différences sexuelles qui revient le plus souvent est que les garçons sont plus agressifs – et plus actifs – que les filles, agressivité qui se manifesterait tout spécialement lorsqu’on provoque l’enfant. Cette disparité entre les sexes se retrouve dans plusieurs cultures et apparaît très tôt dans le développement des enfants. Les facteurs biologiques qui entrent ici en jeu comprennent notamment l’hérédité et les hormones. Les facteurs environnementaux sont notamment les attentes culturelles, les modèles donnés par les adultes et par les pairs, ainsi que les agents sociaux qui récompensent l’agressivité chez les mâles et la punissent chez les femelles (Santrock, 1999). • Quelles sont les influences socioculturelles sur l’identification sexuelle? Comportement social et personnalité : Dans un premier temps, les études révèlent que les hommes seraient plus agressifs que les femmes, tant sur le plan verbal que sur le plan physique, disparité qui se manifeste dès la petite enfance. • autres, à des réactions démesurées à la frustration, à un manque de volonté de coopération et à l’incapacité d’attendre les récompenses (Santrock, 1999). Régulation émotionnelle : La capacité de maîtriser ses émotions et comportements est une habileté non négligeable. Les garçons montrent habituellement moins d’aptitudes à cet égard que les filles, ce manque d’autorégulation pouvant entraîner des troubles de comportement. Dans une étude, on a corrélé les faibles capacités de régulation émotionnelle des enfants avec une plus grande agressivité, une propension à taquiner les Page 26 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Même si les parents encouragent généralement leurs enfants à jouer à des jeux « propres à leur sexe », il existe des preuves scientifiques que des facteurs biologiques pourraient intervenir initialement dans les préférences marquées par les enfants. Même si les probabilités sont moindres que les pères donne une poupée pour jouer à un bébé garçon qu’à un bébé fille, les probabilités sont aussi moindres que les garçons à qui l’on donne une poupée jouent avec elle (Snow et coll., 1983). Peut-être les attentes et encouragements des adultes viennent-ils se conjuguer aux préférences des enfants et en amplifier l’effet. De là il pourrait découler que, parce que les jouets pour garçons donnent plus d’occasions de développer leurs habiletés visuomotrices et leur inventivité, et les jouets pour filles, plus d’occasions de développer leurs habiletés maternelles et sociales, d’importantes différences s’établissent dans les rôles liés au sexe. Dès lors que l’enfant se met à jouer avec d’autres enfants hors du foyer, le groupe de pairs a une très grande influence sur son acquisition d’un rôle sexuel. En fait, Stern et Karraker (1989) ont découvert que la connaissance du sexe d’un bébé influait davantage sur le comportement d’enfants de 2 à 6 ans que sur le comportement d’adultes. À 3 ans, l’enfant renforce son jeu sexué en glorifiant, imitant ou adoptant le comportement. À l’opposé, il critique les comportements qui ne sont pas « appropriés » au bon sexe (Langlois et Downs, 1980). Les parents encouragent indirectement les jeux sexués en recherchant pour leurs propres enfants des camarades de jeu du même sexe (Carlson et Buskist, 1997). Le Progrès des enfants au Canada 200110 Points saillants Mars 2001 Portrait des enfants et des jeunes • • • • De 1990 à 1999, le nombre de familles monoparentales avec des enfants d'âge scolaire a augmenté de 35 %. Elles ont aussi augmenté en proportion de toutes les familles avec des enfants d'âge scolaire, de 22 % à 27 %, alors que la proportion de familles biparentales a baissé de 78 % à 73 %. Un enfant sur huit de 6 à 11 ans vit dans un ménage avec un revenu moyen très faible - de moins de 20 000 $ par an. La plupart des enfants d'âge scolaire ont une mère qui a un emploi. Près de 80 % des femmes avec des enfants d'âge scolaire faisaient partie de la main-d’œuvre en 1999. Au cours des deux dernières décennies, leur nombre a grimpé de 42 %. La plupart de la hausse s'est passée dans les années 1980. Les inscriptions dans les écoles privées augmentent. Tandis que le nombre d'élèves dans les écoles publiques a augmenté de 0,5 % de 1993-1994 à 1997-1998, le nombre dans les écoles privées a augmenté de 8,6 %. La vie familiale • • • • 10 62 % des parents s'inquiètent de savoir s'ils élèvent correctement leurs enfants. 63 % des Canadiens interrogés s'inquiètent également de savoir si les parents savent vraiment ce qu'ils font quand ils élèvent des enfants. Les parents passent plus de temps à faire du travail rémunéré et non rémunéré. De 1992 à 1998, les parents mariés de 25 à 44 ans avec un emploi à plein temps ont augmenté leurs activités de travail rémunéré de 2 heures par semaine. Les heures passées pour le travail non rémunéré ont aussi augmenté, de 33,6 heures à 34,3 heures par semaine pour les femmes (une hausse de 2 %), et de 22,4 heures à 23,1 heures par semaine pour les hommes (une hausse de 3 %). En devenant parents, les femmes et les hommes mariés augmentent le nombre total d'heures passées à faire un travail rémunéré et des tâches non rémunérées. Les hommes augmentent leur charge de travail de 9,4 à 10,3 heures par jour. Les femmes augmentent leur charge de travail de 9,6 à 10,5 heures. La plupart des familles sont plus stressées et moins satisfaites. Les deux tiers des parents avec un emploi à temps plein qui élèvent des enfants sont insatisfaits de l'équilibre entre leur emploi et leur vie familiale. 26 % des pères mariés, 38 % des mères mariées et 38 % des mères seules disent subir un stress intense dû au manque de temps. La sécurité économique • • • • De 1993 à 1998, les enfants de moins de 18 ans dans les familles les plus pauvres sont devenus plus pauvres, tandis que la situation des plus riches s'est améliorée. Pendant cette période, 12 % des enfants ont été touchés par une pauvreté prolongée. En 1999, 32 % des parents de familles monoparentales pensaient que leur revenu n'était pas suffisant pour subvenir aux besoins de base de leur famille - comparé à 13 % des couples avec des enfants. En 1998, 19 % des enfants canadiens de moins de 18 ans vivaient dans la pauvreté. Selon l'UNICEF, le taux de pauvreté des enfants au Canada est l'un des pires parmi les 16 pays industrialisés. Ceux qui gagnent un revenu moyen ont-ils les moyens d'avoir des enfants? Les données démographiques de Statistique Canada montrent que les jeunes retardent la période d'avoir des enfants - ou qu'ils décident carrément de ne pas en avoir. La sécurité physique • • • Les blessures accidentelles sont la cause principale de décès chez les enfants d’âge scolaire de 5 à 14 ans. La majorité de ces décès sont dus à des accidents de la route. Cependant, de 1987 à 1997, le taux de décès dus à des accidents de la route a diminué chez les enfants d’âge scolaire. 91% des parents ayant des enfants de moins de 15 ans disent toujours attacher correctement leur enfant en voiture. Les parents d’enfants vivant en mileu rural ont moins tendance à mettre une ceinture. 77% des parents disent qu’ils exigent toujours que leur enfant porte un casque pour faire du vélo. Les parents qui vivent dans une province où il y a une législation sur le port du casque sont plus susceptibles d’indiquer que leur enfant porte toujours un casque. La proportion de Source : http://www.ccsd.ca/francais/pubs/2001/pcc01/hl.htm Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 27 • • parents qui insistent sur le port du casque augment avec le niveau d’éducation et du revenu. La pollution atmosphérique tue les Canadiens. Cette pollution peut être liée à 5 000 décès chaque année dans 11 grandes villes canadiennes. Chaque année plus de 28 500 enfants canadiens reçoivent des soins à l'hôpital à la suite de blessures survenues sur un terrain de jeu. La plupart surviennent autour des appareils (barres à grimper, toboggans, balançoires). Les ressources communautaires • • • • La plupart des tarifs pour les loisirs augmentent, menaçant l’accès aux loisirs pour les enfants et les jeunes de familles à faible revenu. La plupart des services des loisirs appliquent des tarifs à tous leurs programmes aquatiques, sportifs et artistiques. Le niveau de financement par enfant des services d’éducation pour les enfants ayant des besoins spéciaux a augmenté dans les cinq dernières années, mais il demeure insuffisant. Tous les experts interrogés ont dit qu’il n’y avait pas assez de professionnels non enseignants (orthophonistes, ergothérapeutes etc….) dans leur province. En 1999, il y avait dans les écoles un ordinateur pour sept élèves de la 3e à la 5e du secondaire, un pour huit élèves de la 1re et de la 2e du secondaire, et un pour neuf élèves du primaire. Environ un élève sur trois a déjà conçu ou géré un site Web. Selon le Recensement de 1996, il y avait 516 000 familles avec des enfants vivant dans un logement qui a besoin de réparations majeures, qui est surpeuplé ou qui coûte plus de 30% du revenu avant impot, dans des communautés où les autres logements ne sont pas abordables. Il existe un lien entre les logements indadéquats et les problèmes de santé et de développement chez l’enfant. civique ont plus tendance à s'engager à des sports organisés que les enfants pauvres qui vivent dans une communauté moins civique L'état de santé • • • • • La vitalité civique • • • Dix villes canadiennes ont établi un conseil consultatif de jeunes auprès du maire ou d'autres initiatives visant à augmenter la participation des jeunes aux affaires civiques. Cependant, Inuvik est la seule ville qui dit avoir un jeune représentant à son conseil municipal. Le niveau de revenu de leur famille affecte le niveau de participation des enfants aux loisirs. 60 % des enfants de ménages très pauvres ne participent «presque jamais» à des sports organisés, par rapport à 27 % des enfants dans des familles bien nanties. Les bonnes communautés peuvent alléger les effets néfastes de la pauvreté. Les enfants pauvres qui vivent dans une bonne communauté Page 28 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Les enfants d’âge scolaire s’en sortent bien, quoiqu'il y ait encore trop de blessures et que les maladies respiratoires continuent d’augmenter. Les blessures et le cancer sont les principales causes de décès chez les enfants d'âge scolaire. Les maladies respiratoires sont la principale cause d'hospitalisation. La majorité des enfants d'âge scolaire ne sont pas assez actifs pour atteindre un développement optimal - et l'activité physique diminue à mesure que les enfants grandissent. La proportion d'enfants de 7 à 13 ans qui ont un poids trop élevé a beaucoup augmenté de 1981 à 1996, passant de 15 % à 29 % chez les garçons et de 15 % à 24 % chez les filles. L'activité physique varie selon le revenu et l'écart des taux de participation va croissant. Tandis que les jeunes des familles à revenu moyen et à revenu délevé ont augmenté leur participation à des activités comme les sports d'été et d'hiver de 1996 à 1998, le taux de participation a diminué chez les jeunes des familles à faible revenu. Les femmes sont plus « pressées par le temps » que les hommes. De 1992 à 1998, la proportion de jeunes femmes de 18 à 24 ans avec un emploi disant qu'elles étaient extrêmement stressées a grimpé de 64 %. Les étudiantes de 15 à 17 ans étaient presque deux fois plus susceptibles que les étudiants du même âge de se considérer des bourreaux de travail. La faim chez les enfants persiste au Canada. Les enfants de moins de 18 ans ne représentent que juste un peu plus du quart de la population canadienne, mais ils représentent maintenant 39 % des bénéficiaires des banques alimentaires. 62 000 enfants ont souffert de la faim au moins une fois en 1996; sur ces 62 000 enfants, 22 % ont souffert de la faim au moins une fois par mois. L'engagement social • • • La plupart des enfants d'âge scolaire ont des amis très proches. 92 % des enfants de 10-13 ans et jeunes adolescents peuvent parler de leurs problèmes à quelqu'un d'autre que leurs amis. 86 % disent qu'ils se confient à leur mère. Les sentiments positifs des jeunes envers leurs enseignants diminuent avec l'âge. Quoique les déclarations faites par les parents de bagarres et d'actes d'intimidation chez les enfants aient diminué de 1994 à 1996, il y a encore des problèmes. Un tiers des parents disaient en 1996 que leur fils de 6 à 11 ans était • • parfois ou souvent impliqué dans « beaucoup de bagarres ». 8 % du groupe des 12-13 ans ont admis être victimes d'intimidation à l'école de temps en temps. En 1999, 60 360 enfants de moins de 18 ans avaient été portés disparus au Canada – 4 611 de plus qu'en 1995. La criminalité juvénile continue de diminuer. De 1998 à 1999, le taux de jeunes inculpés d'une infraction au Code criminel a baissé de 7 %, avec une diminution dans toutes les catégories. Ce taux recule depuis 1992. Initiatives gouvernementales concernant les enfants et les jeunes • • L'éducation • • • • Le revenu familial se répercute sur les espérances de la famille en matière d'éducation. La moitié des enfants de 12 et 13 ans dans les familles avec un revenu inférieur à 20 000 $ par an espèrent aller à l'université, par rapport à 71 % de ceux dans les familles avec un revenu supérieur à 80 000 $. L'apprentissage en sciences s'améliore. Les résultats des élèves canadiens aux tests sur leurs connaissances théoriques et leurs compétences en sciences se sont considérablement améliorés de 1996 à 1999. La plupart des parents qui ont un ordinateur à la maison disent qu'ils l'ont acheté pour des fins éducatives. 90 % d'entre eux jugent que l'ordinateur a eu un effet positif sur la capacité d'apprendre de leur enfant. 79 % voient aussi un effet positif sur la qualité des devoirs à la maison. Les adolescents qui vivent dans des ménages ayant un accès à Internet passent huit heures par semaine à faire leurs devoirs - une heure de plus qu'en 1998. L'accès aux ordinateurs et à Internet est relié au revenu. En 1998, 74 % des ménages canadiens dans la tranche de revenus élevés avaient un ordinateur, par rapport à seulement 18 % des ménages dans la tranche des revenus les moins élevés. • Les méthodes « ciblées » des gouvernements ont produit un amalgame de politiques et de programmes visant les enfants d'âge scolaire. La tendance générale à s'éloigner de l'universalité, en ciblant les tout-petits, les adolescents ou les jeunes considérés comme à risque, laisse apparaître des « trous » dans le tissu des politiques publiques. Seules deux provinces - le Québec et la Colombie-Britannique - ont créé des régimes de services de garde à l’enfance financés publiquement qui sont accessibles à toutes les familles - riches, pauvres, et la grande majorité entre les deux. L'Initiative sur le développement de la petite enfance, une entente fédérale-provincialeterritoriale, a été signée le 11 septembre 2000. Les gouvernements se sont mis d'accord pour que 2,2 milliards de dollars soient alloués au cours des cinq prochaines années. L'entente est cependant vague quant à l’emploi qui sera fait des fonds et pour ce qui est d'assurer la transparence des comptes et la reddition de comptes au public. Il faudra donc maintenir la pression sur les gouvernements. Le Progrès des enfants au Canada 2001 a pu être produit grâce au soutien financier de la Fondation Laidlaw, de Santé Canada, du Centre national de prévention du crime et de Valeurs mobilières TD. Conseil canadien de développement social 309, rue Cooper, 5e étage Ottawa, ON K2P 0G5 Courriel : [email protected] Internet : www.ccsd.ca Le Conseil canadien de développement social (CCDS) est un organisme national indépendant, sans but lucratif, qui s'intéresse aux questions de sécurité sociale et d’économie. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 29 Le petit déjeuner et son incidence sur l’humeur, le comportement et l’apprentissage des enfants 11 Préparé par Aurelia T. Shaw , Yvonne Racine , David R. Offord Centre canadien d’études des enfants à risque À quel point le fait pour un enfant de prendre un bon petit déjeuner aide-t-il à son développement physique, intellectuel et affectif? Cet article relate les points saillants de la recherche effectuée à ce jour sur les corrélations entre une bonne alimentation et l’apprentissage, et avance des incidences possibles sur les politiques sociales canadiennes. Voici les points saillants mis en évidence par la recherche en question : 1. 2. 11 Il n’y a pas de preuve constante qu’un enfant riche et bien nourri profite, sur le plan cognitif, de la prise d’un petit déjeuner. • Les recherches sur le jeûne à court terme (soit l’équivalent d’aller à l’école sans prendre de petit déjeuner après être resté à jeun depuis la veille) n’ont révélé chez les enfants bien nourris aucun effet qui soit constant sur le plan des habiletés cognitives reliées à la mémoire, à la concentration et au temps de réaction. • Les enfants bien nourris sont capables de performances aussi bonnes, voire parfois meilleures sur le plan des tests cognitifs lorsqu’ils ne prennent pas de petit déjeuner que lorsqu’ils en prennent un. • Une étude a relevé un effet important à l’un des tests cognitifs 30 minutes après la prise d’un petit déjeuner à l’école; cependant, deux heures après le petit déjeuner, l’effet n’était plus apparent. Une alimentation aussi fréquente semble avoir une incidence limitée sur • Les enfants bien nourris participant aux programmes de petit déjeuner pour les écoliers américains ne diffèrent pas des non-participants sur le plan des niveaux nutritifs ou de l’apport nutritionnel quotidien, mais ils acquièrent une plus grande part de leurs nutriments quotidiens avant midi. Les troubles d’apprentissage reliés à certaines carences nutritionnelles chez les enfants peuvent être atténués par la prise durable de certains suppléments alimentaires. • La principale carence identifiée est une carence en fer dans le sang, appelée anémie ferriprive (manque de fer). • L’anémie peut frapper des populations de toutes les couches socioéconomiques. 3. 4. La prise d’un petit déjeuner a vraisemblable-ment des effets bénéfiques sur les habiletés cognitives des enfants souffrant de dénutrition aiguë ou chronique. • On emploi le terme « malnutrition protéinoénergétique » ou « MPE » dans le monde pour désigner les enfants dont le poids ou la taille sont inférieurs à la normale définie. • Des études récentes ont adopté une classification plus détaillée et parlent de rapport taille-âge et de rapport poids-taille. • Une fois pris en compte les facteurs contributifs (comme le patrimoine génétique et les antécédents médicaux), les enfants présentant un retard de croissance (taille insuffisante par rapport à l’âge) seraient surtout la conséquence d’une dénutrition chronique, et ceux présentant un dépérissement (maigreur par rapport à la taille), la conséquence d’une dénutrition aiguë récente. • Chez les enfants présentant des cas moins prononcés de malnutrition, le retard de croissance est associé plus régulièrement au développement intellectuel qu’au poids. La nutrition se conjugue à d’autres facteurs liés au milieu pour accroître ou réduire les habiletés cognitives chez les enfants sous-alimentés. • Une nutrition adéquate n’est qu’un des éléments essentiels au bon développement du cerveau de l’enfant; l’accès à des ressources susceptibles de stimuler les capacités physiques et mentales, tant pendant le premier âge que pendant le reste de l’enfance est nécessaire à une croissance intellectuelle optimale. Ressources suggérées en français : Avoir faim en classe http://collections.ic.gc.ca/child/docs/00000543.htm, ainsi que le Glossaire de la FAO http://www.fao.org/FOCUS/f/SOFI00/sofi007-f.htm, et l’article http://www.fao.org/docrep/003/y1500f/y1500f04.htm Page 30 - Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 5. 6. 7. 8. La prise d’un petit déjeuner n’a pas d’effet mesurable sur l’humeur des jeunes enfants ou des adolescents. • La plupart des études font état d’effets sur l’humeur, tels que déclarés par les sujets. • Les effets sur l’humeur pourraient bien être associés à des écarts par rapport aux habitudes normales liées au petit déjeuner. La prise d’un petit déjeuner n’a pas d’effet positif constant sur le comportement en classe. • Les enseignants et chercheurs appelés à noter le comportement des élèves en classe (niveau d’attention et activités ciblées) n’ont pu différencier ceux qui prenaient un petit déjeuner de ceux qui n’en prenaient pas, même lorsque certains enfants disaient avoir faim ou être fatigués; les noteurs étaient incapables de dire qui ou non avait pris un petit déjeuner. • Le comportement en classe des enfants qui sautent le petit déjeuner ne s’en ressent généralement pas, à moins qu’ils soient par ailleurs stressés par d’autres facteurs reliés entre autres à leur santé physique ou émotionnelle ou à leur vie à la maison. Les programmes de petit déjeuner à l’école auraient peu d’incidence sur l’assiduité en classe, si l’on en croit des études canadiennes et américaines; cependant, les effets se feraient davantage sentir dans les pays en développement. • Le taux d’absentéisme dans 6 écoles primaires issues de milieux défavorisés du Massachusetts a moins augmenté (0,45 %) d’un semestre à l’autre chez les écoliers qui participaient au programme de petit déjeuner que chez ceux qui n’y participaient pas. • On a noté une amélioration importante des présences en classe à Huaraz, au Pérou, du fait de la participation au programme par des enfants gravement sous-alimentés. Le taux d’assiduité dans 11 écoles de l’agglomération torontoise s’est accrue de 0,1 % dans l’année qui a suivi le lancement de programmes alimentaires (petit déjeuner, collation et déjeuner), en 1991. Les programmes de petit déjeuner pourraient faire baisser légèrement le manque de ponctualité dans les écoles. • Rares sont les études à s’être penchées sur la ponctualité. Au Massachusetts, un taux d’imponctualité déjà faible (1,53 %) avant le début du programme a été réduit de 0,6 % après son lancement. À Toronto, l’imponctualité a été réduite de 0,3 %. • Les effets sur les niveaux de ponctualité peuvent découler non seulement des aspects sociaux des programmes de petit déjeuner, mais aussi des bienfaits nutritionnels. Facteurs à considérer dans l’établissement d’une politique sur des programmes de petit déjeuner universels POSSIBILITÉS : 1. 2. 3. 4. 5. Les programmes permettraient de rehausser la valeur nutritionnelle des régimes alimentaires des enfants. • Les enfants issus de ménages à faible revenu, en particulier, pourraient y obtenir une part essentielle de leur apport nutritionnel quotidien. • La valeur de l’apport supplémentaire à l’état nutritionnel des sujets serait fonction de l’adéquation des connaissances en nutrition des prestataires des programmes, et de la suffisance des financements et des installations assurant le service d’un petit déjeuner quotidien adéquat, équilibré et nutritif. • Les programmes aux ressources par trop limitées ou qui dépendent de dons alimentaires pourraient ne pas satisfaire à ces critères. Ils permettraient d’éduquer les enfants sur ce qu’est une bonne nutrition et sur l’acquisition de bonnes habitudes alimentaires. • Cela serait fonction du savoir-faire du personnel et de la qualité des ressources. • L’éducation pourrait cependant être superficielle en raison des contraintes s’exerçant sur le temps nécessaire pour donner à déjeuner aux enfants et libérer les tables avant le début des classes. Ils encourageraient les bons comportements sociaux. • Les programmes pourraient apprendre aux enfants à se comporter correctement en société, et leur inculquer des bonnes manières à table tandis qu’ils interagissent avec leurs camarades ou avec les bénévoles. Ils pourraient être un moyen de mobilisation de la collectivité. • Lorsque le besoin est bien circonscrit et que les parents participent à tous les aspects de la planification et de l’exécution des programmes de petit déjeuner, ce dernier peut aider à la cohésion sociale. • Ils pourraient aider à dissiper les préjugés au sein de la collectivité et à rapprocher des groupes disparates. Les programmes de petit déjeuner pourraient aider à attirer des commandites, des dons ou des bénévoles. • Les gens en verraient les retombées et l’utilité sociale. • Le matériel promotionnel ferait ressortir les quelques effets positifs sur le plan cognitif que les premières études ont associés à la prise d’un petit déjeuner. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 31 6. 7. Ils pourraient contribuer à alléger les pressions qui s’exercent sur les budgets alimentaires des familles. • Surtout dans les ménages à faible revenu, les ressources financières limitées pourraient être employées à d’autres fins qu’à l’achat d’aliments pour le petit déjeuner. Vu l’universalité des programmes, il serait possible de cibler les segments de la population qui auraient le plus besoin d’un supplément nutritionnel sans les étiqueter comme tels ni les stigmatiser. • Cela part du principe que les mécanismes d’application des programmes sur le terrain seraient effectivement en place pour cibler les élèves sous-alimentés. 4. LIMITES : 1. 2. 3. Ils pourraient n’être suivis que par une minorité d’écoliers, même s’ils sont universellement offerts. • Aux États-Unis, le taux de participation des écoliers là où les programmes de petit déjeuner sont offerts dans les écoles est de 19 %; les facteurs à la base de cette faible participation sont entre autres les hésitations de la famille à abandonner cette responsabilité, les préférences alimentaires des enfants, les conflits d’horaires et la crainte d’être « étiquetés ». Ils pourraient ne pas atteindre ceux qui auraient éventuellement le plus à retirer d’un petit déjeuner nutritif. • Les études révèlent que les enfants sousalimentés, tout particulière-ment ceux qui souffrent le plus de dénutrition, les enfants maigres et les enfants présentant un retard de croissance auraient le plus à retirer d’un programme de petit déjeuner. • Dans un programme universel, il n’est pas possible de définir les besoins nutritionnels et de mettre en place les ressources auprès de ces enfants à moins d’instaurer au préalable un mécanisme quelconque d’évaluation de l’état nutritionnel des enfants. Rien ne prouve que les enfants sous-alimentés qui pourraient profiter le plus d’un programme de petit déjeuner seraient attirés en plus grands nombres que les enfants mieux nourris. • Même si les programmes américains donnent à manger à 40 % des écoliers issus de ménages à faible revenu, rien ne prouve que ces enfants sont sous-alimentés et accusent une insuffisance pondérale ou un retard de croissance. • Les études sur des milieux défavorisés de l’Ontario ne montrent pas de probabilités plus grandes que les écoliers issus de familles à faible revenu sautent le petit déjeuner; les aliments servis au petit déjeuner sont en effet parmi les plus abordables pour les parents, contrairement à Page 32 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 5. 6. 7. des aliments comme la viande et les légumes, meilleurs pour la santé mais aussi plus chers. • Les données provenant des États-Unis et de l’Ontario montrent qu’il y a davantage de risques de suralimentation, voire d’obésité chez les enfants et cela, même dans les ménages à bas revenu, que de risques d’insuffisance pondérale; la surcharge pondérale est associée à de mauvaises habitudes alimentaires (collations entre les repas, haute consommation de gras) et au manque d’activité physique. Les filles et les enfants d’âge plus avancé - qui sont au départ ceux qui sont le plus susceptibles de ne pas prendre le petit déjeuner – sont également ceux qui participent le moins aux programmes. • La tendance à sauter le petit déjeuner s’accentue à mesure que les enfants vieillissent et surtout à compter de 11 ans et chez les filles. • Les statistiques américaines révèlent une plus grande participation aux programmes de petit déjeuner de la part des garçons, des jeunes enfants et des jeunes enfants de mères au travail. L’existence de programmes de petit déjeuner dans les écoles ne semble pas faire monter le taux d’enfants qui prennent régulièrement un petit déjeuner dans ces écoles. • L’évaluation du programme américain indique que le pourcentage d’enfants qui sautent le petit déjeuner reste à 11 ou 12 %, programme ou pas. • Ce ne sont pas que des conditions économiques ou des problèmes d’horaires qui poussent les enfants à sauter le petit déjeuner, mais souvent un ensemble de plusieurs facteurs combinés, dont des régimes amaigrissants, des habitudes de comportement, les demandes du métabolisme, une méconnaissance des bons principes de la nutrition et des problèmes liés à la fonction parentale. Il y a risque qu’on emploie les ressources à mauvais escient en fournissant des petits déjeuners à des enfants bien nourris à qui le programme ne profitera pas sur le plan cognitif. • Les pourcentages varient selon les programmes, mais tous les programmes de petit déjeuner attirent un grand nombre d’enfants bien nourris qui autrement sauteraient le petit déjeuner pour des motifs liés au style de vie, et qui sont attirés par le côté social et nouveau de ces programmes. • La quasi-totalité des études montrent que cette population ne retire aucun bienfait sur le plan cognitif de la prise d’un petit déjeuner. Les programmes scolaires offerts seulement les jours d’école ne serviraient à combler les lacunes alimentaires que l’équivalent de 180 jours sur 365. • La plupart des programmes de petit déjeuner au Canada sont assurés par les écoles elles-mêmes et dirigés pour l’essentiel par la direction, le personnel enseignant ou le personnel de soutien. • Les enfants qui sont le plus dans le besoin n’ont pas accès au programme pendant le week-end, 8. 9. les jours fériés et les vacances et congés scolaires. Les retombées positives sur les plans du développement cognitif, de l’assiduité et de la ponctualité seraient probablement minimes par rapport au travail des bénévoles, à la supervision qui devrait être exercée et aux coûts financiers qu’il faudrait engager dans un programme universel. Les ressources communautaires pourraient être redirigées vers des démarches plus productives et mieux axées sur les besoins de la localité. • Selon la nature des besoins locaux et les désirs de la collectivité, il pourrait y avoir mise en place d’un programme de petit déjeuner ou d’un quelconque autre programme alimentaire élaboré à partir de données factuelles. Facteurs à prendre en compte dans l’établissement d’une politique sur les programmes de petit déjeuner ciblés 6. LIMITES : 1. POSSIBILITÉS : 1. 2. 3. 4. 5. Le fait de cibler les enfants le plus dans le besoin permet au programme d’atteindre ceux qui ont le plus à en profiter. • Les enfants le plus gravement touchés par la dénutrition (qu’on détermine à partir des ratios poids-taille-âge et des éventuelles carences d’apport révélées comme l’anémie) peuvent bénéficier, tant sur le plan du développement que sur le plan cognitif, d’une supplémentation nutritionnelle de longue durée, d’autant qu’elle commence tôt dans l’enfance. Une intervention précoce dans les cas de dénutrition grave peut atténuer les conséquences sur le plan cognitif, ainsi que sur les plans du développement et de la santé. Bien ciblé, un programme de petit déjeuner pourrait être plus efficace et rentable et moins cher à long terme. • Les programmes complets ne seraient offerts que dans les écoles où les nombres le justifieraient. • Cela aurait pour effet de réduire les dépenses devant être engagées par la suite auprès des enfants dans le besoin manifestant des retards intellectuels exacerbés par des problèmes de santé ou liés à ceux-ci. Le fait de cibler un plus petit groupe d’enfants sous-alimentés permettrait de concentrer davantage le programme sur des besoins spécifiques. • Les carences d’apport nutritionnel, comme l’anémie, pourraient être suivies de près et individuellement chez les sujets, tout comme la croissance et le développement cognitif. Le fait de cibler un plus petit groupe permettrait de solliciter la coopération et l’engagement des familles, et d’aborder les problèmes d’une façon plus globale et holistique. • Des plans d’action individuels pourraient être mis au point dans une démarche visant à contrer le problème sous-jacent à la dénutrition, qu’il soit d’ordre financier ou psychologique, relié à la façon des parents d’élever leurs enfants, ou aux connaissances sur la nutrition. • Cela suppose la collaboration des familles, la formation adéquate des bénévoles et des services d’aiguillage. Cette formule saurait probablement attirer les commanditaires, les donateurs et les bénévoles. • Elle fournirait amplement d’occasions pour faire mousser les relations publiques en faveur de l’alimentation des enfants le plus dans le besoin. 2. 3. 4. Il pourrait être difficile d’arrêter les critères d’évaluation et mécanismes de dépistage nécessaires à l’évaluation de l’ensemble des écoliers dans le but de faire ressortir les candidats sous-alimentés devant faire l’objet d’un programme de petit déjeuner et cibler sur eux les démarches. • Les critères d’établissement du seuil d’admissibilité pourraient être difficiles à établir et arbitraires. • Les critères pourraient être indépendants de l’enfant (statut socioéconomique, revenu familial, évaluation subjective des enseignants à partir du comportement ou des résultats scolaires) ou pourraient devoir être basés sur des examens médicaux plus poussés réalisés par des professionnels de la santé, ou encore il pourrait s’agir d’une combinaison de ces acteurs et techniques. • Le personnel des écoles et les bénévoles pourraient ne pas avoir le savoir-faire nécessaire pour bien évaluer les cas de dénutrition ou dépister des carences données. Le coût et la logistique du dépistage pourraient être largement démesurés par rapports aux résultats obtenus si la population ciblée est petite. • Statistique Canada ne semble pas tenir de données valides sur la taille et le poids en fonction de l’âge, ce qui fait qu’on ignore la taille de la population cible éventuelle. Le ciblage des enfants risquerait d’étiqueter les enfants et éventuellement de les stigmatiser. • Les évaluations réalisées sur les programmes canadiens en cours font état de la stigmatisation des bénéficiaires et de leur famille. Il n’y a aucun moyen de garantir la participation des enfants ciblés par les programmes de petit déjeuner. • Il peut y avoir une réticence des parents à participer, d’autant plus s’ils y voient des risques de stigmatisation. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 33 5. 6. 7. 8. Vu les nombres moins importants, les programmes complets risquent d’être moins rentables par enfant. • Il y aurait éventuellement lieu d’adapter les installations pour qu’elles se conforment à la réglementation sur la santé publique, et d’acheter du matériel. Cela risque d’écarter le contexte social comme foyer d’intervention. • On pourrait vouloir considérer le fait de sauter le petit déjeuner comme un problème au lieu d’y voir un symptôme d’une problématique plus complexe faite de problèmes financiers ou liés au mode de vie, à l’image corporelle, à l’estime de soi, au manque de connaissances sur la nutrition, à la dépendance ou à un mauvais encadrement parental. Tout programme qui impose une solution venant de l’extérieur risque de déresponsabiliser l’enfant et sa famille. • Des sentiments de dépendance et de passivité peuvent se développer chez les enfants participant à des programmes de petit déjeuner au lieu de leur fournir les ressources pour se prendre en main et résoudre leurs problèmes. À eux seuls, les programmes de nutrition ne sauraient qu’apporter une solution partielle aux déficits cognitifs entraînés par la dénutrition; des programmes plus complets et mieux ciblés produiraient vraisemblablement de meilleurs résultats. • Les programmes qui fournissaient un cadre physique et intellectuel stimulant (où l’on fait la lecture aux enfants ou anime des activités récréatives), conjugué à une supplémentation nutritionnelle ont obtenu de meilleurs résultats que la seule supplémentation. • Il y aurait des difficultés majeures inhérentes à la définition et à l’identification des populations dans le besoin. • Cela pourrait entraîner « l’étiquetage » et la stigmatisation d’enfants déjà défavorisés. • Une intervention basée sur la seule nutrition serait trop étroite pour assurer tous les bienfaits qu’on en attend sur le plan cognitif, même chez les enfants qui sont le plus à risque. 3. Bien que, de façon générale, les programmes universels ou ciblés ne soient pas à conseiller, il peut y avoir des collectivités où l’incidence de cas de dénutrition chronique ou l’incidence d’enfants à risque de dénutrition aiguë est bien plus élevée. Dans les cas où l’on aura établi un besoin généralisé pour la communauté visée, un programme universel de petit déjeuner pourrait être un élément d’un programme plus vaste d’intervention visant à fournir un milieu plus stimulant aux enfants en bas âge et enfants d’âge scolaire, à contrer des problèmes d’ordre psychosocial et, ce faisant, à procurer des bienfaits sur le plan cognitif. Autres initiatives 1. Recommandations 1. Il n’est pas recommandé d’instituer un programme universel de petit déjeuner, car les inconvénients seraient démesurés par rapport aux avantages qu’il présente. • Un programme universel serait coûteux, inefficace et inutile. • Le petit déjeuner n’apporte rien de plus sur le plan cognitif lorsque les enfants sont déjà bien nourris. • Les taux d’adhésion à ces programmes sont peu élevés. • Il est difficile d’assurer la qualité et l’uniformité de la prestation d’un programme universel. 2. Un programme ciblé de petit déjeuner ne peut être recommandé en soi. Page 34 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 2. Consolidation et coordination, entre tous les ordres de gouvernement, des programmes en place s’attaquant à la myriade de problèmes familiaux qui sont reliés à la malnutrition chez les enfants : • Amélioration des soins prénatals auprès des mères à risque. • Accentuation de la surveillance et du suivi des enfants en bas âge et autres jeunes enfants à risque. • Augmentation des prestations complémentaires versées aux ménages à faible revenu ayant des enfants. • Amélioration des techniques d’éducation des enfants; gestion du temps; promotion de l’autonomie chez les enfants. • Augmentation de l’accès aux ressources et promotion de l’activité physique chez les enfants. • Promotion de l’estime de soi chez les jeunes filles et mesures visant à contrer les messages que leur renvoient les médias sur l’image corporelle. • Amélioration de l’éducation sur la nutrition, surtout en ce qui concerne une alimentation saine et équilibrée, comprenant un petit déjeuner. Enrichissement des programmes de petit déjeuner existants : • Modification des programmes communautaires de petit déjeuner en cours, de manière à mettre davantage l’accent sur l’édification d’une bonne image de soi, l’acquisition d’une plus grande autonomie et l’apprentissage de bonnes habitudes alimentaires chez les enfants. Même s’ils sont sans aucun doute bourré de bonnes intentions, les programmes actuels fonctionnent largement à partir d’une série d’hypo-thèses qui sont fausses en ce qui concerne les effets du petit déjeuner sur le développement cognitif. Ces hypothèses de départ sont issues d’une poignée de recherches préliminaires sur la question qui sont fréquemment citées, que ne sont pas venues corroborer des études plus récentes et qu’on ne saurait généraliser à l’ensemble des milieux scolaires canadiens. Récupérés par la presse populaire et certains groupes de pression, ces résultats ont été déformés et y ont perdu en pertinence et en subtilité par rapport aux conclusions originelles. Nombre de collectivités ont employé leurs énergies et le travail des bénévoles pour assurer des programmes de petit déjeuner. Leur esprit communautaire pourrait servir à meilleur escient s’il était employé à relever la qualité de vie et améliorer les perspectives de vie des enfants défavorisés. Liens et rapprochements... Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 35 Tendances contemporaines de la famille LES FORCES DE LA FAMILLE : RENFORCER LES POINTS POSITIFS12 par Benjamin Schlesinger, Ph. D., M.S.R.C. Professeur émérite Faculté du travail social Université de Toronto (1998) La famille est bel et bien vivante en ce vingt-et-unième siècle malgré les rapports largement publiés voulant qu'il s'agisse d'une institution sociale obsolète. Les critiques sociaux déplorent la désintégration de la famille en s'appuyant sur le taux élevé de divorce, la délinquance juvénile, les mauvais traitements dont sont victimes les femmes et les enfants ainsi que l'isolement des personnes âgées. Ce sombre tableau ne correspond pas à la réalité de la plupart des familles canadiennes. La majorité de nos familles s'en tirent bien la plupart du temps même si elles sont conscientes que la vie n'est pas toujours rose. (Guldner, 1983:44) Claude Guldner (1983) souligne que pour comprendre le fonction-nement des familles, nous devons explorer leur organisation, leur idéologie et leur structure. Les familles se ressemblent sur plusieurs aspects car elles possèdent toutes une organisation, une idéologie ou des systèmes de croyance et une structure. Cependant, c'est justement la façon dont chaque famille aborde l'un ou l'autre de ces aspects qui la rend unique au monde. Les familles ne vivent pas dans l'isolement. Elles interagissent avec d'autres systèmes majeurs de notre société. Huit de ces facteurs ont un impact essentiel sur les familles et vice-versa. Ces facteurs sont : • • • • • • • la famille élargie; les amis et amies; le milieu professionnel; l'environnement éducationnel; le contexte de l'établissement des valeurs comme l'église ou la synagogue; les loisirs; la communauté et le gouvernement. Nous ne pouvons pas vraiment comprendre la famille hors de son contexte d'évolution quotidienne (Guldner, 1983:45). Carlfred Broderick (1983:24) affirme que la famille est la plus solide structure évolutive de l'humanité. Elle survivra à toutes les autres organisations. Plus que toute autre structure sociale, la famille supporte sans contredit un plus grand fardeau dans la survie individuelle de l'humanité et la transmission de la civilisation et de la culture. Broderick note en outre qu'il est facile de tenir la famille pour acquise et qu'on oublie que la famille constitue la cellule normale du fonctionnement matériel et 12 Source : http://www.vifamily.ca/ivf/cft/strength/strengt.htm. Page 36 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 de la survie. Il s'agit de la cellule de base du foyer et du soutien économique. La nourriture, les vêtements et le logement ainsi que les services personnels sont centrés sur la famille, y compris l'écrasante responsabilité pour la quasi-totalité des membres à charge de la société comme les enfants, les personnes âgées, handicapées, malades ou inoccupées. Au-delà de ces services directs, les familles agissent aussi comme principales instructrices en compétences de base (règles de l'interaction sociale et de la communication, hygiène personnelle, responsabilité, etc.) en plus de constituer un système de soutien incontournable qui assure le succès des institutions secondaires comme les écoles. Pour terminer, il affirme que (Broderick, 1983:25) : « Rien ne démontre peut-être de façon aussi frappante la solidité du caractère évolutif de la famille que ses antécédents en matière de survie dans des contextes où la destruction a été érigée en politique sociale, comme dans la Russie des années 1920 et 30. La famille a survécu aux guerres les plus catastrophiques et les plus dévastatrices. En effet, les gouvernements passent, mais la structure familiale de base demeure, génération après génération... » Définition de la famille Selon l'Institut Vanier de la famille (IVF) (1994:10), « La famille se définit comme toute association de deux personnes ou plus liées entre elles par les liens de consentement mutuel, de la naissance ou par l'adoption et qui, ensemble, assument la responsabilité de diverses combinaisons de certains des éléments suivants : • • • • • • l’entretien matériel et les soins des membres du groupe; l'ajout de nouveaux membres par le biais de la procréation ou de l'adoption; la socialisation des enfants; le contrôle social des membres; la production, la consommation et la distribution de biens et de services; la satisfaction des besoins affectifs. » Les fonctions de base des familles Comme l'indique la définition de l'IVF, les familles remplissent des fonctions essentielles pour la société et ses membres. La société telle que nous la connaissons serait tout simplement inimaginable sans elles. La chercheuse Shirley Zimmerman (1988:75-76) a dressé une liste de six fonctions familiales de base dont elle souligne la grande importance : • • • • • • L'entretien matériel et les soins des membres de la famille. Dans les familles en santé, les enfants, les adultes et les personnes âgées reçoivent tous les soins et le soutien dont ils ont besoin : nourriture, logement, vêtement, protection et autres. Si les familles ne sont pas disponibles ou capables de fournir ces services, les membres de la famille souffrent et on doit trouver des substituts souvent inadéquats pour remplir ces rôles. L'ajout de nouveaux membres par le biais de la procréation ou de l'adoption et qu'on doit laisser partir une fois qu'ils atteignent la maturité. La société se renouvelle par les familles. Il n'y a littéralement aucun substitut pour cette fonction. La socialisation des enfants en vue de les rendre aptes à assumer les rôles adultes. Les familles préparent leurs enfants à la vie. La plupart se tirent assez bien d'affaire en leur enseignant des compétences, des valeurs et des attitudes qui les préparent à l'apprentissage, au travail, à nouer des amitiés et à contribuer à la société. Le contrôle social des membres... maintien de l'ordre dans la famille et de groupes à l'extérieur de cette dernière. Au sein des familles, les individus apprennent des valeurs et des comportements positifs et sont critiqués pour leurs valeurs et leurs comportements négatifs. Le maintien d'un bon moral et de la motivation pour assurer l'accomplissement des fonctions tant au sein de la famille que d'autres groupes. À cet égard, les familles constituent l'élément rassembleur de la société et permettent à ce dernier de fonctionner. En plus d'exercer un contrôle social par le biais de l'amour et du leadership spirituel, les familles poussent leurs membres et d'autres à ne pas se décourager. Au chapitre de la production et de la consommation de biens et de services, les familles subviennent aux besoins des leurs en produisant des biens et services comme la nourriture, l'entretien domestique et les soins de santé. Tout en répondant à ces besoins, elles jouent un rôle indispensable dans l'économie nationale. • • • • • • • Portrait des familles canadiennes – 1996 Dans une récente publication, Statistique Canada (1997:2) a présenté des résultats préliminaires du recensement de 1996 dont voici quelques-uns des points saillants : • • • Les différents types de familles En ces années 90, nous comptons différents types de familles. À l'occasion de l'Année internationale de la famille (1994), l'Institut Vanier de la famille a décrit les familles comme suit : Famille nucléaire : deux parents ayant un ou plusieurs enfants biologiques ou adoptés vivant tous sous le même toit. La famille nucléaire des années cinquante était dirigée par un seul salarié de sexe masculin. Ce genre de famille n'est plus aujourd'hui qu'un modèle parmi les autres. Famille élargie : parents, enfants, tantes, oncles, grands-parents et autres parents vivant ou non sous un même toit. Famille reconstituée ou famille recomposée : parents divorcés, remariés, vivant avec les enfants d'un ou de deux mariages précédents et les enfants de leur union actuelle. Famille sans enfants : formée par un couple. Famille monoparentale : parent unique, en général une mère, avec un ou plusieurs enfants. Cohabitation ou union de fait : famille similaire aux autres modèles, mais sans mariage légal. Depuis 1972, l'Institut Vanier de la famille reconnaît les couples de même sexe comme des familles. Une recherche menée dans la documentation au cours des années 90 indique que nous devons aussi ajouter un autre groupe aux familles. Les parents gais et lesbiens (Schwarz and Scott, 1997, 245). • En général, le nombre de familles canadiennes s'est accru de 6,6 % entre 1991 à 1996 pour s'établir à 7,8 millions. Il s'agissait d'un taux de croissance plus modéré que les 9,2 % enregistrés au cours de la période quinquennale antérieure. Ce ralentissement de la croissance est dû au fait que les gens se marient ou entrent en union libre plus tard. De plus, il y a eu une proportion plus élevée de personnes séparées, divorcées ou en veuvage qui ne vivaient pas en couple au moment du recensement. La proportion de la population vivant dans des familles, en baisse constante depuis 1971 - année où elle se situait à 87,1 % - s'est stabilisée entre 1991 et 1995 (81 %). Depuis le Recensement de 1986, la taille moyenne de la famille est demeurée à 3,1 personnes comparativement à 3,7 personnes en 1971. Entre 1991 et 1996, le nombre d'enfants vivant en famille s'est accru de 6,3 %. Il n'y a pratiquement pas eu d'augmentation chez les enfants vivant dans une famille composée par un couple marié, ce qui contraste avec la forte hausse notée parmi les enfants demeurant chez un couple en union libre (+52 %) ou dans une famille monoparentale (+19 %). Près d'un enfant sur cinq au Canada vivait dans une famille monoparentale en 1996. Les familles de couples mariés étaient encore largement majoritaires. Depuis 1986, la proportion a plongé de 80 % de l'ensemble des familles à 74 % en Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 37 • • • • • raison des hausses substantielles survenues parmi les familles vivant en union libre et les familles monoparentales. Entre 1991 et 1996, le taux de croissance parmi les familles vivant en union libre était 16 fois plus élevé que celui des familles de couples mariés. Au Recensement de 1996, on comptait 1,1 million de familles monoparentales. Depuis 1991, leur taux a augmenté quatre fois plus que celui des familles biparentales. Les familles monoparentales dirigées par une femme continuent de surpasser celles dirigées par un homme dans une proportion de quatre pour une. De toutes les structures de la famille, la plus forte croissance a été enregistrée chez les couples vivant en union libre. En 1996, on dénombrait 920 635 familles de ce type, soit une hausse de 28 % par rapport à 1991. (Le Recensement définit les conjoints de fait comme deux personnes de sexe opposé qui ne sont pas légalement mariées l'une à l'autre, mais vivent comme époux et épouse dans le même logement). En 1996, un couple sur sept au Canada vivait en union libre comparativement à un sur neuf en 1991. L'état civil des personnes vivant en union libre est demeuré pratiquement inchangé entre 1991 et 1996; près des deux tiers de ces personnes étaient célibataires, tandis que plus du quart étaient divorcées. Près 50 % des familles vivant en union libre avaient des enfants issus de leur relation actuelle ou d'unions précédentes. On retient comme interprétation positive de ces données que la « vie en couple » est la relation privilégiée par les Canadiens et les Canadiennes. Ce type de relation résulte de l'union libre ou du mariage. Outre le thème de la « vie en couple » Statistique Canada (1996:4) a examiné la croissance des « familles reconstituées ». Les familles reconstituées sont formées d'une combinaison de relations biologiques et par alliance entre les parents et les enfants. On distingue trois sortes de familles reconstituées : la famille avec la mère des enfants seulement (la plus courante), celle avec le père seulement, et la famille « recomposée ». En 1995, un peu plus de 50 % des familles reconstituées étaient composées d'enfants vivant avec la mère biologique et un beau-père. Les familles reconstituées composées d'enfants vivant avec le père biologique et une belle-mère représentaient 13 % de l'ensemble de ces types de familles. Naturellement, plus de mères que de pères ont amené leurs enfants biologiques dans leur nouvelle union. En 1995, plus du tiers (37 %) de l'ensemble de ces types de familles (161 000 environ) étaient des familles « recomposées ». Elles comprenaient des enfants issus d'unions précédentes que chaque parent avait amenés ou il s'agissait d'enfants issus d'unions précédentes et de l'actuelle union. Page 38 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Les familles reconstituées sont un phénomène croissant. En 1995, on a estimé que 10 % de toutes les familles formées de couples et d'enfants (environ 430 000) étaient des familles reconstituées. De ce nombre, un peu plus de la moitié était composée de couples mariés, tandis que le reste vivait en union libre. L'État de la famille au Canada En 1994, le Groupe Angus Reid (1994) a publié un rapport sur L'État de la famille au Canada. Le sondage a été mené auprès de 2 051 répondants répartis à travers le Canada. Voici certaines des conclusions de cette publication ayant trait aux points forts de la famille (p. 34) : • • • • • • Trois Canadiens sur quatre (77 %) disent avoir connu « une enfance très heureuse ». Au même moment, environ trois sur dix (29 %) déclarent qu'il y avait beaucoup de conflits dans leurs familles pendant leur enfance. La plupart des parents (84 %) se disent satisfaits de la quantité de temps passé avec leurs enfants et près de la moitié (45 %) s'estiment très satisfaits. Les répondants qui occupent un emploi rémunéré à mi-temps ou moindre sont plus susceptibles de se déclarer « très satisfaits » du temps passé avec leurs enfants (49 %) par rapport à ceux qui travaillent plus de 40 heures par semaine (32 %). Six Canadiens sur dix (60 %) considèrent que l'expression « valeurs familiales » est positive et l'associent à l'unité familiale et au patrimoine (27 %), à la morale et aux valeurs (26 %), au respect et à l'amour (26 %). Toutefois, une proportion substantielle de Canadiens (30 %) associent une image négative à cette expression et la plupart de ces personnes la qualifient de « trompeuse et dénuée de sens ». Les parents passent en moyenne 6,3 heures par semaine à regarder la télévision avec leurs enfants et seulement le tiers de ce temps (2,1 heures) à les aider à faire leurs devoirs. Les enfants ont dit regarder la télévision seuls 8,6 heures par semaine. Presque neuf familles sur dix (85 %) soupent ensemble trois fois par semaine. Un adulte canadien sur dix (11 %) est responsable d'un membre de la famille autre qu'un conjoint ou un enfant, le plus souvent sa mère (34 %) ou sa bellemère (22 %). Quatre parents sur dix (40 %) affirment qu'ils quitteraient leur emploi pour rester à la maison avec leurs enfants s'ils en avaient les moyens. Au même moment, près de la moitié des parents travaillant à temps plein (46 %) et six parents sur dix détenant un poste à temps partiel (61 %) disent avoir atteint un bon équilibre entre leur emploi et le temps passé en famille. Un parent sur huit (13 %) se sent très coupable à propos du temps passé au travail loin de ses enfants. En ce qui concerne les parents d'enfants • • • de moins de 12 ans, la proportion passe à près d'un parent sur cinq (18 %). Les répondants appuient fortement l'idée que le gouvernement supporte les soins aux personnes âgées (85 % dans l'ensemble) et un programme de services de garde à l'enfance (75 %). Quatre Canadiens sur dix (40 %) sont favorables à ce qu'on accorde des avantages sociaux aux couples homosexuels. Les jeunes interrogés nourrissaient des sentiments positifs à l'égard de la vie familiale et plus de neuf sur dix ont dit avoir une vie familiale heureuse et remplie d'amour. À peu près le même nombre de répondants ont déclaré que la famille sera la chose la plus importante de leur vie. Les quatre cinquièmes (80 %) estiment qu'ils se marieront pour la vie et seulement trois sur dix (30 %) croient qu'il est possible que leur mariage se termine par un divorce. Étant donné que la participation des jeunes interrogés a été déterminée par leurs parents, il est possible qu'un trop grand nombre d'entre eux soient issus de familles heureuses. La plupart des répondants étaient heureux ou satisfaits de leur vie familiale. Toutefois, certains Canadiens vivent des moments difficiles dans leur famille et se sentent seuls. 5) agit comme soutien/réseau pour les autres familles (King, 1983, 49). Dans ses commentaires sur les forces de la famille, Kay King, Ph. D., (1983:48) ajoute les hypothèses positives suivantes : 1. 2. 3. 4. Dans la récente Étude nationale sur les enfants et les jeunes (Développement des ressources humaines Canada, 1996), Ross, Scott et Kelly (1996:28-29) révèlent que 84,2 % des enfants du Canada de moins de 12 ans vivent dans une famille biparentale, 15,7 % vivent dans une famille monoparentale et moins de 1,0 % d'entre eux vivent avec une personne autre que leur père ou leur mère (en général un autre parent ou un tuteur). Parmi les enfants vivant dans une famille monoparentale, la vaste majorité (92,8 %) vit avec une mère seule. L'une des constatations les plus frappantes est que de tous les enfants de moins de 12 ans, 78,7 % vivent auprès de leurs parents biologiques au sein d'une famille biparentale. Cette constatation peut aussi être ajoutée aux « bonnes nouvelles » concernant la vie des familles canadiennes. Source : Grandir au Canada, Développement des ressources humaines Canada (1996 : 29). Les forces de la famille : définitions et hypothèses Les forces de la famille pourraient se définir comme les structures relationnelles, les aptitudes et compétences intra- et interpersonnelles ainsi que les caractéristiques sociales et psychologiques qui créent : 1) un sentiment d'identité familiale positive, 2) encourage une interaction satisfaisante parmi les membres de la famille, 3) stimule le développement du potentiel du groupe familial et des membres individuels de la famille, 4) renforce la capacité de la famille à gérer efficacement le stress et les crises, et Les milieux familiaux forts sont essentiels pour optimiser le développement de tous les membres de la famille. Les familles offrent le premier environnement social qui façonne la personnalité individuelle, l'estime de soi, le développement des valeurs et des compétences ainsi que l'autodiscipline essentielle pour fonctionner dans un contexte social élargi. Les familles veulent être mieux informées, échanger avec d'autres sur leur passé et sur comment améliorer leur efficacité pour mieux composer avec la croissance intérieure en plus de relever les défis externes et de s'adapter aux changements. La consolidation des forces de la famille exige une intégration à court et à long terme des questions socioéconomiques touchant les familles. Les forces familiales sont une combinaison de dénominateurs communs et de caractéristiques propres. Une perception positive caractérise le concept voulant que nous, en tant que famille, sommes dotés de forces et de la capacité intrinsèque d'améliorer la qualité de notre vie familiale et, par surcroît, tous les autres aspects de notre vie tout court. La promotion des caractéristiques distinctives des familles fortes constitue un élément majeur pour les renforcer. Selon Moncrief Cochran, Ph. D., nous devons nous éloigner du modèle des imperfections de la famille (celui qui met l'accent sur les difficultés et les problèmes) au profit d'une approche qui consiste à prévenir plutôt qu'à guérir (outiller plutôt que réparer) (King, 1983, 48). Conclusions de la recherche La section suivante est une synthèse des conclusions des recherches réalisées au Canada et aux États-Unis entre 1980 et 1997. Elle couvre une large part des forces de la famille et comprend des sujets comme les familles en santé, le fonctionnement des familles et les mariages durables. Le sondage traite aussi des forces des familles monoparentales, reconstituées, gaies et lesbiennes. Les forces de la famille La famille peut-elle être entièrement mauvaise si nous avons tant hâte d'en fonder une? Je trouve un début de réponse à cette question dans une métaphore : Si la famille était un contenant, elle serait un nid, un nid durable, tissé non serré, expansif et ouvert. Si la famille était un fruit, elle serait une orange, des sections réunies en cercle mais séparables - chaque segment étant distinct. Si la famille était un bateau, elle serait un canot qui n'avance pas tant que tout le monde ne pagaie pas. Si la famille était un sport, elle serait le base-ball : un jeu long, Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 39 lent et sans violence qui ne finit pas avant le retrait du dernier joueur. Si la famille était un édifice, elle serait une vieille structure solide abritant l'histoire de l'humanité et intéresserait les gens qui voient des moulures sculptées sous tout le plâtre, les planchers en madriers larges sous le linoléum, les possibilités... Les possibilités existent pour la famille aussi, si nous pouvons déterminer ce qui mérite d'être préservé ou pas. Pour repenser le concept, le but et la signification de la famille, nous devons commencer par une certaine « essence de la famille » qui soit authentique et vraie. Et pour moi, l'essence de la famille se résume à : Qui elle est? Comment elle se sent? Ce qu'elle fait. (Letty Cottin Pogrebin, 1983:25). Stinnett et ses collaborateurs (1979) ont traité des caractéristiques des familles fortes et examiné (1982) en profondeur ce type de famille. Au total, 438 époux et épouses de toutes les régions des États-Unis ont répondu en citant leurs forces. Stinnett et ses collaborateurs (1979) ont répertorié six qualités des familles fortes, à savoir : s'apprécier réciproquement, passer du temps ensemble, avoir de bonnes habitudes de communication, être engagé, avoir une orientation religieuse et pouvoir régler efficacement les crises. Stinnett et ses collaborateurs (1981) ont aussi étudié 66 familles fortes. Pour la vaste majorité des familles, les crises servaient de catalyseurs pour une croissance positive. La famille est aussi capable de rechercher et d'utiliser cette aide en situation de crise. Ainsi, elle reconnaît ses points vulnérables. Strong et DeVault (1995:600-612) résument certaines études américaines concernant les « familles fortes ». Dans les familles fortes, les membres : • • • • • • • • travaillent pour le bien-être ou défendent l'unité et la continuité de leur famille; s'entraident; se respectent mutuellement dans leurs particularités et différences respectives; passent du temps ensemble pour créer la cohésion familiale (voir Daly, 1996); délèguent les responsabilités; permettent aux enfants de se tromper et d'en subir les conséquences; contribuent au bien-être de leur quartier, de leur ville, de leur pays et du monde; ont une orientation ou une dimension spirituelle (qui pourrait être différente de la dévotion). Dans l'étude de Stinnett et DeFrain (1985), les familles décrivent la « dimension spirituelle » de différentes façons : « la foi en Dieu, la foi en l'humanité, le comportement éthique, l'unité avec tous les êtres vivants, l'amour d'autrui, la religion ». La définition de la spiritualité est large parce qu'il s'agit d'un concept purement subjectif; elle signifie quelque chose de différent selon les personnes. Cependant, les familles fortes partagent une spiritualité commune. Dans ces familles, le bien-être spirituel est une force unificatrice, un centre de soins inhérent à chaque personne et qui encourage le partage, l'amour et la compassion pour Page 40 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 autrui. C'est une force qui aide toute personne à se transcender et à faire partie de quelque chose de plus grand (Stinnett et DeFrain, 1985). Les familles ayant une orientation spirituelle entrevoient pour leurs membres un plus large objectif qui va au-delà du simple maintien et de l'autosatisfaction. Elles perçoivent leur famille comme contribuant au bien-être du quartier, de la ville, du pays ou du monde ainsi qu'un moyen par lequel elles peuvent exprimer l'amour, la compassion et l'hospitalité. Beaucoup de familles trouvent le soutien et l'expression de la force et de l'objectif spirituel au sein d'associations religieuses. Ces familles retrouvent dans les activités religieuses un cadre transcendantal où elles cristallisent les valeurs familiales, les tendances comportementales et les objectifs en plus de constituer une source de force avec laquelle elles essaient de perpétuer ces valeurs. Les systèmes familiaux sains Une étude novatrice menée par Westley et Epstein (1969) voilà près de trente ans a analysé la santé émotionnelle de familles à Montréal. Leur plus importante conclusion était que la santé affective des enfants est étroitement liée à la relation émotionnelle entre leurs parents. Lorsque ces relations sont chaleureuses et constructives, par exemple quand le mari et la femme se sentent aimés, admirés et encouragés d'agir de façon qu'ils admirent eux-mêmes, les enfants sont heureux et en santé. Les couples qui sont proches sur le plan émotionnel, qui répondent à leurs besoins réciproques et encouragent une image de soi mutuelle positive deviennent de bons parents. Comme ils répondent aux besoins l'un de l'autre, ils ne se servent pas de leurs enfants pour vivre leurs propres besoins. De plus, puisqu'ils sont heureux et satisfaits, ils peuvent aider leurs enfants et répondre à leurs besoins. De plus, étant donné que leurs propres identités sont clarifiées, ils perçoivent leurs enfants comme étant distincts d'eux-mêmes. Toutes ces considérations aident les enfants à devenir émotionnellement sains. (p. 156) La famille où il y a un partage équilibré des tâches domestiques s'est avérée être la seule dans laquelle la majorité des couples avaient une vie sexuelle vigoureuse et où on a enregistré une satisfaction croissante au niveau de la relation sexuelle, une bonne relation conjugale et des enfants sains sur le plan affectif. Il est certes vrai qu'il s'agissait aussi du seul type de famille où la majorité des époux et des épouses jouissaient d'une bonne santé émotionnelle, mais ils ont tout de même constaté qu'il y avait un lien direct entre la répartition des tâches domestiques et la santé émotionnelle des enfants (p. 161). Lewis et ses collaborateurs (1976) ajoutent que l'émulation du rôle parental constitue un facteur crucial dans le développement des qualités qui favorisent la santé psychologique et la croissance personnelle dans les familles. Ils ont aussi constaté que les familles en santé entretiennent une relation de confiance, partagent des pouvoirs et possèdent une bonne communication, lesquels forment la base de la santé du système familial. Gantman (1980) a passé en revue la documentation sur les familles en santé au cours des années 70. Voici certains des résultats de sa recherche : • • • • • • • • La communication est claire, abondante et directe dans les familles en santé. Les membres de la famille sont avenants, respectueux et chaleureux les uns envers les autres. Les expressions d'affection franches (positives ou négatives) sont valorisées et encouragées. Une famille en santé doit permettre à chacun de ses membres de développer sa propre personnalité. On doit accepter la perte des membres de la famille. Il doit y avoir une structure de pouvoir claire au sein de la famille. Les familles sont plus efficaces en ce sens qu'elles accomplissent du travail en moins de temps. Les limites intergénérationnelles sont claires. Lorsque Dolores Curran (1983) a interviewé 551 professionnels, elle leur a demandé de décrire les caractéristiques d'une famille saine. Voici les 15 principaux traits distinctifs d'une telle famille (p. 2324). La famille : 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. Communique et écoute. Approuve et s'entraide. Enseigne le respect des autres. Développe un sens de la confiance. Possède un sens du jeu et de l'humour. Démontre un sens du partage des responsabilités. Enseigne la notion du bien et du mal. Possède un sens élevé de la famille où les rituels et les traditions abondent. Possède une interaction équilibrée entre ses membres. Partage la même croyance religieuse. Respecte l'intimité les uns des autres. Aime rendre service aux autres. Encourage les membres de la famille à manger ensemble et à discuter. Partage du temps de loisir. Reconnaît et recherche de l'aide en cas de problème. Barnhill (1979) passe en revue les concepts du système de la famille en santé élaborés dans la documentation théorique sur la thérapie familiale. Ses huit dimensions de base de la santé mentale de la famille comprennent les points suivants : • • • • • • individualisation; liberté de pensée, de sentiment et de jugement de chaque membre de la famille; réciprocité, sens de l'intimité affective; flexibilité, capacité d'adaptation et de résistance, stabilité, homogénéité, responsabilité et sécurité dans les interactions familiales; perception claire, attention totale pour les autres; communication claire; • • réciprocité des rôles; limites générales claires, en d'autres termes, différences spécifiques entre les relations conjugales, filiales et fraternelles. Fisher, Giblin et Hoopes (1982) ont sondé 208 membres de familles non cliniques concernant leurs opinions sur la nature d'une famille en santé. Les résultats recueillis ont été comparés à ceux d'une étude précédente sur la perception des thérapeutes familiales de fonctionnement de la famille en santé. En tant que groupe, les membres de famille ayant fait l'objet de l'étude ont accordé de l'importance à l'« unité » au sein de la famille contrairement à l'accent mis par la société sur l'individualisme. « Exprimer sa pensée » était un point important. Les communications étaient aussi très prisées. La bonne communication comprenait le ton de la voix, le langage corporel, le contact visuel, les silences, le toucher, ou un « cadeau » à un membre de la famille. Familles fonctionnelles Qu'est-ce qu'une famille qui fonctionne bien? Cocivera (1982) énumère les caractéristiques suivantes : 1. Dans une famille qui fonctionne bien, les rôles sont 2. 3. 4. 5. clairement distingués et il y a une ligne de démarcation nette entre les membres de la famille directe et ceux de la famille élargie. Dans une famille biparentale, l'époux et l'épouse jouent un double rôle. En ce qui concerne les relations conjugales, en tant qu'époux et épouse, ils se tiennent compagnie, se donnent de l'affection, font du partage et ont des relations sexuelles. En tant que parents, ils mettent en place un rôle d'exécution ou de gestion en matière de nurturance, de contrôle et, plus tard, d'orientation de leurs enfants. Dans une famille réussie, on encourage l'individualité et un haut niveau de différenciation. Les enfants et les adultes peuvent développer leurs propres intérêts. Cette situation conduit à une lutte continue entre l'individuel et le collectif. Le conflit survient seulement lorsque la famille perçoit l'expression de l'individualité comme une menace. Les règles sont claires et raisonnables en plus d'évoluer à mesure que les enfants grandissent. La punition infligée pour avoir enfreint les règles est sans cruauté et proportionnelle au « crime ». Dans les familles ayant des règles rigides et inflexibles, les enfants se rebellent ou deviennent passifs et dépendants. Il est essentiel d'avoir une bonne communication. Tous les membres de la famille parlent en leur nom propre; on écoute les enfants et on respecte leur opinion. Les individus sont investis d'autorité ou de pouvoir avec l'accord tacite de tous les membres de la famille. À mesure que la famille évolue à travers différents stades de son cycle de vie et que les enfants Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 41 6. 7. 8. 9. 10. deviennent matures, des changements s'opèrent dans la source d'influence de la famille. Une gamme complète d'émotions est acceptable, appropriée et encouragée. Le fait d'imposer des tabous sur l'expression de certaines émotions entraîne de l'incongruité entre les émotions et le comportement. Les conflits sont réglés par le biais de la discussion et de la négociation avec la participation de tous les membres de la famille. Ce processus peut être très constructif et efficace pour résoudre les problèmes. Les tâches sont partagées entre les membres de la famille et clairement définies; les individus peuvent adopter leur propre style et gérer leur temps comme bon leur semble. Il est important d'être flexible. Lorsqu'une femme commence à travailler à l'extérieur du foyer, il faut habituellement procéder à une restructuration des tâches domestiques. Cependant, la recherche démontre régulièrement que ni l'époux ni les enfants ne prennent en main une charge de travail supplémentaire équitable en pareilles circonstances. Les différences individuelles dans les niveaux d'énergie, la perception du temps et les besoins en espace sont respectées. Souvent, les familles doivent s'adapter au défi temporaire que pose la maladie à long terme d'un membre de la famille en plus de jouer un rôle important pour aider un membre handicapé de la famille à accomplir le plus de choses possible. Dans une famille fonctionnelle, la haute estime au niveau des individus comme de la cellule familiale vient naturellement. Une famille fonctionnelle n'est pas nécessairement une famille tranquille, bien organisée et toujours rationnelle. Entre les moments d'affection et de camaraderie, de disputes entre enfants, de la concurrence et des conflits, les membres de la famille apprennent à s'entendre avec les gens. La négociation, la détermination et la contestation des règles font partie des vifs échanges entre parents et enfants. Hansen (1981) a vécu avec trois familles fonctionnelles pendant sept jours respectivement. Parmi les 14 conclusions auxquelles elle a abouti, citons celles-ci : 1. 2. 3. 4. Les familles fonctionnelles semblent vivre à un rythme plus harmonieux et plus relaxe. Il semble possible d'avoir une famille fonctionnelle tout en accordant une importance moindre à la relation conjugale par rapport à la relation parentale et à la relation parent-enfant. Il est important d'avoir une méthode globale pour régler tout problème grave au sein de la famille; plus vite les problèmes sont réglés, mieux c'est. Un niveau élevé d’accord spontané est important dans la relation conjugale et la relation parentale. Mudd et Taubin (1982) ont parlé d'une étude permanente en cours depuis 20 ans sur les familles fonctionnelles. Cinquante-neuf familles ont rempli le questionnaire de suivi en 1978-1979. Les auteurs ont constaté que les Page 42 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 relations entre les enfants adultes sont fréquentes, renforcées par une économie de transfert florissante. Les relations d'amitié intimes et une pleine participation aux activités communautaires sont reconnues comme d'importantes sources de force. Même si l'étude rapporte des événements troublants touchant les membres de la famille, peu de ces événements ont été jugés problématiques. Les problèmes perçus sont le plus souvent réglés au sein de la famille ou - moins souvent avec l'aide de professionnels appropriés. Les hommes et les femmes se disent satisfaits de leur relation conjugale et familiale. Ils sont optimistes face à l'avenir et, grâce à une planification judicieuse, anticipent des développements positifs au cours des prochaines années. Les forces des familles selon les groupes ethniques Très peu d'études ont été réalisées sur les familles heureuses des divers groupes ethniques. L'une des meilleures a été celle de Douglas Abbott et William Meredith (1988) qui ont comparé les ménages caucasiens, afro-américains, américano-mexicains, hmong (réfugiés du Laos) et autochtones de l'Amérique. Ils ont demandé à ces familles de classer par ordre d'importance diverses caractéristiques familiales issues d'études antérieures sur les familles heureuses. Le point d'accord le plus répandu était parmi les groupes de familles caucasiennes, afroaméricaines et américano-mexicaines. Les familles hmong se sont le plus distinguées par rapport aux autres familles et leurs différences étaient encore plus prononcées avec les familles caucasiennes. Les autochtones de l'Amérique avaient des opinions similaires à celles des familles afro-américaines et mexicanoaméricaines, mais différentes des familles hmong. Cependant, ils ont été surpris de constater qu'en général, il y avait plus de points d'accord que de désaccord entre les divers groupes ethniques, même s'ils ont aussi relevé quelques différences significatives. Les conclusions figurent au Tableau 1. Tableau 1 : Forces communes aux familles de différents groupes ethniques, par ordre d'importance CARACTÉRISTIQUE FAMILIALE • • • • • • • • • • • • • • communique et écoute; est fiable; s'affirme et est solidaire; enseigne la notion du bien et du mal; enseigne le respect d'autrui; partage son temps de loisir; est responsable du bien-être de la famille; possède un sens du jeu et de l'humour; respecte l'intimité des membres de la famille; partage des croyances religieuses; a deux parents vivant à la maison; apprécie les traditions familiales; recherche de l'aide pour résoudre les problèmes; encourage l'individualité; • • • • • • • sécurité financière; applique des règles parentales de base; respecte les aînés; partage des valeurs semblables; permet la négociation des règles familiales; accorde de l'importance à l'éducation collégiale; prie ensemble. LES FORCES DE LA FAMILLE ET DIVERSES FORMES FAMILIALES Familles monoparentales Dans une revue de la documentation concernant les familles monoparentales (Schlesinger, 1996) et les enfants vivant dans une famille monoparentale (Schlesinger, 1995), on a dégagé les forces propres à ces familles. Par exemple, dans leur étude de 26 familles monoparentales américaines de la classe moyenne, Olson et Haynes (1993) ont trouvé sept thèmes reliés aux forces de ces familles. 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. Acceptation des responsabilités et des défis dans les familles monoparentales : attitudes positives à l'égard du rôle parental et de la vie en général; problèmes ni négligés ni exagérés, mais on a recherché des solutions. Priorisation du rôle parental : effort sur comment devenir le meilleur parent seul possible; sacrifice évident en termes de temps, d'argent et d'énergie. Utilisation d'une discipline cohérente, non punitive : fournir la structure, l'autonomie démocratique des enfants ainsi que les conséquences logiques de leurs comportements. Accent sur une communication ouverte : promouvoir des relations de confiance et exprimer ses sentiments. Capacité à favoriser l'individualité au sein d'une cellule familiale solidaire : accent sur l'individualité et l'autonomie; chaque membre ayant ses compétences et intérêts propres. Reconnaissance de la nécessité d'auto-nurturance : malgré le temps qui leur fait défaut pour s'occuper d'eux-mêmes, les parents ont reconnu l'importance de l'autonurturance et ont essayé d'y parvenir par des moyens physiques, spirituels, émotionnels ou sociaux. Les rituels et les traditions : les routines concernant le coucher, les activités familiales spéciales, les célébrations des fêtes. Dans une autre étude menée auprès de 71 familles monoparentales américaines de race blanche et de la classe moyenne, Richards et Schmiege (1993) ont fait remarquer que les parents avaient des forces dans leur relation avec leurs enfants. Parmi ces forces, il y a : le soutien aux enfants, la patience, l'aide pour l'adaptation des enfants et l'encouragement de l'autonomie. Le fait de forger un sentiment d'honnêteté et de confiance et de communiquer clairement les idées aux membres de la famille et aux amis constituaient aussi des indices de force. Dans leur étude, la plupart des répondants ont clairement indiqué qu'avec le temps il était devenu plus facile d'élever les enfants seuls. Nancy Morrison (1995) a étudié les familles monoparentales heureuses du Centre-Ouest des ÉtatsUnis. Les entrevues ont duré deux heures. L'échantillon était composé de petites familles. Les mères étaient plus âgées et plus matures (moyenne d'âge de 38 ans), avaient un niveau d'éducation élevé et occupaient un emploi. Elles étaient toutes divorcées. Un grand nombre de familles avaient fait face à des problèmes et à des défis majeurs en plus de l'adaptation au divorce. Outre les crises financières du début et les déménagements – courants parmi les familles divorcées – certaines de ces familles avaient aussi vécu des crises comme : invalidité d'un parent, alcoolisme, cancer et viol. Pour ces familles, le processus engagé pour surmonter ces obstacles avait renforcé leur cellule familiale et largement contribué au sentiment d'avoir réussi en tant que famille (p. 200). On a aussi demandé à chaque famille interviewée de dire de quelle façon elle estime que les familles monoparentales heureuses diffèrent des familles biparentales heureuses. Toutes se sont entendues sur le fait que la préférence irait à une famille biparentale qui fonctionne bien. Beaucoup estimaient que dans une famille biparentale, le succès dépend d'un mariage réussi et que sans cela, la famille serait certainement dysfonctionnelle. Dans chacune de ces familles monoparentales, il y a eu échec du mariage, mais les mères sentaient que les familles avaient réussi parce qu'elles pouvaient éviter le stress lié à des relations conjugales continuellement difficiles et profiter de certains des avantages du célibat. Par définition, la principale différence entre une famille monoparentale et une famille biparentale est que la première n'a qu'un adulte au foyer. Les familles ont souligné beaucoup d'avantages inhérents liés à la famille monoparentale : la vie était plus simple et plus facile avec un seul adulte au foyer parce que la mère n'avait pas à s'occuper d'un mari, il y avait moins de tension et de conflit et la maison semblait plus calme (p. 212). Malgré le fait que toutes les mères ayant participé à cette étude pouvaient énumérer des aspects à la fois positifs et négatifs de la monoparentalité, tout le monde s'accorde sur le fait que les parents seuls travaillent plus pour réussir leur rôle parental. Ils doivent être plus flexibles dans la gestion des horaires, plus organisés, trouver des moyens de répondre, seuls et en tant qu'adultes, à tous les besoins de la famille; et ils doivent faire preuve de plus créativité, développer des capacités d'adaptation nouvelles et inexplorées. Certaines des mères avaient conscience de ses nouvelles forces, mais d'autres éprouvaient de la difficulté à déterminer leurs propres forces en déclarant « Je n'ai fait que mon devoir – est-ce cela une force? » (p. 213). La caractéristique la plus évidente de ces mères était le sentiment de confiance et de fierté d'avoir pu assumer Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 43 avec succès leur condition de parent seul. Cette confiance était accompagnée d'une autonomie accrue, de la responsabilité et de l'estime de soi chez leurs enfants. Morrison (1995:217) résume comme suit son étude : Au cours des près de 25 heures d'entrevues réalisées auprès de ces familles monoparentales ayant réussi, l'enquêteur a été particulièrement surpris par les attitudes positives démontrées par toutes ces familles. On s'attendait à ce que les familles qui disaient avoir « réussi » se présentent comme heureuses et satisfaites, mais l'approche positive à la vie qu'elles ont démontrée était beaucoup plus évidente. Elles ne se sont pas présentées comme des familles sans défaut; elles ont librement reconnu leurs difficultés et leurs faiblesses, ont parlé ouvertement des expériences et des sentiments négatifs. Néanmoins, règle générale, les mères n'étaient plus fâchées contre leurs ex-époux et les familles avaient réussi à surmonter la crise du divorce pour atteindre un niveau plus élevé de fonctionnement. Elles allaient de l'avant, étaient ouvertes à des expériences de croissance positive en plus d'être excitées par l'intimité croissante et la réussite de la famille. Familles reconstituées On n'a jamais vraiment écrit de « scénario » pour les belles-mères et les beaux-pères, exception faite des vilaines histoires à propos de la belle-mère de Cendrillon ou autres mythes du genre. Or, comme ces rôles sont très fréquents, nous essayons de les définir. Qu'est-ce qu'une belle-mère, un beau-père, une sœur par alliance, un demifrère, etc. Voilà encore un exemple de notre besoin de définir consciemment le genre de famille que nous formons (Glossop, 1994: 9). La plupart des enfants par alliance vivent dans des familles reconstituées. En 1994, environ 9 % des enfants canadiens de moins de 12 ans vivaient dans une famille reconstituée. Près de la moitié d'entre eux étaient des enfants par alliance tandis que les autres étaient issus de la famille reconstituée ou adoptés par cette dernière. La majorité des enfants vivant dans une famille reconstituée se retrouvaient la plupart du temps avec les enfants biologiques du couple et les enfants de l'épouse issus d'une relation précédente (c'est-à-dire « leur enfant » et « ses enfants »). La majorité des enfants « par alliance » vivaient avec leur mère biologique et un beau-père et très peu vivaient auprès de leur père naturel et d'une belle-mère. En fait, les beaux-pères sont cinq fois plus nombreux que les bellesmères. La relation liée au rôle parental la plus répandue dans une famille reconstituée était la relation beau-père et belle-fille, tandis que la moins fréquente était la relation belle-mère et belle-fille. (Statistique Canada, 1997:9) En 1995, le Canada comptait 430 000 familles reconstituées (Statistique Canada, 1996:4). Pour une bonne analyse de la vie des enfants par alliance au Canada, lisez l'étude de David Cheal (1996:93-102). Page 44 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Margaret Crosbie-Burnett, professeure adjointe et chercheuse à l'Université du Wisconsin, a terminé une étude d'évaluation de l'adaptation au sein des familles reconstituées. Quelque 87 ménages de la classe moyenne supérieure - principalement des ménages formés de personnes de race blanche où la mère avait la garde des enfants et un beau-père était présent ont été utilisés (Step Family Bulletin, 1984:15). Voici quelques-unes de ses conclusions : • • • • • • Les familles se disant proches sur le plan affectif étaient celles où il y a des limites familiales flexibles qui laissent un espace psychologique personnel et, dans le cas des enfants en visite, un espace physique pour entretenir des liens affectifs entre les enfants et les pères qui n'ont pas leur garde. Les familles où les adultes avaient plus de pouvoir de leadership que les enfants plus âgés se sont dites plus heureuses que celles où les enfants plus âgés ont gardé un certain statut de leadership acquis pendant le stade de la monoparentalité. La satisfaction avec les relations belle-famille/enfants par alliance était plus souvent associée au bonheur de la famille qu'au succès de la relation conjugale. Les enfants et les adolescents semblent en mesure d'entretenir des relations joyeuses et enrichissantes aussi bien avec le beau-père que le père biologique. Les époux étaient les plus heureux lorsqu'ils se sentaient puissants à l'intérieur de la belle-famille en tant que membres à part entière et efficaces du groupe, lorsque leur rôle était clair dans leur propre tête et que leur épouse était heureuse dans la relation conjugale. Les épouses étaient plus heureuses lorsque leur mari était heureux dans la relation conjugale, lorsque leur mari était psychologiquement inclus dans la cellule familiale et lorsqu'il se sentait puissant. Patricia Kelley (1994), directrice de l'école de travail social de l'Université de l'Iowa, a étudié 20 familles reconstituées « en bonne santé ». Kelley (1994:86-90) résume dans ses conclusions les forces majeures des familles reconstituées. L'importance d'une communication claire, avec certains mécanismes planifiés pour la mettre en oeuvre, constituait le dénominateur commun. Les réunions familiales régulières dotées de règles, dont autant de membres que possible ont discuté et approuvé, sont proposées et se tiennent dans ces familles, particulièrement au début du mariage. L'autre thème connexe qui a émergé de ces entrevues était d'accorder plus d'importance au respect qu'à l'amour dans les relations au sein des familles reconstituées. Il n'y avait pas dans ces familles d'attente pour un amour spontané et égal. Dans la plupart d'entre elles, c'était normal d'appeler le beau-parent par son prénom ainsi que de se sentir plus proche et de passer plus de temps avec le parent biologique. Ces familles tenaient à laisser de l'intimité et de l'espace. Il en faut plus que dans les familles biologiques et beaucoup de familles ont trouvé utile de développer leur propre sens de l'espace en déménageant en territoire neutre. La flexibilité était probablement le mot le plus souvent prononcé lorsque ces familles parlaient de ce qui leur importait. Enfin, le plus commun dénominateur dans ces familles était la capacité de s'amuser ensemble, de ne pas prendre les choses trop au sérieux et d'avoir le sens de l'humour. Kelly (1984:89) affirme ce qui suit : « Les déclarations et les thèmes recueillis auprès de ces familles et qui seraient utiles en général comprennent la flexibilité, une communication claire, la diminution des stéréotypes sexuels, les loisirs, le sens de l'humour et de puissants systèmes de soutien social et communautaire. Cependant, dans les familles reconstituées, ces idées prennent une importance toute particulière. Les thèmes de ces familles qui indiquent des différences comprennent la discipline et la nurturance de l'un et non pas des deux adultes à la maison, plus d'alliances intergénérationnelles, des limites perméables accrues permettant aux enfants de séjourner dans les deux foyers sans se sentir écartés du système, l'inégalité des rôles parentaux ainsi que des ressources et des règles quelque peu différentes au sein de la famille. » Il en résulte que les enfants qui vivent dans ces ménages sont susceptibles d'expérimenter des arrangements familiaux plus équitables. Bozett (1990) et Anderson (1993) ont affirmé sur la base de leur recherche qu'en tant que mères, les lesbiennes s'intéressent généralement plus aux enfants. Elles ont tendance à être plus attentives aux besoins de leurs enfants et à s'investir plus activement dans la vie de ces derniers que les mères hétérosexuelles. En réalité, certaines féministes ont affirmé que lorsque les mères lesbiennes quittent une relation hétérosexuelle malheureuse dans laquelle il y a des enfants, ceux-ci pourraient être mieux pris en charge sur le plan de la nurturance dans un ménage de lesbiennes où deux ou plusieurs femmes se partagent le rôle parental. À l'instar des lesbiennes, beaucoup de gais qui élèvent des enfants ont tendance à faire preuve de plus de nurturance et à être plus rigides en termes de socialisation du rôle basé sur le sexe et de la division des tâches domestiques en fonction du sexe que les pères hétérosexuels. De plus, les pères gais sont susceptibles d'être plus stricts sur le plan de la discipline que les pères hétérosexuels (Andersen, 1993). Miller (1992) et Laird (1993) affirment qu'en général, les parents gais et lesbiens ont tendance à faire face à moins de problèmes de comportement avec leurs enfants par rapport aux parents hétérosexuels. Les problèmes qui surviennent sont souvent dus non pas à l'orientation sexuelle des parents, mais plutôt à l'influence extérieure et à l'interférence ainsi qu'au niveau de tolérance de la société des stéréotypes négatifs à l'égard des parents lesbiens et gais (Lindsey, 1994). Parents gais et lesbiens Ce n'est que dans les années 90 qu'on a commencé à documenter la pratique parentale des gais et lesbiennes. (Arnup, 1995; Bozett, 1987; Martin, 1993; Nelson, 1996 et Slater, 1995). On estime que trois millions de couples de lesbiennes et de gais sont en train d'élever un ou plusieurs enfants. (Schwarz et Scott, 1997:244). Au Canada, on estime que près d'un demi-million de gais et de lesbiennes élèvent des enfants (Arnup, 1995:167). Les couples d'homosexuels bousculent les notions traditionnelles sur les familles et le rôle parental tout en soulignant le fait qu'un grand nombre de gais et lesbiennes, tout comme leurs homologues « hétérosexuels » perçoivent la condition parentale comme une entreprise enrichissante (Macionis, 1995). Malgré le développement relativement récent que connaît ce domaine de recherche, nous pouvons encore examiner les forces inhérentes à cette structure familiale. Bien qu'on sache peu de choses sur comment les couples de gais et de lesbiennes assument leur rôle parental, la recherche disponible indique que les lesbiennes ont tendance à former des réseaux de soutien élargi qui fonctionnent comme n'importe quel autre réseau familial, sauf qu'il n'est pas patriarcal. Les ménages de lesbiennes ont tendance à être moins structurés autour de la division du travail basée sur le sexe. Bien des gens croient que grandir dans un ménage de gais ou de lesbiennes est malsain sur le plan affectif pour les enfants et peut causer de la confusion pour leur propre sexualité. Cependant, la recherche démontre invariablement que les enfants de gais et de lesbiennes sont généralement compréhensifs, accommodants et réceptifs au style de vie de leurs parents. En outre, ils sont aussi bien équilibrés que les enfants élevés dans un ménage hétérosexuel. Ces enfants ne subissent pas non plus de dommage psychologique majeur, pas plus qu'ils ne manifestent de propension homosexuelle. En fait, ils ne sont guère plus susceptibles de devenir homosexuels que leurs pairs élevés dans une famille hétérosexuelle (Falks et coll., 1995). Selon Charlotte Patterson (1992), être élevé par des parents gais ou lesbiens peut avoir des impacts positifs. Par exemple, le fait d'avoir des modèles adultes non traditionnels à surpasser permet aux enfants de mieux apprécier la diversité. De plus, avoir un parent différent peut faciliter la tâche à l'enfant qui veut être différent ou indépendant. L'enfant pourrait être plus tolérant, réceptif et moins porté à juger les autres parce qu'on lui a appris à accepter les différences sociales et individuelles. Les mères lesbiennes sentent souvent que leurs enfants jouissent d'une force, d'une compassion et d'une maturité qui dépassent leur âge. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 45 Un nombre significatif de gais et de lesbiennes ont vécu un mariage hétérosexuel et dans certains cas, des enfants sont issus de ces mariages (Lamanna et Riedman, 1997:355-356). Environ 56 % des couples de lesbiennes ont des enfants vivant avec eux (Harry, 1983) et souvent issus de mariages précédents. Les gais et les lesbiennes ont aussi cherché à devenir parents par le biais de l'adoption comme parents seuls et comme parents biologiques lorsqu'un des partenaires donne naissance à un bébé que le couple élève ensemble. Conclusion Dans son Rapport mondial sur le développement humain (1992), l'ONU a déclaré que le Canada jouissait de la meilleure qualité de vie au monde. Les Canadiens peuvent espérer vivre plus longtemps, avoir un revenu moyen plus élevé et plus de possibilités relatives à l'éducation et aux études supérieures en plus de vivre dans un pays moins peuplé que la plupart des autres pays du monde. Le comité des ONG des Nations Unies sur la famille (1994) a inclus deux points dans ses lignes directrices (p. 3) : • • Les différences régionales, nationales et culturelles dans tous les types de familles doivent être respectées et on doit éviter la discrimination entre elles. Le respect et la non-discrimination doivent viser la dignité de la famille, la protection de la vie familiale et le plein développement des membres individuels de la famille. On doit respecter les valeurs religieuses, philosophiques et éthiques ou les opinions politiques de chaque membre de la famille. On doit aussi respecter sa liberté d'exprimer, comme membre de la famille ou collectivement avec d'autres, sa culture et sa religion. [Traduction] Nous vivons dans un pays où la plupart des familles gèrent leur vie quotidienne de manière satisfaisante. Stephanie Coontz (1992:278) a souligné que pour assumer les obligations sociales et l'interdépendance au 21e siècle, nous devons abandonner toute illusion que nous pouvons ou devrions raviver une certaine famille traditionnelle en grande partie mythique. Nous avons besoin d'inventer de nouvelles traditions familiales et trouver des moyens de faire renaître les vieilles traditions L’Institut Vanier de la famille 94 Centrepointe Drive Nepean, Ontario, Canada, K2G 6B1 http://www.vifamily.ca/ivf/cft/strength/strengt.htm Tél : (613) 228-8500 Fax : (613) 228-8007 © Tous droits réservés. L’Institut Vanier de la famille 1999. Page 46 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 communautaires, et non pas nous complaire dans la nostalgie du passé ou dans le mépris systématique des personnes dont les valeurs familiales ne correspondent pas aux nôtres. Il y a de bonnes raisons d'espérer que nous pouvons développer de telles traditions, mais seulement si nous écartons les solutions simplistes basées sur une perception romantique du passé. Nous ne pouvons pas retourner à la « famille de la nostalgie ». Léon Tolstoï a écrit que toutes les familles heureuses se ressemblent, alors que chaque famille malheureuse l'est à sa manière. ? Nous ne pensons pas pouvoir faire nôtre cette citation. À notre avis, nous estimons que toutes les familles durables sont uniques dans le cycle de leur propre vie familiale. Chacune s'arrange pour poursuivre sa croissance dans son style de vie unique. Il est temps de renforcer les aspects positifs de la vie familiale, de donner crédit aux familles qui arrivent à surmonter le stress quotidien et à entrer dans le 21e siècle comme des familles fortes. Il importe aussi de savoir que toutes nos différentes structures familiales comportent des forces. Robert Glossop (1994:10) fait écho à cette opinion après avoir passé la vie en revue dans La famille canadienne : entretien avec Robert Glossop. « Le fait qui m'a le plus agréablement surpris, c'est qu'en dépit de la diversité des comportements en matière de formation et de fonctionnement, il est possible de définir les aspirations, les obligations et les besoins communs des familles canadiennes. Quand vous rassemblez dans une pièce un groupe de personnes dont la situation est différente, il ne faut pas beaucoup de temps pour que ces dernières reconnaissent et comprennent que ce qui pose un problème pour certaines d'entre elles posent un problème pour la plupart des autres. De plus en plus, il nous faudra reconnaître et mieux comprendre la diversité. Parallèlement, nous devons comprendre les éléments et les aspects communs aux différents comportements en matière de formation et de fonctionnement des familles... si nous voulons réellement apprendre à réagir de façon constructive à cette diversité et prêter notre appui aux familles du Canada. » En quoi le contexte socioculturel influence-t-il le développement du petit enfant? Quels sont les différents styles d’éducation que peuvent adopter les parents? Dans son modèle écologique, Urie Bronfenbrenner (1979) décrit trois niveaux d’influences qui s’exercent sur l’individu selon divers processus. Selon Bronfenbrenner, chaque personne est influencée par un certain nombre de systèmes en interaction. Au centre du modèle se trouve l’individu. Les contextes sociaux qui ont un retentissement direct et immédiat sur le développement humain sont les microsystèmes. Il s’agit de la famille, du groupe d’amis, de l’école, du quartier et parfois aussi de l’église, du temple ou de la mosquée. Les microsystèmes se rencontrent au niveau du mésosystème lorsque, par exemple, les parents et les enseignants coordonnent leurs interventions éducatives. Les microsystèmes sont entourés par l’exosystème, c’est-à-dire les réseaux extérieurs qui influent sur eux (structures communautaires, systèmes d’enseignement, de soins de santé, d’emploi, de communications, etc.). Le tout est englobé dans le macrosystème, formé des valeurs culturelles, des philosophies politiques, des tendances économiques et des conditions sociales. « L’ensemble de ces forces externes constitue le contexte social du développement » humain. (Bronfenbrenner, 1979, cité dans Berger, 2000 p. 5) Il existe foncièrement deux façons de voir l’éducation des enfants du point de vue des parents. La première se résumerait comme ceci : « Si tu veux qu’on t’aime, tu dois bien te comporter. ». La deuxième, qui semble aller à l’encontre de la première, dirait : « Pour bien te comporter, tu dois te sentir aimé. » En cas de conflit en matière d’éduquer l’enfant, les chercheurs ont fait les quatre grands constats suivants : Les exosystèmes dans la société sont plus importants que les microsystèmes et ils ont sur eux une grande incidence, ainsi que sur les attitudes et comportements de l’individu. « Les exosystèmes comprennent les liens et processus qui se déroulent entre deux contextes ou plus (…) dans le cadre desquels se produisent des événements qui influent indirectement sur les processus du milieu immédiat où vit la personne en développement », disait Bronfenbrenner en 1999. Il fait entrer dans les exosystèmes tous les réseaux d’influence externes comme les médias de masse, les écoles locales, les structures communautaires environnantes, ainsi que les systèmes de santé, d’emploi et de communications qui influent sur les microsystèmes. Les structures propres aux exosystèmes influent sur la vie de l’individu, même si leur effet est plus secondaire et distant. Enfin, Bronfenbrenner décrit le niveau des macrosystèmes comme l’ensemble d’écosystèmes le plus distant de l’individu. Les macrosystèmes comprennent les valeurs culturelles, les philosophies politiques, les tendances économiques, les conditions sociales ainsi que les attitudes et idéologies de la culture environnante. Dans cet article, nous examinerons quelques-unes des plus importantes influences sur le développement enfantin. 1. 2. 3. 4. Les gens font de leur mieux avec les moyens du bord. Cela étant dit, quel complément d’information devrait-on adopter, du moins en théorie, ou quel style d’éducation adopterait-on une fois que l’on ait pris connaissance des principaux styles d’éducation de base, ou advenant que l’on avait eu la chance de les connaître? Il faut quand même admettre que certains styles d’éducation donnent de meilleurs résultats que d’autres auprès des enfants. Il faut aussi reconnaître qu’il n’y a pas deux enfants qui soient pareils et, dans une même famille, l’éducation des enfants peut emprunter des chemins séparés selon les besoins et tempéraments individuels des enfants et ceux des parents. Il est donc difficile d’arrêter une seule approche comme « la meilleure méthode » pour chaque enfant dans toutes les circonstances. En 1971, Diana Baumrind a recensé quatre grands styles d’éducation parentale qui jouent beaucoup dans le développement socioaffectif des enfants : 1. Le style autoritaire est un style restrictif et punitif où les parents exhortent l’enfant à obéir à leurs indications et à respecter le travail et l’effort. Le parent autoritaire impose des normes de conduite et des règles strictes à l’enfant et communique peu avec ce dernier. Le style autoritaire est généralement associé à l’incompétence sociale chez l’enfant. 2. Le style directif ou démocratique encourage l’autonomie chez l’enfant tout en lui imposant des limites et des règles de conduite. On y fait une large place pour le marchandage et les compromis, et les parents sont affectueux et entourent l’enfant de soins. Le style directif est associé à la compétence sociale chez l’enfant. 3. Le style permissif se traduit par un encadrement élevé des parents à l’endroit de l’enfant en retour de quoi ils exigent peu de lui et lui imposent peu de limites. Le style permissif est associé à de l’incompétence sociale chez l’enfant, tout particulièrement une mauvaise maîtrise de soi. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 - Page 47 4. Le style désengagé ou indifférent – tel que défini par Maccoby et Martin – se traduit par le manque d’encadrement de la vie de l’enfant par le parent, lequel est associé à une incompétence sociale, tout particulièrement à une mauvaise maîtrise de soi. Quel rôle jouent les médias dans le développement pendant la petite enfance? La télévision peut avoir une mauvaise influence sur les enfants en ce qu’elle les soustrait à leurs devoirs scolaires, les transforme en apprenants passifs, leur enseigne des stéréotypes, leur fournit des modèles d’agressivité et de violence, et leur présente des vues irréalistes du monde. Cependant, elle a par ailleurs une bonne influence sur leur développe-ment en ce qu’elle leur présente des émissions éducatives stimulantes, élargit leurs horizons au-delà de l’information sur leur environnement immédiat et leur fournit des modèles de comportement prosocial. Là où la télévision pèche, c’est dans la représentation des minorités ethniques – qui depuis toujours ont été sous- représentées ou mal représentées. Les minorités culturelles et linguistiques ont le même problème dans les médias de la majorité. Les Francophones, par exemple, vont de temps en temps se faire parler d’eux dans la langue de la majorité en raison d’un bon ou mauvais coup et ce surtout dans les bulletins de nouvelles et de temps en temps dans un film ou une émission de télévision traduite en anglais pour le consommateur anglophone. Mais il est extrêmement rare que les Francophones vont se voir refléter dans ces mêmes médias. Donc, étant donné qu’une communauté minoritaire a besoin de référents culturels réalistes et positifs pour assurer la construction de son identité, il ne faut pas qu’elle se fie sur les médias de masse de la communauté majoritaire. Elle aura besoin de ses propres médias, dans lesquels elle se voit refléter, elle s’entend parler, elle voit mis en lumière ses valeurs culturelles et voit mis en valeur son histoire. Selon un sondage réalisé en 1996 par Neilson Media Recherche, les enfants américains de 2 à 5 ans passent chaque semaine 23 heures et 21 minutes devant le petit écran. C’est là plus de 3 heures par jour et au moins 3 heures de plus par semaine passées devant la télévision que n’im-porte quel autre groupe d’âge. On reproche entre autres à la télévision de soustraire les enfants à des formes de jeux actifs, interactifs ou imaginatifs, de transmettre de faux messages nutritionnels, et de véhiculer des stéréotypes sexistes, racistes et âgistes susceptibles d’impressionner particulièrement les jeunes téléspectateurs, vulnérables et inexpérimentés. Le comportement prosocial dépend de la capacité de régulation de ses expressions émotionnelles, ce qu’on est susceptible d’apprendre le mieux dans le cadre de relations sociales actives. La télévision – par son observation passive – mine les attributs, habiletés et valeurs mêmes qui conduisent à une activité prosociale. Cependant, la critique la plus virulente et la plus convaincante qu’on puisse adresser à la télévision est, Page 48 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 selon Berger (2000), le comportement antisocial qu’elle se trouve à encourager, surtout chez les enfants, dont les effets sont à la fois interactifs et cumulatifs : les enfants qui passent beaucoup de temps rivés au petit écran risquent d’être plus agressifs que les enfants qui n’en passent pas autant, et les enfants qui ont déjà une propension pour l’agressivité ont des chances plus grandes de regarder des émissions qui illustrent de la violence. La télévision désensibilise les enfants à la violence dans la vraie vie et banalise à leurs yeux l’agression physique. C’est pourquoi les enfants qui regardent beaucoup d’émissions à caractère violent ont des probabilités plus grandes de tyranniser les autres, de répliquer violemment à ce qu’ils perçoivent comme une attaque, d’être des victimes passives d’agression ou d’être des observateurs passifs plutôt que des médiateurs lorsque d’autres enfants se querellent. Les perceptions des enfants sur les races, les classes sociales et les minorités dans les médias Les États-Unis se sont engagés dans un dialogue national sur la question raciale, mais il y manque une voix, celle des enfants. Au Canada, les autochtones proposent le même débat. En Saskatchewan, les perspectives et le contenu indiens et métis sont obligatoires dans les programmes d’études à tous les niveaux. De temps en temps dans notre pays, la question du Québec et la Francophonie soulève un débat houleux. Que ressentent les enfants vis-à-vis des questions raciales, la justice et l’équité parmi les classes sociales, les droits des minorités? Que savent-ils de la diversité? Les médias contribuent-ils à façonner la compréhension qu’ils en ont? À mesure que le tissu social du pays se diversifie, les réponses à ces questions prennent d’autant plus d’importance. Pour mieux comprendre cette question critique, Children Now a réuni divers groupes de discussion et réalisé un sondage auprès de 1 200 enfants à l’échelle des États-Unis en vue de recueillir des données de base. Même si l’article en question porte sur l’étude aux ÉtatsUnis et donc la question raciale, pour fin de notre leçon, nous parlerons aussi ici et là dans le texte du contexte de la Saskatchewan et, surtout, de la communauté fransaskoise qui vit dans un contexte anglo-dominant. Commençons avec les grandes lignes de la recherche telles qu’elles sont citées dans Children Now. Cette recherche sans précédent importe à plusieurs titres. Alors que les études antérieures avaient cherché à mesurer les perceptions des adultes sur les messages envoyés par les médias sur les questions raciales et que d’autres ont interrogé des enfants sur les médias ou les questions d’ordre racial, cette recherche est la première à réunir dans un même sujet d’étude enfants, médias et race. Nous avons choisi de sonder en profondeur le même nombre d’enfants (300) appartenant à quatre races – afroaméricaine, asiatique, latino-américaine et européenne – sur leurs opinions de chaque race. Les enfants sondés – tous âges et toutes races confondus – reconnaissent l’influence des médias sur leur vie. Ils trouvent dans les médias des modèles à suivre – imitant la tenue vestimentaire, le mode d’expression voire la coiffure de leurs idoles. Depuis les franges des comédiennes de la série Friends jusqu’aux vêtements exagérément amples des chanteurs hip hop, on peut voir partout les influences des médias sur les enfants d’aujourd’hui. Et au-delà des messages superficiels sur la mode et l’apparence, les enfants disent recevoir aussi des messages plus formateurs via les médias. Les personnages qu’ils voient à l’écran et les histoires dont ont les entoure leur envoient des messages plus subtils et plus explicites sur leurs valeurs personnelles, leurs familles et leur race. La recherche a montré que les enfants captent effectivement des messages sur leur race en voyant la façon et la fréquence avec lesquelles on représente leurs membres dans les médias. Les médias confèrent de la légitimité, de par la « reconnaissance » et le « respect » qu’ils témoignent à l’endroit des groupes raciaux. Il y a reconnaissance lorsque des membres de leur race apparaissent dans les émissions, tandis qu’il y a respect lorsqu’on leur confie des rôles positifs. En revanche, l’absence de certains groupes raciaux donne à penser qu’ils ne sont pas dignes de l’intérêt des téléspectateurs, tandis que leur choix dans des rôles stéréotypés ou à connotation négative indiquerait qu’ils ne sont pas dignes de respect. Ces messages, les enfants les perçoivent aussi bien pour les membres de leur propre race que pour les membres d’autres races, ce qui n’est pas sans marquer leurs premières impressions. L’étude a révélé que les enfants estiment par une majorité écrasante qu’il importe de voir des représentants de leur propre race à la télévision. Les enfants blancs sont ceux à voir le plus de représentants de leur race à la télévision, suivis des enfants noirs. Les enfants asiatiques ou latinoaméricains, quant à eux, voient plus rarement des membres de leur race à la télévision. Toutes races confondues, les enfants reconnaissent que les médias projettent des images stéréotypées de leur race, accordant fréquemment des rôles ou traits positifs à des personnages blancs, et des rôles ou traits négatifs aux personnages de communautés minoritaires. De même, les journaux télévisés montrent les enfants de différentes races sous des jours très différents : les Afro- et Latino-Américains sous un jour plus sombre que les Asiatiques et les Blancs. La recherche n’en démontre pas moins que les enfants ont confiance dans la capacité des médias d’envoyer des messages positifs sur les membres de leur race. Plus de 80 % des enfants de toutes les races estiment que les médias ont le pouvoir de faire passer le message aux enfants que « les gens de leur race comptent aussi beaucoup ». Les enfants considèrent en outre que « la télévision aide à engager le dialogue » entre des pairs appartenant à des races différentes. C’est pourquoi, lorsqu’on leur demande de parler de leur émission de télévision idéale, les enfants de toutes races disent qu’elle devrait « présenter différentes cultures, différentes religions, différentes races, de tout quoi; ce serait vraiment pas bête ». Les enfants d’aujourd’hui appartiendront à la première génération à parvenir à la majorité dans une Amérique où les minorités ethniques forment la majorité numérique. Notre avenir dépendra de notre capacité de présenter des identités raciales positives et une image réelle de la diversité. Pour aider à jeter les ponts entre les races, les enfants devront élargir leur conception de la race et des relations raciales de manières que n’ont jamais connues leurs parents. De toute évidence, les médias ne sont pas les seules influences à s’exercer sur la vie de nos enfants, mais nos jeunes n’en pensent pas moins qu’ils (les médias) ont le pouvoir de faire éclater les stéréotypes et d’aider à la compréhension mutuelle. Une jeune fille y est allée de son propre conseil : « La télévision ne devrait pas véhiculer de préjugés. Je voudrais que notre monde soit une grande famille heureuse, où il n’y aurait aucun préjugé à l’encontre de qui que ce soit – une grande famille heureuse. » On pourrait étendre cette analyse aux communautés minoritaires au Canada. Certes, les jeunes autochtones diraient à peu près la même chose de la télévision anglaise et française au Canada. À quelque exceptions près, la grande majorité des émissions de télévision, que ce soit aux chaînes publiques ou privées, le ou la jeune autochtone se voit très peu souvent à la télévision et lorsqu’il ou elle s’y voit quelle image est projetée? La communauté minoritaire francophone a sa propre critique à l’égard des médias de la majorité. Non seulement est-ce que la télévision anglaise (et on peut ajouter les autres médias) ne contribue pas à la construction d’une identité francophone chez la petite enfance, mais elle anglicise ces jeunes enfants en substituant à leur vocabulaire, à leur structure de phrase, à leur grammaire contextuelle la formulaire dite « anglaise » de tout ce que l’enfant pourrait et devrait apprendre dans le giron de sa mère avant d’aller à l’école. Ses référents culturels francophones deviennent des « Donald Duck », « Davey Crockett » et « Teletubbies ». Et par conséquent, l’apprentissage par les petits de la langue française à la prématernnelle française devient presque la norme même auprès des enfants issus de familles francophones en Saskatchewan. Lorsqu’un groupe ethnique ou une minorité quelconque ne se voit pas représenté dans les médias et les référents culturels de leur milieu, ils ont l’impression qu’ils ne comptent pas dans cette société, qu’ils sont inférieurs d’une façon ou une autre. Ce n’est pas garanti, mais c’est relativement commun que les ethnies et les minoritaires développent ce que les sociologues ont appelé le « syndrome du minoritaire ». C’est d’avoir le sentiment que sa langue, sa culture, ses traditions et coutumes, son histoire et même sa personne, ont un statut inférieur et n’ont pas la même reconnaissance sociale que la langue, la culture, les traditions et coutumes, l’histoire et les personnes de la Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 49 majorité. Plus souvent que jamais, ces personnes vont nier ce qu’ils sont pour s’associer, en autant que ceci est possible, à la majorité. Ils deviennent, dans le langage commun dans la communauté minoritaire qui cherche à conserver langue et culture, des assimilés. Les sociologues canadiens Rodrigue Landry et Serge Rousselle affirment que « on devient ce que l’on a vécu »13. Si les groupes ethniques et les minorités ne se voient jamais dans les médias et dans les référents culturels de leur société, s’ils n’ont jamais eu l’occasion de parler leur langue et de vivre leur culture, comment peut-on s’attendre que ses individus aillent s’identifier avec leur groupe ethnique ou culturel? Mais pour revenir aux points saillants de l’étude américaine citée dans Children Now sur l’effet de la télévision sur les enfants des minorités aux États-Unis : • • • En grande majorité, les jeunes – surtout les jeunes de couleur – pensent qu’il est important de voir des représentants de leur race à la télévision. Les enfants blancs et noirs disent voir des gens de leur race à la télévision, tandis que les LatinoAméricains et les Asiatiques disent en voir beaucoup moins. Toutes races confondues, les enfants ont tendance à percevoir plus de traits et rôles positifs associés aux personnages blancs, et plus de traits et rôles négatifs associés aux personnages d’autres appartenances ethniques minoritaires. Le plus souvent, ces enfants associent le fait d’avoir beaucoup d’argent, d’avoir une bonne éducation, d’être un patron, d’avoir de bons résultats scolaires et d’être intelligent avec des rôles donnés à des Blancs à la télévision. Le plus souvent par contre, ces mêmes enfants associent le fait de contrevenir à la loi, d’avoir du mal à joindre les deux bouts, d’être paresseux et d’agir de façon farfelue avec des rôles donnés aux membres des minorités visibles à la télévision. Tous les enfants conviennent que les rôles de patron, de secrétaire, de policier ou de médecin dans les émissions de télévision reviennent habituellement à des Blancs, tandis que les rôles de bandits, de bonnes ou de concierges sont habituellement joués par des Noirs. Les enfants de couleur disent admirer surtout des personnages afro-américains à la télévision, et les enfants blancs, surtout des personnages blancs. Toutes races confondues, les enfants s’entendent pour dire que les bulletins de nouvelles tendent à donner une image des Noirs plus négative que celle des Blancs ou des Asiatiques, surtout lorsque les nouvelles concernent des adolescents. 13 Rodrigue Landry et Serge Rousselle, Éducation et droits collectifs : Au delà de l’article 23 de la Charte, Les Éditions de la Francophonie, Moncton, 2003, p. 95. Page 50 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Les questions de races et de classes sociales sont intimement liées dans l’esprit des enfants – les personnages blancs étant présentés comme ayant plus d’argent et les membres de minorités, comme ayant à se débattre financièrement. De même, les enfants blancs ont plus tendance que les enfants d’autres races à penser que les familles à la télévision ont autant d’argent que la leur. Les enfants voient beaucoup de pouvoir et de potentiel dans les médias. Plus de 80 % des enfants de toutes les races pensent que les médias peuvent apprendre aux enfants que « les gens de leur race comptent aussi beaucoup ». Les enfants aimeraient bien que la télévision leur renvoie une image réelle de leur vie – à savoir qu’elle présente un plus grand nombre d’adolescents, qu’elle « colle davantage à la réalité » et, surtout, qu’elle montre davantage de personnages de toutes races en train d’interagir les uns avec les autres. Comme l’a dit une jeune latino-américaine : « Je pense que, pour moi, l’émission idéale aurait des personnages de toutes les races. Pas une émission qui ne montre que des Noirs ou des Latinos…une émission où tout le monde se reconnaîtrait. » En ce qui a trait à la minorité linguistique au Canada, il est absolument essentiel que les jeunes francophones puissent bénéficier d’une télévision française faite à leur image. Cette télévision présentera ce qu’il y aura de mieux d’une francophonie internationale et nationale, québécoise, régionale et locale, offrira des référents culturels appropriés et servira d’option naturelle et alléchante à l’anglodominance assimilatrice pour le jeune public et leurs familles. Source : Children Now, 2001, sauf les commentaires sur les minorités et les ethnies canadiennes. En quoi le statut et la situation économiques influencent-ils le développement pendant la petite enfance? Selon Berger (2000), une influence majeure serait la maltraitance des enfants. Selon lui, peu importe comment on définit ou chiffre la maltraitance, un fait demeure certain : plus le revenu familial baisse, plus elle est présente. Cela est particulièrement vrai pour la négligence et la violence physique, qui frappent le plus durement les enfants de moins de 6 ans qui vivent dans des familles dont le revenu est inférieur au seuil de la pauvreté, dont le père est sans emploi et qui comptent au moins quatre enfants. Dans ces familles, les enfants ajoutent de toute évidence aux pressions financières existantes et peuvent en conséquence en faire les frais. Aux conséquences négatives de la maltraitance cependant, il faut ajouter les autres conséquences négatives de la pauvreté, telles la malnutrition, les maladies, un manque sérieux d’opportunités en matière de scolarisation, de loisirs ou d’avancement personnel. Mais il ne faut pas conclure pour autant que la situation économique du foyer est son seul indicateur de succès au moment d’élever les enfants. Le simple fait d’être pauvre ne veut pas dire que l’influence de la famille sur le développement des enfants dans cette famille sera négative. Autant il y a des millionnaires et des célébrités qui se livrent à la maltraitance ou qui font piètre figure comme parents, autant il y a d’excellents parents que l’on pourraient qualifier de « pauvres » ou « issus de milieux défavorisés » qui serviraient de modèles à tout nouveau parent. Il faut quand même reconnaître que le tout-petit ou la toute-petite peut bien manger plus que sa juste part de Kraft Dinner, peut aussi vivre sous un toit qui coule tous ses printemps et peut bien se promener pendant une bonne partie de son enfance sur la bicyclette de son frère aîné et quand même finir par devenir un enfant, ensuite un adolescent ou une adolescente et finalement un adulte tout à fait normal et bien adapté qui réussira sa vie. Il faudrait peut-être examiner l’influence du statut et de la situation socio-économique de la famille sur le développement de la petite enfance dans le contexte de l’hiérarchie des besoins humains proposée par le psychologue américain Abraham Maslow. Comment la culture influence-t-elle les jeunes enfants? On trouve la preuve de l’influence de la culture sur le développement des habiletés cognitives dans un processus qui semble être universel. Où que ce soit dans le monde, les enfants deviennent plus habiles aux habiletés cognitives qui sont valorisées dans leur culture, au détriment d’autres intérêts ou habiletés, qui ont tendance à s’affaiblir. Ainsi les enfants des îles micronésiennes sont bien plus habiles à interpréter les signes du temps et de la navigation maritime que, disons, des enfants qui auraient grandi dans une très grande ville et qui n’y entendent généralement pas grand-chose aux différentes phases de la Lune, aux multiples types de formations nuageuses et à la provenance des coups de vent. En revanche, selon Berger (2000), les enfants de parents qui ont reçu une éducation formelle ont tendance à acquérir des habiletés qui leur seront utiles plus tard dans leurs raisonnements abstraits ou scientifiques, et les parents aiment bien répondre aux « pourquoi » de leurs enfants que d’autres parents pourraient considérer comme déplacés. Dans chaque culture, l’éducation préscolaire vise non seulement à préparer l’enfant sur le plan cognitif en vue de la poursuite de sa formation, mais elle va au-delà. Ainsi, comme la culture japonaise valorise le consensus et la conformité à l’ordre social, les établissements préscolaires japonais enseignent les comportements et attitudes appropriés aux activités de groupe : on encourage par exemple les enfants à se soucier des autres et à collaborer dans des activités collectives. Ces attitudes et habitudes sociales ont pour effet de préparer les jeunes enfants à la fois pour l’école qui suivra et par la suite pour les diverses situations qui les attendent sur le marché du travail. De même, en Chine, on combine l’apprentissage d’aptitudes collectives à un esprit de créativité dans l’expression de soi – deux principes issus de l’éthique confucéenne d’éducation rigoureuse. Aux États-Unis, en revanche, les établissements préscolaires sont souvent conçus de manière à développer chez les enfants un sens de l’assurance et de l’autonomie, et à leur inculquer de bonnes bases scolaires mettant l’accent sur les habiletés linguistiques. Étant donné que la majorité de ces établissements en Amérique du Nord relèvent du secteur privé, ils varient considérablement les uns par rapport aux autres sur le plan des règles intérieures, du programme et des valeurs (Berger, 2000). La minorité francophone au Canada travaille fort pour maintenir ses acquis. La communauté francophone au Québec comme à l’extérieur du Québec veut assurer que la langue française soit non seulement transmise aux futures générations de francophones mais aussi que le français soit la langue de la société en autant que ceci soit possible. Sans doute, ceci est plus possible au Québec ou au Nouveau- Brunswick que, disons, en Saskatchewan. En plus, on veut transmettre la culture et des valeurs dites francophones aux enfants, ce qui est possible, même dans un milieu anglo-dominant comme celle des Prairies. Cela demande, bien entendu, une infrastructure communautaire, un engagement de la part des parents et un certain effort de leur part. Mais serait-il plus difficile ou plus irréaliste pour les parents francophones de réaliser cette aspiration pour leurs enfants que de voir les parents des Îles micronésiennes partager avec leur progéniture, dans cette ère de la science moderne, l’ancien art de l’interprétation des signes de la nature pour prédire la météo? On observe une grande diversité selon les cultures en ce qui concerne certaines perceptions de la famille, notamment en ce qui concerne le rôle du père, le niveau d’accessibilité des familles à des systèmes de soutien, et la façon dont on doit discipliner les enfants. Quelle influence la classe sociale a-t-elle sur les parents et leurs façons d’élever les enfants? On a relevé, selon Santrock (1999), dans la plupart des pays occidentaux, des différences dans la façon d’élever les enfants selon la classe sociale. Les parents de classe ouvrière ou à faible revenu accordent souvent une grande valeur à des traits extérieurs comme l’obéissance et la propreté. Par contraste, les familles des classes moyennes accordent souvent plus de valeur à des traits intérieurs, comme la maîtrise de soi et l’attente d’une récompense. Il y a des différences selon les classes sociales non seulement dans les valeurs sur l’éducation des enfants mais aussi dans les comportements des parents. Les parents des classes moyennes vont davantage expliquer les choses, donner des félicitations verbales, motiver leurs sanctions disciplinaires et poser des questions à leurs enfants. En revanche, les parents à faible revenu ou provenant de la classe ouvrière ont plus tendance à discipliner leurs enfants en leur donnant des châtiments corporels et à les critiquer. Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 51 Dessins d’enfants Le Journal de l’élève te donne ici la possibilité de réunir, d’analyser et de présenter un portfolio de dessins réalisés par des enfants. Note que la plupart des communautés francophones ont des garderies ou des prématernelles qui pourraient t’aider à bâtir ce portfolio. Bien sûr, si tu as des petits frères ou des petites soeurs chez toi ou si tu gardes des tout-petits utilise leurs dessins. Page 52 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 Mon anthologie Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4 – Page 53 Mes notes de cours Page 54 – Psychologie 30 – Journal de l’élève – Unité 4