effet_du_bruit_en_milieu_de_travail_Effet auditif du

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04/04/2007
Les effets du bruit sur la
santé.
Rappel des normes et état des lieux a bord de la
Plateforme DIDON
Réaliser par : Dr Alaeddine SAHNOUN,
Médecin à bord de la Plateforme
Ce travail est une revue de la littérature qui porte sur les effets du bruit sur la santé, il
rappel les répercussions auditive, cardiovasculaire, endocrinienne, mentale et
psychologique sur les agents qui travaillent et vivent dans un environnement bruyant.
Vous y trouverez, selon les recommandations de OMS, un rappel des normes et les
résultats des mesures des niveaux sonore mesurés le 2/4/2007 dans le « cartier vie » et à
l’intérieure des cabines d’habitation.
Ceci n’est en aucun cas une audite mais vu l’urgence de la situation c’est un rappel des
risques que nous encourons dans la Platform DIDON.
Il est a noté que ces nuisances existaient avant le 22/03/07 mais ils ont augmentés
depuis pour atteindre un point critique.
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Effet auditif du bruit
A la naissance, l’oreille interne est entièrement développée et possède toutes ses
cellules ciliées, cellules de soutènement et fibres nerveuses. Contrairement à la plupart des
autres tissus de l’organisme, les cellules ciliées et les fibres nerveuses des mammifères ne
se régénèrent pas si elles sont endommagées .La réaction de l’oreille humaine au son
dépend à la fois de la fréquence du son (mesurée en Hertz, Hz) et de la pression acoustique
(mesurée en décibels, dB).
Les effets du bruit sur l'audition vont de la simple fatigue auditive à la surdité totale.
Si le seuil de douleur se situe à partir de 120 dB, le danger existe bien avant. Sans être
alarmés par le bruit nous le subissons de manière irréversible sans nous en rendre compte.
Ainsi quelques minutes d'exposition à un bruit de 105 dB causent un dommage irrémédiable
sans signe avant coureur.
La fatigue sonore
Cette fatigue nous pouvons la ressentir lorsque nous quittons le site bruyant. Elle se
traduit par une impression de sifflements ou de bourdonnements appelée acouphènes. Ces
derniers sont la conséquence des bruits intenses qui provoquent la vibration excessive du
liquide de l'oreille interne qui froisse ou casse les cellules de Corti (ciliaire).
La fatigue est caractérisée par une élévation du seuil de perception. Les sons les plus
faibles ne sont plus entendus. Ces symptômes disparaissent le plus souvent en quelques
heures, voire au bout de deux jours si la nuisance est éliminée, mais à l’encontre des
milieux professionnels habituel ou le travail dans le bruit ne dure que 8heures la nuisance
sonore dans la Platform est constante donc un récupération auditive est impossible et la
fatigue auditive s’accumule ce qui conduit à une diminution progressive et irrémédiable de
l’acuité auditive.
Diminution de l'acuité auditive
La diminution de l'acuité auditive, appelée hypoacousie, peut être provoquée par un
traumatisme aigu ou non.
Le traumatisme prolongé provoque une détérioration progressive de l'audition, suite à
l'exposition à un bruit ou à un son d'une intensité comprise entre 85 et 130 décibels.
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Le danger apparaît à partir de 85db et varie selon la durée et l'intensité de
l'exposition : plus l'intensité est forte, plus le danger survient après courte durée d'exposition.
Une intensité faible est dangereuse, si l'écoute est longue et répétée. Les bruits impulsifs
sont dangereux à des seuils d'intensité plus bas que les sons continus.
La perte d'acuité est le plus souvent graduelle et la prise de conscience intervient bien
après l'apparition du phénomène lorsque la surdité devient une gêne pour le malade
La cochlée peut-elle aussi être atteinte surtout si l'exposition dure dans le temps. Les
symptômes sont : douleurs, sifflements, sensation d'oreille cotonneuse. Les séquelles vont
de la surdité, partielle ou totale, aux acouphènes qui peuvent persister longtemps.
L’OMS stipule donc que le temps d’exposition doit être réduit si le niveau sonore est
élevé. (Tableau N°1)
Niveau sonore
Temps d’exposition maximal
85 dB(A)
8 heures/jour et 40 heures/semaine
94 dB(A)
1 heure/jour et 5 heures/semaine
100 dB(A)
15 minutes/jour et 1,25 heures/semaine
105 dB(A)
27 secondes/jour et 2,75 minutes/semaine
Tableau N°1 : Temps d’exposition maximal selon le niveau sonore
Vous constatez bien qu’à bord de la Plateforme les normes d’exposition ne sont pas
respectées, ainsi la mesure du niveau sonore devant les cabines d’habitation est de 92db(A)
à 94db(A).
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Effet non auditif du bruit
Le bruit stresse l'organisme et retentit sur le système cardiovasculaire
L'augmentation de la sécrétion des hormones de stress (noradrénaline, adrénaline, cortisol)
lors d'expositions au bruit a été constatée dans plusieurs études. Le lien entre ces hormones
et le risque cardiovasculaire est connu. (Réf N°2)
D'autre part, le bruit accélère le rythme cardiaque, entraîne une constriction des
vaisseaux, élève la tension artérielle et pourrait augmenter le risque d’infarctus.
L’institut national de santé publique et de l’environnement des Pays-Bas a publié, en
2002, un important bilan à partir de plus de cinq cents publications et quarante-trois études
épidémiologiques effectuées entre 1970 et 1999 sur la relation entre l’exposition au bruit, la
pression artérielle et l'insuffisance coronaire. Les auteurs notent une association significative
entre l'hypertension artérielle et l'exposition professionnelle au bruit et aux nuisances
sonores du trafic aérien avec augmentation du risque par augmentation du bruit.
Une étude suédoise a montré le lien entre le bruit du trafic routier et l'hypertension sur
plus de 500 personnes : entre 45 et 65 dB(A), le risque d'hypertension augmente de 38 %
pour chaque hausse de 5 dB(A).
Dejoie (Réf N°1) après analyse de 60 études internationales stipule que les cas
d'infarctus du myocarde augmentent dès que le bruit des transports autour du logement
dépasse 60 dB(A).
Le bruit perturbe le sommeil
A la différence de l'œil qui peut se soustraire à l'environnement lumineux grâce aux
paupières, l'oreille est constamment en alerte de jour et de nuit. Les bruits perçus pendant le
sommeil sont transmis au cerveau.
Le bruit perturbe le sommeil. Le niveau sonore pour passer une bonne nuit ne devrait
pas excéder 30 dB. Un bruit permanent se situant à 45 dB (Tableau N°2), par exemple,
diminue la faculté d'endormissement, augmente la fréquence des réveils nocturnes. Ainsi le
bruit nocturne déforme l’organisation du sommeil. Le temps d’apparition du sommeil est
doublé lors de l’exposition au bruit. Des éveils surviennent au cours de la nuit. Au bout de
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deux semaines d’exposition au bruit, les éveils dans la nuit, à intervalles irréguliers,
diminuent de moitié.
Les changements de stade de sommeil persistent sans éveil. L’individu se croit adapté,
mais l’organisme reste perturbé. Les bruits, qui réveillent dans la seconde partie de la nuit,
diminuent la quantité et la qualité du sommeil lent profond et empêchent la récupération de
la fatigue physique. Une diminution du sommeil paradoxal est également notée. Cette
période des rêves, indispensable à la récupération psychique, à la mémorisation, est
raccourcie jusqu’à 15 %. La durée totale du sommeil est diminuée.
L'OMS a réalisé une grande enquête dans huit villes européennes sur les relations
entre habitat et santé. Une relation entre la perturbation du sommeil par le bruit et la
survenue d’accidents domestiques est mise en évidence. 22 % des personnes rapportant un
accident ont aussi signalé des troubles du sommeil liés au bruit qui augmentent leur fatigue.
Niveau sonore
Perturbation du sommeil
30 db(A)
Sommeil confortable
35 db(A)
Perturbation de l’électroencéphalogramme
45 db(A)
Sommeil paradoxal altéré
65 db(A)
Réveil de l’adulte
75 db(A)
Endormissement impossible
Tableau n° 1 : Perturbation du sommeil selon le niveau sonore (OMS)
Dans les cabines d’habitation le niveau sonore, mesuré portes fermés donc le niveau
minimale, varie entre 68 db(A) et 73 db(A) et si vous rapportez ces résultats à ce qui a
précédé il est inutile de préciser les conditions de repos puisque les chiffres parlent d’elles
méme. Le manque de sommeil ou plus tôt la qualité médiocre du sommeil commence à se
répercuter sur le personnel de bord, ainsi le nombre de consultation dans notre service
médicale pour fatigue, céphalées, douleurs oculaire, troubles intestinaux, hémorroïde, est
remarquablement élevé pour un nombre de réduit de passager.
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Le bruit affecte la santé mentale
Une exposition prolongée pendant plusieurs jours à un environnement bruyant peut
révéler ou renforcer des symptômes tels que fatigabilité, tension et irritabilité sur un terrain
psychologique favorable. Le bruit agit comme un "catalyseur". En 2000, une étude
épidémiologique sur les troubles anxio-dépressifs autour de l'aéroport de Roissy souligne
l'augmentation de prise médicamenteuse à visée neuropsychiatrique chez les individus les
plus exposés au bruit des avions. Il n’est pas donc surprenant de voir une augmentation de
la nervosité et des conflits, ceci n’est que la conséquence prévisible de la vie dans un tel
environnement. (Réf N°4)
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Conclusion
Une production meilleur marché et plus rentable est l’un des moteurs du
développement économique. Or, on tient rarement compte de l’augmentation des nuisances
qui leurs sont associées. C’est pourquoi, bien que les mesures de réduction du bruit soient
souvent incluses dans la conception du matériel, l’augmentation du rendement entraîne une
augmentation des niveaux de bruit. A titre d’exemple, pour chaque doublement de la vitesse
des machines rotatives, l’émission de bruit augmente d’environ 7 dB, pour les métiers
chaînes de 12 dB, pour les moteurs diesel de 9 dB, pour les moteurs à essence de 15 dB et
pour les ventilateurs de 18 à 24 dB. Donc s’il faut chercher le rendement, et c’est le but de
toute industrie, il ne faut en aucun cas ignorer les effets néfaste d’une telle attitude sur la
santé des travailleurs. Il a faut les étudier et les maîtriser avant de les immerger dans cet
environnement.
La réponse à cette situation doit être urgente et immédiate car les dangers pour la
santé des agents, y compris pour le rédacteur de ce rapport, existent bel et bien au moment
où vous lisez ce document. Des actions immédiates ont lieu d’être entreprises.
Ce qui est important à rappeler est que si, psychologiquement, une adaptation au bruit
est possible, physiologiquement, le corps ne s’adapte pas et reste toujours perturbé par le
bruit, même pendant le sommeil.
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Références
1.
D.M. Dejoy, a report on the cardiovascular effect of noise. Noise control
engineering journal, 1984, 56, pp: 25-30
2.
OMS. Le bruit au travail et le bruit ambiant. Aide-mémoire n°258, Révisé
fevrier 2001
3.
R . Floru, J.J. Conokaert , effet non traumatique du bruit sur la santé, la
sécurité et l’efficacité de l’homme au travail. INRS cahier de notes documentaires n°154 1 er
trimestre 1994,
Pp : 69 -97
4.
W. Graf , F. Klam Le système vestibulaire : anatomie fonctionnelle et
comparée, évolution et développement. C .R. Palevol (2006) pp :637-655
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