La pensée, l`âme, le moi

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Avertissements
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1
La plupart des textes commentés et faisant l’objet
d’exercices sont tirés de l’anthologie publiée par les
éditions Magnard sous le titre : « La Philosophie comme
débat entre les textes ».
Les termes suivis d’un astérisque doivent pouvoir être
définis et utilisés aux diverses épreuves écrites. Je
recommande de compléter l’information lexicale en
consultant en ligne le Trésor de la langue française
informatisé que l’on trouvera sur le site : http://atilf.atilf.fr/
Je défends une conception de la philosophie comme
éducation à l’esprit critique. L’étudiant sera incité à penser
de façon autonome quelques problèmes abordés par les
maîtres du passé.
La pensée, l’âme, le moi
Pascal et Descartes :
la tradition spiritualiste
Locke, Hume et Freud :
l’empirisme et le matérialisme
(Chopin, extrait de la Ballade opus 23 en sol mineur)
Que suis-je ?
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3
Quand le dentiste vous arrache une dent, vous n’avez pas
l’impression d’être une personne différente avant et après
l’intervention. C’est que vous ne pensez pas qu’une dent soit une
partie essentielle de votre être.
S’il vous arrivait par malheur de perdre une jambe, un bras, un œil
ou les deux, lorsque vous vous retrouveriez mutilé ou handicapé,
vous seriez toujours vous-même mais vous pourriez être affecté au
point que votre caractère change.
Exercice : Resteriez vous vous-même après la transplantation d’un
cœur de porc en lieu et place de votre cœur ? Pourquoi ?
Dans le corps d’un autre…
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Imaginez que vous vous réveilliez un beau matin dans
le corps d’un autre en ayant conservé toutefois votre
cerveau. Vous voulez embrasser votre mère mais elle
ne vous reconnaît pas. Quel cauchemar !
Imaginez l’inverse : un chirurgien de science fiction a
réussi la transplantation dans votre boîte crânienne du
cerveau intact d’un jeune homme décédé. Qui se
réveille après l’opération ?
Substance* et accident*
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Les philosophes distinguent les
caractéristiques substantielles et les
caractéristiques accidentelles d’un objet.
On peut dire aussi qu’une qualité est
accidentelle si elle n’est pas essentielle.
L’ « essence* » est la définition précise d’un
être, ce sans quoi il ne serait pas lui-même.
Texte : Pascal (1623-1662), p. 4
« Je puis bien concevoir un homme sans mains, pieds, tête (car ce n'est
que l'expérience qui nous apprend que la tête est plus nécessaire que
les pieds). Mais je ne puis concevoir l'homme sans pensée: ce serait
une pierre ou une brute.
L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un
roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser:
une vapeur, une goutte d'eau, suffit pour le tuer. Mais, quand l'univers
l'écraserait, l'homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce
qu'il sait qu'il meurt, et l'avantage que l'univers a sur lui, l'univers n'en
sait rien. »
Pensées, Gallimard, Pléiade, 1976, pp. 1156-1157.
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L’identité personnelle
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7
On peut donc dire que l’essence de cet étrange
objet qu’est le moi, ce sont mes pensées, mes
idées, mes souvenirs, mes sensations, tout ce
dont je puis être, à un moment ou à un autre,
conscient.
Pour Descartes, la pensée consciente est
identique à ce que le christianisme appelle
l’âme.
Descartes (15961650)
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Descartes voudrait construire une philosophie sur le
modèle de la géométrie euclidienne : partant de
certitudes absolues (les axiomes* des géomètres acceptés
sans démonstration comme évidents), on pourrait
progresser par déductions rigoureuses.
Mais comment
trouver une
évidence en
philosophie ? Car
nous pouvons
douter de
presque tout…
8
Exercice :
Écrivez toutes les
convictions qui
vous paraissent
effectivement
douteuses !
Nous nous sommes tous déjà
trompés…
à cause de ce que nous avions
cru voir ou cru entendre ;
à cause d’un mauvais
raisonnement ;
à cause de l’imperfection
de notre mémoire ;
9
à cause de ce que des amis,
des parents, de simples
connaissances nous avaient
dit ;
à cause des médias,
d’informations erronées
diffusées par les
journaux, la radio, la
télévision ;
Exercice : Proposez un exemple personnel pour chacune de
ces sources d’erreurs.
De quoi pouvons-nous douter ?
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Selon Descartes (Cf. texte 7), je peux douter :
–
–
–
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de ce que les autres me disent,
de ce que je vois, de ce que j’entends, du monde extérieur,
de ce que j’ai en mémoire,
de mes sensations internes
Lorsque je rêve, je suis certain de vivre la réalité. Et si
ce que je pense être la réalité n’était qu’un rêve ?
Il y a cependant une chose dont je ne puis pas
douter, c’est que je pense et si je pense, c’est bien
que j’existe.
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Texte : Descartes, le cogito
« (...) Je pris garde que, pendant que je voulais ainsi penser
que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui le
pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette
vérité : je pense donc je suis, était si ferme et si assurée que
toutes les plus extravagantes suppositions des sceptiques*
ne pouvaient l’ébranler, je jugeai que je pouvais la recevoir
sans scrupule pour le premier principe de la philosophie
que je cherchais. »
Discours de la Méthode, IVe partie, 1637.
Descartes a trouvé l’axiome* de sa philosophie.
Exercice : les mathématiques sont-elles pour vous un modèle
absolu de vérité ? Interrogez votre professeur de mathématiques à
propos de la pluralité des géométries.
11
Le spiritualisme* cartésien
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Je peux douter de tout sauf de ma propre pensée.
Il s’ensuit pour Descartes que, même si rien
n’existait, ma pensée (mon esprit, mon âme)
existerait encore.
Il y a donc une réalité spirituelle (spiritus = esprit)
complètement indépendante de la réalité
matérielle.
Nous trouvons ici un exemple caractéristique de
.
12
Texte : Descartes, p. 3.
« Puis, examinant avec attention ce que j'étais, et voyant que je pouvais
feindre que je n'avais aucun corps et qu'il n'y avait aucun monde ni aucun
lieu où je fusse, mais que je ne pouvais pas feindre pour cela que je
n'étais point, et qu'au contraire, de cela même que je pensais à douter de
la vérité des autres choses, il suivait très évidemment et très
certainement que j'étais, au lieu que, si j'eusse seulement cessé de
penser, encore que tout le reste de ce que j'avais jamais imaginé eût été
vrai, je n'avais aucune raison de croire que j'eusse été, je connus de là que
j'étais une substance dont toute l'essence ou la nature n'est que de
penser, et qui pour être n'a besoin d'aucun lieu ni ne dépend d'aucune
chose matérielle ; en sorte que ce moi, c'est-à-dire l'âme, par laquelle
je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps, et même
qu'elle est plus aisée à connaître que lui et qu'encore qu'il ne fût point,
elle ne laisserait pas d'être tout ce qu'elle est. »
Discours de la Méthode, IVe partie, 1637.
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Un paralogisme
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Nous admettrons avec Descartes qu’il serait
absurde de douter de notre propre existence.
Cependant, le raisonnement qui établit
l’indépendance de la pensée par rapport à la
matière n’est pas concluant. C’est un paralogisme*
:
–
–
–
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Descartes affirme : Je pense alors même que rien n’existe.
Il devrait se contenter de dire : Je pense alors même que
j’imagine que rien n’existe.
Car si rien n’existait, n’ayant aucun cerveau, je ne
pourrais évidemment pas penser que rien n’existe.
* Faux raisonnement, fait de bonne foi (par oppos. à sophisme*); argument
fallacieux.
Le matérialisme*
Un matérialiste est convaincu qu’il n’y a pas d’autre monde
que l’univers composé de matière.
La pensée est le résultat de l’activité d’un organe matériel (le
cerveau) tout comme le mouvement de mon bras est le
résultat de l’activité de mes muscles.
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Imaginer une pensée sans cerveau est aussi absurde
qu’imaginer un mouvement du bras sans bras !
Texte 9 :
, p. 5
(Saint-Malo 1709 - Berlin 1751)
Médecin et philosophe français. Son matérialisme et la remise en cause des
valeurs morales qui en découle firent scandale ; il trouva refuge en Prusse
auprès de Frédéric II (l'Homme-machine, 1748).
« Je crois la pensée si peu incompatible avec la matière
organisée qu'elle semble en être une propriété, telle
que l'électricité, la faculté motrice, l'impénétrabilité,
l'étendue, etc. »
Julien Offray de La Mettrie , L'Homme-machine, 1748
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Texte : Du cerveau à l’esprit
« Le but des neurosciences est d'expliquer comment fonctionne le cerveau
et de répondre à terme à la question : comment de la matière vivante
parvient-elle à produire de la pensée ? Poser ainsi la question, c'est déjà
admettre que c'est bien le cerveau qui produit les idées. Et, de fait, cette
optique matérialiste est aujourd'hui partagée par l'immense majorité des
philosophes et des scientifiques. Tous admettent que la pensée est inscrite
dans le cerveau, que les idées s'expriment par le biais d'interconnexions
neuronales. On refuse de croire aujourd'hui au dualisme, à l'existence de
deux mondes séparés : d'un côté l'esprit, de l'autre la matière, comme le
pensait Descartes. »
Dornier, J.F. in « Philosophies de notre temps », p. 229
Selon l’auteur de ce texte, peut-on dire que les
scientifiques actuels sont matérialistes ? Êtes-vous
d’accord ?
 De nos jours, quelles institutions défendent le dualisme
et le spiritualisme ?
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L’empirisme*
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Ce que nous pensons est le résultat de l’activité de
notre cerveau qui produit des idées. Mais d’où celui-ci
tire-t-il la matière première de nos idées ?
Toutes nos idées proviennent à la base de nos organes
des sens qui nourrissent le cerveau de perceptions. C’est
la conviction des empiristes.
Être conscient de soi, c’est toujours avoir une
perception, une sensation interne ou externe. Sans
corps, et donc sans perceptions, nous ne pourrions
avoir une conscience.
Préparons le commentaire du texte de
John Locke
1.
2.
3.
4.
19
Lisez le texte attentivement en marquant les
concepts essentiels à l’argumentation de
l’auteur;
Résumez l’argumentation par écrit sans garder le
texte sous les yeux ;
Formulez une thèse contraire à celle de l’auteur ;
Donnez votre avis et justifiez-le par des exemples
des observations personnels.
Texte : John LOCKE, p. 8.
20
« La première chose qui se présente à examiner, c'est : Comment
l'homme vient à avoir toutes ces idées ? Je sais que c'est un sentiment
généralement établi, que tous les hommes ont des idées innées, certains
caractères originaux qui ont été gravés dans leur âme, dès le premier
moment de leur existence.
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une
table rase, vide de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit.
Comment vient-elle à recevoir des idées?(...) D'où puise-t-elle tous ces
matériaux qui sont comme le fond de tous ses raisonnements et de toutes
ses connaissances? À cela je réponds en un mot, de l'expérience: c'est là le
fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles tirent leur
première origine. Les observations que nous faisons sur les objets
extérieurs et sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme,
que nous apercevons et sur lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes,
fournissent à notre esprit les matériaux de toutes ses pensées. Ce sont là
les deux sources d'où découlent toutes les idées que nous avons, ou que
nous pouvons avoir naturellement. »
Essai philosophique concernant l'entendement humain, 1690
Hume, David (17111776)

Philosophe écossais qui est probablement le représentant le plus
illustre du scepticisme* en philosophie.

Pour Hume, tous nos jugements rationnels sont des associations entre les
perceptions successives auxquelles nos organes des sens nous donnent
accès. Nous retrouverons cette idée dans le chapitre consacré à la
connaissance.
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21
Dans le texte suivant, le philosophe en tire toutes les conséquences pour
ce qui concerne le moi, ou la personne. De nous-mêmes, nous ne pouvons
effectivement connaître que ce qui résulte de sensations ou de
perceptions internes ou externes.
Texte : David HUME, p. 3.
«Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que
j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur
une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou
de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en
aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la
perception. Quand mes perceptions sont écartées pour un temps,
comme par un sommeil tranquille, aussi longtemps, je n'ai plus
conscience de moi et on peut dire vraiment que je n'existe pas. Si
toutes mes perceptions étaient supprimées par la mort et que je ne
puisse ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr après la
dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne
conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi un parfait
néant. Si quelqu'un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale,
qu'il a, de lui-même, une connaissance différente, il me faut l'avouer,
je ne peux raisonner plus longtemps avec lui. »
22
Traité de la nature humaine, 1739
Empirisme et matérialisme
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23
Le matérialisme est une conviction métaphysique* (il
n’y a qu’une seule réalité, i.e. la matière) naturellement
liée à une théorie de la connaissance empiriste.
Pour un spiritualiste comme Descartes, au contraire,
certaines idées sont de la pensée pure. Nous n’avons
jamais, par exemple, fait l’expérience de Dieu mais
nous en avons l’idée. L’idée de Dieu est innée*.
Exercice : Selon vous, que pourrait répondre à cela un
matérialiste ?
De nombreuses idées sont le résultat d’une
imprégnation* culturelle…
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Le matérialiste-empiriste pense que notre idée de Dieu
n’est pas innée. Elle provient des représentations que
les adultes nous en ont proposées depuis notre tendre
enfance et c’est pourquoi elle varie selon les cultures.
De la même façon, nous avons forgé les idées d’un
cyclope ou d’une sirène sans que nous puissions avoir
une expérience directe d’êtres de cette nature.
Exercice : « Si quelqu’un est matérialiste, il sera nécessairement empiriste. En
revanche, un empiriste n’est pas nécessairement un matérialiste. » Discutez.
24
Texte : Daniel Dennett
L’héritage du célèbre dualisme cartésien
25
Il est impossible de me séparer de mon corps en laissant une tranche bien nette,
contrairement à ce qu'ont pu penser un grand nombre de philosophes. Mon corps contient
autant de moi que n'en contient mon système nerveux : autant de valeurs, de talents, de
mémoire, de dispositions qui font de moi ce que je suis.
L'héritage du célèbre dualisme cartésien de l'âme et du corps s'étend bien au-delà des
cercles académiques pour toucher la pensée quotidienne : « Ces athlètes sont prêts, aussi
bien mentalement que physiquement », ou « Ton corps marche parfaitement — c'est dans
ton esprit que ça se passe ». Même parmi ceux d'entre nous qui s'opposent au dualisme
cartésien, il existe une tendance manifeste à considérer l'esprit (c'est-à-dire le cerveau)
comme le patron du corps, le pilote dans le navire. Quand nous nous laissons séduire par
cette opinion courante, nous oublions cette autre voie, combien importante : on peut
considérer le cerveau (et par conséquent l'esprit) comme un organe parmi d'autres, un
usurpateur qui se charge de la régulation depuis une date assez récente, et dont on pourra
comprendre le fonctionnement quand on ne verra plus en lui le patron, mais simplement un
des multiples serviteurs travaillant à servir les intérêts de ce corps qui le protège et le
nourrit, et donne du sens à ses activités.
DENNETT, Daniel, La diversité des esprits, Paris : Hachette, 1998, pages 106 – 107.
L’âme des
bêtes
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26
La question de la pensée animale est un autre objet
de dispute entre matérialistes et spiritualistes.
Pour des motifs religieux, il est hors de question dans
notre culture judéo-chrétienne d’accorder une âme
aux bêtes.
Si, comme Descartes, nous assimilons l’âme et la
pensée, nous serons alors logiquement conduits à nier
que les animaux pensent.
Pour beaucoup de matérialistes, les hommes ne sont
cependant pas autre chose que des animaux ayant
bénéficié d’un développement cérébral particulier qui
a permis à l’espèce humaine de conquérir la planète.
De l’intelligence ou de la pensée ?
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Exercice :
Observez les
volatiles du film.
En quoi leur
comportement
démontre-t-il
une capacité à
penser ?
Cliquez ici voir le film
Les animaux
pensent-ils ?
Thèses du rationalisme spiritualiste :
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Bien qu’ils soient pourvus d’organes
des sens pareils aux nôtres, les
animaux, n’ayant pas d’âme, ne sont
pas doté de la faculté de penser
rationnellement et de délibérer.
Pour Descartes, les animaux sont des
machines réagissant à leurs
émotions ou à leurs passions*.
Les animaux sont incapables de
parler « à propos ». Ils émettent des
bruits qui ne sont que des réactions
aux émotions.
Le rêve n’est pas de la pensée.
Thèses de l’empirisme matérialiste :
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Les animaux possèdent un cerveau
qui traite les informations des
organes des sens. On peut donc dire
qu’ils pensent.
Le cerveau humain est sans doute
particulièrement performant mais il
ne fonctionne pas selon des principes
différents des cerveaux d’autres
espèces animales.
Les animaux ont un langage même
s’ils n’ont pas la parole.
Les animaux rêvent et le rêve est
bien une forme de pensée.
Exercice : imaginez un dialogue entre un proposant persuadé que les animaux ne
pensent pas et un opposant qui tente de le convaincre du contraire.
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La pensée se limite-t-elle à la
pensée consciente ?
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29
À l’époque de Descartes, une expression telle
que « pensée inconsciente » aurait été perçue
comme une contradiction dans les termes.*
Pourtant, le cerveau élabore des idées à notre
insu. L’opinion est aujourd’hui généralement
acceptée que les pensées conscientes ne
constituent que la partie visible d’un iceberg
figurant la totalité de l’activité mentale dont la
plus grande partie resterait immergée.
L’inconscient
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Freud (1856 – 1939) va montrer que notre pensée
(nos croyances, nos émotions, nos raisonnements,
notre imagination…) n’est pas seulement le résultat de
délibérations conscientes. Notre vie psychique*
dépend largement de motifs inconscients.
Nous trouvons des traces de l’inconscient dans les
rêves, les actes manqués ou les lapsus.
Le psychanalyste tente d’exhumer les éléments
inconscients qui perturbent notre vie psychique et
sont à la base des névroses*.
Texte : Freud, p. 13.
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« Pour bien comprendre la vie psychique, il est indispensable de cesser
de surestimer la conscience. Il faut(...) voir dans l'inconscient le fond de
toute vie psychique. L'inconscient est pareil à un grand cercle qui
enfermerait le conscient comme un cercle plus petit. Il ne peut y avoir de
fait conscient sans stade antérieur inconscient, tandis que l'inconscient
peut se passer de stade conscient et avoir cependant une valeur
psychique. L'inconscient est le psychique lui-même et son essentielle
réalité. Sa nature intime nous est aussi inconnue que la réalité du
monde extérieur, et la conscience nous renseigne sur lui d'une
manière aussi incomplète que nos organes des sens sur le monde
extérieur. »
L'interprétation des rêves, trad. I. Meyerson, PUF, 1971, pp.519-520.
Exercice : Expliquez en la développant l’analogie que propose Freud entre la
conscience et les organes des sens.
Le moi, le ça, le sur-moi
Texte 14 : Freud, p. 17.
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Freud souligne que le moi conscient n’est qu’une petite
partie de la personne qui est aussi déterminée par
toutes les forces de l’inconscient (le « ça ») ainsi que
par l’ensemble des pressions sociales intériorisées (le
« sur-moi »).
« Que veut le psychanalyste, en effet ? Ramener à la
surface de la conscience tout ce qui en a été refoulé. Or
chacun de nous a refoulé beaucoup de choses que nous
maintenons peut-être avec peine dans notre
inconscient. »
Cinq leçons sur la psychanalyse
« Connais-toi toi-même ! »
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Quand nous réfléchissons à ce que nous sommes, nous nous
trouvons toujours au carrefour de différentes dimensions : notre
apparence physique, nos perceptions et nos sensations, nos
intentions et nos projets, notre raison, nos pulsions instinctives,
nos impulsions et nos désirs, les sociétés dont nous sommes
membres et les langues que nous avons apprises, notre histoire et
nos rapports avec autrui.
Tous ces facteurs constituent un individu unique, une personne.
La fameuse injonction inscrite au fronton du temple de Delphes
« Connais-toi toi-même ! » dont Socrate avait fait sa devise sera
sans doute toujours un objectif idéal en même temps qu’une tâche
perpétuellement inachevée pour les philosophes de toutes les
époques.
(Scarlatti, extrait de la Fugue du chat, en sol mineur K 30)
Fin du premier chapitre
Le deuxième chapitre
sera consacré à la
philosophie du langage.
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