Opération N° 6 : Microphotonique Opération n° 6 MICROPHOTONIQUE X. Letartre, Chargé de Recherche CNRS P. Viktorovitch, Directeur de Recherche CNRS. Responsables : Permanents Ségolène Jean-Louis Xavier Philippe Pedro Christian Pierre CALLARD LECLERCQ LETARTRE REGRENY ROJO ROMEO S EASSAL VIKTOROVITCH Doctorants Post-doctorants, Visiteurs MdC CR CNRS CR CNRS IR CNRS MdC CR CNRS DR CNRS 10 % 20 % 70% 10% 30% 60% 50% Christian Christelle Josselin G RILLET MONAT MOUETTE Thèse en 2002 Thèse en 2003 Thèse en 2004 Jérôme DANGLOT Post-doctorant Mots clés : cristaux photoniques, microcavités, microguides, microlasers, intégration photonique. Contexte et objectifs Cette thématique de recherche a démarré en 1997 avec le soutien du Programme ULTIMATECH du CNRS et d’un programme pluriannuel de la Région Rhône-Alpes. Bien que de caractère prospectif, cette thématique a évolué rapidement, en termes de maîtrise de nouvelles briques technologiques et de définition des domaines d’application visés. Elle a donc fait l’objet de nouvelles Opérations de recherche du laboratoire, notamment la présente Opération « Microphotonique », mais également l’Opération « Interconnections optiques » créée en 2002. D’une manière générale, il s’agit de mettre en œuvre des fonctions optiques telles que la commutation, le couplage directionnel, le filtrage, dotées en outre de la caractéristique très recherchée que constitue l’accordabilité en longueur d’onde, selon des technologies garantissant un très faible encombrement spatial. La génération et le traitement du signal optique doivent s’opérer en maintenant la lumière confinée sur quelques micro-mètres en vue d’assurer la possibilité d’intégration photonique pour la réalisation de fonctionnalités complexes sur une seule puce. Cela implique naturellement de pouvoir intégrer également des dispositifs optiques actifs (sources, détecteurs) sur cette même puce. Les applications potentielles actuellement envisageables concernent en particulier les Télécommunications Optiques et les Interconnections Optiques (entre autres pour la microélectronique). Dans ce contexte et compte tenu des objectifs visés, les travaux du LEOM ont porté sur la réalisation de dispositifs conçus aussi bien à partir de structures de guidage à fort contraste d’indice que de cristaux photoniques 2D (BIP 2D), sachant que l’essentiel des efforts a tendance à se concentrer sur ces derniers. Dans la direction verticale, les photons sont confinés soit dans une fine membrane de semiconducteur suspendue dans l’air ou reportée (collaboration LETI/CEA) sur un substrat de faible indice (essentiellement SiO2). Au cours des dernières années nous avons démontré expérimentalement les principales briques technologiques de l’optique intégrée à base de cristaux photoniques (microcavités, guides, couplage guide-cavité, micro-sources). Le « clou » de l’année 2001-2002 a été la production de divers types de micro-lasers dans la filière InP reportés sur SOI (silicium sur isolant) : il s’agit des plus petits dispositifs jamais produits (1 à 2 µm de diamètre) à pompage optique quasi continu émettant autour de 1,5µm à la température ordinaire (émission dans le plan et fonctionnement en optique guidée) ; le LEOM est pionnier au plan Européen en la matière. Ces travaux ont mobilisé d’importants efforts en matière d’élaboration technologique, principalement dans la centrale du LEOM (épitaxie des matériaux III-V, lithographie électronique, microtechnologies), ainsi que sur PLATO (collage par adhésion moléculaire, lithographie électronique). Ils ont été conduits dans divers cadres contractuels de collaboration au plans régional (LEMO/IMEP, LPM/INSA Lyon, Rapport d’activité 2002 du LEOM 71 Opération N° 6 : Microphotonique TSI/Saint-Etienne, LTM, DRFMC/CEA, LETI/CEA, ST-Microelectronics) et national (GES/Montpellier, IRCOM/Limoges, LPN/Bagneux, Ecole Polytechnique, IEMN/Lille, Alcatel-Optronics,…). En résumé, le LEOM est l’un des promoteurs de la réalisation de BIP 2D sur membranes suspendues (ou reportées sur substrat de faible indice, tel que la silice sur silicium ou SOI) en semiconducteurs composés III-V. Bien qu’il se soit engagé relativement récemment sur ce thème, il fait désormais partie des tous premiers groupes internationaux et joue un rôle clef dans la préparation en cours du 6ème Programme Cadre Européen. Le LEOM aura donné, dans la période juin 2001-juin 2002, 4 conférences internationales invitées sur le sujet. Dans le développement qui suit, nous résumons les principaux résultats obtenus au cours de la dernière période, concernant l’étude et la fabrication de micro-dispositifs pour l’optique intégrée (guidée) : microlasers, guides à base de cristaux photoniques, couplage guide-cavité. Avant les Perspectives, nous consacrons un dernier chapitre aux plus récents développements qui concernent la mise en œuvre des cristaux photoniques 2D pour la manipulation spatiale et spectrale de photons aussi bien dans le plan du cristal (optique guidée) que dans la troisième direction de l’espace (espace libre ou fibre optique). Rapport d’activité 2002 du LEOM 72 Opération N° 6 : Microphotonique Micro-lasers à cristaux photoniques 2D en InP sur silicium C. Monat, C. Seassal, X. Letartre, P. Regreny, P. Rojo Romeo, P. Viktorovitch Collaborations : GES (D. Cassagne, J.P. Albert), CEA/LETI/DTS (E. Jalaguier, S. Pocas, B. Aspar) Soutien : Programmes Région Rhône-Alpes 1997-2000 et 2000-2003 Cristal photonique III-V Parmi les différents résultats obtenus, citons que l’on a pu atteindre un régime d’émission laser pour un seuil de 250 µW, sous pompage optique pulsé, à température ambiante, avec des microcavités hexagonales de 2 à 5 µm de « diamètre ». Pour la plus petite cavité, nous sommes parvenus à identifier clairement les modes résonants expérimentaux avec les modes calculés par la méthode des ondes planes (collaboration avec le GES), et en particulier le mode laser. 0.40 10 0.35 L 1554 0.25 4 ~2mW 2 0 0.20 0.15 0.10 Q~650 0.25mW 0.05 -2 -4 -6 -8 0.00 1300 8 6 0.30 Intensité PL Les Cristaux Photoniques 2D (CP 2D) à fort confinement optique vertical sont bien adaptés à la réalisation de microsources photoniques très compactes. Ils peuvent en effet constituer d’efficaces microrésonateurs qui contrôlent l’émission spontanée de milieux émetteurs de type puits ou îlots quantiques. En outre, il est possible de configurer de telles structures afin d’émettre des photons confinés dans le plan des couches, ce qui est bien adapté pour des application dans le domaine des interconnexions optiques intra-puce. Après une première étape où nous avons étudié les propriétés optiques de défauts hexagonaux dans des CP 2D de symétrie triangulaires, nous avons recherché les conditions nécessaires à l’obtention de l’émission laser sous pompage optique. En particulier, nous avons exploité des hétérostructures à fort gain optique (multi-puits quantique InAsP/InP) ; leur report sur substrat hôte de silicium (collaboration avec le LETI) a permis de réduire les problèmes d’échauffement lors du pompage ; enfin, nous avons amélioré les procédés de réalisation des CP 2D. -10 1400 1500 1600 Longueur d'onde (nm) Spectres d ’émission spontanée (en bas) et stimulée (en haut) d ’une cavité H2 (image MEB en insert) SiO 2 Substrat Si Schéma de la configuration d’un CP 2D reporté sur silicium Deux types de résonateurs ont été étudiés : • Des cavités hexagonales de taille variable : de « H1 » à « H5 » (de « diamètre » de 1 à 5 µm). Le cristal photonique est de facteur de remplissage variable (typiquement entre 0.3 et 0.6). Le paramètre de maille du cristal photonique de symétrie triangulaire est d’environ 500 nm, ce qui permet d’exploiter une large bande interdite photonique autour de 1.5 µm. • Des cristaux photoniques parfaits, sans défaut, pour lesquels on exploite une bande permise particulièrement « plate », c’est à dire correspondant à zone de forte densité d’états, ou encore une vitesse de groupe très faible. Ces structures originales sont destinées à réaliser une émission lumineuse amplifiée sans cavité. Vue MEB de la cavité H2, et répartition spatiale du champ électromagnétique du mode laser (dégénéré) simulé par la méthode des ondes planes Nous avons déterminé le taux de variation de la longueur d’onde des modes pour chaque taille de cavité réalisée. Ce taux est d’autant plus élevé que la cavité est de petite taille. Ceci s’explique simplement en considérant qu’en première approximation, lorsque l’on modifie le diamètre des trous, la variation relative de la taille de la cavité est plus importante pour une Rapport d’activité 2002 du LEOM 73 Opération N° 6 : Microphotonique 4,0 150 Q~750/800 2.1mW 3,0 50 2,0 0 1,5 -50 1,0 0.8mW -100 0,5 -150 0,0 zone de Brillouin, les photons générés sont sur un mode dont la vitesse de groupe correspondante est presque nulle, et dont le facteur de qualité est élevé. Ce mode est situé sous le cône de lumière (voir figure ci-dessous), et est donc théoriquement parfaitement confiné dans le plan du CP. On obtient donc un phénomène de stockage et d’amplification optique sur des modes de Bloch du CP, sur le lieu où l’on effectue le pompage optique. Par un phénomène analogue à celui régissant le fonctionnement des lasers DFB, ici pour des structures 2D et très fortement corruguées, nous avons obtenu un effet d’émission laser autour de 1.5 µm à température ambiante, pour une zone de pompage aussi peu étendue que 3 µm. 100 2,5 1350 Intensité PL (u.a.) 3,5 Intensité PL (u.a.) petite cavité. Une grande cavité est donc plus robuste vis à vis des fluctuations des paramètres technologiques. Enfin, nous avons réduit le seuil d’émission laser en accordant la longueur d’onde du mode optique avec le maximum du gain optique du milieu émetteur. Nous avons aussi réalisé une structure CP 2D sans défaut, en accordant spectralement le bord de bande de valence avec la zone de gain. Plus précisément, en exploitant la zone de très forte densité d’états optiques du point critique K de la 1400 1450 1500 1550 1600 1650 Wavelength (nm) Spectres d’émission spontanée (en bas) et stimulée (en haut) d'’un CP 2D Signalons enfin que, dans le cas particulier de la cavité H1, le coefficient de surtension (Q) des modes de cavité confinés latéralement (environ 150) n’est pas suffisamment fort pour générer un effet laser. Par contre l’émission stimulée a pu y être atteinte, là encore en exploitant des modes de Bloch en bord de bande de valence, présentant un Q de l’ordre de 650. Mode à fort Q Stucture de bandes du CP 2D. La zone grise représente le cône de lumière de l’air (superstrat optique). Les lignes en tirets correspondent à la ligne de lumière du SiO2 (substrat optique) Vue MEB du CP 2D exloité comme laser à mode de Bloch Rapport d’activité 2002 du LEOM 74 Opération N° 6 : Microphotonique Micro-guides à cristaux photoniques sur membrane semiconductrice C. Grillet, X. Letartre, P. Rojo Romeo, C. Seassal, , P. Viktorovitch Collaborations : GES, LPN, PMC, LPM, IEMN, IMEP, Optronics Soutien : Programme Région Rhône-Alpes 1997-2000, Programme CNRS « Télécommunications » 1999-2001, Programme RMNT CRIPOINT 2001-2003 Le développement d’une optique intégrée à base de cristaux photoniques 2D (CP2D) passe par la conception et la réalisation de guides optiques performants. Ces derniers sont obtenus en réalisant un défaut linéique dans le réseau périodique 2D. Dans un tel guide, le confinement latéral des photons est assuré par la Bande Interdite Photonique (BIP) alors que le confinement vertical est obtenu grâce au saut d’indice entre la membrane semiconductrice (Si ou III-V) et un milieu de faible indice (air ou SiO2). Guide d ’onde Filtre add add-drop groupe de quelques fois à quelques dizaines de fois la vitesse de la lumière dans le vide ont été mesurées. Cette possibilité de contrôler à sa guise la courbe de dispersion des photons permet d’imaginer des fonctions optiques intégrées nouvelles: correction de la dispersion chromatique, fonctions optiques exploitant les concepts de l’optique non-linéaire… Membrane haut indice (Si, SC III-V…) Milieu faible indice (air, SiO 2…) Source Source laser laser Comparaison entre le spectre de PL d’un guide W1 fermé et Substrat Schéma de principe d’un circuit photonique à base de CP2D. Nous avons été parmi les premiers à démontrer le principe du guidage BIP sur une membrane d’InP suspendue. La caractérisation par photoluminescence (PL) de guides BIP fermés a permis la détermination expérimentale des propriétés (vitesse de groupe, pertes) des modes guidés de W1 (guide obtenu par l’omission d’une ligne de trous). W1 W1 modifié Fig.2 : Micrographies électroniques de structures guide BIP fermées (W1 « standard » et design modifié) Un excellent accord avec les structures de bande calculées a été obtenu. Des vitesses de les courbes de dispersion des modes guidés obtenues par un calcul 3D de type onde plane. Les oscillations Fabry-Pérot observées sont la signature des modes. De par l’épaisseur limitée des structures à CP2D, le problème des pertes par diffraction dans la direction verticale est essentiel. Dans la structure W1 « standard », des pertes relativement importantes ont été mesurées (0.15dB/µm). Nous nous sommes donc concentrés sur de nouveaux designs pour limiter les pertes de propagation. Nous avons montré, théoriquement (en collaboration avec le GES) et expérimentalement, qu’il était possible d’obtenir des guides monomodes sur une large gamme spectrale (~100 nm) et présentant des pertes de propagation théoriquement nulle (courbe de dispersion sous le « cône de lumière »). Notons que ces propriétés ne sont accessibles que grâce au fort contraste d’indice vertical utilisé. Expérimentalement, des pertes inférieures à 0.04dB/µm ont été mesurées. Ces performances, bien qu’inférieures à celles espérées, permettent un libre parcours moyen d’environ 100µm, bien suffisant pour la réalisation de fonctions complexes à base de CP2D. Ces résultats ouvrent la voie à une microphotonique extrêmement compacte à base de cristaux photoniques sur membrane. Rapport d’activité 2002 du LEOM 75 Opération N° 6 : Microphotonique Couplage microcavité-guide à cristaux photoniques C. Grillet, C. Seassal, X. Letartre, P. Rojo Romeo, P. Viktorovitch Collaborations : GES, LPN, PMC, LPM, IEMN, IMEP, Optronics Soutien : Programme CNRS « Télécommunications » 1999-2001, Programme RMNT CRIPOINT 2001-2003 0,4 Intensité (u.a.) Après avoir étudié les briques de base nécessaires au développement des circuits intégrés photoniques à base de cristaux photoniques 2D (CP2D), il est nécessaire d’envisager le couplage entre ces éléments. Nous avons étudié, de manière expérimentale, le couplage entre un guide d’onde et une microcavité. Les résultats obtenus ont ensuite été interprétés à partir d’une approche phénoménologique, puis comparés à des simulations numériques. La configuration typique de l'objet que nous avons conçu et réalisé est présentée sur l’image MEB ci-dessous. Il s’agit d’une structure intégrée sur une membrane en InP, et dotée d’un puits quantique en InAsP, émettant un signal de sonde autour de 1.5µm. Nous avons fait appel au LPM pour mesurer les propriétés de ces structures par photoluminescence (PL) guidée. 0,3 0,2 0,1 1400 1450 1500 1550 1600 λ (nm) Spectre de transmission à travers le guide d’onde (en trait plein), et spectre de lumière couplée vers la cavité (en pointillés) Par ailleurs, en comparant des simulations FDTD et des mesures de PL résolue en polarisation, réalisées au LPM, nous avons déterminé que deux modes de couplage distincts pouvaient intervenir : soit un couplage direct, qui conserve la polarisation du mode guidé, soit un couplage indirect, qui implique une conversion de polarisation (le mode de cavité étant de polarisation perpendiculaire à celle du mode guidé). Vue MEB de la structure guide+cavité étudiée Nous avons démontré un effet de couplage de la cavité vers le guide et du guide vers la cavité. En particulier, dans le cas où on injecte un mode à l’entrée du guide d’onde, une partie de la lumière est extraite vers un mode à pertes de la cavité (pic de la courbe en pointillés), puis rayonnée dans l’air. Nous avons évalué l’efficacité de couplage guide-cavité à environ 10 à 20% pour ce mode. Le creux présent dans le spectre de transmission de la figure ci-dessous représente l’extraction sélective de la lumière guidée (filtrage de type « drop »). Si l’on pompe la microcavité elle-même, il est possible de générer des modes fortement résonants, qui présente un couplage plus efficace vers le guide d’onde que vers le continuum de modes rayonnés hors du cristal photonique. Nous nous trouvons donc en présence d’une microsource couplée à son guide de sortie. Simulation FDTD du couplage cavité-guide : cartographie du champ magnétique Ces résultats expérimentaux préliminaires montrent la faisabilité de systèmes à base de filtres sélectifs en longueur d’onde, et de microsources photoniques à CP 2D. Sur la base de ces premiers résultats, nous concevons actuellement des dispositifs plus complets de type filtre « add and drop », pour lesquels, outre le transfert sélectif guide-cavité, la directivité de ce transfert est cruciale et doit être maîtrisée. Rapport d’activité 2002 du LEOM 76 Opération N° 6 : Microphotonique Micro-Optique en espace libre à base de Cristaux Photoniques 2D J. Mouette, J. Danglot, JL Leclercq, X. Letartre, P. Rojo, Ch. Seassal, P. Viktorovitch Collaborations : LTSI (A. Cachard, O. Parriaux) ; CEA/LETI/DTS, Plateforme PLATO (J. Gautier) ; EFS Electronique (F. Schmidt) ; Nanolase (D. Guillot) ; Atmel (A.Crastes) ; CEDIA Innovations (M. Turpin) Soutien : Programme thématique Région Rhône 2001-2003. L’essentiel des travaux publiés sur les Cristaux photoniques 2D ont pour débouché naturel la photonique intégrée ; les résultats du LEOM rapportés dans les sections précédentes s’inscrivent bien dans cette direction. Un problème général important dans les circuits photoniques intégrés à base de BIP 2D concerne les pertes optiques dans la troisième direction dues au couplage indésirable par processus de diffraction des modes guidés avec les modes rayonnés, et qu’il convient de limiter. Ce problème de pertes peut être pris à contrepied en considérant le couplage modes rayonnés–modes guidés non pas comme un processus parasite, mais comme un moyen supplémentaire de contrôle des photons. En d’autres termes il est possible d’exploiter encore d’avantage la richesse des courbes de dispersion des cristaux photoniques 2D en ouvrant ces derniers à la troisième dimension de l’espace. L’objectif général est de développer des dispositifs optiques mettant en œuvre des cristaux photoniques 2D pour la manipulation spatiale et spectrale de photons aussi bien dans le plan du cristal (optique guidée) que dans la troisième direction de l’espace (espace libre ou fibre optique). Le principe général est de conformer les photons aux caractéristiques désirées durant leur séjour (transitoire) en régime d’optique guidée au sein du cristal photonique, même si leur destination finale inclut la troisième direction de l’espace et leur ouvre l’accès aux modes rayonnés. Un élément clef réside dans la combinaison des cristaux photoniques 2D avec des dispositifs MOEMS pour élargir la gamme des fonctionnalités offertes dans les deux domaines. Les dispositifs visés sont à base de semiconducteurs composés III-V de la filière InP principalement et incluent des composants actifs (source, détecteurs) et passifs (commutateurs, filtres, routeurs,…). Le principe de base consiste à exploiter le cristal photonique 2D dans les conditions où le couplage diffractif entre modes guidés et modes rayonnés est possible, c’est à dire au-dessus du « cône de lumière ». L’approche générale consiste à inclure naturellement l’étape de couplage entre modes rayonnés et modes guidés dans la fonction optique réalisée, le traitement du signal optique impliquant que le photon puisse aussi bien être localisé dans le cristal photonique (au moins de manière « transitoire ») qu’explorer la 3ème dimension de l’espace. Il s’agit en outre d’exploiter les caractéristiques spécifiques de la courbe de dispersion des cristaux photoniques ou BIP 2D en choisissant les longueurs d’onde de travail qui correspondent aux extremums de la courbe de dispersion : on sait en effet que dans les cristaux photoniques (structure périodique à fort contraste d’indice), ces extremums présentent une faible courbure (ce qui les distingue des structures diffractives classiques où le contraste d’indice est faible) et correspondent donc à une forte densité d’états photoniques et à une vitesse de groupe faible des photons. On peut dans ces conditions envisager de coupler efficacement (de manière résonante) modes guidés et modes rayonnés dans des directions de l’espace déterminées et moyennant une surface utile pour le couplage réduite. L’ouverture des BIP 2D sur la troisième dimension de l’espace, qui résulte du couplage entre modes guidés et modes rayonnés par l’intermédiaire du cristal photonique, dépend de l’environnement électromagnétique auquel est soumis le cristal. Dans le cas des dispositifs associant Cristaux photoniques 2D et MOEMS, le principe général de fonctionnement consiste en la modulation électromécanique de cet environnement électromagnétique afin de moduler la réponse du cristal. Il est ainsi possible de modifier le couplage entre modes rayonnés et modes guidés, et donc d’effectuer des fonctions de pilotage de faisceaux optiques résolues angulairement et en longueur d’onde. N I Undoped (I) P N doped P doped Substrate Schéma de principe d’un dispositif « BIP/MOEMS ». l’actuation est obtenue par polarisation de la diode PIN. Rapport d’activité 2002 du LEOM 77 Opération N° 6 : Microphotonique La brique de base générique consiste en une structure constituée de plusieurs lames semiconductrices « suspendues », dont certaines peuvent être structurées latéralement pour former un cristal photonique 2D. Les épaisseurs optiques des lames et « gaps » d’air sont de l’ordre de la longueur d’onde de travail. Dans le cas d’association BIP/MOEMS, la modulation (spectrale et spatiale) Opto-ElectroMécanique des faisceaux lumineux s’effectue par déplacement vertical de certaines des lames suspendues (par voie electrostatique). La conception de dispositifs actifs ou passifs fondés sur les principes et structures décrits précédemment, impliquent de disposer d’outils de simulation précis et rapides. Les outils de simulation numériques disponibles actuellement, tels que la FDTD 3D, qui est en principe très bien adaptée à notre problème, nécessitent encore des temps de calcul prohibitifs pour pouvoir être utilisés de manière systématique. C’est pourquoi nous avons mis au point un outil de modélisation phénoménologique, fondé sur la théorie des modes couplés, qui permet de concevoir très rapidement les dispositifs au premier ordre, les outils numériques étant utilisés dans un deuxième temps pour valider les résultats obtenus. Cet outil prend en compte la dimension latérale limitée des dispositifs réels. Réponse spectrale d’une membrane structurée. Dans le cas d’une épaisseur λ/2, on obtient un réflecteur sélectif en longueur d’onde. Sinon la réponse est typique d’un profil de Fano et la structure passe d’un comportement miroir à un comportement passant pour deux longueurs d’onde proches. Rapport d’activité 2002 du LEOM 78 Opération N° 6 : Microphotonique Perspectives Les projets dans le domaine de la microphotonique auront pour dénominateur commun les Cristaux 2D, au cours de la prochaine période. Les dispositifs visés seront à base de semiconducteurs composés III-V de la filière InP principalement et incluront des composants actifs et passifs. Les composant passifs pourront également être réalisés sur SOI (silicium sur silice). Les projets développés seront déclinés dans 3 domaines : a) Intégration photonique et BIP 2D Les efforts seront concentrés sur les thèmes où l’apport spécifique des BIP 2D par rapport à l’optique guidée classique constitue un plus indéniable (miniaturisation de fonctions intégrées classiques, fonctions intégrées nouvelles,…). La vertu essentielle des cristaux photoniques est qu’ils permettent de contrôler la localisation des photons dans l’espace (dans le plan s’agissant d’un CP 2D), ou encore de leur temps de vie dans une région donnée du CP. En effet, contrairement aux structures diffractives classiques, les cristaux photoniques sont formés de réseaux périodiques à fort contraste d’indice : la conséquence principale est non seulement la possibilité d’ouvrir des bandes interdites photoniques dans toutes les directions de l’espace, mais également de conduire à des caractéristiques de dispersion dont les extremums présentent une faible courbure, ce qui permet de ralentir la vitesse de groupe des photons aux longueurs d’onde correspondantes. La localisation des photons peut donc être contrôlée aussi bien en les « piégeant » dans des « défauts » localisés dans la bande interdite où leur vitesse de groupe est nulle, qu’en ajustant cette dernière au voisinage d’un extremum de la caractéristique de dispersion. Le contrôle du temps de vie τ des photons dans une région limitée du cristal photonique a pour corollaire, dans le domaine fréquentiel, la manifestation de phénomènes résonants dont le facteur de qualité est de l’ordre de ωτ , où ω est la pulsation des photons. Nous pouvons conclure que les cristaux photoniques 2D nous fournissent les ingrédients nécessaires au contrôle spatial et résolu en longueur d’onde des photons. Ce sont les ingrédients que nous nous proposons d’exploiter. Cela permet d’imaginer des fonctions optiques intégrées nouvelles, ou traditionnelles mais de spécifications améliorées. Nombres d’applications, résultant directement du contrôle de la vitesse de groupe des photons, peuvent être envisagées : correction de la dispersion chromatique, fonctions optiques exploitant les concepts de l’optique non-linéaire, dispositifs combinant les phénomènes dits de super-prisme et résonants. Les domaines d’application visés concernent principalement les interconnexions optiques pour la microélectronique et les Télécommunications Optiques (plage de longueur d’ondes dans la gamme 1,31,7µm). b) Photonique intégrée à base de BIP 2D et optique en espace libre Un problème général important dans les circuits photoniques intégrés à base de BIP 2D concerne les pertes optiques dans la troisième direction dues au couplage indésirable par processus de diffraction des modes guidés avec les modes rayonnés. Ce couplage modes rayonnés–modes guidés peut être exploité pour tirer avantage de la richesse des courbes de dispersion des cristaux photoniques 2D en ouvrant ces derniers à la troisième dimension de l’espace. Rappelons que l’approche générale consiste à inclure naturellement l’étape de couplage entre modes rayonnés et modes guidés dans la fonction optique réalisée, le traitement du signal optique impliquant que le photon puisse aussi bien être localisé dans le cristal photonique (au moins de manière «transitoire ») qu’explorer la 3ème dimension de l’espace. Il s’agit là d’un mode d’exploitation des cristaux photoniques 2D particulièrement adapté à l’approche « membrane » développée de manière distinctive par le LEOM et ouvrant la voie à des dispositifs exploitables pratiquement dans un environnement classique (couplage naturel à une fibre optique par exemple). De nouveaux types de composants optiques actifs et passifs fondés sur ces principes seront développés : Dispositifs actifs de type micro-sources optiques sans cavité et à émission par la surface et de type photodétecteurs sélectifs en longueur d’onde (ajustables par lithographie électronique) adressables par la surface. Dispositifs pour l’optique non linéaire à couplage « vertical ». Dispositifs passifs associant BIP 2D optiques et Microsystèmes Opto-Electro-Mécaniques. c) Photonique intégrée et optique champ proche En parallèle aux études de caractérisation à l’échelle submicronique des dispositifs standard, l’optique en champ proche peut offrir d’autres perspectives. Le croisement des concepts et approches des BIP Rapport d’activité 2002 du LEOM 79 Opération N° 6 : Microphotonique optiques 2D avec ceux de l’optique en champ proche devraient ouvrir la voie à de nouveaux systèmes OptoElectroMécaniques à l’échelle nanométrique. Dans ce contexte, le projet proposé vise à associer ces deux domaines prometteurs. Les techniques de champ proche seront utilisées • d’une part comme un outil de caractérisation optique de micro et nanocomposants optiques à base de cristaux photoniques 2D. Le résultat attendu, pour la microphotonique, sera l’établissement d’une rétroaction entre la conception, la fabrication et la caractérisation, le LEOM ayant la spécificité d’être acteur dans ces trois composantes. • d’autre part, comme un opérateur photonique, en utilisant la sonde du microscope de manière inédite pour modifier très localement l’environnement des photons dans ces mêmes structures, induisant ainsi de nouvelles fonctionnalités photoniques regroupées sous le terme générique de NOEMS (Nano-Opto-Electro-Mechanical Systems) Ces dispositifs de type NOEMS pourront par exemple fournir de nouvelles solutions pour assurer le routage des photons avec un très haut degré d’intégration (commutation, aiguillage sélectif en longueur d’onde, fonction « add/drop » réalisés par interaction de pointes « SNOM » avec le cristal photonique). Ces dispositifs se prêteront naturellement à l’intégration, au même titre que les cristaux photoniques pour les circuits intégrés photoniques. Les NOEMS devrait participer d’une évolution des dispositifs MOEMS, similaire à celle des composants électroniques élémentaires vers les circuits intégrés microélectroniques, ou à celle des composants optoélectroniques élémentaires vers les circuits intégrés photoniques. Il s’agit là d’un projet long terme, à caractère prospectif, qui sera mis en œuvre pour une part importante par Adel Rahmani, devant être recruté sur un poste CR1 au CNRS en 2002. Cette action sera menée en forte interaction avec l’opération 1 “Nanophysique et microscopies en champ proche”. Collaborations : LETI/CEA (PLATO), DRFMC/CEA, IEF/Orsay, LPM, IRCOM/Limoges, TSI/SaintEtienne, GES/Montpellier, LPN/Bagneux, PMC/Ecole Polytechnique, IEMN/Lille, OCP/LPUB, AlcatelOptronics , Atmel-Grenoble, Université de Glasgow (réseau d’excellence proposé en réponse à l’invitation de la CEE à soumettre des Expressions d’Intérêt). Rapport d’activité 2002 du LEOM 80