Claude Émon Cannizzo Dojo de Mulhouse – 3 novembre 2012

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Claude Émon Cannizzo
Dojo de Mulhouse – 3 novembre 2012
Pendant zazen, évitez de partir dans vos pensées. Restez présent à cet instant,
en vous concentrant sur la posture, la respiration tout en laissant passer les
pensées qui meublent votre esprit.
Comprenez bien que laisser passer les pensées n’est pas un acte volontaire
mais le résultat de la concentration sur la posture et la respiration. Ne cherchez
pas à ne pas penser. Ne pas vouloir penser est une pensée. La pratique de
zazen n’est pas faite pour faire de nous des bouddhistes. Souvent dans l’esprit
des gens, être bouddhiste est limité à être non-violent et végétarien! Bien sûr,
une personne qui suit l’enseignement du Bouddha est de fait non-violente mais
la graine de la violence existe partout.
Selon l’histoire, Bouddha est mort d’une intoxication alimentaire en ayant
mangé du porc. Ce qui par ailleurs fait de lui un être humain tout à fait incarné
et pas un dieu. Si la pratique de zazen nous mène à devenir ou à suivre une vie
de moine ou de nonne et ce faisant devenir bouddhiste, « bouddhiste » dans le
sens de suivre les traces, les pas du Bouddha en honorant les quatre vœux. On
est véritablement et réellement bouddhiste qu’en acceptant les quatre sceaux
du bouddhiste qui n’ont rien à voir avec les quatre nobles vérités. Les quatre
sceaux sont :
1) Toute existence composée est impermanente, c’est-à-dire tout ce qui existe
en interdépendance avec autre chose est mené à disparaître. Par exemple un
être humain qui est composé de cinq éléments. Ces éléments vont se dissoudre
et disparaître, ce qui est appelé la mort. Il en va de même avec une montagne,
qui est composée de terre de granite et d’autres éléments, est amenée à
disparaître également. Tout est une question de temps.
2) toute émotion est cause de douleur, les bonnes, les mauvaises. Les
mauvaises sont faciles à comprendre, les bonnes c’est plus difficile. Mais
pourtant les émotions considérées comme bonnes, on s’y attache. Lorsqu’elles
disparaissent, pour une raison ou pour une autre, celles-ci deviennent l’origine
de la douleur conséquente.
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3) Aucune existence n’a de réalité, c’est-à-dire qu’elle n’existe pas par ellemême. Deshimaru disait qu’elle était sans « noumen » sans existence propre.
Ce qu’il veut dire qu’elle ne dépend de l’existence que d’autres phénomènes,
d’autres éléments. C’est la racine de l’interdépendance dont il est question
dans les douze innen, rien n’existe sans autre chose. Par exemple, nous
existons parce que nos parents existent. Les végétaux existent parce que la
pluie existe. La pluie existe parce que la terre comporte de l’eau. Si l’eau existe,
c’est que la terre peut l’a porter. Le feu existe parce qu’il y a du bois etc... Rien
n’a d’existence propre.
4) Le nirvana, l’éveil (satori) ne peut pas être conceptualisé. Rien ne peut
expliquer l’essence profonde de l’éveil, satori. Même les mots que l’on utilise
pour le qualifier, les mots sont impropres et presque des mensonges.
Si l’on est d’accord avec ces quatre sceaux ou pas, on est ou non bouddhiste.
Mais l’être ou ne pas l’être n’est pas important dans notre pratique de zazen, le
zen est au-delà de toute forme de croyance. L’origine du bouddhisme est la
pratique de zazen car c’est par cette posture que le Bouddha s’est éveillé et à
enseigné mais le Bouddha n’était pas bouddhiste comme le Christ n’était pas
chrétien. C’est la suite qui en a fait des bouddhistes ou des chrétiens et créé
toute cette chaîne d’enchaînement, toute cette dévotion, toutes ces statues
dorées, toutes ces croyances.
Dans la pratique de zazen, on n’a pas besoin de croire mais simplement de
s’assoir et de pratiquer soi-même l’expérience de l’éveil. D’ailleurs, le Bouddha
lui-même dans son enseignement disait : « ne croyez pas ce que je vous
dis mais pratiquez-le et faites-en votre propre expérience. »
L’avantage de suivre l’enseignement du Bouddha, c’est qu’il nous donne des
sujets à expérimenter. Pratiquer zazen, c’est explorer le sujet au-delà de nos
conditionnements, au-delà de nos croyances émanant de notre éducation mais
émanant simplement du silence de notre esprit, de la vacuité de notre mental,
de cet endroit où se trouve notre corps, notre respiration et notre état d’esprit
ici et maintenant. Juste vigilant, concentré, présent.
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