assimilés à de la souffrance ? Les émotions font simplement partie de la
construction humaine, nées des « agrégats » éléments qui sont appréhendés
par nos organes sensoriels : ce que l’on voit, ce que l’on entend, ce que l’on
sent, ce que l’on goûte, ce que l’on touche, mais aussi ce que l’on pense.
Tout cela crée des émotions. Ensuite, le mental s’en accapare et en fait des
sentiments : j’aime, je n’aime pas, je trouve beau, je trouve laid, tous les
contraires qui sont à l’origine de la dualité. Ce qui un jour était bonheur, un
jour peut devenir malheur, donner naissance à la tristesse, à l’angoisse, à la
crainte, à la peur etc. Pourquoi ? Parce que le bonheur comme toutes choses,
est impermanent. Il disparaît. Tout le monde fait cette expérience tous les
jours. Aujourd’hui j’aime, demain je n’aime plus. C’est dans la nature de
l’Homme : par exemple, l’attachement que l’on porte à « je t’aime ». Je t’aime
aujourd’hui donc tu m’aimes tout le temps… Oui mais… Et on revient au
premier pilier : l’impermanence. C’est impermanent, changeant. Je me suis
attaché, c’était le bonheur et maintenant je souffre. Donc toute émotion est
souffrance si on s’y attache.
Le troisième pilier est :
« Rien n’a de substance propre », c’est-à-dire que rien n’existe par soi-même,
par lui-même, en lui-même. Tout est composition, tout est combinaison, tout
est assemblage. L’existence n’est qu’un assemblage de différents éléments.
Cet élément est unifié par un nom, un mot : par exemple dans le dojo, on
nomme l’autel. Mais qu’est qu’un autel ? C’est quelques planches de bois,
recouvertes d’un tissu sur lequel différentes choses sont posées : Manjusri,
Bouddha, bougie, encensoir, photo, plante. C’est la combinaison de toutes
ces choses qui est appelée autel. On comprend bien que l’autel est juste un
mot, et que derrière, il y a une combinaison, une multitude de choses qui est
à l’origine du mot. Donc l’autel est autel mais c’est le résultat d’une
combinaison qui n’a pas de substance propre, qu’on nomme la vacuité. Pour
le corps humain, c’est pareil. On a un corps. Ce corps est constitué de ce qui
est visible mais aussi de ce qui ne l’est pas : les organes, les viscères, les
cellules etc. Et lorsqu’on regarde plus profondément dans la cellule, on voit
que la cellule elle-même est une multitude de petits détails, de petits espaces
qui ne tiennent ensemble que par quelque chose : l’énergie. Donc rien n’a de
substance propre, tout change, se transforme. Rien ne cesse de vivre mais
tout se transforme : par exemple, le thé, c’est le thé. On peut l’avoir dans une
tasse, dans un bol, dans un seau. Le bol se casse mais le thé reste le thé,
simplement il est par terre. Ensuite on prend une éponge, le thé reste le thé,
seulement il est dans l’éponge.
Le dernier sceau est :
« Rien n’est au-delà de la réalisation de l’éveil ». Pour un chrétien, on pourrait
dire que rien n’est au-delà de Dieu. Dieu, Bouddha, Satori, Eveil sont la
compréhension de tous ces phénomènes, de toutes ces réalités, de tous ces
piliers : être complètement un avec la réalité des trois autres sceaux. A ce
moment-là, on ne s’attache pas à l’illusion d’une permanence, puisqu’on sait
que tout est impermanent. On ne s’attache pas à ses émotions, à ses
sentiments, car on en comprend l’origine, c’est-à-dire l’attachement. On
comprend que tout ce qui est à nous n’est rien qu’une combinaison de
choses, de phénomènes, d’éléments. Ce qui nous amène naturellement au
quatrième pilier, c’est-à-dire :