La Lettre du Rhumatologue • N° 417 - décembre 2015 | 5
ÉDITORIAL
Quelles sont les différences avec les greffes de cellules souches
hématopoïétiques ?
Le principe de traitement par cellules souches mésenchymateuses n’a rien à voir
avecl’autogreffe par mobilisation de cellules souches hématopoïétiques périphériques.
Lorsdecettedernière, après chimiothérapie, on sélectionne des cellules souches CD34+
puisonles réinjecte après une aplasie. L’effet de cette méthode n’est plus àdémontrer
danslespathologies tumorales. Elle a également été utilisée chez 1 500patients pour traiter
desmaladies auto-immunes, notamment des sclérodermies, des lupus etdespolyarthrites
rhumatoïdes, mais la place d’un traitement aussi lourd danscespathologies reste débattue(1).
Alors que le principe de l’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques se limite
àlaréinjection de cellules prélevées pour qu’elles remplissent leur fonction habituelle,
celuidutraitement par cellules souches mésenchymateuses est plus ambitieux, puisqu’il part
dupostulat que nous avons en nous des cellules souches capables de pallier l’absence
decellules différenciées.
Quelles sont les possibilités thérapeutiques des cellules souches ?
Après une greffe, ces cellules ont donc 2vocations thérapeutiques potentielles :
➤la régénération de tissu pathologique : elles ont, en tout cas in vitro, une possibilité
dedifférenciation en os, en cartilage et en autres tissus conjonctifs, mais aussi (peut-être…)
enneurones, cardiocytes, hépatocytes, cellules tubulaires, etc. Àcespropriétés
dedifférenciation/régénération s’ajoute celle de sécrétion d’un grand nombre decytokines,
defacteurs de croissance, ce qui expliquerait la survie des cellules endogènes, l’angiogenèse.
Ceprincipe peut être utile à titre réparateur dans l’infarctus du myocarde, l’insuffisance
cardiaque congestive, la bronchopneumopathie chronique obstructive, lacirrhose,
lediabète, etc., et, pour le rhumatologue, dans l’arthrose, la fracture, oul’ostéonécrose ;
➤l’immunomodulation : elles peuvent induire une réduction de l’inflammation et inhiber
laréponse immunitaire, puisque, après injection, elles migrent préférentiellement
versl’inflammation (rôle de CXCR4,etc.), produisent IL-6, PGE-2, IDO, NO, TGFβ
etIL-10, répondent à TNFα, IFNγ,etc., en ciblant leur activité immunorégulatrice
surleszones inflammatoires. On peut donc imaginer une efficacité dans la réaction greffon
versus hôte, le rejet de greffe d’organe, la maladie de Crohn, la sclérose en plaques, et,
pourlerhumatologue, dans le lupus, le syndrome de Gougerot-Sjögren, la sclérodermie,
lapolyarthrite rhumatoïde, la polymyosite…
Quelles sont les indications rhumatologiques évaluées
ou encours d’évaluation ?
Plus de 10 000publications ont paru sur les cellules souches mésenchymateuses
depuis1977, et la plus grande partie au cours des 5dernières années(2,3). Peut-on, dès lors,
imaginer traiter de nombreuses pathologies rhumatologiques mais aussi des pathologies
dediverses autres spécialités avec ce nouveau principe thérapeutique ?
Plus de 400études sont déclarées sur le site www.clinicaltrials.gov, mais bien peu
surlespathologies rhumatologiques. Celles qui traitent de rhumatologie portent
soit sur l’arthrose, comme l’indiquent X.Chevalier etF.Eymard, soit sur les rhumatismes
inflammatoires (tableau, p.6). Parmielles, trèspeu ontdonné lieu à des publications.
Les articles portant sur les rhumatismes inflammatoires concernent surtout des travaux
utilisant des cellules souches mésenchymateuses hétérologues. C’est l’équipe chinoise
deL.Sun qui est à l’origine de la majorité des travaux publiés et de ceux déclarés
sur www.clinicaltrials.gov.
1. Cipriani P, Carubbi F, Liakouli V
et al. Stem cells in auto immune
diseases: Implications for
pathogenesis and future trends
in therapy. Autoimmun Rev 2013;
12(7):709-16.
2. Figueroa FE, Carrión F, Villa-
nueva S, Khoury M. Mesenchymal
stem cell treatment for auto-
immune diseases: a critical review.
Biol Res 2012;45(3):269-77.
3. Fernández Vallone VB, Roma-
niuk MA, Choi H et al. Mesen-
chymal stem cells and their use in
therapy: what has been achieved?
Differentiation 2013;85(1-2):1-10.
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