MAPAR 2001304
Enfin, l’infirmier anesthésiste aura toute compétence dans la gestion du site d’anes-
thésie, de la préparation de la salle en fonction du type de chirurgie et des demandes
spécifiques prévues en consultation.
Si ce partage des tâches et cette complémentarité sont la règle pour une majorité
d’actes opératoires, certaines interventions imposent la présence effective et perma-
nente d’une équipe, de par leur complexité médicale et technique : chirurgie cardiaque,
thoracique, neurochirurgie, pédiatrie, transplantation, par exemple. Il faut alors repren-
dre les recommandations de la SFAR [9] concernant le rôle de l’IADE, lesquelles laissent
à l’organisation locale le soin d’apprécier les moyens humains à mettre en œuvre dans
des situations spécifiques :
«La composition de l’équipe d’anesthésie, son importance numérique, la répartition
des rôles, la plus ou moins grande autonomie de l’IADE dans le déroulement de l’acte,
sont déterminés par le niveau de complexité de l’intervention projetée, le degré de
gravité de la pathologie et l’état antérieur du patient». «L’intervention de l’un et l’autre
(M.A.R. - IADE) varie selon l’importance des actes d’anesthésie et de chirurgie».
4. DISCUSSION
On l’a vu, la France dispose d’un arsenal réglementaire suffisamment strict et
précis concernant la (bonne) pratique de l’anesthésie. Les infirmiers anesthésistes
bénéficient d’une formation des plus poussées parmi celles des pays industrialisés (source
IFNA), leur conférant une compétence réglementée et professionnelle reconnue. Ils
jouent un rôle prépondérant dans la prise en charge des quelques 8 millions de patients
anesthésiés en France chaque année [10]. Ils concourent largement à la qualité des
actes et soins spécifiques à l’anesthésie et à la sécurité des patients. Ils doivent, dans le
respect des textes et en toute responsabilité, n’effectuer que des gestes et appliquer des
techniques dont ils ont la pratique validée et répétée.
Le décret de compétence spécifique aux IADE ne prévoit d’ailleurs pas dans sa
rédaction une liste d’actes ou gestes précis réalisables par l’IADE, tant la diversité
contextuelle est grande et l’évolution des techniques rapide. Il n’établit en conséquence
pas de hiérarchie dans les actes, à l’exception des anesthésies locorégionales avec mise
en place de cathéter qu’il proscrit implicitement. En effet, le professionnel exerçant
habituellement en chirurgie thoracique ou cardiaque n’aura pas les mêmes connais-
sances spécifiques, ni la même dextérité pour certains gestes, que celui exerçant en
pédiatrie, en orthopédie, en neurochirurgie, ORL, et vice-versa. Les disciplines sont
diversifiées, les techniques plurielles. La formation est une base solide, un socle com-
mun, mais qui, comme pour tout professionnel, doit être approfondie et adaptée au
contexte d’exercice.
Toutefois, en France, les structures de soins sont multiples et variées, tant par le
cadre juridique (public, privé, PSPH) que par la taille et la diversité des disciplines
(CHU, CHG, clinique). L’organisation des services, la variabilité quantitative et quali-
tative des personnels suivant les structures, la pénurie de moyens peuvent amener à des
pratiques différentes, voire à des dérives.
Des règles simples mais incontournables doivent être rappelées :
• Tout patient doit bénéficier d’une évaluation médicale (consultation, visite pré-
anesthésique)
• Tout protocole (ou stratégie anesthésique) doit être mise en œuvre, adapté et surveillé
en permanence par des personnels qualifiés (M.A.R/I.A.D.E).
• Le médecin anesthésiste doit avoir une connaissance précise des programmes opéra-
toires.