L`adhésion des médecins généralistes aux dispositifs de politique

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L’adhésion des médecins généralistes aux dispositifs de
politique de santé : un éclairage économétrique
Version préliminaire (ne pas citer).
Philippe Abecassis (CEPN-Université Paris 13)
Nathalie Coutinet (CEPN-Université Paris 13)
Jean-Paul Domin (REGARDS – Université de Reims Champagne-Ardenne)
Introduction
La pratique médicale est depuis les années 1970 fortement réglementée et les
éléments les plus sensibles (modes de rémunération, tarifs, pratiques, …) sont négociés
régulièrement dans le cadre de conventions médicales signées par les représentants de la
profession, de l'État et de la tutelle. Mais celle-ci entend également utiliser ce canal pour
infléchir le comportement des médecins et des patients. Ainsi, depuis le début des
années 1990, la politique de conventionnement doit-elle comprendre des objectifs à
atteindre et un mécanisme de sanctions et récompenses incitant les médecins à prescrire
avec modération (Ferrand-Nagel, 1994). Plus récemment, le dispositif de parcours de
soins ou le CAPI (Contrat d’amélioration des pratiques individuelles) associe les
praticiens à une politique incitative dirigée vers les patients.
En s’appuyant ainsi sur les praticiens, la tutelle parie sur leur adhésion et leur
participation active. Ce pari se fonde en grande partie sur un mécanisme éprouvé
d’élaboration des politiques de santé. Les réglementations en matière de santé sont ainsi
construites en tenant compte du pouvoir politique de la profession qui reste important
(Pierru, 2007). Depuis l’annulation de la convention de 1997, l’approbation des textes
conventionnels par la profession est légitimée par une procédure originale de
reconnaissance officielle de représentativité des syndicats signataires ainsi que par
l’existence d’un pouvoir d’opposition majoritaire. Le pari s’appuie aussi sur un
ensemble d’incitations prenant la forme de rémunérations contractuelles attribuées
individuellement aux médecins qui relaient activement les politiques.
Cependant, le degré d’adhésion comme les motivations des médecins à participer à
ces politiques de santé sont mal connus. Les informations quantitatives, comme la part
des médecins généralistes ayant accepté d’être médecin référent ou ayant signé un CAPI
sont assez pauvres. En particulier, ces données ne fournissent aucune indication sur la
nature de l’adhésion aux dispositifs. Il est, par exemple, impossible de déterminer si une
adhésion correspond à la réaction attendue aux incitations ou simplement à un effet
d’aubaine. Par ailleurs, comment expliquer les taux de refus d’adhérer à certains
dispositifs ?
L’analyse du discours syndical ne renseigne pas beaucoup plus. Si les grandes lignes
de ce discours émergent clairement (Abecassis, Domin, 2009), la représentativité
syndicale souffre d’un émiettement important. Or, face à la nécessité d’être reconnu
comme représentatif pour exister, cet émiettement a naturellement accentué les
positions extrêmes et conflictuelles. Chaque syndicat déploie désormais ses propres
revendications et les érige en impératif catégoriel. Chacun tente d’annuler des accords
signés par d’autres ou de bloquer le processus conventionnel.
Dans un tel contexte, la question de la légitimité de la représentation syndicale des
médecins est posée : « le syndicalisme médical ne semble plus satisfaire les aspirations
des médecins libéraux » (Batifoulier, Gadreau, Vacarie, 2008). De plus, l’absence
d’unité syndicale et leur posture conflictuelle peut conduire la tutelle à mettre en place
des mécanismes de contrôle et à décider unilatéralement des tarifs et modes de
rémunération (Volovitch, 2006). Dans ces conditions, certains médecins ne se sentent
plus liés, ni à leurs représentants ni aux textes conventionnels.
Ce travail a pour objectif d’analyser le degré d’adhésion des médecins généralistes
aux dispositifs de politique de santé et d’en déterminer la nature. L’hypothèse retenue
est que la décision d’adhérer (ou non) à un tel dispositif s’inscrit dans une
problématique de crowding out effect ou effet d’éviction. Déjà mobilisée dans le secteur
de la santé (Ammi, Béjean, 2010), cette approche fait intervenir plusieurs registres de
motivation. Le comportement du médecin résulte d’une tension entre des motivations
intrinsèques, selon lesquelles l’action est entreprise pour la satisfaction inhérente à son
accomplissement, et des motivations extrinsèques où l’action est effectuée dans une
perspective instrumentale.
Nous organiserons notre propos en trois temps. Nous verrons dans un premier temps
que la politique économique de santé implique fortement les praticiens d’abord parce
qu’ils participent à son élaboration (via un système de conventionnement), ensuite parce
qu’ils la subissent directement (1). Nous présenterons dans une deuxième partie les
caractéristiques de l'enquête et la méthodologie : création d'un indicateur (H) d’adhésion
des médecins à la politique de santé et d'un indicateur (M) mesurant la nature
intrinsèque ou extrinsèque des motivations (2). La troisième et dernière partie sera
consacrée, quant-à-elle, à l'analyse des résultats (3).
1. Les médecins face à la politique économique de santé
La politique économique de santé a profondément évolué depuis le début des années
2000 : elle organise le retrait progressif de l’assurance maladie obligatoire, favorise le
développement de l’assurance maladie complémentaire et entend orienter le
comportement des médecins libéraux (Batifoulier, Domin, Gadreau, 2007). Cette
politique implique fortement les médecins d’abord parce qu’ils y participent activement
(1.1) et ensuite parce qu’ils en subissent directement les effets (1.2). Les médecins
généralistes semblent d’ailleurs réagir de façon différente aux incitations (1.3).
1.1. Le rôle des médecins généralistes dans la construction de la politique de santé
Au 31 décembre 2009, les médecins généralistes étaient 53 652 selon le Syndicat
national inter-régime (SNIR). 49 263 d’entre eux exerçaient dans le secteur
conventionné (soient 91,2 %) et 4 389 (soient 8,2 %) dans le secteur à honoraire libre.
Le mode d’exercice en médecine ambulatoire, reste principalement libéral avec une
prédominance aujourd’hui de l’exercice de groupe : 54 % des médecins généralistes
libéraux déclarent travailler en groupe. Cette organisation particulière résulte d’un
compromis entre l’État et le marché : le référentiel est le marché, mais le prix de la
consultation est défini par un texte, la convention médicale, renégocié de façon
périodique. Ce texte est national depuis 1971 et s’impose à l’ensemble des praticiens,
sauf ceux qui décident expressément de ne pas y adhérer.
La régulation des dépenses de santé en médecine ambulatoire s’articule autour d’un
mécanisme de convention qui peut se définir comme une régulation concertée entre
l’État, les caisses de Sécurité sociale et les représentants du corps médical (Dupeyroux,
2
Borgetto, Lafore, Rolande, 2001). La convention s’inscrit dans le cadre d’une politique
publique où le praticien libéral est appréhendé, dans le cadre d’une mission de service
public, comme le producteur d’un bien collectif sous tutelle. La convention doit
permettre à la tutelle d’inciter le corps médical à adopter un comportement compatible
avec l’intérêt général. C’est un contrat entre les médecins et l’État (Ferrand-Nagel,
1994). Ce contrat est par nature individuel et collectif : il lie le médecin conventionné à
l’État, mais résulte d’une procédure de négociation collective entre les organisations
syndicales et les pouvoirs publics (État et assurance maladie).
Les organisations syndicales professionnelles ont un rôle important dans ce modus
operandi dans la mesure où elle sont chargées par leurs adhérents d’aller négocier avec
les autres partenaires un texte qui défende au mieux leurs intérêts (Stasse, 1999). Le
syndicalisme médical est marqué en France par son histoire construite autour de la lutte
l’émergence de la protection sociale et la lutte pour le respect des principes de la
médecine libérale (Hassenteufel, 1997b, 2008).
Le dispositif de négociation conventionnelle repose ainsi sur les organisations
syndicales : l’État et l’assurance maladie ont besoin du corps médical pour éviter la
crise conventionnelle. L’absence d’accord met en évidence l’incapacité des deux
premiers à obtenir l’accord des praticiens sur les objectifs de la politique économique de
santé (Bras, 2008). Les habitués des rendez-vous conventionnels sont d’ailleurs
conscients de la dépendance des pouvoirs publics à l’égard des organisations syndicales
qui les pousse depuis plus de vingt ans à satisfaire avant tout les droits des praticiens et
non ceux des patients (Régereau, 2005). Cette situation explique en partie le
« gaspillage négocié » propre à la France (Letourmy, 1995).
La situation est d’autant plus difficile pour les pouvoirs publics que le déficit
chronique de la branche maladie les a incités à mettre en œuvre une politique de
maîtrise comptable des dépenses de santé contre laquelle les médecins se sont vivement
opposés en utilisant un registre de légitimation fondé sur la défense de la santé des
patients (Hassenteufel, 1997b). Le praticien devient le garant de la santé de ses patients
contre l’insouciance des représentants de l’État uniquement préoccupé par le respect des
grands équilibres comptables. Cette position est d’ailleurs renforcée par le fort pouvoir
de lobbying de la profession qui n’est pas sans effet sur le pouvoir politique (Pierru,
2007). Il en ressort que la politique économique de santé ne peut se faire sans
l’assentiment du corps médical et encore moins contre son avis.
1.2. Le développement des incitations monétaires et leur effet
Les médecins généralistes constituent un maillon essentiel de la politique
économique de santé en France. Le marché de la santé s’apparente en effet à un modèle
multi-principaux où le médecin est un agent face à deux principaux, l’assurance-maladie
et le patient (Blomqvist, 1991). Dans ce schéma, chacun des trois acteurs dispose d’un
niveau d’information différent. Le patient sait qu’il est malade, mais ne connaît pas la
nature de sa pathologie. Il délègue son pouvoir de décision au praticien (Arrow, 1963).
L’assurance-maladie (la tutelle) est dans une situation d’inobservabilité totale car elle ne
connaît pas la réalité de la pathologie du malade et ne peut pas mesurer l’effort du
praticien. Ce dernier, par son expertise, identifie la nature de la pathologie. Cependant,
même s’il elle est limitée, l’information dont dispose le praticien est convoitée par les
deux principaux et revêt un caractère stratégique.
Depuis le milieu des années 1990, la politique économique de santé tente d’inciter
les praticiens à modérer leurs dépenses tout en promouvant des mesures d’amélioration
de la qualité. La convention de 1993 met en place un système de Références médicales
opposables (RMO) incitant les praticiens à prescrire avec modération (Ferrand-Nagel,
3
1994). Les conventions de 1997 et de 1998 prévoient la prise en charge d’une partie des
cotisations sociales pour les médecins référents. La mise en place des Accords de bon
usage des soins (ACBUS) généralise le versement de contreparties financières contre les
bonnes pratiques. La convention de 2005 poursuit dans cette perspective en créant une
rémunération forfaitaire pour les médecins traitants, les médecins coordinateurs et ceux
participant à la coordination. Dans le même temps, le décret du 14 avril 2005 (à la suite
de la loi réformant la santé publique du 9 août 2004) rend obligatoire l’évaluation des
pratiques des médecins en exercice.
Le développement des incitations financières constitue, dans la perspective de la
théorie de l’agence, l’un des fondements de la politique économique de santé en
supposant que celles-ci accroissent la performance de l’agent. La littérature économique
s'est, depuis de nombreuses années, inspirée de disciplines proches (Gautié, 2007). Les
travaux sur les motivations et les incitations s'inscrivent tout particulièrement dans cette
perspective.
Depuis les années 1970, les psychologues s’intéressent à l’impact des incitations
monétaires sur la motivation des individus. Une première expérience conclue que les
récompenses financières diminuent les motivations intrinsèques des individus (Deci,
1971). Une étude menée sur la même période montre que les incitations monétaires
destinées à accroître le don de sang sont contre-productives et tendent à réduire la
quantité et la qualité du sang donné (Titmuss, 1970). L’idée soutenue par l’auteur est
que les individus qui donnent leur sang sont motivés par l’action citoyenne. La
rémunération détruirait de facto leur motivation. Cette approche est contestée par
certains économistes qui pensent que l’incitation financière s’ajoute au comportement
altruiste des individus (Arrow, 1972 ; Solow, 1971).
Il faut donc distinguer les motivations intrinsèques qui résultent de forces internes
aux individus et les incitations extrinsèques qui sont issues quant à elle du monde
extérieur. Un individu est intrinsèquement motivé quand il retire de la satisfaction et de
l’intérêt pour la seule pratique d’une activité. Pour qu’une motivation soit effectivement
intrinsèque, l’activité doit même avoir été entreprise sans récompense (Gneezy,
Rustichini, 2000). En d’autres termes, il est envisageable qu’un salarié intrinsèquement
motivé travaille gratuitement. Les motivations intrinsèques sont fragiles et sont
susceptibles d’être détériorées dans certaines conditions. A contrario, un individu est
extrinsèquement motivé quand il entreprend une activité avec l’intention d’en retirer
récompense extérieure (Calder, Staw, 1975), ou bien d'éviter une sanction. La
motivation extrinsèque renvoie donc à des notions assez matérielles.
Le développement des incitations monétaires peut favoriser un crowding-out effect
appelé également effet d’éviction (Frey, 1997). Il y a effet d’éviction quand des
récompenses extrinsèques détériorent les motivations intrinsèques des individus. Bruno
Frey considère que la performance des individus au travail dépend avant tout de leur
motivation. Une récompense monétaire est en mesure de l’améliorer si l’effet
disciplinant (de l’incitation financière) l’emporte sur l’effet d’éviction, mais peut
également la dégrader si le crowding-out effect prime sur l’effet disciplinant. Cette
approche remet donc clairement en question les conclusions de la théorie de l’agence.
Reste à savoir dans quelle mesure l’action du principal (dans ce cas l’assurance
maladie) favorise le crowding out effect ?
Les travaux de psychologie sociale, et notamment ceux issus de l’évaluation
cognitive distinguent les facteurs favorisant la motivation intrinsèque des individus
(crowding-in effect) et ceux qui la détériorent (crowding out effect). Ainsi, la
récompense financière promise par le principal serait-elle en mesure de diminuer le
sentiment d’autodétermination (c’est-à-dire d’autonomie dans l’emploi) et de
4
compétence des individus (Deci, Ryan, 1985). La motivation des individus peut donc
être affectée quand une intervention extérieure détériore la perception qu’ils ont de leur
compétence et de leur autodétermination. Si l’incitation financière favorise le sentiment
de compétence et d’autodétermination, alors la motivation intrinsèque peut être
améliorée. En revanche, si elle l’affaiblit, elle peut être en mesure de la détériorer (Frey,
1997).
Les incitations monétaires sont en mesure de détruire la motivation intrinsèque des
individus notamment quand elles se focalisent uniquement sur la performance. Plus le
lien entre la récompense et le niveau de performance souhaité par le principal est fort,
plus l’agent tend vers les incitations extrinsèques. Néanmoins, les récompenses
financières ont un effet moindre sur la motivation intrinsèque que les ordres. À
contrario, les récompenses symboliques influencent positivement les motivations
intrinsèques dans la mesure où elles récompensent une implication de l’agent dans son
activité (Narcy, 2007).
La question des motivations et de la réaction aux incitations est au cœur de l'analyse
de la politique économique de santé. D'une part, parce que cette dernières développe
depuis la fin des années 1990 un arsenal de mesures (financières, organisationnelles, …)
reposant largement sur les motivations extrinsèques. D'autre part, parce que la
motivation intrinsèque est présente dans le colloque singulier et permet d'intégrer
l'altruisme égocentrique (Khalil, 2004). En d'autres termes, la bienveillance envers le
malade est une source de satisfaction pour le médecin. Par ailleurs, pour certains
auteurs, la satisfaction intellectuelle est une forme de motivation intrinsèque
(Richardson, 1981).
Une étude récente (Videau, Batifoulier, Arrighi, Gadreau, Ventelou, 2010) a tenté de
mesurer la part des motivations intrinsèques et extrinsèques des médecins. Pour 80 %
des praticiens interrogés, les motivations intrinsèques représentent au moins la moitié
des motivations totales. La catégorie la plus importante (plus de 30 % de l'effectif) est
fortement motivée intrinsèquement (entre 0,6 et 0,7). À l'opposé, les médecins
faiblement (moins de 0,2) et fortement (plus de 0,9) motivés intrinsèquement sont
minoritaires. Il en ressort une forte hétérogénéité du corps médical par rapport aux
motivations. En d'autres termes, le médecin représentatif n'est pas forcément très
fortement motivé intrinsèquement.
1.3. La réaction des médecins face aux incitations
Depuis le début des années 2000, l’objectif des pouvoirs publics est de compléter la
rémunération à l’acte par des éléments de forfaitisation (Samson, 2009). Les deux lois
de 2004, la loi de santé publique du 9 août et celle du 13 août relative à la réforme de
l’assurance maladie participent de cette évolution. La seconde instaure le parcours de
soins coordonnés et met en place une rémunération spécifique du médecin traitant pour
la prise en charge des malades atteints d’affections de longue durée (ALD). Cette
rémunération repose sur un forfait de 40 euros par patient en ALD au titre de la
coordination des soins. La loi du 9 août entend, quant à elle, inciter les praticiens à
s’investir dans les missions de santé publique. Le décret du 14 avril 2005 réformant le
Code de santé publique prévoit d’ailleurs une évaluation obligatoire des pratiques des
médecins en exercice.
Pour mesurer la réaction des praticiens à ces incitations, un panel de 600 médecins
généralistes libéraux a été constitué en 2002 par l’observatoire régional de la santé de
Provence-Alpes-Côte-d’Azur, L’objectif est d’observer et d’analyser les pratiques
médicales et notamment la prise en charge des missions de service public. Ce panel a
été construit par échantillonnage aléatoire stratifié sur le sexe, l’âge (moins de 43 ans,
5
43-52 ans et 53 et plus en 2002) et la taille d’une population de 5 435 médecins tirant au
moins partie de leurs revenus d’une pratique libérale. L’échantillon des 600 praticiens a
été formé à partir d’une base de 1 076 médecins contactés. 409 omnipraticiens de
l’échantillon ont signé une charte de contribution au panel, les autres y contribuent sans
être signataire. L’échantillon a été complété au fil du temps, notamment pour limiter les
phénomènes d’attrition classiques (départ en retraite, déménagement, lassitude, …).
L’intérêt principal de ce panel est de mieux comprendre les déterminants des pratiques,
les écarts aux normes et les conditions d’adhésion aux évolutions des politiques
(Ventelou, Paraponaris, Sebbah, Aulagnier, Protopescu, Gourheux, Verger, 2005).
Quelques enseignements peuvent déjà être tirés de cette étude en matière
d’implication des omnipraticiens dans la prévention, dans le bon usage des médicaments
et plus généralement sur leurs réactions face aux politiques de santé. Une première
étude a tenté de cerner les attitudes et les pratiques des généralistes libéraux dans le
domaine de la prévention et de l’éducation à la santé, mais a également permis
d’identifier les déterminants de ces actions (Aulagnier, Videau, Combes, Sebbah,
Paraponaris, Verger, Ventelou, 2007). Parmi les pratiques de prévention, plus de 80 %
de l’échantillon déclare réaliser souvent, voire très souvent les actes suivants : proposer
une mammographie aux patientes âgées de 50 à 75 ans, repérer les effets iatrogènes des
poly-prescriptions chez les personnes âgées, repérer les problèmes de poids chez les
enfants, proposer un sevrage tabagique aux fumeurs. En revanche, d’autres actions de
prévention sont beaucoup moins utilisées par les omnipraticiens : la prescription d’une
contraception d’urgence, la proposition aux patients obèses d’utiliser un carnet
alimentaire, l’information sur les risques d’automédication.
Les médecins les plus impliqués dans les pratiques préventives ont généralement un
positionnement plus favorable vis-à-vis des préoccupations de santé publique. Ils
considèrent que les missions de prévention, mais également d’éducation thérapeutique
sont inhérentes à la profession. Il s’agit clairement d’une motivation intrinsèque. Les
médecins de l’échantillon plus enclins aux pratiques de préventions ont une probabilité
plus forte d’avoir suivi des formations. Ils ont également une probabilité plus forte de
mobiliser des sources d’information plus variées. Enfin, les praticiens qui ont un score
de prévention plus important sont aussi ceux qui réalisent le plus d’actes gratuits. Cette
corrélation révèle selon les auteurs un rapport au temps (rémunéré). Ainsi, ceux qui
acceptent de perdre du temps dans une action de prévention sont aussi ceux qui
acceptent de consacrer du temps gratuitement pour leur patientèle
Le panel de Provence-Alpes-Côte-D’azur a également servi à mesurer l’implication
des médecins généralistes dans le bon usage des médicaments. 46,1 % des médecins de
l’échantillon déclarent informer souvent, voire très souvent leurs patients des risques de
l’automédication. En revanche, 53,7 % des omnipraticiens du même échantillon
déclarent le faire parfois. La réalisation régulière d’actes gratuits est une variable
explicative. Elle traduit une des caractéristiques essentielles du praticien et est
généralement associée au thème de la qualité des soins. Le praticien qui accepte de
consacrer une partie de son temps à la qualité des soins et notamment au bon usage des
médicaments, accepte également de pratiquer plus d’actes gratuit au profit de ses patient
(Ventelou, Rolland, 2009).
Enfin, une dernière étude porte sur l’adhésion aux politiques publiques de santé
(Videau, Ventelou, Combes, Verger, Paraponaris, 2007). Celle-ci met en évidence une
faible adhésion des médecins généralistes à la réforme du médecin traitant (loi du 13
août 2004) : 48 % ont un avis plutôt défavorable. Le sentiment d’un encadrement
excessif de la profession par les pouvoirs publics est en partie à l’origine de ce rejet. En
revanche, il y a peu de corrélation entre l’adhésion à la réforme et les profils particuliers
6
de pratique (éducation thérapeutique, prévention, …). Il existerait donc une frange de la
profession peu favorable à la réforme : des praticiens assez impliqués auprès de
populations à risque et qui attendaient des mesures de plus grande ampleur ; ou des
omnipraticiens assez sensibles au caractère libéral de la profession et voyant dans le
dispositif du médecin traitant une atteinte à cette liberté.
2. L’adhésion des médecins à la politique de santé : la méthodologie
L’analyse empirique s’appuie sur un questionnaire unique portant sur une population
de 596 omnipraticiens contactés par l’intermédiaire d’un questionnaire sur la période
allant d’octobre 2006 à février 2007. La méthode utilisée nous a conduit dans un
premier temps à déterminer un indicateur de degré d’adhésion aux dispositifs de
politique de santé fondé sur un premier ensemble de questions tant fermées (« Avezvous été médecin référent ? », « utilisez-vous la télétransmission de vos feuilles
maladie ? », …) qu’ouvertes (« que pensez-vous du dispositif médecin référent ? »,
« que pensez-vous du dispositif médecin traitant ? », …). Dans un second temps, nous
élaborons une typologie des motivations exprimées par les médecins généralistes dans
le questionnaire à partir d’un second groupe de variables. Cette étape aura pour objectif
de partitionner les variables entre motivations intrinsèques et motivations extrinsèques
et de construire un second indicateur.
Après avoir précisé les caractéristiques de l’échantillon (2.1), nous détaillerons la
méthode d’élaboration des indicateurs (2.2).
2.1. Caractéristiques de l’échantillon
L'étude porte sur une population d’omnipraticiens contactés par l’intermédiaire d’un
questionnaire. Celui-ci est de facture classique, il respecte les principes
méthodologiques de l’enquête. Le respect des règles du questionnement sociologique a
présidé avant tout à l’élaboration du questionnaire : déroulement des questions,
distinction des questions de faits et d’opinions, attention portée aux formulations. Le
travail s’est en partie inspiré de la grande enquête sociologique quantitative de référence
concernant les médecins libéraux (Herzlich, Bungener, Paicheler, Rousin, Zuber, 1993).
Le questionnaire alterne des questions fermées sur le praticien (sexe, âge, nombre
d’enfants à charge, …), sur l’environnement du cabinet (zone d’exercice, caractéristique
de la patientèle, …) sur le mode d’exercice (secteur, …), des questions ouvertes (sur
leurs opinions quant à la réforme du médecin référent, du médecin traitant, la politique
de santé en général, …) et des questions mixtes sur leurs pratiques tarifaires (fréquence
et motifs de dépassements, d’actes gratuits, …). Ces questions ouvertes ont pour
objectif de favoriser l’expression des médecins sur leurs pratiques.
Élaboré au printemps 2006, le questionnaire a été envoyé à l’automne de cette même
année à 4 076 praticiens (2 800 en Île-de-France et 1 276 en Bourgogne). La stratégie
qui a primé dans la constitution de la population mère a consisté en un échantillonnage
aléatoire des omnipraticiens de ces deux régions. Celles-ci sont caractérisées par une
sociologie et une démographie médicales différentes et des pratiques tarifaires variées.
Elles ont en outre déjà fait l’objet d’études sociologiques (Bloy, 2005, 2004) et
économiques (Béjean, Peyron, Urbinelli, 2002).
Le questionnaire a bénéficié d’un très bon taux de retour (596 répondants, soit
14,6 %). Ce résultat est supérieur à la norme jugée acceptable pour des études de ce type
(Bachimont, Cogneau, Letourmy, 2006). Il est d’autant plus intéressant que le
questionnaire est long (14 pages, 67 questions dont plusieurs ouvertes et certaines
délicates – opinions politiques, revenus -) et n’a bénéficié d’aucune incitation (ni
rémunération, ni relance). Nous disposons donc d’un matériau riche quantitativement
7
(qui permet un traitement statistique) et qualitativement : les réponses des médecins sont
souvent détaillées et passionnées.
Pour ce premier travail de construction des indicateurs, nous avons sélectionné 15
questions (cf. Annexe). Les questions fermées ont subi un premier traitement statistique.
Cette première étape nous a permis de dégager les grandes caractéristiques de
l’échantillon : secteur, environnement socioprofessionnel, caractéristiques générales de
l’activité (nombre de visites et de consultation, durée de la consultation).
Tableau 1. Caractéristiques principales de l’échantillon
VARIABLE
Répartition par sexe
Âge
Ancienneté (en nombre d’années
d’exercice libéral)
Secteur d’activité
Zone d’activité
Statut
Médecin référent
Salarié de l’assurance maladie
Revenu annuel moyen
Satisfaction vis-à-vis des revenus
DONNÉES DE L’ÉCHANTILLON
H. : 70%, F. : 30 %
45 % à plus de 50 ans
moins 15 ans : 30 %
plus de 25 ans : 30 %
Sect. 1 : 80,5 % ; Sect. 2 : 19,5 %
30 % : zone rurale/semi-rurale,
20 % : zone urbaine résidentielle
50 % en cabinet de groupe
50 % en individuel
17 % de médecins référent
56 % accepteraient d’être salarié de
l’assurance maladie sans condition
De 54000 € à 66000 €
(note moyenne =4,48/10 ± 2,5
DONNÉES NATIONALES
H. : 64 %, F. : 36 % (a)
40 % ont plus de 50 ans (a)
nd
Sect. 1 : 88 % ; Sect. 2 : 12 % (a)
nd.
39 % en cabinet de groupe
61 % en individuel (b)
15 % de médecins référent (a)
nd.
70900 €
nd.
Sources : (a)(Attal-Toubert, Vanderschelden, 2009); (b)(Audric, 2004)
Dans notre échantillon, la durée modale de consultation est représentée par la classe
allant de 15 à 20 minutes et représente 44.6 % de l’effectif. La moyenne sur l’ensemble
de l’effectif est de 19,6 minutes, ce qui est plus élevé que la moyenne nationale qui est
évaluée à 15,6 minutes (Breuil-Genier, Goffette, 2006). Cette particularité s’explique
notamment par la surreprésentation du secteur 2 dans l’effectif. La durée de consultation
varie positivement avec l’appartenance au secteur. Les médecins de secteur 1 ont une
durée de consultation de 18 minutes. Les praticiens exerçant dans le secteur à honoraires
libres ont une durée de consultation de 26 minutes en moyenne (contre 18,3 au niveau
national). Pour le secteur 1, la moitié de l’effectif a une durée moyenne de 16 minutes.
En revanche, pour le secteur 2, plus d’un tiers (34,2 %) de l’effectif a une durée
moyenne de 38 minutes, un autre tiers a une durée de consultation de 21 minutes.
2.2. Construction des indicateurs
Deux indicateurs ont été construits. Le premier (noté H) se propose de fournir une
estimation du niveau d'adhésion du médecin aux dispositifs de politique de santé à partir
de variables explicatives issues du questionnaire. Le second, noté M cherche à estimer
la nature, intrinsèque ou extrinsèque des motivations des médecins généralistes à
adhérer à la politique de santé.
Pour prendre en compte le caractère multidimensionnel du premier indicateur, celuici est issu de cinq ensembles indépendants de caractéristiques observables. Chaque
ensemble est construit comme un indice à partir de plusieurs variables du questionnaire.
-
Le premier ensemble estime le niveau de participation des omnipraticiens aux
politiques en vigueur lors ou précédant l’élaboration du questionnaire : le
dispositif de médecin référent et la mise en place du procédé de télétransmission
des feuilles maladies. l’adhésion des médecins à ces deux dispositifs étaient
traités dans le questionnaire au moyen de deux questions modales binaires (Q30 :
"assurez-vous la télétransmission des feuilles de maladie ? " ; Q33 : "Avez-vous
médecin référent ? ").
8
-
Le second ensemble est un indicateur d’opinion des médecins généralistes sur les
dispositifs déjà mis en place. Il s’appuie sur deux questions textuelles,
modalisées a posteriori (Q34 : "Que pensiez-vous du dispositif de médecin
référent ?" et Q35 : "Que pensez-vous de la récente réforme du médecin
traitant ?") ainsi que d’une série de 5 propositions concernant les politiques de
santé sur lesquelles les médecins devaient se positionner selon une échelle de 0 à
5 (voir annexe 1, Q38).
-
Le troisième ensemble prend en compte l’empathie que les médecins généralistes
ont avec les principes et les objectifs de la politique de santé à travers une série
de 12 affirmations portant sur les politiques de santé et sur lesquelles les
médecins devaient se positionner (voir annexe 1, Q40).
-
Le quatrième ensemble, en analysant les réactions annoncées à une augmentation
sensible du prix de la consultation, fournit une indication des priorités des
omnipraticiens. Elle mobilise une question modalisée ouverte demandant aux
omnipraticiens d’indiquer leurs intentions, dans l’ordre de priorité, en cas
d’augmentation de 5€ du tarif conventionnel de la consultation, La question a été
recodée a posteriori (voir annexe, Q39).
-
Enfin, le dernier ensemble mesure l’implication effective des médecins aux
dispositifs collectifs facultatifs tels que la permanence des soins ou la
participation à des sociétés savantes (Q26 : "Avez-vous personnellement des
engagements professionnels de type syndical, ordinal ou associatif ?" ; Q27 :
"Participez-vous à un groupe de pairs ?").
Les variables utilisées dans la construction n’étant exprimées dans les mêmes unités,
elles ont été normalisées ou redimensionnées afin que leurs niveaux respectifs soient
compris entre 0 (minimum) et 1 (maximum).
Pour chaque ensemble l (l = 1,…5) de variables, un indice synthétique a été
construit : En notant 𝑖 = 1, … . 𝑛 les médecins considérés ; 𝑗 = 1, … . 𝑘 les variables d'un
même ensemble et 𝑐!" la valeur de la variable 𝑗 pour le médecin 𝑖. 𝑐!" atteint son
maximum lorsque le médecin 𝑖 a un degré d'adhésion maximal pour 𝑗 et son niveau
minimal dans le cas où le médecin i a le degré d'adhésion minimal 𝑗.
Chaque indice est alors calculé par la moyenne des valeurs 𝑐!" de ses variables :
! 𝑐!" 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒! =
(𝑙 = 1, … 5)
𝑘
Les variables étant été normées, l'indice lui-même est compris entre 0 (niveau minimum
d'adhésion) et 1 (niveau maximum) : 𝑐!" ∈ 0,1 ⇒ 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒! ∈ 0,1
L’indice H s’écrit alors comme la moyenne pondérée des 5 indices :
!
𝐻=
𝑝! . 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑐𝑒! ; 𝐻 ∈ 0,1
!!!
La question du choix du jeu de pondération 𝑝! 𝑎𝑣𝑒𝑐 𝑙 = 1, … 5 est alors posée. Deux
jeux de pondération 𝐽! et 𝐽! ont été sélectionnés. Le premier valorise les actes plutôt que
les déclarations des omnipraticiens en surpondérant le premier ensemble de variables,
c'est-à-dire la participation effective des praticiens aux dispositifs existants. Dans le
second jeu, les pondérations sont réparties uniformément sur tous les ensembles de
caractéristiques :
9
𝐽! : !
!
!
!
!
et 𝐽! : ; ; ; ;
!" !" !" !" !"
! ! ! ! !
; ; ; ;
! ! ! ! !
Le changement de jeu de pondérations influence la distribution de fréquence des
médecins sur l’indice H (Graphique 1). La comparaison des résultats obtenus une
différence significative entre les deux systèmes de pondération pour l’intervalle central
]0,4 ;0,5] de H. Ceci plaide en faveur d’un biais de déclaration des médecins de
l’échantillon. Cependant, la difficulté qu’il y aurait à justifier un jeu de pondération
spécifique a priori nous à mener à effectuer les calculs avec le jeu 𝐽! , c’est-à-dire une
répartition uniforme des pondérations.
Graphique 1. Distributions de fréquence des médecins sur H
en fonction du jeu de pondération
Jeux de pondéra9ons : J1 % de médecins 50% 41% 40% 30% 20% J2 32% 21% 20% 20% 17% 13% 16% 10% ]0,3 ; 0,4] ]0,4 ; 0,5] ]0,5 ; 0,6] Valeurs de l'indice H ]0,6 ; 1] 11% 10% 0% ]0 ; 0,3] À l’instar de l’indicateur H, L’indicateur M mesurant le degré de motivations
intrinsèques/extrinsèque à adhérer aux politiques de santé est aussi construit comme une
moyenne pondérée. Les 13 variables prises en compte pour construire cet indicateur (cf.
tableau 2) n’ont cependant pas été partitionnées en ensembles. La méthode utilisée a
consisté dans un premier temps à évaluer la nature intrinsèque ou extrinsèque des
modalités de chaque variable à partir de la littérature. Dans un deuxième temps, chaque
valeur 𝑐!" a été normalisée afin d’atteindre sa valeur maximale (égale à 1) lorsque la
réponse du médecin 𝑖 correspond à une motivation purement intrinsèque et sa valeur
minimale (égale à 0) lorsque la réponse est exclusivement extrinsèque.
Tableau 2. Variable retenues pour l’indicateur de motivation et nature
intrinsèque (MI) ou extrinsèque (ME) des modalités
Variables
Type de quartier
Nombre moyen de
visites par jour
Actes gratuits
Modalités
Urbain résidentiel
Urbain intermédiaire
urbain populaire
milieu semi-rural
Rural
0
1
2à3
4à5
6à7
8à9
10 et plus
Non
10
Nature et valeur
attribuée (MI=1, ME=0)
ME
0
MI/ME
0,5
MI
1
MI/ME
0.5
MI
1
ME
0
|
0.1
|
0.2
ME/MI
0.4
|
0.6
|
0.8
MI
1
ME
0
Nombre de semaines
de vacances dans
l’année
Permanence des
soins : gardes de nuit
ou le Week-end
Maître de stage ou
enseignant à la
faculté
Dépassements
d’honoraires
Dans quelle mesure
la manière de
travailler est affectée
par les données
suivantes ?
Pouvez-vous nous
indiquer votre degré
d’accord avec les
affirmations
suivantes
Oui
>5
< 5 mais dépassements d’honoraires systématiques
< 5 mais durée de consultation < 10 mn
<5
Non
Oui
MI
ME
ME
ME
MI
ME
MI
1
0
0
0
1
0
1
Non
Oui
ME
MI
0
1
Non
Oui
- l’amélioration de la couverture maladie des
populations bénéficiaires de la CMU (noté de 0 à 5)
MI
ME
note 0:ME
note 5:MI
1
0
note 0 : 0
note 5 : 1
- sollicitations des laboratoires pharmaceutiques
(noté de 0 à 5)
- la valorisation de l’acte médical passe
nécessairement par le paiement direct du patient au
médecin (noté de 0 à 5)
- le tarif de la consultation prévu par la convention
médicale est indigne par rapport au coût d’autres
consommations de services (noté de 0 à 5)
- il faudrait dégager le plus possible l’exercice de la
médecine et le rapport au patient des questions
d’argent (noté de 0 à 5)
- il n’est pas possible pour un médecin de pratiquer
des variations d’honoraires de manière éthique
(noté de 0 à 5)
note 0:MI
note 5:ME
note 0:MI
note 5:ME
note 0 : 1
note 5 : 0
note 0 : 1
note 5 : 0
note 0:MI
note 5:ME
note 0 : 1
note 5 : 0
note 0:ME
note 5:MI
note 0 : 0
note 5 : 1
note 0:ME
note 5:MI
note 0 : 0
note 5 : 1
L’indicateur M est donc calculé par :
!"
𝑀 = 𝑝! 𝑐!"
!!!
3. Résultats et discussion
De façon générale, l’échantillon est assez homogène autour des deux indicateurs.
l’indicateur H montre un degré d’adhésion moyen légèrement en dessous de la moyenne
(0.40), ce qui confirme le résultat d’Aulagnier et al. (2007). De son côté, l’indicateur de
motivation M, dont la moyenne est à 0,44 montre une sensibilité légèrement plus forte
aux motivations extrinsèques. Ce résultat ne suffit cependant pas à confirmer ou
infirmer le crowding-out effect.
La dispersion autour des moyennes est comparable pour les deux indicateurs (cf.
graphique 2). Aucun médecin généraliste ne se caractérise par une adhésion totale ou
nulle à la politique de santé. De même aucun ne présente de motivations exclusivement
intrinsèques ou extrinsèques. Il est cependant à noter que les extrêmes montrent un
profil identique. En ce qui concerne l’indicateur H, alors que seulement 13 % des
praticiens ont un degré d’adhésion très élevé à la politique de santé (H entre 0,6 et 1), ils
sont beaucoup plus nombreux (23 %) à s’en désintéresser (H entre 0 et 0,3). De même,
le nombre de médecins principalement motivés intrinsèquement à des actions de
politique publique (M entre 0,6 et 1) ne sont que 11 % alors que le nombre de praticiens
fortement motivés extrinsèquement (M entre 0 et 0,3) est de 18 %. Une étude plus fine,
croisant les deux indicateurs est nécessaire pour conclure en faveur d’un effet
11
d’aubaine, où une part non négligeable de médecins profiteraient des incitations
financières sans véritablement jouer le jeu de la politique publique.
Graphique 2. Répartition des omnipraticiens sur les indicateurs H et M
35% % du nombre de médecins 30% 25% 20% 15% 10% 5% 0% indicateur H indicateur M Une troisième étape de l’analyse, consiste à identifier un dernier ensemble de
variables permettant, pour certaines, de contrôler les caractéristiques observables (effets
d’âge, effet de génération, …) et, pour d’autres, d’affiner les résultats (par secteur
d’activité, par zone d’exercice, …). Le traitement économétrique sur ces variables
qualitatives consiste alors, dans première étape, à mesurer le niveau d’homogénéité (ou
d’hétérogénéité) de l’adhésion et des motivations en fonction des variables de contrôle.
Puis il consistera à mesurer l’influence des variables exprimant les motivations
(intrinsèques et extrinsèques) sur l’indicateur de degré d’adhésion aux dispositifs de
politique de santé. Si ce travail en est à ses débuts, il a été partiellement réalisé.
Concernant l’âge, le travail antérieur de (Videau, Ventelou, Combes, Verger,
Paraponaris, 2007) avait distingué un âge critique de 53 ans à partir duquel le taux
d’adhésion aux politiques de santé augmentait. Cette distinction n’apparaît pas aussi
clairement dans notre étude. Le degré d’adhésion des médecins généralistes à la
politique de santé n’est pas significativement différent (au risque de 1 %) entre les plus
de 54 ans et les moins de 54 ans. Toutefois l’hypothèse d’une différence de
comportement est envisageable au risque de 5 %. La valeur moyenne de H est, pour les
deux catégories, autour de 0,4. C'est-à-dire un degré d’adhésion plutôt faible, ce qui va
dans le même sens que d'autres travaux (Aulagnier, Videau, Combes, Sebbah,
Paraponaris, Verger, Ventelou, 2007).
S’il n’y a pas d’âge critique permettant de séparer la population de médecins en deux
populations différentes au regard de l’indicateur H, est-il possible de distinguer une
évolution des comportements en fonction de l’âge ? Les tests systématiques sur les
tranches d’âge montrent que, globalement, cette évolution n’est pas observable.
Cependant, le comportement de la tranche d’âge allant de 50 à 60 ans est très
significativement différent de celui des plus jeunes (30-40 et 40-50 ans) et faiblement
différent (au risque de 5 % seulement) des plus âgés (plus de 60 ans). Les 50-60 ans
adhèrent en effet significativement moins à la politique de santé que les autres tranches
(H = 0,39 pour cette tranche d’âge contre 0,43 à 0,45 pour les autres tranches), la
différence est plus marquée avec les médecins généralistes plus jeunes qu’avec les
12
omnipraticiens plus âgés. Cette tranche des 50-60 ans est celle des derniers médecins à
avoir eu le choix de leur secteur tarifaire.
Graphique 3. Histogrammes de l'indicateur selon l'âge
Agetr=1 : 30-40 ans ; Agetr=2 : 40-50 ans ; Agetr=3 : 50-60 ans ; Agetr=4 : plus de 60 ans
Le genre est aussi souvent, dans la littérature, une variable discriminante des
comportements des médecins (Beck, Daughtridge, Sloane, 2002 ; Henderson, Weisman,
2001 ; Roter, Hall, Aoki, 2002). Il est donc légitime de poser la question si les médecins
généralistes adhèrent selon leur genre aux dispositifs de politique de santé de manière
différente ? L'indicateur H est, dans notre échantillon, de 0,4 pour les femmes et de 0,42
pour les hommes. Les valeurs sont proches, mais la distribution est significativement
différente. L'étude des distributions de fréquence (Graphique 4) met en évidence une
valeur modale très importante (près de 35% des femmes ont un indicateur H compris
entre 0,3 et 0,35). On ne retrouve pas cette spécificité chez les hommes.
Graphique 4. Histogrammes de l’indicateur selon le genre
13
Enfin, le secteur tarifaire constitue aussi un point de clivage fréquemment observé
des comportements des médecins (Abecassis, Domin, 2011a). Le secteur n’est pourtant
pas clivant en ce qui concerne l’adhésion des médecins à la politique de santé. Les deux
secteurs tarifaires présentent des valeurs assez proches (H=0,42 pour le secteur 1 et
H=0,4 pour le secteur 2). En revanche, malgré la faible différence en moyenne, les tests
de Kolmogorov-Smirnov et de Küiper concluent à des distributions de fréquence
significativement différentes. Ainsi, dans le secteur 1, la distribution de fréquence est
assez plate dans les valeurs moyennes (H=0,2 à H=0,5 à l’exception de la valeur modale
(entre H=0,3 et H=0,35) qui apparaît assez élevée (28 % des médecins de ce secteur). A
contrario, dans le secteur 2, si l’intervalle ]0,3 ; 0,35] est aussi modal (23 %),
l’intervalle ]0,45 ; 0,5] est presque aussi important (20 %).
Graphique 5. Histogrammes de l'indicateur selon le secteur
Pour affiner l’analyse en terme de secteurs, l’étude distingue trois types de praticiens:
les médecins en secteur 2 (cas 1), les médecins ayant eu la possibilité de passer en
secteur 2 et ayant décidé de rester en secteur 1 (cas 2) et ceux n’ayant pas eu la
possibilité de passer en secteur 2 (cas 3)1. Dans l’échantillon étudié, 50,1 % des
praticiens exerçant en secteur 1 ont eu la possibilité de passer en secteur 2 parmi
lesquels 19,1 % l’ont fait et 31 % ne l’ont pas fait. La distinction par cas semble montrer
une distribution des comportements assez similaire entre les cas 1 (H=0,39) et cas 3
(H=0,41) et une distribution très différente pour le cas 2 (H=0,43). Dans ce dernier cas,
1/3 des médecins ont un indice H compris entre 0,2 et 0, et la moitié entre 0,2 et 0,35.
On retrouve ici la spécificité de ce groupe de praticiens, pénalisés par la convention de
1990, qui ont des comportements tarifaires différents des autres (Abecassis, Domin,
2011b).
1
La négociation de la convention de 1990 se fait dans un contexte particulier. La tutelle entend favoriser
la maîtrise des dépenses de santé alors que celle-ci suscite la méfiance des acteurs paritaires
(Hassenteufel, 1997a). Un premier accord-cadre est signé le 7 juillet 1989 entre la CNAMts et deux
organisations (CSMF, FMF). Mais, le développement d’un discours contestataire, en l’occurrence celui
du Syndicat de la médecine libérale (SML), radicalise les positions des deux premières organisations et
les incite à se retirer des négociations et à dénoncer l’accord. Un accord est finalement signé entre la
CNAMts et la FMF. Il gèle l'accès au secteur 2 seulement pour les médecins généralistes et autorise les
praticiens qui avaient préalablement choisi le secteur à honoraires libres à revenir sur leur décision
(Dubouis, 1990).
14
Graphique 6. Histogrammes de l'indicateur selon le secteur
Conclusion
Ce travail avait pour objectif d’analyser le degré d’adhésion des médecins
généralistes aux dispositifs de politique de santé et d’en déterminer la nature. Le
premier objectif a été atteint. Les résultats montrent que les médecins généralistes
adhèrent de façon mitigée à la politique économique de santé. Si 13 % de l'effectif
adhère massivement à la politique de santé, 23 % s'en désintéresse fortement. Le travail
met également en évidence un désintéressement important de la génération des 50-60
ans. Cette dernière a connu les premiers balbutiements de la politique économique de
santé (mise en place et développement des RMO, ACBUS, …) et s'est sentie trahie par
les mesures qu'elle avait contribué à mettre en place (Mossé, 1998). L'empilement des
mesures a contribué à ce désintéressement.
En revanche, à ce stade, l’indicateur de motivation (M), dont la moyenne est à 0,44,
montre une sensibilité légèrement plus forte des omnipraticiens aux motivations
extrinsèques. Le nombre de médecins fortement motivés intrinsèquement à des actions
de politique publique (M entre 0,6 et 1) ne sont que 11 % alors que le nombre de
praticiens fortement motivés extrinsèquement (M entre 0 et 0,3) est de 18 %. Mais, le
travail sur cet indicateur doit être poursuivi pour confirmer ou infirmer l'hypothèse d'un
crowding out effect. Il faudrait notamment déterminer plus finement le profil de ces
deux catégories.
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Annexe
Questions/Variables retenues pour l’étude
Type
Questions
M* 1. Genre
CM 2. âge
CM 3. ancienneté (Vous êtes installé depuis :)
M
4. zone d’activité
CM 5. nombre moyen de consultations par jour
Modalités (après traitement)
Femme ; Homme
30 à 45 ans ; 46 à 50 ; 51 à 55 ; 56 ans et +
0 à 15 ans ; 16 à 25 ans ; + de 25 ans
Quartier urbain résidentiel ; urbain intermédiaire ;
urbain populaire ; milieu semi-rural ; rural
- de 15 consultations par jour ; de 14 à 19 ; de 20 à
24 ; de 25 à 29 ; + de 30
aucune visite par jour ; 1 ; 2 ; 3 à 4 ; 5 visites et +
CM 6. nombre moyen de visites par jour
7. nombre de semaines au cours de l’année
CM
0 à 10
écoulée
8. Permanence des soins : gardes de nuit ou
M
Oui ; Non
le Week-end
M 9. Activité syndicale, ordinale ou associative Oui ; Non
M 10. Participation à un groupe de pairs
Oui ; Non
M 11. Activité d’enseignement
Oui ; Non
M 12. Utilisation de la télétransmission
Oui ; Non
M 14. A été médecin référent
Oui ; Non
O 15. Opinion sur le dispositif « Médecin référent »
M 16. Secteur tarifaire
Exercice en secteur 1 ; en secteur 2
M 17. Actes gratuits ?
Oui ; Non
18. Si vous n'effectuez pas d'actes gratuits,
M
Oui ; Non
en avez-vous fait dans le passé ?
O 19. Pour quelle(s) raisons ?
20. Si vous effectuez des actes gratuits,
- de 5 actes gratuits au cours du mois dernier ; de 5
CM combien estimez-vous en avoir fait dans le
à 9 ; de 10 à 14 ; de 15 à 24 ; 25 et +
mois écoulé ?
O 21. Pour quels motifs [Effectuez-vous des actes gratuits] ?
22. Avez-vous l’impression de faire plus ou
M moins fréquemment [d'actes gratuits] ces
inchangé ; + fréquemment ; - fréquemment
dernières années ?
M 23. Pratique des dépassements d’honoraires Oui ; Non
24. Avez-vous l’impression d’en pratiquer
M plus ou moins fréquemment ces dernières
- fréquemment ; inchangé ; + fréquemment
années ?
25. Que pensez-vous de la possibilité de dépassement en cas d’appel en visite sans motif médical
O
valable ?
O 26. Comment utilisez-vous personnellement la possibilité de dépassement en cas d’appel en visite
18
sans motif médical valable ?
27. Si demain intervenait une augmentation sensible du C (5€ par exemple) vous pensez que
cela vous permettrait en priorité de (5 réponses possibles) :
a. Passer moins de temps au cabinet ;
b. Consacrer plus de temps à chaque patient ;
c. Faire moins d'actes ;
d. Faire plus d'actes gratuits ;
Mm e. Passer plus de temps à se former ;
f. Amélioration des conditions de travail ;
g. Amélioration du niveau de vie ;
h. Modifier son activité ;
i. Obtenir plus de reconnaissance ;
j. Autre ;
k. Cela ne change rien.
28. Degré d’accord avec les affirmations suivantes (chaque affirmation est notée de 1 à 5)
a. La valorisation de l'acte médical passe nécessairement par le paiement direct du patient au
médecin ;
b. Les délassements d'honoraires opèrent une sélection socio-économique de la clientèle ;
c. Le tarif de la consultation prévu par la convention médicale est indigne par rapport au coût
d'autres consommations de service ;
d. En médecine libérale, la soumission à la demande des patients est source de dépenses non
justifiées ;
e. Il faudrait dégager le plus possible l'exercice de la médecine et le rapport au patient des
M
questions d'argent ;
f. Il n'est pas normal de relever le tarif conventionné sans engagement des médecins sur la
qualité et la formation ;
g. Les médecins libéraux sont des salariés déguisés de l'assurance maladie ;
h. Le paiement à l'acte fait partie de la relation thérapeutique ;
i. La croissance non contrôlée des dépenses de santé est un vrai problème économique et
politique dans un système de solidarité les finançant par cotisation sociale ;
j. Il n'est pas possible pour un médecin de pratiquer des variations d'honoraires de
manière éthique ;
* M : variable modale ; Mm Variable à choix multiple ; CM ; variable continue modalisée ; O : variable textuelle
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