Barbara DONVILLE - Conférences EHESS 2013 " EMOTIONS ET CONNAISSSANCE DE SOI "
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couleurs et répondent aux contrastes, que celles-ci soient évoquées par un simple
trait ou par la jointure de deux surfaces. Par la gravure et le dessin, l’humanité a donc
inventé une première forme « d’autostimulation » de son système visuel.
- Les premières écritures font appel, pour les signes écrits, à l’ensemble des formes
simples que les physiologistes ont associées à des représentations neuronales
localisées dans le cortex temporal ventral. L’évolution culturelle semble avoir
exploré systématiquement l’espace des représentations du cortex visuel. Elle a donc
convergé vers un jeu minimal de symboles doté d’une très forte affinité avec notre
appareil cérébral, à la fois parce que notre cortex occipito-temporal ventral apprend
aisément à les reconnaître, mais aussi parce que cela a établi une connexion directe
avec le codage des sons de la langue dans le cortex temporal supérieur gauche.
L’aire d’agraphie d’Exner, (GMFA, Graphemic/ Motor Frontal Area) une
petite aire indispensable à l’écriture
- Il s’agit d’une toute petite aire, découverte en 1881 par Sigmund Exner, physiologiste
autrichien, qui est impliquée dans la graphie. Elle se situe dans le cortex prémoteur,
jouxtant l’aire de Broca : chez les personnes qui écrivent de la main droite, cette aire
est située dans l’hémisphère gauche, comme la zone du langage et celle qui contrôle
le mouvement de la main. Chez les gauchers, pour lesquels ces deux zones ne sont
pas forcément du même côté, l’aire se balade.
- Dans les diverses tentatives d’étude des troubles de l’écriture on distingue les
dysgraphies pures et les dysgraphies associées à d’autres manifestations cliniques
comme des troubles du langage oral, désordre praxique, déficits spatiaux ou
intentionnels. Les dysgraphies pures ont été identifiées à la suite des travaux d’Exner
par l’atteinte d’un centre de l’écriture, situé au pied de la deuxième circonvolution
frontale gauche, à côté de l’aire de Broca, ce qui pourrait expliquer les troubles de
l’oralité associés aux troubles du graphisme que l’on peut parfois observer.
- Les travaux d’Exner ont été repris par le professeur Jean-François Démenet de
l’université Paul Sabatier de Toulouse et ont confirmé les travaux d’Exner : Il existe en
effet une implication du cortex pré-moteur dans la partie orthographique du
langage. L’importance du cortex pré-moteur dans la production du geste d’écriture
est avérée, ainsi que la mise en jeu des représentations allographiques visuelles.
Certains dyslexiques pourraient coder le signal de la parole en fonction d’indices
acoustiques n’appartenant pas au système phonologique de leur langue maternelle.