(Chauveau, 1999). Il est plus tardif aux Etats-Unis puisque postérieur à la catastrophe de la
Thalidomide ( Edgar, Rothman, 1990 ; Marks, 1995).
La seconde condition est scientifique, elle est relative à l’instrument de mesure permettant
l’évaluation : sans l’invention de l’essai clinique randomisé en double aveugle, l’évaluation des
médicaments serait bien difficile. Inventé en Grande Bretagne et aux Etats-Unis, il se développe
aux USA dès les années 40-50, ne se diffuse en Europe que dans les années 70 (Marks, 1999).
La troisième condition est organisationnelle : l’évaluation suppose une mobilisation et une
organisation d’une compétence collective à évaluer. Dans chaque pays, il y a une histoire
différente de l’organisation de cette compétence. En France, c’est cette troisième dimension qui
apparaît en dernier puisque l’approbation préalable date de 1941, sous le nom de visa rebaptisé
AMM en 1967 ; les essais contrôlés, randomisés, en double aveugle ne se diffusent que dans les
années 70 ; enfin la commission d’autorisation de mise sur le marché est créée en 1978 avec le
souci de forger de toute pièce une compétence française en matière d’évaluation des
médicaments. Cette création résulte de la convergence de plusieurs facteurs : d’abord un nouveau
ministre et une nouvelle administration, le ministère Veil ; ensuite la directive européenne de 1975
qui exigeait que les AMM soient délivrées à partir d’un catalogue d’essai assez précis ; enfin la
prise de conscience, au sein de ces administrations, du retard français (notamment vis-à-vis de la
Grande-Bretagne et des pays de l’Europe du nord). Deux grandes décisions méritent mention : la
principale est la création de la direction de la pharmacie et du médicament et l’autre, au sein de
cette direction, la création d’une commission d’AMM. La création de cette commission d’AMM
correspond à l’invention d’un mode d’organisation et de mobilisation des compétences. Le
modèle qui a été choisi, nommé modèle de l’expertise externe tient à deux caractéristiques : 1)
l’administration coopte, sans complètement l’absorber, une expertise externe ; 2) la décision
administrative et politique vise à être le reflet d’un consensus de la communauté scientifique
médicale. La commission, instrument de cette implication de la communauté scientifique dans la
décision, est composée essentiellement de cliniciens et de pharmacologues, travaillant le plus
souvent dans des services hospitaliers. Le contre modèle est celui de la Food and Drug
Administration qui, elle, utilise l’expertise interne : un expert de la FDA y travaille à plein temps3.
2. Les critères et le comparatif de l’évaluation
La deuxième composite du dispositif d’AMM est l’ensemble stabilisé des critères et
référents de l’évaluation. Celle-ci est toujours l’évaluation d’un rapport et même de plusieurs
3 C’est également le cas du Bfarm allemand.