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Il se trouve que la crise actuelle a été abondamment rapprochée de deux crises historiques
particulières : la Grande Dépression des années 1930, particulièrement évoquée dans les
media2, et la crise japonaise des années 1990 (e.g. Hoshi et Kashyap, 2008). La référence à la
première témoigne de la crainte de voir les économies des pays industrialisés s’enfoncer dans
une récession longue et profonde accompagnée d’une déflation. Le risque de déflation est
aussi l’élément qui rapproche la crise actuelle de la crise japonaise, celle-ci n’ayant pas mené
à une profonde récession mais à une période tout aussi dramatique de plus de dix années de
ralentissement économique. L’intérêt spécifique de la crise japonaise réside
fondamentalement dans la nature de la crise : crise boursière, immobilière et bancaire, mal
gérée par les autorités publiques, elle a fini par produire une crise réelle. Avec ce type de
crise, se sont aussi posées des questions cruciales sur la valeur de marché des créances
douteuses, sur la nécessité de mettre en place des structures de défaisance des actifs toxiques
des banques et sur la nécessité du recours à la nationalisation de certains acteurs bancaires.
Outre ces deux crises majeures, nous évoquerons aussi la crise, longtemps latente, des caisses
d’épargne américaines et les crises des pays scandinaves. L’évocation de ce dernier type de
crise nous permettra de mieux appréhender la dimension extérieure des déterminants de la
crise actuelle dans certains petits pays de l’Union européenne notamment.
Dans cette contribution, nous envisageons ainsi d’établir des parallèles entre la crise actuelle
et ces différentes crises, en suivant la trame suivante basée sur les mécanismes communs
ayant mené à la crise : déterminations du contexte, des déséquilibres, et des éléments
déclencheurs de la crise. Ainsi, nous pourrons caractériser le type de chaque crise et comparer
celle que nous connaissons depuis 2007 à cette typologie. Nous en tirerons alors des
enseignements en termes de solutions possibles à la crise, en tentant d’évaluer les réussites et
les échecs des politiques mises en œuvre lors des crises passées. Un certain nombre de
recommandations en découlera. Nous conclurons en évoquant les risques associés aux
solutions mises en œuvre, en distinguant différents horizons temporels.
1. La crise actuelle au regard de quelques crises passées
2 A l’aide du logiciel Factiva, nous avons comparé les occurrences des termes « great depression » et « crise de
1929 » dans les différentes sources de presse mondiale référencées entre janvier 2007 et 2008, puis entre janvier
2008 et 2009 : ces deux termes ont vu leurs citations dans la presse augmenter respectivement de plus de 300%
et 400% entre les deux périodes. Entre janvier 2008 et 2009, « great depression » a été cité plus de 42 000 fois,
« crise de 1929 » 1 131 fois.