Propos recueillis par Tanina Ait
Des acquis, mais beaucoup
reste à faire dans la lutte
anti-tabac
Pr Mustapha Boubrit* à Santé Mag
Le "testing" des mutations du biomar-
queur (RAS) par biopsie liquide repré-
sente une avancée majeure. Est-il pra-
tiqué, en Algérie?
Tout à fait. Ce test est pratiqué après le
diagnostic; notamment, dans le cas du
cancer colorectal métastatique, de sorte
à choisir le type de thérapie ciblée, en
fonction du stade tumoral. Cela est pra-
tiqué sur la pièce opératoire prélevée.
A cet eet, notre collègue de Nice,
le professeur Gérard Milano, qui est
membre de plusieurs conseils scienti-
fiques, dont la Ligue nationale contre
le cancer, nous a présenté les nouvelles
techniques par biopsie liquide, qui
permettent, sans faire de biopsie, de
connaître le stade de la tumeur, afin de
prescrire le traitement idoine au patient.
En outre, je rappellerai, nonobstant le
prix fort élevé de ces médicaments, il y
a leurs eets secondaires indésirables,
qui sont diciles à gérer et peuvent,
même, être mortels; que ce soit l’anti-
EGFR ou l’anti-VEGF.
Ceci est, donc, à la limite de la méde-
cine légale. En eet, administrer un trai-
tement au patient, dont on ne sait pas
s’il s’avérera ecace, est une lourde res-
ponsabilité, pour le praticien.
C’est pour cela que le test RAS sert à
guider l’oncologue, afin de prescrire le
meilleur traitement, qui correspond à
chaque malade; c'est-à-dire, une thé-
rapie ciblée et comme vient de le dire
notre collègue, le professeur Gérard Mi-
lano, dans sa communication, «un bon
médecin soigne une maladie, un grand
médecin soigne un patient sourant
d’une maladie».
Donc, de plus en plus, on se dirige vers
une médecine personnalisée
* Professeur Kamel Bouzid,
chef de service d’oncologie médicale, au
CHU Mustapha Bacha- Alger.
- Président de la Société algérienne
d’oncologie médicale.
Santé Mag: Peut-on parler, aujourd’hui,
grâce aux mesures émises par l’OMS,
que l’Algérie a, d’ailleurs, adoptées, de
progrès dans la lutte anti tabac ?
Pr Mustapha Boubrit: Eectivement,
nous constatons, indéniablement, des
avancées, puisque nous ne voyons pas
de personnes fumer dans les lieux pu-
blics, les transports, les salles de réu-
nions, à l’intérieur des entreprises; car,
cela est interdit, sous peine de sanction
et mêmes les zones fumeurs ont ten-
dance à disparaître des espaces collec-
tifs; ce qui est une bonne chose en soi.
Néanmoins, des progrès restent à faire,
pour dissuader les jeunes d’apprendre à
fumer; c’est cela, le nœud gordien.
Justement, par rapport au Plan cancer,
quels sont les objectifs, dans ce sens ?
Dans ce cadre, plusieurs objectif sont fixés;
notamment, la dissuasion de prendre
sa première cigarette, pour l’enfant et
l’adolescent. Aussi, nous devons agir, en
l’occurrence, dans les écoles, les collèges,
les lycées, ainsi que dans les universi-
tés. Cette sensibilisation s’avère positive,
car nous agissons à l’aide d’images qui
frappent les esprits, sur les conséquences
du tabagisme sur la santé. Cette sensibili-
sation s’entreprend en continu et non pas
par des campagnes intermittentes, sinon
cela ne peut être positif, car on oublie très
vite ces images choquantes. En tout état
de cause, tout le monde doit s’impliquer,
les parents, l’école, les médias, les pro-
fessionnels de la santé, les stars du foot-
ball et les artistes. Ces derniers ont une
grande influence sur la psychologie des
jeunes, qui s’identifient, inconsciemment,
à eux. Ils doivent, donc, s’impliquer.
Il importe de dire que fumer est une fai-
blesse de l’être humain, à la recherche de
dérivatifs à ses angoisses et si ce n’est le
tabac, cela peut-être autre chose. C’est
dire, par ailleurs, si le sevrage est di-
cile à obtenir; aussi, l’action de sensibili-
sation doit être menée, également, vers
les parents, qui ne doivent pas donner le
mauvais exemple à leurs enfants et faire
prendre conscience, à ces mêmes parents,
des impacts négatifs sur l’avenir de leurs
enfants, s’ils sont touchés par un cancer.
Qu’en est –il des centres de sevrage ?
Comme je vous disais tantôt, le sevrage
est une opération tres dicile. C’est
pourquoi l’action est, d’abord, à me-
ner vers les jeunes. Ceci étant, il existe
eectivement des centres d’aide au
sevrage, d’autres vont ouvrir; mais, tou-
jours est-il que le sevrage pendant un
temps à des eets diciles sur le plan
psychologique, car la personne peut de-
venir violente, à cause de son addiction
à la nicotine. C’est dire si le tabagisme
est dangereux
* Professeur Mustapha Boubrit,
chef du service de radiologie, à l'hôpital
de Béni-Messous.
- Membre du comité de pilotage et
d’évaluation du Plan cancer.
Santé-MAG
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