MESURES 808 - OCTOBRE 2008 - www.mesures.com 43
S
olutions
déduire la forme du faisceau et mesurer le
front d’onde. L’analyseur de courbure est
basé sur ce raisonnement. Il mesure en effet
la variation longitudinale de l’intensité en
déplaçant le capteur le long de l’axe optique.
Pour simplifier la mise en œuvre de la mé-
thode et obtenir simultanément les deux
images d’intensité, certains fabricants ont eu
l’idée d’utiliser une grille de diffraction spé-
cifique (composée de motifs paraboliques).
Les images sont acquises sur un capteur CCD
situé derrière la grille. On obtient ainsi les
deux images d’intensité du faisceau incident
sans qu’il soit nécessaire de déplacer la ca-
méra. La résolution des analyseurs de cour-
bure est plus élevée que celles des deux mé-
thodes précédentes. Chaque pixel obtenu
correspond en effet à un point de mesure (et
donc à une valeur de front d’onde).
Cependant la grille est conçue pour fonc-
tionner avec une longueur d’onde spécifi-
que. La bande passante du front d’onde est
donc réduite. D’autre part, il peut être néces-
saire d’augmenter le flux lumineux incident
afin de compenser la division du faisceau par
la grille de diffraction. Pour faire simple, c’est
un peu comme si chaque “demi-caméra”
recevait la moitié du flux lumineux incident.
Et cette fois-ci, les analyseurs ne disposent
pas d’un réseau de microlentilles pour con-
centrer le faisceau lumineux. Enfin la mé-
thode nécessite d’utiliser des éléments de
diffraction complexes et très spécifiques.
La simplicité avant tout
Avec les capteurs de front d’onde introduits
par la société PhaseView, le concept est diffé-
rent. Dans ce cas, il ne s’agit plus d’atteindre
coûte que coûte de meilleures résolutions en
utilisant des composants matériels de plus
en plus complexes (tels que des microlen-
tilles dotées d’une signature ou des réseaux
de diffraction spécifiques). La société a plu-
tôt misé sur des composants optiques plus
simples, mais associés à un calcul algorith-
mique plus important. Dans ces capteurs que
PhaseView qualifie de “numériques”, c’est
donc le logiciel qui prévaut. Le principe,
quant à lui, est relativement proche des ana-
lyseurs de courbure. Les capteurs s’appuient
en effet sur la mesure du changement de
répartition de l’énergie lumineuse dans l’es-
pace. Comme les analyseurs de courbure, ils
mesurent la variation de l’intensité de l’onde
dans la direction de l’axe optique. Grâce aux
images d’intensité obtenues sur des plans
transversaux à l’axe optique, et au logiciel
qui leur est associé, ils fournissent une re-
construction mathématique du front d’onde.
Dans ce cas, les composants optiques utilisés
sont beaucoup plus simples. Ici, pas d’élé-
ments de diffraction ou de microlentilles :
c’est une simple lame séparatrice qui sépare
le faisceau incident. L’utilisation minimale
d’éléments matériels améliore la portabilité
des analyseurs de front d’onde. Ceux-ci res-
semblent à des capteurs faciles à mettre en
œuvre dans un milieu industriel.
Contrairement aux analyseurs de courbure,
il est possible de mesurer le front d’onde
quelle que soit la longueur d’onde du fais-
ceau incident. Celui-ci peut même être cons-
titué d’une lumière blanche (plusieurs lon-
gueurs d’ondes simultanément). Les capteurs
sont donc utilisables dans une plus large va-
riété d’applications, et cela sans qu’il soit
nécessaire de choisir un appareil pour une
longueur d’onde spécifique. L’exemple le
plus simple est celui des lentilles de lecteurs
DVD ou Blu-Ray. Pour les contrôler, il fallait
jusqu’à présent deux longueurs d’onde dif-
férentes, et donc deux systèmes de mesure.
Désormais, un seul appareil suffit.
Les capteurs numériques de front d’onde
offrent une bonne sensibilité (λ/100) avec
une résolution d’environ 250 000 points de
mesure. Ils peuvent donc remplacer avanta-
geusement le Shack-Hartmann, notamment
dans les faibles conditions de luminosité ou
dans les systèmes d’optique adaptative. La
sensibilité et la dynamique font toujours
l’objet d’un compromis, mais il est possible
de construire des capteurs réglables et de
choisir de privilégier l’un ou l’autre des cri-
tères au moment de la mesure (en jouant sur
l’espacement entre deux prises d’images).
Malgré la charge de calcul importante, la fré-
quence de mesure s’élève à 15 Hz.
Grâce à ces caractéristiques, les capteurs nu-
mériques peuvent être utilisés dans une très
large variété d’applications : mesure des
aberrations d’ordres supérieurs et inférieurs
des lentilles asphériques utilisées dans les
têtes de lecture des DVD, des téléphones ou
encore des lentilles intraoculaires, discrimi-
nation de cellules biologiques en microsco-
pie en lumière blanche, caractérisation de
surfaces, etc.
Marie-Line Zani-Demange
d’après un document de
Igor Lyuboshenko, PhaseView
La mesure des lentilles asphériques, qui nécessite des appareils
dotés d’une résolution et d’une dynamique élevées, est une
application privilégiée des capteurs numériques de PhaseView.
Les différentes méthodes
Méthodes Principaux avantages Principales limitations
Shack-Hartmann - Grande sensibilité
- Large gamme de longueurs d’onde
- Insensibilité aux vibrations
- Faible résolution
- Compromis à trouver entre dynamique
et résolution
- Nécessite un étalonnage précis
Interférométrie
à décalage
multilatéral
- Résolution supérieure
à Shack-Hartmann
- Possibilité de modifier, suivant les besoins,
la sensibilité et la dynamique
- Requiert un matériel plus complexe
(et plus coûteux) que le Shack-Hartmann
Analyseurs
de courbure
- Résolution supérieure
à Shack-Hartmann et à l’interférométrie
à décalage multilatéral
- Matériel plus complexe que les méthodes
précédentes
- Fonctionne dans une longueur d’onde
déterminée
- Bande passante limitée
Capteurs
“numériques”
de front d’onde
- Résolution supérieure
aux capteurs précédents
- Simplicité
- Fonctionne avec n’importe quelle
longueur d’onde
- Nécessite des algorithmes spécifiques
et une charge de calcul élevée
Source : PhaseView