Conjoncture 2012

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Séance plénière des 13 et 14 juin 2013
CONJONCTURE 2012
Le Conseil économique, social et environnemental régional,
Vu le code général des collectivités territoriales et notamment ses articles L 4131-2,
L 4134-1 et suivants ;
Vu le décret n° 2001-731 du 31 juillet 2001, modifiant le code général des
collectivités territoriales et relatif à la composition et au renouvellement des conseils
économiques et sociaux régionaux ;
Vu l’avis des 1ère, 2ème, 3ème et 4ème commissions ;
Vu l’avis du bureau ;
Monsieur Gilles LORY, rapporteur entendu ;
DÉLIBÈRE
L'année 2012 s'est déroulée dans un contexte mondial et européen morose, dans la
continuité du phénomène connu depuis 2008.
Si certains pays semblent « rebondir » (Etats Unis, pays émergents…), la zone euro
s'enfonce dans la récession. La situation s'est notamment aggravée dans les pays
d'Europe du Sud.
L'Europe a pu croire avoir stabilisé ses turbulences financières, mais l'épisode de Chypre,
a montré que dans ce domaine rien n'était acquis et qu'une grande fragilité
existait encore.
Le taux de chômage a battu des records en 2012 dans la zone euro en atteignant 12 %
de la population active soit plus de 19 millions de personnes. Les jeunes de moins de
25 ans payant un tribut particulièrement lourd puisque 8 millions d'entre eux n'occupent
aucun emploi et ne suivent ni études ni formation.
L'Europe a aujourd'hui assoupli les règles de l'objectif de réduction des déficits publics
à 3 % en 2013 ; le débat est maintenant largement ouvert entre les tenants de la
poursuite de l'austérité et ceux qui souhaitent un assouplissement de ces règles afin de
ne pas accentuer le phénomène de récession. Il faut noter d'ailleurs que la Commission
Européenne reconnait que la politique d'austérité menée par la plupart des Etats a
neutralisé l'impact positif des systèmes de protection sociale et contribué à aggraver
la récession.
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La question de la gouvernance de l'Union Européenne reste centrale et le cap qui sera
tenu sera certainement une des clés pour sortir de la situation actuelle. La question de
l'harmonisation sociale et fiscale notamment ne pourra être éternellement repoussée.
Poursuite de la montée du chômage en France et des chiffres préoccupants en
région Centre
Dans ce contexte, le chômage augmente en France et en avril 2013 nous étions au
24ème mois de hausse consécutive. La région Centre, bien que toujours dans une situation
moins défavorable que la métropole, voit le différentiel se réduire en ce qui concerne le
taux de chômage.
Le chômage de longue durée notamment augmente, tant en nombre qu'en durée. C'est
là un indicateur encore plus préoccupant que l'augmentation du nombre de chômeurs. En
avril 2013, 39,2 % des demandeurs d'emplois étaient inscrits depuis plus d'un an
(+ 19,2 % en un an de cette population). Pôle Emploi réfléchit d’ailleurs à l’heure
actuelle à la mise en place d’un indicateur conjoncturel de chômage de longue durée et
commence à comptabiliser désormais les chômeurs de très longue durée. Cette situation
entraine mécaniquement une augmentation des bénéficiaires des minima sociaux dans la
région (+ 4,38 % en 2012).
Autre conséquence, désormais clairement identifiée, la baisse du pouvoir d’achat des
ménages ; compte tenu de la croissance de la population, la baisse serait de l’ordre de
1,5 % en 2012 soit la plus forte régression constatée depuis 1984. Ce chiffre est d’autant
plus inquiétant que la consommation des ménages était jusqu’alors l’un des principaux
facteurs de « croissance » du PIB.
La région Centre, de par son tissu économique, a toujours été plus sensible aux aléas de
la conjoncture et avait d'ailleurs une certaine facilité à repartir quand la conjoncture
s'améliorait. Cependant, la crise qui touche le secteur automobile n’est pas que
conjoncturelle. Cette situation, qui avait été parfaitement identifiée, avait donné lieu
en 2008 à la signature de la charte automobile qui prévoyait, entre autres actions, un
soutien aux sous-traitants de ce secteur. La « prime à la casse », qui a été mise en place
par la suite a, un temps, masqué les difficultés, mais a asséché pour plusieurs années le
marché de la vente de véhicules neufs sans d'ailleurs forcément profiter aux productions
nationales. Les actions prévues dans la charte automobile pour les sous-traitants du
secteur automobile ne se sont pas mises en place et les moyens financiers prévus dans le
plan ont essentiellement bénéficié aux groupes constructeurs et plus encore à leurs
filiales financières.
Ces entreprises de sous-traitance du secteur de l'automobile se trouvent aujourd'hui en
grande difficulté sans avoir les moyens et le temps de se positionner sur des secteurs
plus porteurs. La dissolution du cluster automobile –déjà pointé dans l’avis sur les aides
économiques– ne peut qu’inquiéter encore davantage sur la capacité de réaction
régionale.
On peut déplorer qu'une fois de plus, face à des mutations économiques qui étaient
pourtant connues, des actions d'évolution et d'anticipation n'aient pu être prises à temps.
Le nombre d'emplois salariés en région Centre a baissé de 1,4 % en 2012, de manière
plus marqué qu'en métropole (- 0,6 %). C'est notamment sur le secteur industriel que
cette baisse est la plus forte. En six ans, le secteur industriel a perdu près de 14 % de
ces effectifs. Au regard des effets induits sur les autres secteurs (sous-traitance, secteur
marchand) cette réduction d’effectifs dans le secteur industriel est particulièrement
préoccupante. La récente décision du groupe Michelin d’une réduction drastique des
effectifs sur son site de Joué-lès-Tours ne peut que confirmer cette tendance.
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Pourtant, l'ensemble du secteur industriel n'est pas logé à la même enseigne. Les
secteurs de l'aéronautique et de l'armement sont plutôt sur de bonnes perspectives. La
cosmétique, l'industrie pharmaceutique et la fabrication de machines et d'équipement
général, même s’ils ne sont pas exempts de difficultés contribuent encore largement à
l'excédent commercial de la région.
Le secteur industriel, dont chacun s'accorde enfin à reconnaitre le rôle primordial qu'il
joue dans l'économie, a besoin d'un soutien et de rebondir en France et en région Centre.
Les opportunités ne manquent pas, encore faut-il ne pas les laisser passer comme on a
pu le faire par le passé. La transition énergétique ouvre dans ce domaine de réelles
perspectives pour le secteur industriel, si tant est que des actions soient menées
rapidement dans ce secteur de plus en plus concurrentiel.
Les TPE et PME de la région rencontrent toujours des difficultés notables pour accéder au
crédit, notamment de trésorerie. Elles attendent avec impatience la mise en route
« complète » et opérationnelle de la BPI pour pallier leurs difficultés. La possibilité de
préfinancement du C.I.C.E1, récemment ouverte, est de nature à leur offrir une bouffée
d'oxygène sur la trésorerie. Peu d'entreprises régionales en ont encore fait la demande et
il y aurait urgence à mieux communiquer pour faire connaitre ce dispositif.
La baisse des dotations pour les collectivités, ainsi que la fin de certains « grands
chantiers » dans la région font craindre de grandes difficultés pour le secteur du BTP
en 2013. Les collectivités devront veiller à préserver leur capacité d'investissement au
risque d'accentuer, dans ce secteur, des difficultés déjà prégnantes.
Les entreprises de l'économie sociale et solidaire, et plus particulièrement les
associations, sont confrontées simultanément au désengagement de l'Etat, parfois des
collectivités, et à des incertitudes sur les financements européens. Cette situation crée
une grande fragilité pour nombre de structures qui assurent cependant un service public.
Le peu de marge de manœuvre financière que rencontrent collectivités et associations
explique sans doute en partie les difficultés de démarrage des emplois d'avenir dans le
secteur non marchand. Le secteur marchand a également des difficultés à s'approprier ce
dispositif, même si les raisons en sont de natures différentes. Ces éléments laissent
craindre que les objectifs régionaux (3 750 emplois d’avenir en 2013) soient très difficiles
à atteindre.
Dans ce contexte difficile, conjoncturellement comme structurellement, un enjeu majeur
consiste à pouvoir conserver les compétences des salariés dans l'attente d'un meilleur
avenir. Le dispositif de recours au chômage partiel, qui a pourtant été largement
assoupli, pour permettre de conserver et de former les salariés est encore trop
marginalement utilisé.
Même dans cette période de chômage de masse, les entreprises indiquent avoir des
difficultés à recruter. La question de l'adaptation de nos outils de formation
professionnelle et de formation continue aux besoins d'aujourd'hui est clairement posée.
La prochaine conférence sociale, qui fera de l'emploi et de la formation sa thématique
centrale, devra y répondre.
La baisse constatée des contrats en alternance en région Centre est à ce titre
préoccupante pour l'avenir. Elle doit s'expliquer en partie par la conjoncture, mais il
serait cependant nécessaire de creuser plus avant tant les situations entre départements
sont contrastées.
1
Crédit d’Impôts pour la Compétitivité et l’Emploi.
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En guise de conclusion
Ce présent avis ne peut que reprendre les grandes lignes des débats et positionnements
du CESER. De nombreux conseillers ont d'ailleurs regretté le peu de temps qu'a permis
l'ordre du jour de la plénière, pour s'approprier le considérable travail documentaire
réalisé par le comité de conjoncture. Il serait sans doute souhaitable que chaque
commission puisse dans le détail s'approprier collectivement l'ensemble de ces données
pour y déceler les spécificités régionales ou pour situer la région Centre dans le concert
des régions françaises afin de pouvoir proposer des pistes d'actions adaptées. C'est sans
doute là une évolution sur laquelle il faudra réfléchir pour la prochaine mandature.
Vote :
Pour : 70
Contre : 0
Abstentions : 9
Avis adopté à la majorité.
Xavier BEULIN
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