océanique planétaire, le cycle de l’eau douce dans l’Arctique est un grand sujet de
préoccupation. Les principaux apports d’eau douce nouvelle dans l’océan Arctique
viennent du ruissellement fluvial, de l’afflux d’eaux légèrement plus douces du
Pacifique par le détroit de Bering et des précipitations. Ces apports sont
contrebalancés par l’évacuation de l’eau douce (sous forme liquide et à l’état de
glace) qui transite, d’une part, par le détroit du Fram pour longer la côte est du
Groenland et, d’autre part, par les trois passages principaux de l’archipel canadien
pour aboutir dans l’Atlantique Nord-Ouest. Aucun de ces paramètres n’est facile à
quantifier précisément, mais notre connaissance à cet égard s’améliore grâce à
l’utilisation de nouveaux outils et techniques qui permettent d’effectuer les
mesures nécessaires. Jusqu’à récemment, on n’avait pas été capable de bien
quantifier les transports d’eau passant par l’archipel canadien, mais un
programme de recherche amorcé en 1998 nous a permis d’élaborer les
instruments spéciaux nécessaires à cette fin et d’obtenir une série de six ans de
données sur les courants, la salinité et la température dans le détroit de Barrow
(figure 1). Ces données ont servi à calculer les transports d’eau douce dans ce
détroit et, grâce à la longueur de leur série temporelle, à en quantifier la variabilité
saisonnière et interannuelle.
[[Figure 1]]
En raison des aspects uniques du milieu océanique polaire, il a fallu
concevoir des techniques et des instruments spéciaux pour recueillir les données
nécessaires à l’étude. Une des difficultés consistait à mesurer la direction des
courants océaniques là où notre proximité au pôle magnétique nord rend inutiles
les compas des courantomètres commerciaux, à cause de la faible composante
horizontale locale du champ magnétique terrestre. La technique élaborée pour
surmonter cette difficulté fait appel à un système de référence de cap précis, qui
permet de mesurer l’orientation d’un profileur de courant Doppler (ACDP)
émettant vers le haut et monté sur un module sous-marin de flottaison fuselé
(SUB). Le dispositif est illustré à la figure 2. Les SUB sont une technique brevetée
conçue par le personnel de l’IOB. Ils assurent l’alignement avec le courant,
réduisant ainsi le temps durant lequel le système de référence de cap, qui est un