INTRODUCTION
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et géographes, Antoine Prost relève que l’enthousiasme pour l’histoire du
monde ouvrier a quelque peu échi, oscillant depuis une vingtaine d’années
entre histoire sociale et culturelle
18. Centralisant dans une publication
quarante années de travaux sur le mouvement social, il évoquait dans son
avant-propos «la centralité perdue de l’histoire ouvrière».
Les con its sociaux ouvriers depuis le début desannées1960
Un sujet d’histoire proche abordé
par le champ pluridisciplinaire
Cette historiographie «éclatée», dense, se mesure à une échelle du
temps qui se place surtout dans la longue durée. Car, si quelques terrains,
notamment la n du esiècle, ou encore le Front populaire
19, voire
même les grèves de l’immédiat après-guerre (1947) restent l’objet d’études
systématiques, la période la plus contemporaine (des années 1960 à nos
jours) n’est abordée par les historiens que depuis peu. Si les approches socio-
logiques ont été multiples dans les années1970 et1980
20, tout comme
les études de sciences politiques sur les syndicats ouvriers 21, voire l’analyse
de quelques con its emblématiques 22, les historiens n’ont entrepris des
18. P A., Autour du Front populaire, aspects du mouvement social au XXesiècle, Paris, Le Seuil, coll.
«UH», 2006.
19. Cf. L D., M M., T D., Le Front populaire, Paris, Larousse, 2009.
20. Sans entrer dans le détail bibliographique, très vaste, on renverra ici aux synthèses de Michel
V (L’espace ouvrier, Paris, A.Colin, 1979 ; Le Travail ouvrier, Paris, A.Colin, 1982 ; La Culture
ouvrière, Paris, ACL, 1988 ; Chevilles ouvrières, Paris, Éditions de l’Atelier, 1995) ; à la présentation
de PierreD et Claude D, La Grève, Paris, A.Colin/FNSP, 1975 ; au livre emblé-
matique de Jean-Pierre D, La Fin des OS, Paris, Mercure de France, 1973 ; ou même à
DanièleK qui livre une approche par le genre, Les Ouvrières, Paris, Le Sycomore, 1982 ;
sans oublier François D, Alain T et Michel W, Le Mouvement ouvrier, Paris,
Fayard, 1984 et l’ouvrage collectif, Ouvriers, ouvrières. Un continent morcelé et silencieux, Paris,
Autrement, n°126, janvier1992. Sur la sociologie, cf. l’analyse d’Antoine P, «Fin de la socio-
logie du travail ou n des ouvriers ?», in Autour du…, op. cit.
21. Voir notamment les travaux d’Alain B, Force ouvrière, Paris, Le Seuil, 1975 ;
HélèneH, La CFDT et le mouvement social 1971-1981, thèse d’État, IEP de Paris, 1987 ;
René M, La CGT, Paris, Le Seuil, 1982 ; Guy G et René M, La CFDT,
Paris, Économica, 1989 et La CGT, crises et alternatives, Paris, Économica, 1992. À la même
époque, Michel L étudie en historien le premier syndicalisme chrétien jusqu’en 1940, Le
Syndicalisme chrétien en France (1885-1940), thèse d’État, Paris I, 1981 (5 vol.), dont une partie a
été publiée (La CFTC, origines et développement de 1919 à 1940, Publications de la Sorbonne, 1987).
Uncolloque a réuni récemment des historiens sur la période du régime de Vichy, cf. MM.
et T D. (dir.), Le Syndicalisme dans la France occupée, Rennes, PUR, 2008. Sur les
récentes ré exions des historiens, on renverra aux remarques fournies par Michel Pigenet dans cet
ouvrage (cf. supra).
22. Cf. par exemple: C J. et alii, La Grève du Joint Français, les incidences politiques d’un
con it social, Paris, A.Colin, 1975 ; D J., Usine et coopération ouvrière. Métiers, syndicalisation,
con its aux Batignolles, Paris, Anthropos, 1983 ; D Y., Grève de Péchiney-Noguères, Fontenay-le-
Fleury, 1974 ; D N., Flins, sans n, Paris, Maspero, 1979 ; D C., Chômage et violence
à Longwy, Paris, Galilée, 1981 ; K D., Bulledor ou l’histoire d’une mobilisation ouvrière, Paris,
LeSeuil, 1973 ; L M F., L’Aubépine de mai. Chronique d’une usine occupée. Sud Aviation,
Nantes, 1968, Nantes, CDMOT, 1988 ; et les travaux de Gérard N, historien, qui s’aventure
[« Mouvements ouvriers et crise industrielle », Laurent Jalabert et Christophe Patillon (dir.)]
[Presses universitaires de Rennes, 2010, www.pur-editions.fr]