LIN3710 Déplacement 28 janvier 2016
b. Ce
quoi
precede
précède
ce ?
quoi
‘Quoi précède quoi ?’
— Il y a cependant des raisons sémantiques de croire que les deux expressions interrogatives en
(10-b) ont chacune une copie en début de phrase.
— Toutefois, beaucoup de langues sont caractérisées par une contrainte qui interdit une séquence
de deux ou plusieurs éléments identiques. La copie plus haute d’une expression interrogative
(ici, le sujet) est prononcée, mais la copie plus basse de l’autre doit être prononcée an
d’éviter la violation de cette contrainte. Ceci est montré dans le schéma suivant.
(11) [ cesujet [ ceobjet [ cesujet [ precede ceobjet ] ] ] ] (= (10-b))
2.2.2 L’accord à distance en algonquin
— Un phénomène d’accord en algonquin (une langue algonquienne) montre aussi la prononcia-
tion de la copie basse d’un syntagme.
— Dans l’exemple suivant, le verbe principal s’accorde avec son sujet (je) et avec Paul. Nous
savons qu’il s’accorde avec Paul parce que le morphème -aa (en caractères gras dans l’exemple
suivant) marque la troisième personne et le syntagme Paul est le seul syntagme de troisième
personne dans cette phrase.
(12) [ Ni-gikenim-aa
1-savoir-1sujet.3objet
[ gii-bashkizw-aa-d
passé-tirer.sur-2sujet.3objet-3
Paul ] ]
Paul
‘Je sais que tu as tiré sur Paul.’
— Le problème réside dans le fait qu’un verbe ne peut s’accorder qu’avec un élément qui se
trouve dans la même phrase que lui mais en (12), le syntagme Paul se trouve dans la phrase
enchâssée, pas dans la phrase principale (avec le verbe principal). Pour résoudre ce problème,
il a été proposé que le syntagme Paul est Copié et Fusionné dans la phrase principale. Il y a
donc deux copies de Paul dans la phrase, comme suit.
(13) [ Ni-gikenim-aa Paul [ gii-bashkizw-aa-d Paul ] ]
— Étant donné qu’il y a une copie de Paul dans la phrase principale, l’accord du verbe principal
avec Paul n’est plus problématique.
— Dans cette construction, c’est la copie plus basse (dans la phrase enchâssée) de Paul qui est
prononcée.
2.2.3 Le déplacement du verbe en vata
— Nous trouvons aussi des cas où plus d’une copie d’une unité syntaxique est prononcée.
— En vata, le verbe se déplace vers la exion (en ce cas, un morphème temporel) et plusieurs
copies du verbe sont prononcées. Considérons l’exemple suivant.
(14) li
manger
à
nous
li-da
manger-passé
zué
hier
saká
riz
‘Nous avons mangé du riz hier.’
— Le verbe li dans cet exemple se déplace (comme en français) pour s’attacher au morphème
temporel. Il y a donc deux copies du verbe. Dans cette langue, les deux copies du verbe sont
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