Diabète et risque cardiovasculaire: Le syndrome métabolique en question Eugène Sobngwi, MD, PhD Service d’Endocrinologie – Diabétologie Hôpital Saint-Louis, Paris 10 / INSERM U 671 Le diabète sucré en France Critères diagnostiques z z Glycémie à jeun ≥ 7,0 mmol/l (1,26g/l) et/ou Glycémie 2 heures après ingestion de 75 g de glucose ≥ 11,1 mmol/l (2,0g/l) Prévalence du diabète z environ 2,5 millions de patients diabétiques en France (3%) z z ~ 200 000 diabète de type 1 > 2000 000 diabète de type 2 Prévalence du diabète en France Gourdy P, et al Diabetes Metab 2001;27(3):347-358 GLOBAL PROJECTIONS FOR THE DIABETES EPIDEMIC: 2003-2025 (millions) 38.2 38.2 44.2 44.2 16% 16% 25.0 25.0 39.7 39.7 59% 59% 13.6 13.6 26.9 26.9 98% 98% 10.4 10.4 19.7 19.7 88% 88% 18.2 18.2 35.9 35.9 97% 97% World 2003 = 189 million 2025 = 324 million Increase 72% 81.8 81.8 156.1 156.1 91% 91% 1.1 1.1 1.7 1.7 59% 59% Les complications du diabète Liebl A. et al. Dtsch. Med. Wochenschr. 126,585,2001 AVC Toutes les 12 minutes Cécité Toutes les 90 minutes Infarctus Toutes les 19 minutes Dialyse Toutes les 90 minutes Amputation Toutes les 19 minutes Mortalité Cardiovasculaire et Diabète Ferrannini E, et al. Journal of Cardiovascular Pharmacology 1996;28(suppl 4):S16-22) La morbi-mortalité cardiovasculaire est 2 – 5 fois plus élevée chez les sujets diabétiques par rapport aux populations non diabétiques Survie des diabétiques de type 2 1373 non diabétiques comparés à 1059 diabétiques (Finlande). Suivi à 7 ans 50 40 Mortalité Cardiovasculaire à 7 ans 30 Non diabétique Diabétique 20 10 0 Sans ATCD IDM ATCD IDM Haffner et Coll., N Engl J Med 1998 Mortalité Cardiovasculaire et Diabète A niveau de cholestérol sanguin identique, la mortalité est plus élevée chez les patients diabétiques que dans la population non diabétique Mortalité (toute causes confondues) après 16 ans de suivi chez 249 patients diabétiques comparés à 6851 sujets non-diabétiques de sexe masculin en fonction du cholestérol sérique initial Adlerberth AM, et al. Diabetes Care 1998;21(4):539-545. Diabète de type 2 Hyperglycémie Obésité androïde HTA Anomalies lipidiques ÀThrombogénèse Insulinorésistance Hyperinsulinémie Adiposité viscérale HTA Hyperglycemie Dyslipidemie L’iceberg mortel Obésité viscérale HTA Hyperglycemie Dyslipidémie Cytokines Syndrome inflammatoire Endothelium Coagulation Plaquettes Syndrome métabolique Ou Syndrome d’insulinorésistance Théorie métabolique de l ’Insulinorésistance dans le diabète de type 2 Principaux tissus cibles concernés et conséquence physiologiques (1,2,3) INSULINORESISTANCE Schéma d ’après (1,2,3) Foie Ò production de glucose (néoglucogenèse) Muscle squelettique Ô pénétration de glucose Ô stockage de glucose sous forme de glycogène (glycogenèse) Tissu adipeux Ò libération des acides gras (lipolyse) HYPERGLYCEMIE - DYSLIPIDEMIE (1) Turner NC, Clapham JC. Insulin resistance, impaired glucose tolerance and non insulin-dependent diabetes, pathologic mechanisms and treatment : Current status and therapeutic possibilities. Prog Drug Res 1998 ; 51 : 33-94. (2) Scheen A.-J., Le concept d’insulinosensibilité, Diabetes Métab 2001, 27, 193-200. (3) Scheen A-J. Insulino-résistance : de l'obésité au diabète non insulino-dépendant. In : Messing B, Billaux MS (Eds) : "Insulino-résistance", Arnette 1999 : 43-59. Glycémie g/l L’histoire naturelle du diabète de type 2 3,0 Glycémie postprandiale 2,0 Glycémie à jeun Fonction relative % 1,0 Insulinorésistance 200 100 Insulinémie Déficience des cell.β Années de diabète LeRoith Am J Med. 2002 Oct 28;113 Suppl 6A:3S-11S. Obésité centrale Troubles du métabolisme de l’acide urique Troubles fibrinolyse Hyperuricémie Insulinorésistance + Hyperinsulinémie Troubles du métabolisme glucidique Troubles hémodynamiques HTA Intolérance au glucose Diabète de type 2 Troubles du métabolisme lipidique Dyslipidémie Syndrome métabolique Au moins 3 des 5 critères suivants : z Obésité abdominale z z HTA même très modérée z z Glycémie à jeun > 1,10 g/L, évocatrice, insulinorésistance Hypertriglycéridémie z z PAS > 130 mm Hg, PAD > 85 mm Hg ou traitement anti-HTA Trouble du métabolisme glucidique z z Tour de taille supérieur à 102 cm chez l’homme, 88 cm chez la femme TG> 1,50 g/L HDL-cholestérol abaissé z Inférieur à 0,40 g/L chez l’homme, 0,50 g/L chez la femme NCEP - ATPATP-3 - JAMA 2001 Prévalence du syndrome métabolique en France Dans les centres français de l’étude MONICA Selon la définition NCEP ATP III du syndrome métabolique, n=3 400 (1995-1998) VILLE HOMMES (%) FEMMES (%) LILLE 26,5 25,7 STRASBOURG 22,0 23,9 TOULOUSE 16,0 13,3 22,5 18,5 TOTAL Gomila S, Med Nutr 2003 Woscops, Circulation 2003 z 6447 hommes (risque coronaire) et 5974 hommes (risque diabète) z Suivi moyen de 4.9 ans Quelles solutions ? Dépister et traiter en amont Qui dépister ? z Tout patient qui souhaite connaître son risque z Tout patient qui a un des marqueurs du syndrome métabolique z Obésité androïde z Glycémie > 1,10 g/l z Pression artérielle anormale z Bilan lipidique évocateur z Tout patient qui a une atteinte artérielle z Tout patient qui a des facteurs de risques familiaux (maladie coronaire, diabète) Traiter le syndrome métabolique Intervention Contrôles Buts % des sujets P Réduction poids >5% 43 13 0.001 Alim graisse < 30% 47 26 0.001 Graisses saturées <10% 26 11 0.001 Fibres >15 g/1000 kcal 25 12 0.001 Exercice > 4 h/sem 86 71 0.001 Tuomilehto J et al. N Engl J Med 2001 Traiter le syndrome métabolique 25% 20% 15% 23% Après 4 ans : Risque de diabète diminué de 58% (17–29 CI) 10% 5% 11% (6–15 CI) 0% Intervention Contrôle % avec Diabète Tuomilehto J et al. N Engl J Med 2001 Etre « agressif » avec les diabétiques Equilibre glycémique HbA1c Bon contrôle(optimal) ≤ 6,5 % Pas de modification thérapeutique Contrôle acceptable 6,6 - 8 % Modification thérapeutique à envisager Mauvais contrôle > 8% Modification thérapeutique recommandée ANAES 2000 Contrôle tensionnel z La pression artérielle cible chez les diabétiques doit être < 140 / 80 mmHg voire 130/80 z Le traitement doit être débuté ou modifié si PAS >140 mm Hg ou PAD >80 mm Hg z Débuter d’emblée par une polythérapie si la pression est > 200 / 100 mm Hg au-dessus de l’objectif z IEC (ARA 2) de plus en plus systématiques Le contrôle tensionnel est au moins aussi efficace que l’équilibre glycémique chez les patients ayant un diabète de type 2 pour la diminution de la survenue des complications microvasculaires (UKPDS) Effet du contrôle tensionnel PAS –10mmHg et PAD - 5mmHg Effet du contrôle glycemique HbA1c: -0,9% 1g/l le nouveau seuil de LDL-C à atteindre est de 1g/l en présence de maladie cardiovasculaire avérée ou de risque équivalent Document Pfizer Traitement des Hypercholestérolémies LDL -C éélevé levé LDL-C Mesures éno-diététiques Mesures hygi hygiéno-diététiques Traitement Traitement Pharmacologique Pharmacologique 1er 1er choix choix == Statines Statines Alternatives: Résines ou Niacine Expert Panel on Detection, Evaluation, and Treatment of High Blood Cholesterol in Adults. JAMA 2001;285:2486-2497. l’Activité Physique: Que conseiller? Les durées recommandées de l’effort (au moins tous les deux jours) — pour le jogging = 30 minutes — pour le vélo = 1 heure — pour la marche = 2 heures Bilan à réaliser avant de conseiller une pratique sportive – tension artérielle (HTA contre-indique les activités intenses) – ECG systématique, – > 50 ans + tabagisme ou 2 facteurs de risques associés => ECG d’effort L’activité physique doit être modérée – 50 % de la puissance maximale aérobie. – Un moyen simple = fréquence cardiaque (ne doit pas dépasser 80 % de la fréquence théorique maximale estimée en retranchant de 220, l’âge du sujet.) Si patient diabétique, Adapter le traitement hypoglycémiant pour éviter le risque hypoglycémique. Et Prévoir de quoi se resucrer en cas d'hypoglycémie Diététique: Que conseiller en Pratique? • Diminuer la consommation quotidienne de lipides < 30-35% de l’apport calorique quotidien • Diminuer les apports en graisses saturées: graisses animale, charcuterie, matière grasse d’origine laitière (préférer les viandes blanches) • Préférer les graisses poly-insaturées (huile ou margarine au tournesol, colza, maïs, poissons gras) et mono-insaturées (huile d’olive) • Diminuer les apports en cholestérol: œufs, abats, beurre • Augmenter la consommation de légumes et de crudités • En cas d’hypertriglycéridémie, diminuer les apports en sucres simples et en alcool Efficacité des statines sur les paramètres lipidiques • 22 à 60% de réduction du LDL cholestérol • Jusqu’à 32% de réduction des triglycérides Diminution de 48% du risque d’AVC chez les patients diabétiques (étude CARDS) Evénement Placebo* Hazard Ratio Atorva* Risque relatif (IC) Critère primaire 127 (9.0%) 83 (5.8%) -37% (-52, -17) p=0.001 Ev coronariens aigus 77 (5.5%) 51 (3.6%) -36% (-55, -9) Revascularisation coronaire 34 (2.4%) 24 (1.7%) -31% (-59, +16) AVC 39 (2.8%) 21 (1.5%) -48% (-69, -11) .2 .4 .6 .8 * N (%) ayant eu un évènement En faveur de l’Atorva 1 1.2 En faveur du Placebo Étude HPS: Le bénéfice des statines est indépendant du niveau de LDL-C Risk ratio and 95% CI Baseline LDL (mg/dl) Statin (10,269) Placebo (10,267) <100 282 358 100–129 668 871 ≥130 1083 1356 All patients 2033 (19.8%) 2585 (25.2%) Statin better Statin worse 24% SE 3 reduction (2P<0.00001) 0.4 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 Adapté de www.hpsinfo.org L’objectif de la prise en charge du syndrome métabolique est la baisse du risque cardiovasculaire Plus le nombre de facteurs de risque associés est élevé, plus « agressif » doit être le traitement Nous devons arrêter « l’évolution » Merci de votre attention