
Transplantations intracérébrales : réalités et perspectives
nigrales, des facteurs diffusibles sont apparemment libérés par les neurones striataux qui suscitent la croissance
dirigée des axones dopaminergiques vers les cibles. En revanche, un système nerveux central intègre n'autorise pas
la pousse massive de nouvelles voies axonales ce qui, vraisemblablement, est une sécurité pour une approche
thérapeutique puisque cette propriété limite les possibilités d'une innervation surnuméraire ou conflictuelle avec les
réseaux fonctionnels.
II - FONDEMENTS EXPERIMENTAUX DES
TRANSPLANTATIONS INTRACEREBRALES : LA
SURVIE DES CELLULES TRANSPLANTEES
La survie de populations cellulaires après transplantation dans le cerveau est également une donnée de base des
tentatives thérapeutiques réalisées ou envisagées aujourd'hui. De fait, le cerveau est un site particulièrement
accueillant pour des greffes, quelle que soit la nature du tissu transplanté. Les moyens nécessaires à l'établissement
d'une greffe au long cours sont par ailleurs bien moins sophistiqués que ceux que l'on doit mettre en oeuvre pour
d'autres greffes d'organe. Les premières greffes intracérébrales des années 70 consistaient en l'introduction de
morceaux de muscles, de système nerveux embryonnaire ou de glande médullo-surrénale dans le cerveau. Depuis,
on a raffiné et diversifié les apports. Les transplantations n'impliquent plus pour l'essentiel des morceaux de tissus
mais des suspensions cellulaires ; après les neurones embryonnaires, les cellules gliales et les cellules
chromaffines, la panoplie s'est élargie aux fibroblastes cutanés, à d'innombrables cellules immortalisées et de
lignées, aux myoblastes et à divers polymères et bio-polymères... Les derniers venus, et pas des moindres, sont les
virus défectifs recombinants que l'on utilise comme vecteurs de thérapie génique.
Les greffes neuronales sont fondées sur quelques règles simples : 1) on ne peut greffer que des petites fractions du
système nerveux. Il s'agit en fait, quelle qu'en soit la modalité pratique, d'une greffe de cellules plutôt que de
l'implantation d'un organe ou d'une portion d'organe. Cette restriction est lourde de conséquences quant aux
indications thérapeutiques potentielles de la technique car on ne peut envisager de traiter que des maladies dans
lesquelles une population neuronale aux caractéristiques homogènes fait défaut dans un site topographiquement
limité du cerveau. Si la maladie touche en même temps de nombreuses catégories neuronales (cas de la maladie
d'ALZHEIMER) ou si les neurones atteints sont dispersés (cas des maladies du motoneurone par exemple) la greffe
intracérébrale de neurones n'est sans doute pas appropriée. 2) on ne peut greffer que des neurones issus du
système nerveux foetal. C'est le moment, bref, durant lequel les neuroblastes sont juste placés mais n'ont pas
encore développé de trop longs prolongements qu'il faut saisir pour assurer la survie de greffons fonctionnels. 3) le
cerveau est un site (relativement) protégé du point de vue des réponses immunitaires. Le tissu cérébral est dépourvu
d'un certain nombre de propriétés nécessaires à l'émergence d'une réponse immunitaire (cellules présentant les
antigènes HLA II, draînage lymphatique, etc...) et de certaines protéines circulantes. On peut greffer, sans
immunosuppression, des tissus nerveux foetaux dans le cerveau d'hôtes ne présentant pas les mêmes antigènes
tissulaires. On peut greffer, sous immunosupression modérée, des tissus provenant d'une espèce dans le cerveau
d'une autre, du rat chez le singe, de l'homme chez le rat, du lapin chez la souris, etc...
A ces quelques règles de base, il faut ajouter une notion importante lorsque l'on envisage une substitution dans le
système nerveux central, celle de la différence entre des systèmes "point-par-point" et des systèmes "diffus". Le
principe de base d'organisation des systèmes "point par point" est la formation de chaînes, dont chaque neurone est
un maillon. A chaque neurone, ou petit groupe de neurones, correspond un neurone ou un petit groupe de
neurones-cibles. Lorsqu'une maladie touche un système de ce genre (la maladie de HUNTINGTON, par exemple), il
n'y a pas d'autre moyen de rétablir le système que de substituer un relais aux neurones manquants. Un système
diffus est caractérisé, anatomiquement, par une considérable dispersion des prolongements axonaux issus d'une
seule cellule nerveuse et par la synthèse et la libération d'un type de neurotransmetteur, acétylcholine ou membre de
la famille des monoamines. Un système diffus ne transmet pas directement de messages mais intervient sur la
capacité de réponse des neurones-cibles à d'autres activations. Ces caractéristiques anatomiques, biochimiques et
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