Docteur MASI Bruno 29 bis rue de Noailles 78000 VERSAILLES 01 39 51 51 09 LES TROUBLES ANXIEUX L'anxiété est définie comme un sentiment de peur, dont l'objet n'est pas forcément défini et qui concerne souvent un événement ou une situation à venir. Elle fait partie de l'existence humaine et est profondément liée aux doutes, incertitudes et désirs contradictoires qui tissent notre psychisme. En cela, elle nous parle de nous-mêmes et nous permet de mieux nous connaître et d'avancer. Il n'est donc pas question de la considérer comme « mauvaise », même si elle peut être pénible ou déplaisante, ni de l'éradiquer, ce qui reviendrait à faire de nous des légumes. Cependant elle peut être considérée comme « pathologique » c'est-à-dire maladive, lorsqu'elle devient envahissante, lorsque son intensité est une source de souffrance insupportable pour le sujet et lorsqu'au lieu d'être un moteur, elle devient au contraire paralysante et nous empêche de vivre. C'est dans ce cas que l'on parle de troubles anxieux, parmi lesquels on a coutume actuellement de distinguer : - Les attaques de panique ou crises d'angoisse aiguës ; L'anxiété généralisée ou état d'angoisse chronique et quasi permanent. Les troubles anxieux apparaissent en général chez l'adulte jeune, souvent à l'occasion d'une situation déclenchante particulière, mais quelquefois sans aucun facteur extérieur probant. Nous nous attacherons ici à la description des attaques de panique et du trouble anxieux généralisé. Les attaques de panique Les attaques de panique surviennent brutalement et se traduisent par des symptômes physiques et psychiques. · Les signes physiques sont souvent ceux qui amènent à consulter le médecin : - Sensations qui semblent « cardiaques » : palpitations, douleur au niveau du cour (sous le sein gauche en général), tachycardie (accélération des battements du cour) ; l'angoisse fait monter la tension artérielle mais de façon transitoire et sans gravité ; - Sensations « respiratoires » : étouffement, oppression, sensation de boule dans la gorge, accélération de la fréquence respiratoire, toux sèche ; - Sensations « neurologiques » : tremblements, engourdissement, fourmillements, crispations musculaires, malaise (on se sent partir, on a l'impression qu'on va mourir) avec quelquefois perte de connaissance ; - Sensations digestives : crampes d'estomac, douleurs, coliques, diarrhées, difficultés à déglutir ; - Sensations dites végétatives : sueurs, rougeur, pâleur, refroidissement des extrémités, quelquefois même marbrures. Tous ces symptômes sont très pénibles, ils sont par eux-mêmes générateurs d'angoisse, en particulier pour un sujet non averti qui peut s'imaginer avoir une maladie organique grave (infarctus par exemple). Il est à noter que l'hyperventilation (augmentation de la fréquence respiratoire) aggrave les manifestations physiques de la crise d'angoisse et peut provoquer un malaise similaire à une crise de tétanie. · Les signes psychiques : - Peur intense diffuse, extrêmement pénible voire insupportable ; l'angoisse peut être tellement massive qu'elle amène certains sujets à se suicider de façon impulsive pour y échapper ; - Sensation de catastrophe, de mort imminente ; - Impressions de déréalisation (étrangeté du monde extérieur que le sujet a le sentiment de ne pas reconnaître) ou de « dépersonnalisation » (c'est soi-même qu'on perçoit comme étrange, bizarre). Le trouble anxieux généralisé Le trouble anxieux généralisé peut être associé ou non aux attaques de panique. Il consiste en un sentiment diffus et permanent d'attente anxieuse qui va se cristalliser sur tous les événements de la vie, grands ou petits, dont la survenue et les conséquences vont être grossies, dramatisées et de ruminations sur ses actions, et ses choix passés qui seront considérés comme mauvais (ah ! si j'avais su - ce n'est pas ce que j'aurais dû faire). Le trouble anxieux généralisé s'accompagne d'une incapacité à affronter l'existence, les relations et le monde extérieur entraînant un repli et une réduction des contacts et activités qui seront la source d'une appréhension et d'un manque de confiance en soi encore plus grands. On est là devant un véritable cercle vicieux. Le trouble anxieux s'accompagne d'insomnies, en général insomnies d'endormissement, quelquefois d'anorexie et d'amaigrissement. Sur quoi repose le diagnostic ? Il est assez simple pour le médecin. Mais quelquefois des examens complémentaires seront nécessaires, si les signes physiques sont au premier plan, comme un électrocardiogramme ou le contrôle des chiffres de la tension artérielle. Le traitement de ces troubles anxieux comporte trois grands axes : · Le traitement de l'attaque de panique : - Si les troubles sont très intenses, la consultation en urgence se justifie : médecin urgentiste ou psychiatre ; cela est d'autant plus nécessaire que seul un médecin pourra être sûr qu'il ne s'agit pas d'un problème physique. Par ailleurs, un entretien suffisamment long et bien mené suffit parfois à faire céder les symptômes ; - Un médicament dit « anxiolytique » aide souvent à calmer la crise ; - Tout doit être mis en ouvre pour rassurer le sujet, ce qui est plus facile si ce n'est pas la première crise. · Le traitement psychothérapeutique de fond : Un traitement psychothérapeutique de fond est indispensable pour comprendre l'origine du trouble et pour que le patient soit délivré de ses symptômes. Une psychothérapie avec un thérapeute compétent est de toute façon une occasion de mieux se connaître et de s'ouvrir davantage à soi-même et aux autres. En ce sens, l'éclosion des troubles anxieux aura été la voie d'un enrichissement personnel. · Le traitement médicamenteux : - Des anxiolytiques peuvent être utilisés sur de courtes périodes pour lutter contre l'insomnie d'endormissement - mais attention les tranquillisants sont des médicaments qui entraînent une dépendance et une accoutumance, ainsi qu'un syndrome de manque lorsqu'on les arrête brutalement. S'ils entraînent sur le coup une sensation de bien-être et d'apaisement, il ne faut pas se laisser prendre au piège de la consommation régulière et prolongée qui peut conduire à la toxicomanie ; - Une bonne hygiène de vie peut aider à lutter contre les troubles anxieux : diminuer les excitants (alcool, thé café, cigarettes), faire de l'exercice, éviter les repas trop lourds le soir, réduire les occasions de surmenage inutile ; - Certains antidépresseurs (médicaments utilisés contre la dépression) permettent de lutter contre certains troubles anxieux ; ce sont les antidépresseurs dits « sérotoninergiques » (pas tous, car certains sont au contraire trop excitants) ; ils doivent être prescrits par un psychiatre, et leurs règles d'utilisation sont strictes, le traitement demandant une surveillance étroite. Les médicaments ne suffisent jamais seuls à traiter un trouble anxieux et doivent s'inscrire dans le cadre d'une prise en charge thérapeutique globale.