Endomorphismes cycliques, invariants de similitude et réduction de

Endomorphismes cycliques, invariants de
similitude et réduction de Frobenius
2013 – 2014
Théorème.
Soit Eun K-espace vectoriel de dimension finie n.
Soit u∈ L(E).
Alors il existe une suite F1, . . . , Frde sous-espaces vectoriels de Enon réduits
à{0}et stables par utelle que :
(i) E=F1. . . Fr
(ii) i∈ {1, . . . , r}, ui:= u|Fiest un endomorphisme cyclique
(iii) si Pidésigne le polynôme minimal de ui, on a :
i∈ {1, . . . , r 1}, Pi+1 |Pi
La suite de polynômes P1, . . . , Prne dépend que de u. On l’appelle suite des
invariants de similitude de u.
On a alors l’existence d’une base Bde Etelle que
MatB(u) =
C(P1) 0
...
0C(Pr)
C(Pi)désigne la matrice compagnon de Pi.
On a P1=πuet P1. . . Pr=χu.
Lemme.
Soit u∈ L(E)un endomorphisme cyclique.
Alors il existe une base de Edans laquelle la matrice de uest égale à C(πu).
Démonstration. Il existe xEtel que (x, u(x), . . . , un1(x)) soit une base de
E.
Si πu=Xn+an1Xn1+. . . +a0, alors un(x) = an1un1(x). . . a0x
car πuannule u.
Démonstration du théorème. La forme matricielle obtenue se déduit immédia-
tement du lemme.
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Existence : soit k= deg(πu), soit xE.
On note Pxle polynôme unitaire engeandrant l’idéal :
{PK[X]/ P (u)(x)=0}
et
Ex:= {P(u)(x)/ P K[X]}.
Soit xEtel que Px=πu(une preuve de l’existence d’un tel xest
donnée en fin de document).
Le sous-espace vectoriel F:= Exest de dimension ket est stable par u.
On pose :
e1=x, e2=u(x), . . . , ek=uk1(x).
Alors (e1, . . . , ek)forme une base de Fcar deg(Px) = k(plus de détails
sont donnés en fin de document).
On complète (e1, . . . , ek)en une base (e1, . . . , en)et on considère la base
duale (e
1, . . . , e
n).
On note G= ΓΓ = vect({t
ui(e
k), i N})(orthogonal vis-à-vis du
dual).
Gest un sev de Estable par ucar Γest stable par t
u.
Montrons FG=E:
FG={0}:
On remarque que l’on a, pour i+jk,
ht
ui(e
k), eji=he
k, ui(ej)i(1)
=he
k, ei+ji
=δi+j,k.
Donc si yFG,ht
ui(e
k), yi=e
ki(y) = 0 pour 0ik1, donc
y= 0.
dim F+ dim G=n:
On a πt
u=πudonc dim Γ k(on peut aussi dire que (id, u, . . . , uk)
est liée donc (e
k,t
u(e
k),..., t
uk(e
k)) aussi), donc dim G=ndim Γ
nk.
D’où dim F+ dim Gn, d’où le résultat.
On note P1le polynôme minimal de u|F(πu=Px=P1) et P2le polynôme
minimal de u|G, on a P2|P1car P1=πu.
Puis on recommence sur u|G.
Unicité : soient F1, . . . , Fret G1, . . . , Gsvérifiant les hypothèses du théo-
rème.
On note Pi=πu|Fiet Qj=πu|Gj.
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Supposons (P1, . . . , Pr)6= (Q1, . . . , Qs).
On note p= inf{i, Pi6=Qi},pexiste car Pideg(Pi) = n=Pjdeg(Qj)
et deg(Pi),deg(Qj)6= 0.
Pp(u)(E) = Pp(u)(F1). . . Pp(u)(Fp1)
car E=F1. . . Fret Pp(u)(Fk) = 0 pour kpet les Fisont stables
par u.
Or
Pp(u)(E) = Pp(u)(G1). . . Pp(u)(Gs)
et
dim Pp(u)(Fi) = dim Pp(u)(Gi)pour 1ip1
car d’après le lemme, il existe Biet B0
itelles que MatBi(u|Fi) = MatB0
i(u|Gi).
D’où :
0 = dim Pp(u)(Gp) = . . . = dim Pp(u)(Gs)
D’où Qp|Pp, donc Qp=Pppar symétrie.
Détails supplémentaires
Proposition.
Si k= deg(πu),Lu:= {P(u)|PK[X]}est un sev de L(E)de dimension k,
dont une base est (IdE, u, . . . , uk1).
Si l= deg(Px),Exest un sev de Ede dimension l, dont une base est
(x, . . . , ul1(x)).
Démonstration.
ϕ:K[X]→ L(E)
P7−P(u)
est linéaire, Im ϕ=Lu.
ker ϕ={PK[X]/ P (u)=0}= (πu)
Donc
Lu
=K[X]/(πu)
dont une base est (1, X, . . . , Xk1)
Idem avec
ϕ:K[X]E
P7−P(u)(x)
3
Proposition.
Il existe xEtel que Px=πu.
Démonstration. Soit πu=Qα1
1. . . Qαl
lavec Qiirréductible unitaire, αi>0.
soit i∈ {1, . . . , l}, soit Rtel que πu=Qαi
iR.
0 = πu(u) = Qαi
i(u)R(u)
Donc
Im R(u)ker Qαi
i(u)
Si
Im R(u)ker Qαi1
i(u)
alors
Qαi1
i(u)R(u)=0
donc πu|Qαi1
iR, or deg Qαi1
iR < deg πu, donc il existe aiIm R(u)
tel que Qαi1
i(u)(ai)6= 0.
Mais Qαi
i(u)(ai) = 0 donc Pai|Qαi
i, donc Pai=Qαi
icar Pai6 | Qαi1
iet
Qiest irréductible.
En résumé, pour 1il, il existe aiEtel que Pai=Qαi
i.
Montrons que :
PxPy=1=Px+y=PxPy
On a
PxPy(u)(x+y) = PxPy(u)(x) + PxPy(u)(y)=0
Donc Px+y|PxPy.
D’autre part,
Px+y(u)(y) = Px+y(u)(x)
Donc
PxPx+y(u)(y) = PxPx+y(u)(x)=0
Donc Py|PxPx+yet PxPy= 1 donc Py|Px+y.
De même, Px|Px+ydonc PxPy|Px+ycar PxPy= 1.
D’où PxPy=Px+y.
Alors pour 1il, il existe aitel que Pai=Qαi
iet Qαi
iQαj
j= 1 pour
i6=j, donc :
Pl
P
i=1
ai
=
l
Y
i=1
Pai=πu
Références
[1] Xavier Gourdon, Algèbre (2eédition), Ellipses, 2009, page 290.
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