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concernant leur capacité à réaliser des performances particulières (Bandura, 1997 ; 2003) et
représente l’un des facteurs cruciaux de la motivation à apprendre. Ainsi, pour pouvoir agir sur la
motivation à apprendre, il est nécessaire de comprendre le SEP et les facteurs qui l’influencent.
Albert Bandura, le fondateur du concept de sentiment d’efficacité personnelle (SEP) propose quatre
sources d’informations sur lesquelles les gens se basent pour former leur sentiment d’efficacité
personnelle dans un domaine particulier. Ces quatre sources sont les expériences de maîtrise, le
comportement vicariant, la persuasion verbale et les états émotionnels (Bandura, 1997), que nous
allons parcourir une à une dans les paragraphes qui suivent.
a) Les expériences de maîtrise
Premièrement, les gens se basent sur leurs expériences passées pour se former une idée de leur
capacité à effectuer une tâche dans un domaine donné. Nos réussites et nos échecs passés
contribuent à la formation de nos croyances liées à notre capacité à réussir des tâches similaires.
Ainsi, des expériences d’échecs répétées liées à l’utilisation des nouvelles technologies pourraient
diminuer la motivation d’une personne à les utiliser. A l’inverse, si une personne a l’occasion de
vivre des réussites, même minimes, celles-ci peuvent l’encourager à fournir plus d’effort et à
continuer à apprendre. Ainsi, une étude réalisée à Portland, aux États-Unis (Wild et coll., 2012)
s’est notamment intéressée au sentiment d’efficacité personnelle lié à l’utilisation d’Internet chez
les aînés. Les chercheurs ont suivi 152 retraités âgés de 67 à 96 ans en comparant leur sentiment
d’efficacité personnelle relatif à l’utilisation d’un ordinateur avant et après une formation en
informatique d’un an. Sans surprise, après un an d’utilisation informatique pratiquement
quotidienne, les participants ont rapporté un niveau de sentiment d’efficacité plus élevé quant à
leur capacité à accomplir des tâches spécifiques sur l’ordinateur. De plus, leur niveau d’anxiété lié
à l’utilisation d’un ordinateur a été également réduit. Que peut-on en conclure ? Plus les seniors ont
l’occasion d’utiliser un ordinateur, plus ils auront un sentiment d’efficacité élevé face à son
utilisation. Seulement ce n’est pas aussi simple. Il est en effet important de s’assurer que
l’utilisation d’un ordinateur ou des nouvelles technologies de manière générale soit à chaque fois
catégorisée dans la mémoire comme une réussite. Il est donc important que les formations
proposées soient aussi individualisées et adaptées au rythme de chaque participant que possible, et
visent un apprentissage progressif. En réussissant des petites étapes, les apprenants pourront avoir
davantage confiance en eux pour atteindre leur objectif final. Enfin, une en s’exposant plus souvent
à la tâche par le biais d’une pratique régulière, le nombre d’expériences de maîtrise sur lesquelles
l’apprenant pourrait se baser pour former son SEP augmente. Il est donc intéressant qu’un senior
s’expose davantage aux nouvelles technologies en les utilisant régulièrement. Une pratique
régulière pourrait avoir un effet bénéfique sur son SEP relatif à l’apprentissage d’une nouvelle
technologie.
b) Le comportement vicariant
Deuxièmement, le comportement vicariant ou, autrement dit, l’observation de nos semblables à
réussir ou à échouer dans une tâche donnée peut aussi augmenter ou diminuer notre sentiment
d’efficacité personnelle relatif à cette tâche. Concrètement, les seniors qui observent les gens de
leur entourage apprendre à utiliser une nouvelle technologie peuvent voir leur confiance en leur
capacité à utiliser un outil similaire s’améliorer. Le comportement vicariant est particulièrement
important dans les situations où la personne n’a pas eu d’expériences préalables sur lesquelles de
baser (expériences de maîtrise). Ainsi un senior qui n’a jamais eu l’occasion de surfer sur le web
constituera son sentiment d’efficacité personnelle en fonction de son expérience avec
l’informatique en général, mais surtout à partir de l’expérience des gens de son entourage. Cet
effet d’observation d’autrui, positif ou négatif, sera d’autant plus important que la personne
observée partage avec l’apprenant un certain nombre de caractéristiques, telles que l’âge, le genre
ou encore le statut socio-économique. Plus le nombre de caractéristiques communes est élevé, plus
l’identification à l’autre est importante et plus les réussites ou les échecs de l’autre auront
tendance à influencer la représentation de nos propres capacités à réaliser une tâche similaire.
L’observation des membres de sa famille ou de ses amis (idéalement, de la même tranche d’âge et
du même genre que lui) utilisant avec succès des nouvelles technologies pourrait permettre
l’accroissement du sentiment d’efficacité personnelle chez l’apprenant senior.
c) La persuasion verbale