Des dispositifs formalisés de consultation et d’action. Les parlements et conseils municipaux ou locaux de jeunes
se caractérisent par une définition relativement précise des règles de recrutement et de fonctionnement et par une
reconnaissance officielle de la part des autorités locales (en particulier grâce à une délibération municipale). Les
membres sont, dans la majorité des cas, élus pour deux ans au sein des établissements scolaires, un nombre de
sièges étant réservé à chaque établissement, et dans quelques cas, au sein d’ONG de jeunesse (en tant que
représentants) ou d’autres structures de jeunesse. Le choix des établissements scolaires semble faciliter l’information
et l’organisation des élections mais soulève le problème du public touché par ce type d’action et de la représentativité
des élus. Si l’élection est le mode de désignation privilégié, le volontariat tend à se développer. Il permet d’accueillir
des jeunes non scolarisés ou ayant achevé leurs études secondaires. La tranche d’âge est préalablement définie et
diffère selon les instances. Dans certains pays, les enfants ont été les premiers à participer à ces dispositifs ; toutefois
les jeunes, dès l’âge de 13 ans, sont de plus en plus concernés. La limite supérieure est définie en fonction de l’âge
de la fin des études ou de l’âge de la majorité politique, ce qui renvoie, pour ce dernier point, à une approche de
l’accès à la citoyenneté et du rôle de ces structures dans l’exercice de la citoyenneté. Le choix de la tranche d’âge pose
aussi la question de la collaboration entre des jeunes d’âges différents. Ces structures sont souvent dotées d’un
budget et bénéficient de l’accompagnement d’un professionnel de la jeunesse. Leur travail s’organise entre des
réunions plénières et des commissions et revêt deux formes : la participation à l’action au travers de la réalisation de
projets dans divers secteurs et la participation à la décision au travers de l’élaboration de propositions et de
discussions avec les élus. Cette seconde forme de participation est inégalement développée dans les structures.
n -Quels territoires?
Les démarches participatives impliquant des jeunes n’existent pas seulement au niveau local. Les transformations des
découpages territoriaux, avec le renforcement des échelons infranationaux et supranationaux, ont des effets sur les
formes de régulation politique et sur l’exercice de la citoyenneté16. Ainsi, la participation des jeunes à la vie publique
ne s’organise pas seulement au niveau local. Elle comprend un niveau national ou fédéral, qui peut être créé dans la
perspective d’une représentation au Forum européen de la jeunesse. De plus, elle reflète le découpage des
compétences politiques et administratives dans le secteur de la jeunesse, le niveau régional jouant un rôle important.
Deux évolutions se dessinent : la création par les autorités d’instances spécifiques à chaque échelon territorial ou la
création, à l’initiative d’associations ou de membres de parlements, de forums ou de conseils de jeunes, de fédération
afin de bénéficier d’une reconnaissance et de financements. Ainsi, si la compréhension de la participation des jeunes
et de leurs modes d’intervention dans la vie publique passe par la connaissance du niveau local, elle mérite aussi de
s’intéresser à d’autres niveaux territoriaux.
Les conceptions de la participation, les visées des démarches engagées et les modalités de leur mise en œuvre
peuvent apparaître comme trois entrées permettant de comprendre les formes de participation juvénile à la vie
publique locale mais aussi comme une grille de lecture pour en appréhender la diversité.
1/ FILLIEULE O., Stratégies de la rue : les manifestations en France , Presses de Sciences-Po, Paris, 1997.
2/ Pour la France : PERRINEAU P., Le désenchantement démocratique, L’Aube, La Tour-d’Aigues, 2003;
GRUNBERG G., MAYER N., SNIDERMAN P. M. (dir.), La démocratie à l’épreuve : une nouvelle approche de
l’opinion des Français, Presses de Sciences-Po, Paris, 2002.
3/ BRÉCHON P., « Les jeunes et la politique en Europe et en France », Agora débats/jeunesse, no 12, 2e
trimestre 1998; MUXEL A., CACOUAULT M. (dir.), Les jeunes d’Europe du Sud et la politique : une enquête
France, Italie, Espagne, L’Harmattan, coll. « Logiques politiques », Paris, 2001; GAISER W., GILLE M.,
KRÜGER W., DE RIJKE J., « Désintérêt pour la politique en Allemagne de l’Est et de l’Ouest? Prises de
position des jeunes et des jeunes adultes allemands », Agora débats/jeunesse, no 23, 1er trimestre 2001.
4/ À ce sujet, voir COMMISSARIAT GÉNÉRAL DU PLAN , Jeunesse, le devoir d’avenir : rapport de la
commission présidée par Dominique Charvet , La Documentation française, Paris, 2001.
5/ Par exemple : CALLON M., LASCOUMES P., BARTHE Y., Agir dans un monde incertain : essai sur la
démocratie technique, Le Seuil, coll. « La couleurs des idées », Paris, 2001; FRANÇOIS B., NEVEU E. (dir.),
Espaces publics mosaïques : acteurs, arènes et rhétoriques, des débats publics contemporains , Presses