tisfaire ce niveau de demande vaut Y*. Cependant, on fait ici l’hypothèse que Y* est un niveau
de production insuffisant pour assurer le plein-emploi des travailleurs. En l’occurrence, on sup-
pose que le niveau de production de plein-emploi est supérieur (et vaut YPE). La demande glo-
bale DG1 est donc insuffisante et conduit donc à l’existence de chômage involontaire. Si rien
n’est fait pour corriger cette situation, Keynes l’économie peut rester durablement en situation
de sous-emploi sans qu’aucun mécanisme de marché ne résorbe le chômage involontaire.
Il faudrait en fait que la demande passe de DG1 à DG2 pour résorber le chômage involontaire.
Etant donné que la demande privée (consommation et investissement) est insuffisante, Keynes
préconise l’intervention de l’Etat par le biais de politiques budgétaires expansives (ou expan-
sionnistes). Ces politiques consistent à relancer la demande en augmentant les dépenses publi-
ques (G) ou en diminuant les impôts. Selon Keynes, l’augmentation des dépenses publiques et/
ou la baisse des impôts permet d’alimenter la demande globale et de tirer à la hausse la produc-
tion globale par l’intermédiaire de l’effet multiplicateur.
En pratique, la hausse des penses publiques peut prendre différentes formes (hausse des pres-
tations sociales, subventions octroyées aux entreprises, politique de grands travaux: construc-
tion de routes, d’écoles etc.).
3. Le marché monétaire
Dans l’approche keynésienne, c’est l’équilibre entre l’offre et la demande de monnaie qui dé-
termine le taux d’intérêt du marché, et non pas l’équilibre entre l’épargne et l’investissement.
En d’autres termes, le taux d’intérêt se détermine sur le marché de la monnaie, et pas sur
le marché des biens et services. C’est une différence fondamentale, car en fixant le taux d’in-
térêt, l’équilibre monétaire agit sur l’investissement (qui dépend en partie du niveau des taux
d’intérêt), et donc sur le niveau de demande globale, de production globale et in fine, de l’em-
ploi. Dans ces conditions, il n’y a plus de dichotomie entre l’économie monétaire et l’économie
réelle. Pour Keynes, donc, les fluctuations sur le marché de la monnaie peuvent perturber ou au
contraire encourager l’activité économique et l’emploi, d’où l’importance d’analyser le fonc-
tionnement de ce marché avec attention.
45o
OG: Y
DG
OG = DG
DG1 = C + I
Y*
Y
PE
DG2 = C + I + G
3.1. L’offre et la demande de monnaie
Chez Keynes, comme chez les classiques, l’offre de monnaie émane des autorités monétaires
(banques centrales). On a donc:
=
L’aspect novateur du modèle keynésien se situe au niveau de la demande de monnaie. Comme
dans le modèle classique, Keynes admet que cette demande dépend en partie du niveau d’acti-
vité économique Y. Autrement dit, lorsque le niveau d’activité économique s’accroît, il est na-
turel de penser que les besoins en monnaie des agents augmenteront pour financer les
transactions plus nombreuses sur le marché des biens et services.
Cependant, pour Keynes, la demande de monnaie dépend également du niveau des taux d’inté-
rêt. Plus précisément, Keynes affirme qu’il existe un lien inverse entre taux d’intérêt et demande
de monnaie. Autrement dit, la demande de monnaie diminue lorsque le taux d’intérêt augmente
et vice versa. Keynes s’appuiera sur le fonctionnement des marchés financiers et plus précisé-
ment, sur le fonctionnement du marché obligataire pour expliquer ce lien inverse.
Cependant, la relation négative entre demande de monnaie et taux d’intérêt peut s’expliquer
simplement et il n’est pas nécessaire d’étudier en détail le fonctionnement du marché obligatai-
re. Une explication simple de ce lien inverse tient au fait que lorsque le taux d’intérêt augmente,
l’investissement (qui est une fonction décroissante du taux d’intérêt) diminue, ce qui induit les
agents à réduire leur demande transactionnelle de monnaie (étant donné qu’ils achètent moins
de biens d’équipement).
Au total, la demande de monnaie dépend de deux paramètres (Y et r) et peut s’écrire d’un point
de vue formel de la façon suivante:
3.2. L’équilibre sur le marché monétaire
A l’équilibre sur le marché de la monnaie, l’offre de monnaie doit être égale à la demande de
monnaie. Autrement dit, l’égalité suivante doit être respectée:
=
D’un point de vue graphique, l’équilibre sur le marché de la monnaie chez Keynes se représente
à l’aide d’un graphique sur lequel le taux d’intérêt est porté sur l’axe vertical et la quantide
monnaie (offerte ou demandée) sur l’axe horizontal.
M
o
M
M
d
M
d
Y r,( )=
M
M
d
Y r,( )
Puisque l’offre de monnaie émane des autorités monétaires mais ne dépend pas du taux d’inté-
rêt, elle peut être représentée par une droite verticale de niveau (en vert sur le graphique). La
demande de monnaie elle, décroît lorsque le taux d’intérêt augmente (cf. supra). L’offre et la
demande de monnaie s’égalisent au point E, ce qui permet facilement de déduire le taux d’inté-
rêt d’équilibre du marché r*.
3.3. Un modèle non dichotomique
L’explication du mécanisme de fonctionnement du marché de la monnaie chez Keynes nous
permet de nous rendre compte que ce modèle n’est pas dichotomique. Supposons par exemple
que les autorités monétaires décident d’augmenter la masse monétaire de à . C’est ce
qu’on appelle une politique monétaire expansive. D’un point de vue graphique, toute création
monétaire se traduit par un déplacement vers la droite de l’offre de monnaie:
L’augmentation de la masse monétaire de à a pour conséquence de déplacer l’équilibre
monétaire du point E vers le point F. On s’aperçoit alors facilement que le taux d’intérêt d’équi-
libre diminue et passe de r* à r1*. L’augmentation de la masse monétaire a donc pour consé-
r
,
M
o
M
d
M
o
M
M
d
0
E
r*
M
M
M
1
r
,
M
o
M
d
M
d
0
r*
r1*
M M
1
E
F
M
M
1
quence de réduire les taux d’intérêt.
D’un point de vue économique, la question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi la créa-
tion monétaire a pour conséquence de réduire les taux d’intérêt. En pratique, à chaque fois que
la banque centrale européenne décide d’augmenter la masse monétaire, le système bancaire
dans son ensemble dispose de davantage de liquidités et donc, les banques peuvent proposer da-
vantage de crédits aux particuliers et aux entreprises. Mais si le crédit devient plus abondant
dans l’économie, les banques devront se faire concurrence pour attirer les emprunteurs, et donc,
elles devront proposer des taux d’intérêts faibles. En résumé, donc, la hausse de la masse mo-
nétaire attise la concurrence entre les banques pour attirer les emprunteurs, ce qui fait baisser
les taux d’intérêts.
Cette politique monétaire expansive n’est évidemment pas neutre et a des répercussions sur le
marché des biens et services. En rendant le crédit moins cher, la baisse du taux d’intérêt encou-
rage l’investissement (qui dépend en partie du taux d’intérêt), et donc, augmente la demande
globale, l’offre globale et in fine, l’emploi.
Par conséquent, les fluctuations sur le marché de la monnaie influencent l’équilibre du marché
des biens et services et le niveau d’emploi via le niveau du taux d’intérêt. Les deux marchés sont
donc liés.
Exercice
Soit une économie sans intervention du gouvernement. On suppose que la fonction de consom-
mation s’écrit: C = cY + C0, où 0 < c < 1, et que l’investissement est autonome (I = I0).
1. Déterminez les expressions des propensions moyennes et marginales à consommer. Quelle
est la signification économique de ces deux indicateurs ?
2. Déterminez lexpression du revenu d’équilibre Y*. Quelle est la signification économique de
cette expression ?
3. Déterminez la valeur numérique du revenu d’équilibre pour I0 = 200, C0 = 400 et c = 0,75.
4. Calculez la valeur numérique de la consommation à l’équilibre du marché des biens et servi-
ces (notée C*) et en déduire S*.
5. A l’aide des valeurs numériques trouvées aux questions 3 et 4, vérifiez de deux façons diffé-
rentes que le marché des biens et services est bien en équilibre.
6. Placez la demande globale, l’offre globale et le revenu d’équilibre Y* sur un diagramme à 45
degrés (vous pouvez vous contenter d’un graphique approximatif).
Supposons que le revenu permettant le plein-emploi des facteurs de production soit YPE = 3000.
7. Expliquez pourquoi l’équilibre du marché des biens et services de cette économie est un équi-
libre de sous-emploi.
8. De combien l’investissement privé devrait-il augmenter pour atteindre l’équilibre de plein-
emploi ?
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