Sébastien Perreault, B.Pharm, M.Sc., pharmacien, CHUL (CHUQ), professeur de clinique, Université Laval. Les agents modificateurs de la réponse biologique dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde Réviseure scientifique : Christine Hudon, B.Pharm, M.Sc., pharmacienne, CHUL (CHUQ). Objectifs pédagogiques ✓ Différencier les grandes catégories d’agents modificateurs de la réponse biologique. ✓ Identifier les principaux effets indésirables. ✓ Discuter des moyens de prévenir les complications associées à ces traitements. Dossier clinique Antécédents Polyarthrite rhumatoïde Maladie coronarienne athérosclérotique Hypertension Hypothyroïdie Constipation Histoire médicamenteuse La polyarthrite rhumatoïde est une maladie inflammatoire auto-immune chronique, dont les effets se concentrent sur la membrane synoviale des articulations. Environ 0,5 à 1 % de la population mondiale est touchée par cette maladie qui atteint principalement les femmes. Si elle n’est pas contrôlée, la polyarthrite rhumatoïde peut causer des érosions articulaires irréversibles, une perte de fonction des articulations ainsi qu’une diminution de la qualité de vie1. Il est important de débuter le traitement le plus rapidement possible après le diagnostic avec des antirhumatismaux à action lente (ARAL) afin de limiter les dommages articulaires, idéalement à l’intérieur d’une période de trois mois. En effet, environ 30 % des patients présentent des érosions articulaires lors du diagnostic. Ce nombre s’élève à 60 % après 2 ans2,3. Les agents modificateurs de la réponse biologique (MRB), utilisés lors de maladies modérées à sévères, ont révolutionné le traitement de la polyarthrite rhumatoïde. Publié grâce à une subvention sans restrictions de 1Cas clinique Madame Turgeon, 75 ans, se présente à votre pharmacie. Elle souffre de polyarthrite rhumatoïde depuis 20 ans. Au cours des six derniers mois, sa condition s’est détériorée rapidement. Vous remarquez que les articulations de ses doigts sont déformées. Selon son rhumatologue, son arthrite est très sévère, avec des érosions osseuses importantes. Jugeant une modification de la thérapie nécessaire, son médecin lui a donc rédigé l’ordonnance suivante. Enbrel (etanercept) 50 mg sc 1 fois par semaine Cesser Plaquenil (hydroxychloroquine) Méthotrexate 20 mg per os le vendredi Plaquenil 400 mg die Acide folique 5 mg 3 fois par semaine (lundi, mercredi et samedi) Hydrodiuril (hydrochlorothiazide) 12,5 mg die Prednisone 5 mg die ASA 81 mg die Nexium (esoméprazole) 40 mg die Nitro-dur (nitroglycérine) 0,4 mg 12 h / 24 Altace (ramipril) 5 mg die Synthroid (lévothyroxine) 50 mcg die Colace (docusate sodique) 100 mg, 2 caps hs Senokot (sennosides) 2 co hs Aucune allergie Intolérance Salazopyrine (sulfasalazine) (cessé, diarrhée, diminution des globules blancs) Sels d’or (cessé, protéinurie) Habitudes/Observance Patiente très observante à sa médication. Ne consomme pas d’alcool, ne fume pas. Assurance RAMQ www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | février 2011 1 Physiopathologie La polyarthrite rhumatoïde se caractérise par de la raideur, de l’enflure et de la douleur aux articulations. L’atteinte est habituellement symétrique et touche principalement les mains et les pieds. Il peut aussi y avoir des manifestations extra-articulaires avec atteintes des yeux, du cœur et des poumons. La cause exacte de la polyarthrite demeure inconnue. Par contre, nous savons maintenant que son développement peut être lié à des facteurs génétiques, comme à l’allèle HLA-DRB1, ainsi qu’à des facteurs environnementaux, dont le tabagisme. Les symptômes de la polyarthrite découlent de la destruction du cartilage des articulations et des os sousjacents, ainsi que de la présence d’inflammation dans le liquide synovial1,4. Il est maintenant clair que plusieurs cytokines inflammatoires comme le TNF-α et l’interleukine-6, ou pro-inflammatoires telles que l’interleukine-1, peuvent être produites en plus grande quantité dans la polyarthrite rhumatoïde1. Lors du diagnostic, Principe de traitement : il est indiqué Lors du diagnostic, il est indiqué de débuter de débuter rapidement rapidement un traitement avec un ou des ARAL dans le but de limiter l’apparition de dommages un traitement articulaires. Le choix de l’agent est fait en foncavec un ou des ARAL tion de la durée et de la sévérité de la maladie dans le but de ainsi que de la présence ou non de facteurs de limiter l’apparition mauvais pronostic. Il faut évidemment tenir compte des comorbidités et de la préférence du de dommages patient3,5. Le méthotrexate demeure la pierre articulaires. angulaire du traitement5,6. Les anti-inflammatoires et les corticostéroïdes peuvent être utilisés pour contrôler les symptômes. Cependant, leur utilisation devrait être réservée, dans la mesure du possible, aux changements d’ARAL ou lors d’un arrêt temporaire de ceux-ci. En raison des complications reliées à leur usage3,5, une utilisation à long terme de ces agents doit être évitée. Lorsque les ARAL ou une combinaison de ceux-ci ne fonctionnent plus, les MRB peuvent être envisagés5,6. Les MRB disponibles pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde sont présentés aux tableaux 1 et 2. Un suivi étroit de leur efficacité doit être effectué afin de s’assurer que les objectifs d’amélioration et de rémission soient atteints le plus rapidement possible. Le traitement se doit d’être modifié si la réponse est jugée insatisfaisante1,3,5. Traitement de la polyarthrite rhumatoïde à l’aide des MRB Les agents ciblant le TNF-α ont été les premiers disponibles sur le marché. De ce fait, ils bénéficient d’une plus grande expérience clinique, et sont donc les premiers à être utilisés lorsque les ARAL ne suffisent plus à contrôler la maladie5. Ce sont des médicaments très efficaces. Ils se sont principalement démarqués dans les étu- des portant chez des patients aux prises avec une maladie tardive, où le placebo obtient un faible taux de réponse. Les agents ciblant le TNF-α ont aussi été étudiés en monothérapie lors d’un traitement de première intention chez des patients naïfs aux ARAL, y compris le méthotrexate, avec des taux de réponse comparables à celui-ci1,7,8. Ces résultats, en plus d’un coût prohibitif (le coût d’un traitement annuel pouvant atteindre 20 000 $) ont relégué leur utilisation à un traitement de deuxième intention. La plupart de ces agents ont toutefois le statut de médicament d’exception à la Régie de l’assurance médicament du Québec. Pour être remboursés, les patients doivent présenter certains critères de sévérité de la maladie. De plus, la maladie doit être toujours active malgré l’essai de deux ARAL, utilisés seul ou en association, pendant au moins 3 mois chacun. En l’absence d’une intolérance ou d’une contre-indication sévère, l’un de ces deux agents doit être le méthotrexate à une dose de 20 mg ou plus par semaine. D’ailleurs, la plupart des agents biologiques seront utilisés en combinaison avec le méthotrexate5. L’efficacité de tous les MRB disponibles a été démontrée lorsqu’utilisés en combinaison avec le méthotrexate chez des patients ayant présenté une réponse inadéquate à ce dernier. Chez ce type de patient, les résultats combinés de 16 études démontrent que 3,2 fois plus de patients ont atteint 50 % d’amélioration des critères de l’American College of Rhumatology (ACR) après 6 mois de traitement avec la combinaison d’un MRB et du méthotrexate par rapport au méthotrexate seul7. Cependant, malgré l’efficacité des anti-TNF-α, environ 30 % des patients traités avec ces agents n’atteindront pas une amélioration de 20 % des critères de l’ACR9. Lorsque les anti-TNF-α ne sont plus considérés comme des options de traitement, soit en raison d’une non-réponse, d’une perte d’efficacité ou d’une intolérance, d’autres avenues peuvent être envisagées. À la suite d’une perte d’efficacité avec l’infliximab (Remicade) et l’adalimumab (Humira), il est possible d’augmenter la dose et/ou de diminuer l’intervalle d’administration. Si un changement d’agent s’avère nécessaire, aucune étude comparative pouvant nous permettre de faire un choix éclairé n’est disponible5,6. Il est néanmoins suggéré de considérer la raison de la non-réponse au moment de choisir la nouvelle molécule. En effet, le choix du nouvel agent peut être orienté en fonction des trois situations suivantes : un manque d’efficacité dès le départ, une perte d’efficacité en cours de traitement et l’apparition d’un effet indésirable. En présence d’une perte d’efficacité ou d’un effet indésirable à un Tableau 1 Modificateurs de la réponse biologique anti-TNF-α Agent Mécanisme d’actionDose initiale Infliximab (RemicadeMD) Anticorps monoclonal de souris inhibant le TNF-α 3 mg/kg IV sem 0-2-6 et q 8 sem Étanercept (EnbrelMD) Forme recombinante 2 récepteurs solubles TNF + portion Ig humaine liant le TNF-α et β 25 mg 2 fois/sem ou 50 mg sc 1 fois/sem Adalimumab (HumiraMD) Anticorps monoclonal humain anti-TNF-α 40 mg sc q 2 sem Golimumab (SimponiMD) Anticorps monoclonal humain anti-TNF-α 50 mg sc q 4 sem Certolizumab pegol (CimziaMD) Fragment Fab' d'un anticorps monoclonal humanisé recombinant anti-TNF-α 2 cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | février 2011 | www.ProfessionSante.ca 400 mg sc sem 0, 2 et 4 puis 200 mg q 2 sem. Traitement d’entretien : 400 mg sc q 4 sem agent anti-TNF-α, il a été démontré qu’un second agent de la même classe peut être tenté avec un meilleur taux de réponse par rapport aux patients ayant souffert d’une inefficacité au départ9,10. Ces données suggèrent qu’il serait préférable d’utiliser un MRB d’une autre classe chez les patients n’ayant présenté aucune efficacité dès le départ à un agent anti-TNF-α. Toutefois, le golimumab (Simponi) s’est avéré efficace chez ce type de patient11. Aucun consensus, pour le moment, ne fait état de la meilleure stratégie à adopter dans une telle situation. Ajoutons qu’un emploi séquentiel des anti-TNF-α a démontré une diminution de la réponse d’agent en agent. En effet, une étude réalisée à partir du registre de patients suédois a identifié une baisse de la réponse lors de l’utilisation d’un deuxième ou d’un troisième anti-TNF-α comparativement aux patients naïfs à ceux-ci. En effet, les critères de l’ACR 50 a été atteint chez seulement 27 % des patients lors de l’utilisation d’un deuxième agent et chez 18 % lors du troisième9. Autres options Lorsque l’utilisation d’un agent d’une autre classe est désirée, quatre options sont à considérer, soit l’anakinra (Kineret), le rituximab (Rituxan), l’abatacept (Orencia) et le tocilizumab (Actemra). Contrairement aux autres, l’anakinra n’a pas été étudié dans ce contexte précis et ne fait donc pas partie des médicaments d’exception. De plus, l’anakinra semble moins efficace que les anti-TNF-α3. Par conséquent, cette molécule est très peu utilisée en pratique. Quant au rituximab, son efficacité chez les patients ayant connu un échec aux anti-TNF-α a été démontrée dans l’étude REFLEX. Dans cette étude, on a administré du rituximab ou un placebo en combinaison avec du méthotrexate chez des patients ayant eu un échec au traitement avec au moins un agent anti-TNF-α. Après 24 semaines, 51 % des patients atteignaient 20 % d’amélioration des critères de l’ACR dans le groupe rituximab contre 18 % dans le groupe placebo12. Cependant, jusqu’à 1/3 des patients ne répondront pas au rituximab à la suite d’un échec à un anti-TNF-α. Aussi, l’absence d’un facteur rhumatoïde a été associée à un plus faible taux de réponse au rituximab11. L’abatacept a été étudié chez des patients ayant présenté un échec à un agent anti-TNF-α dans l’étude ATTAIN. L’abatacept était comparé au placebo chez des patients recevant un traitement avec un ou des ARAL, dont 75 % des patients recevaient du méthotrexate. Après 6 mois de traitement, 50,4 % des patients dans le groupe abatacept et 19,5 % des patients dans le groupe placebo atteignaient 20 % d’amélioration des critères de l’ACR13. Des résultats similaires ont aussi été démontrés avec le tocilizumab. Dans l’étude RADIATE, le tocilizumab, à raison de 4 mg/kg et de 8 mg/kg, était comparé au placebo chez des patients ayant eu un échec à au moins un anti-TNF-α. Tous les patients recevaient du méthotrexate. Le tocilizumab à une dose de 8 mg/kg s’est montré plus efficace avec une réponse plus rapide que la dose de 4 mg/kg. Après 6 mois de traitement, significativement plus de patients ont atteint 20 % d’amélioration selon les critères de l’ACR comparativement au placebo dans le groupe ayant reçu la dose de 8 mg/kg, soit 50 % par rapport à 10,1 %14. Concernant l’abatacept et le rituximab, leur efficacité diminue avec le nombre d’échecs aux anti-TNF-α. Le tocilizumab semble, quant à lui, demeurer aussi efficace peu importe le nombre d’échecs aux anti-TNF-α9,11,15. 2Cas clinique Un an plus tard, vous revoyez madame Turgeon. Ses douleurs, qui avaient diminué de façon « miraculeuse » avec l’étanercept, sont réapparues. Il y a trois semaines, son médecin de famille a même été obligé d’augmenter sa prednisone en attendant son rendezvous chez le rhumatologue, qu’elle vient juste de rencontrer. Elle vous tend alors une nouvelle ordonnance en vous mentionnant que le rhumatologue fait un essai avec cette thérapie. Humira (adalimumab) 40 mg sc q 2 semaines Elle vous demande si ce médicament sera aussi efficace que l’Enbrel l’a été il y a un an ? Effets indésirables des MRB Les agents biologiques, bien que très efficaces, ne sont évidemment pas dépourvus d’effets indésirables. Comme les MRB sont des médicaments immunosuppresseurs, les infections constituent le principal effet indésirable associé à cette thérapie1,3. De plus, certains facteurs contribuent à l’augmentation du risque d’infections chez ces patients. En effet, on considère que les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde sont deux fois plus à risque de contracter une infection sérieuse que la population générale. La prise de corticostéroïdes chez environ 65 % de ces patients contribue certainement au risque augmenté d’infections sérieuses15. On entend par infections sérieuses des pneumonies, bronchites, cellulites, ulcères de la peau, abcès, infections fongiques disséminées, infections actives à herpes zoster ainsi que des infections opportunistes. Les MRB devraient être utilisés avec une extrême prudence chez les patients sujets à des infections récidivantes. Un agent biologique ne devrait pas être débuté en présence d’une infection active. De plus, le traitement devrait être suspendu lorsqu’une infection sérieuse est diagnostiquée et recommencé une fois l’infection contrôlée et les antibiotiques terminés. Bien que le risque d’infections sérieuses ait été mieux démontré avec les anti-TNF-α qu’avec l’abatacept, le rituximab ou le tocilizumab, les mêmes précautions s’imposent pour tous les MRB6. Basé sur l’incidence augmenté de réactivation de tuberculose chez les patients recevant un anti-TNF-α, notamment l’infliximab, il est recommandé d’effectuer un dépistage systématique de la tuberculose chez tous les patients pour qui un traitement avec un MRB est considéré. Une histoire médicale complète, un test à la tuberculine et une radiographie pulmonaire chez les patients présentant des facteurs de risque d’une tuberculose latente font partie de l’évaluation initiale6,16. Il est à noter que l’usage d’immunosuppresseurs et de glucocorticoïdes chez les patients traités pour la polyarthrite rhumatoïde augmente le risque de faux négatifs au test à la tuberculine. Si le dépistage s’avère positif, il convient d’amorcer un traitement contre la tuberculose latente (par exemple de l’isoniazide pour une durée de neuf mois). La période d’attente optimale avant de débuter les MRB n’étant pas clairement définie, une période d’un mois est néanmoins jugée sécuritaire6,16. Une augmentation des enzymes hépatiques est aussi possible avec certains agents, notamment avec le tocilizumab et l’infliximab. La réactivation d’une hépatite B ou C peut également survenir, d’où l’importance d’utiliser les MRB avec précaution dans ce contexte. Leur usage est cependant contre-indiqué en présence d’une hépatite B ou C aiguë. Il est aussi recommandé de vacciner les patients contre l’hépatite B en présence de facteurs de risque3,6. Des cas de maladie démyélinisante comme la sclérose en plaques ont aussi été rapportés, principalement chez des patients traités avec des anti-TNF-α. Ces agents sont donc déconseillés chez les patients ayant des antécédents de maladie démyélinisante. Il est suggéré de demeurer à l’affût de tout signe et de tout symptôme moteur ou sensoriel3,6. Le développement de maladies auto-immunes telles que le psoriasis, des vasculites et des syndromes lupiques a aussi été rapporté avec les anti-TNF-α. Ces agents doivent être cessés en cas d’apparition de ces maladies6. L’association entre le développement d’autoanticorps à la suite de l’administration des anti-TNF-α et le développement de maladies auto-immunes n’a pas été établie hors de tout doute16. Des réactions au site d’injection ou lors de la perfusion sont aussi possibles. Ces réactions sont habituellement plus sévères à l’initiation du traitement et ont tendance à diminuer avec le temps16,17. Une prémédication, composée la plupart du temps d’un antihistaminique, de l’acétaminophène et d’un corticostéroïde, est habituellement administrée avant les infusions d’infliximab et de rituximab afin de diminuer l’incidence de ces réactions. Les anti-TNF-α sont aussi contre-indiqués chez les patients souffrant d’insuffisance cardiaque de classes III-IV, et ils doivent être utilisés avec précaution chez les patients insuffisants cardiaques de classes I-II3,6. Des inquiétudes ont aussi été soulevées concernant le risque augmenté de cancer, en particulier de lymphomes, chez les patients recevant des MRB. Ce sujet demeure très controversé dans la documentation scientifique. Nous savons, pour l’instant, que le risque de développer un lymphome est plus élevé chez les patients souffrant de polyarthrite rhumatoïde par rapport à la population générale. À la lumière des informations disponibles, il est impossible d’affirmer que les MRB augmentent le risque de lymphomes au-delà de celui associé à la polyarthrite rhumatoïde1. L’ACR ne recommande toutefois pas l’usage d’anti-TNF-α chez des patients ayant une maladie lymphoproliférative diagnostiquée ou traitée durant les cinq dernières années6. Par ailleurs, des cas de lym- phomes à cellule T ont été rapportés chez de jeunes patients traités pour une maladie de Crohn avec des anti-TNF-α associés à des immunosuppresseurs16. Prévention des complications La prévention des complications associées aux MRB concerne principalement la prévention des infections. En plus du dépistage de la tuberculose discuté précédemment, il est de mise de s’assurer que tous les patients chez qui on prévoit administrer un MRB aient une mise à jour de leur carnet de vaccination. Une attention particulière doit être portée à la vaccination contre la diphtérie et le tétanos, ainsi qu’à l’hépatite B chez les patients avec facteurs de risque. La vaccination contre le pneumocoque et l’influenza se doit d’être répétée de façon périodique selon la fréquence recommandée pour chacun de ces vaccins6. Bien que le taux de séroconversion chez les patients recevant des MRB soit généralement plus bas que dans la population générale, la réponse est généralement suffisante pour offrir une protection chez ces patients6,18. Les vaccins vivants sont cependant contre-indiqués. Conclusion En terminant, dans le but de limiter le risque d’infections associées à des chirurgies majeures, il est recommandé d’éviter l’administration des MRB durant la période péri-opératoire. Le délai optimal de l’arrêt et le moment de reprise sont inconnus et doivent être individualisés selon l’agent utilisé et le type de chirurgie. Cependant, l’ACR recommande de cesser l’agent biologique au moins une semaine avant et après la chirurgie, tout en tenant compte de la demi-vie de l’agent utilisé6. La période d’arrêt suggérée pour le tocilizumab est de quatre semaines avant la chirurgie. La reprise peut être envisagée après la guérison complète de la plaie et lorsque les antibiotiques sont terminés, s’il y a lieu19. Il est recommandé d’effectuer un dépistage systématique de la tuberculose chez tous les patients pour qui un traitement avec un MRB est considéré. 3Cas clinique Trois mois après le début de l’Humira, le mari de Mme Turgeon se présente un mardi matin à votre pharmacie. Il vous mentionne alors que ses douleurs aux articulations sont bien contrôlées et vous apprenez aussi qu’elle sort tout juste de l’hôpital où elle a été hospitalisée pour une pneumonie. Il vous tend une ordonnance d’antibiotique, d’une durée de 5 jours, en vous demandant si elle pourra recevoir sa dose d’Humira prévue vendredi. Tableau 2 Autres modificateurs de la réponse biologique Agent Mécanisme d’actionDose Effets indésirables Anakinra (KineretMD) • Forme recombinante humaine 100 mg sc id d’un récepteur antagoniste de l’interleukine-1 (IL-1Ra) Réaction au site injection Rituximab (RituxanMD) • • Portion antigène anti-CD20 et Ig humaine Diminue cellule B Peut être utilisé seul ou avec MTX Réaction à l’infusion Abatacept (OrenciaMD) • • • Protéine recombinante < 60 kg : 500 mg IV (séquence extracellulaire CTLA-4, 60-100 kg : 750 mg IV portion Fc Ig) > 100 kg :1 g IV Compétition avec les récepteurs aux sem 0, 2, 4 et CD-28 des cellules T pour aux 4 sem par la suite leurs liguants (CD-80 et CD-86) Peut être utilisé seul ou en combinaison avec autres agents rémission 1000 mg IV jr 1 et 15 Traitement successif possible selon réponse q 16-24 semaines. Tocilizumab (ActemraMD) Anticorps monoclonal humanisé dirigé 4-8 mg/kg IV q 4 sem contre le récepteur de l’interleukine-6 Risque d’infection moindre qu’infliximab seul Augmentation enzymes hépatiques, dyslipidémie, neutropénie, thrombocytopénie www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | février 2011 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.ProfessionSante.ca Rhumatologie Les agents modificateurs de la réponse biologique dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde Références 1. Scott DL, Wolfe F, Huizinga TWJ. Rheumatoid arthritis. The Lancet 2010; 376: 1094-1108. 2. O’Dell J.R. Therapeutic strategies for rheumatoid Arthritis. N Engl J Med 2004; 350: 2591-602. 3. Feely M.G., Erickson A, O’Dell J.R. Therapeutic options for rheumatoid arthtitis. Expert Opin Pharmacother 2009; 10: 2095-2106. 4. Gaffo A, Saag K, Curtis J.R. Treatment of rheumatoid arthritis. Am J Health-Syst Pharm 2006; 63: 2451-65. 5. Smolen JS, Landewé R, Breedveld FC et coll. EULAR recommendation for the management of rheumatoid arthritis with syntetic and biological disease-modifying antirheumatic drugs. Ann rheum dis 2010; 69: 964-75. 6. Saag KG, Teng GG, Patkar NM, Anuntiyo J, Finney C, Curtis JR et coll. American College of Rheumatology 2008. Recommendations for the use of nonbiologic and biologic didease-modifying antirheumatic drugs in rheumatoid arthritis. Arthritis and Rhjeumatism 2008; 59: 762-84. 7. Nam JL, Winthrop KL, van Vollenhoven RF et coll. Current evidence for the management of rheumatoid arthritis with biological disease-modifying antirheumatic drugs: a systematic literature review informing the EULAR recommendations for the management of RA. Ann Rheum Dis 2010; 69: 976-86. 8. Rau R. Efficacy of methotrexate in comparison to biologics in rheumatoid arthritis. Clin Exp Rheumatol 2010; 28 (suppl 61): S58-64. 9. Rubbert-Roth A, Finckh A. 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Question 6 Question 2 Lequel des éléments suivants ne fait pas partie du principe de traitement général de la polyarthrite ? a) Il convient de débuter le plus tôt possible un MRB. b) Les glucocorticoïdes devraient être utilisés pour la plus courte période possible. c) Le méthotrexate est la pierre angulaire du traitement. d) Un suivi étroit de l’efficacité du traitement fait partie intégrante du traitement. Question 3 Lequel des énoncés suivants est faux ? a) Lorsqu’un MRB est indiqué, en absence de contre-indication, un agent anti-TNF-α est généralement utilisé en premier b) Les MRB sont pour la plupart utilisés en combinaison avec le méthotrexate c) Environ 30 % des patients ne répondront pas aux anti-TNF-α d) Les anti-TNF-α utilisés en monothérapie sont plus efficaces que le méthotrexate chez les patients qui n’ont jamais reçu d’ARAL. Question 4 Concernant les effets indésirables associés aux MRB, il est vrai de dire que : a) Le monitorage des enzymes hépatiques n’est pas nécessaire pour l’ensemble des MRB. b) L’usage des anti-TNF-α est contre-indiqué en présence d’insuffisance cardiaque, peu importe la classe fonctionnelle. c) Il est déconseillé d’utiliser l’infliximab chez des patients souffrant de sclérose en plaques. d) Chez un patient avec une tuberculose latente, il est adéquat de débuter le traitement avec un MRB dès le début de l’isoniazide. Question 7 Identifiez, parmi les éléments suivants, lequel est faux : a) Le risque d’infections sérieuses est augmenté avec tous les MRB. b) Les réactions au site d’injection sont généralement plus sévères au début du traitement. c) Le développement de maladies auto-immunes est rapporté avec les anti-TNF-α. d) Il est maintenant clair que les MRB n’augmentent pas le risque de cancer. Question 8 En cas de non-réponse à un anti-TNF-α, lequel des éléments suivants ne sera pas pris en compte afin de réviser le traitement ? a) Utilisation antérieure de corticostéroïde b) Perte d’efficacité en cours de traitement c) Présence d’effets indésirables d) Inefficacité dès le départ Afin de prévenir les complications infectieuses associées aux MRB, identifiez l’énoncé qui est faux : a) Vacciner contre l’influenza et le pneumocoque. b) Cesser les MRB pendant une infection sérieuse. c) Effectuer un dépistage de la tuberculose latente chez les patients à risque seulement. d) Cesser les MRB durant la période péri-opératoire. ✂ Veuillez noter que les articles de formation continue sont dorénavant valides pendant un an après leur publication ou mise en ligne. L’Ordre des pharmaciens du Québec accor­dera ­1,5 UFC aux participants qui auront au moins 6 bonnes réponses sur 8. Faites cette formation en ligne ou retournez ce questionnaire par télécopieur ou Prénom :_____________________________ Nom :_ ____________________________________________ par la poste. Date limite : 3 février 2012 Principale province émettrice du permis d’exercice :______________ Permis Nº :����������������������� L’actualité phar­ma­ceu­ti­que, Formation conti­nue 1200, avenue McGill College Bureau 800 Montréal (Qc) H3B 4G7 Nom de la pharmacie :_ ____________________________________________________________________ Deuxième province émettrice du permis d’exercice :________________ Permis Nº :����������������������� www.ProfessionSante.ca Adresse (travail) :_________________________________________________________________________ Ville :___________________________________ Province:_ _______________Code postal :_______________ Télécopieur : (514) 843-2940 Année d’obtention du diplôme:_ __________ Tél. :_________________________ Téléc :____________________ Publié grâce à une subvention sans restrictions de Courriel :_______________________________________________________________________________ Type de pratique : □ Chaîne ou franchise □ Pharmacie d’épicerie □ Établissement □ Bannière □ Indépendante □ Grande surface □ Autre (précisez) __________________________________ Veuillez nous confirmer que ce contenu vous a été utile en répondant aux questions suivantes : 1) Après avoir lu ce contenu, ­pensez-vous être plus en mesure d’offrir des soins phar­ma­ ceutiques à vos patients dans ce domaine ? □ Oui □ Non 2) Ce contenu vous est-il utile dans l’exercice de votre profession ? □ Oui □ Non 3) Pourrez-vous mettre en pratique cette information ? □ Oui □ Non □ N.A. 4) Dans l’ensemble, êtes-vous ­satisfait(e) de ce contenu ? □ Très □ Assez □ Pas du tout Coupon-réponse de février 2011 Les agents modificateurs de la réponse biologique dans le traitement de la polyarthrite rhumatoïde 1) 2) 3) 4) 4 a a a a □ □ □ □ b b b b □ □ □ □ c c c c □ □ □ □ cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | février 2011 | www.ProfessionSante.ca d d d d □ □ □ □ 5) 6) 7) 8) a a a a □ □ □ □ b b b b □ □ □ □ c c c c □ □ □ □ d □ d □ d □ d□ Pour répondre en ligne à cette leçon de formation continue Si vous êtes déjà inscrit sur ProfessionSante.ca, veuillez cliquer ici : http://www.professionsante.ca/pharmaciens/formation-continue/ fc-en-ligne#frameId=chn_frame&height=1154 Si vous n’êtes pas encore inscrit, vous devez d’abord le faire en cliquant ici : www.professionsante.ca/ Une fois votre inscription confirmée et activée, vous pourrez faire votre formation continue en cliquant sur l’onglet « Formation continue », puis sur « FC en ligne ». Pour toute question, veuillez communiquer avec : Francine Beauchamp Formation continue pour Québec Pharmacie et L’actualité pharmaceutique Fax : 514 843-2182 Courriel : [email protected] Mayra Ramos Formation continue de Pharmacy Practice, de Pharmacy Post, des FC de Novopharm, d’autres FC approuvées par le CCEPP, de Teck Talk (anglais) ou Coin Technipharm (français). Fax : 416 764-3937 courriel : [email protected]