La laïcité hier et aujourd’hui
en 25 panneaux
Etymologie :
En 1870 le mot « laïcité » était encore un
néologisme. Il vient du grec laos qui signifie
« peuple » ; il s’agit du peuple indivisible ou de
la nation. Ce substantif a donné, laïkos, puis
laicus en latin. Il s’oppose à klêros, le « bon lot »,
qui a donné klêrikos puis clericus.
Derrière l’étymologie, un combat
historique :
Cela faisait plus d’un siècle qu’on cherchait un
mot pour désigner une réalité apparue un siècle
plus tôt; car la laïcité : la laïcité n’est ni une
« valeur », ni une « philosophie », ni une
« idéologie ».
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Cest l’abolition du principe « Il n’est de pouvoir que de Dieu » (St Paul) : il n’y a
plus de « loi divine » ni donc de « pouvoir divin »
La loi est humaine, rien qu’humaine : c’est le « pouvoir du peuple, pour le
peuple, par le peuple »
Cest l’accomplissement de la démocratie.
Cest donc un nouveau cadre juridique qui, en séparant les pouvoirs publics et
les religions, assure la liberté de conscience.
Elle garantit la liberté de conscience, d’opinion et d’expression. La laïcité
assure donc aussi le libre exercice de TOUS les cultes, sous réserve du respect de
l’ordre public.
Pour en finir avec l’intolérance
2
En 1600, Giordano Bruno est brûlé sur
la Campo dei Fiori à Rome
1619, Giulio Cesare Vanini est brûlé sur
la place du Capitole à Toulouse
Comme un siècle plus tard le Chevalier
de La Barre sera supplicié à Arras
La liste est longue de tous ceux qui ont
été persécutés par l’Inquisition :
chrétiens hétérodoxes, juifs, protestants,
athées ou libres penseurs, réels ou
supposés !
Sans parler des guerres de religion qui
ont ravagé toute l’Europe ….
Mais Juifs et protestants eux-mêmes persécutent volontiers leurs
« coreligionnaires » :
Spinoza tombe sous le coup d’un herem, c’est-à-dire l’équivalent d’une
« excommunication » chez les catholiques ou d’une « fatwa » chez les
musulmans …
Michel Servet avait été brûen 1553 sur le Jardin de la Colline dans la
très calviniste République de Genève ….
Et vive la « Tolérance » !
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Parmi les précurseurs, l’anglais John Locke (1632-1704) dans sa Lettre sur la
Tolérance ( 1684) écrit :
« Je crois qu’il faut avant tout distinguer ce qui regarde le gouvernement civil et
ce qui appartient à la religion, et marquer les justes bornes qui séparent les droits
de l’un et ceux de l’autre. Sans cela, il n’y aura jamais de fin aux disputes qui
s’élèveront entre ceux qui s’intéressent, ou qui prétendent s’y intéresser, d’un côté
au salut des âmes, de l’autre au bien de l’Etat. »
Tout au long du XVIIIème siècle, les « philosophes » engagent le combat pour l’Etat
de Droit, la Liberté et proclament le Droit au Bonheur !
Montesquieu dénonce la persécution religieuse dans l’Esprit des lois.
Voltaire défenseur du protestant Calas, accusé à tord d’avoir tué son fils pour
l’empêcher de se convertir au catholicisme, qui fut roué, étranglé et brûlé ! Cétait
en 1762 et encore à Toulouse !
Cest à cette occasion qu’il publie qu’il publie le « Traité sur la tolérance » il
soutient, comme Locke et Montesquieu avant lui, que l’ordre politique n’a nul
besoin d’une contrainte religieuse. Il lance le mot d’ordre célèbre :
« Ecrasons l’Infâme ! »
Dans le « Contrat social » notamment, Rousseau pourfend les préjugés religieux
et leur oppose l’existence d’une capacité éthique naturellement inscrite dans
l’homme.
Les encyclopédistes Helvétius, D’Holbach, D’Alembert portent à son apogée le
combat des Lumières et ébauchent le programme de l’émancipation de l’Homme
et du citoyen que la révolution de 1789 rendra effective en inscrivant la liberté
dans la nature essentielle de tout homme.
Dans l’Encyclopédie, article la Raison, Diderot oppose d’une manière radicale la
raison à la foi : l’une relève de la réflexion et de la logique, et l’autre de la croyance.
Ils sont amenés, en particulier en France à affronter l’alliance du Trône et de l’Autel
La laïcité, fille des Lumières
« Le sommeil de la Raison
engendre les monstres »
(F. Goya)
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« Sapere aude ! Ose savoir par toi-
même » (E. Kant)
Les Lumières s’étendent sur toute l’Europe et jusque dans
les Amériques, du moins dans les milieux « éclairés » :
Enlightenment, Aufklärung, Illustracion, etc
Mais après 1750, comme rien ne change vraiment, les
nouvelles générations sont naturellement amenées à
choisir la voie de l’action politique.
« [] Sans liberté de pensée, il ne
peut y avoir de sagesse ; et pas de
liberté du peuple sans liberté
d'opinion ; celle-ci est le droit de
chaque homme tant qu'il ne porte
pas atteinte à la liberté d'autrui. »
(B. Franklin)
« Ecrasons l’Infâme! » (Voltaire)
Instituer la laïcité :
D’abord en Amérique !
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1750 -1815 : les « Révolutions atlantiques » bouleversent l’ancien
monde
1774 : Thomas Jefferson publie en 1774 son célèbre pamphlet Aperçu
sommaire des droits de l'Amérique britannique. Il réclame le « droit
au Bonheur » et préconise un « Wall of Separation » (mur de
séparation) entre Etat et religion.
1776 : Déclaration d’Indépendance des Etats-Unis
1787 : Constituions des Etats-Unis
1789 : Jefferson, ambassadeur à Paris, participe avec son ami
Lafayette à l’élaboration de la Déclaration des Droits de l’Homme et
du Citoyen en France
1789-1791 : Il intervient dans l’adoption du Bill of Rights
(déclaration des droits des USA), les dix premiers amendements qui
complètent la Constitution de 1787
Premier amendement toujours en vigueur de la
Constitution américaine :
«Le Congrès ne fera aucune loi qui touche l'établissement
ou interdise le libre exercice d'une religion, ni qui restreigne
la liberté de la parole ou de la presse, ou le droit qu'a le
peuple de s'assembler paisiblement et d'adresser des
pétitions au gouvernement pour la réparation des torts
dont il a à se plaindre. »
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