ORGANISATION MONDIALE DU COMMERCE RESTRICTED WT/ACC/LTU/23 14 mai 1998 (98-1920) Groupe de travail de l'accession de la Lituanie Original: anglais ACCESSION DE LA LITUANIE Communication de la Lituanie La Mission permanente de la République de Lituanie a présenté les renseignements ci-après relatifs aux conditions qui l'obligent à poursuivre l'octroi de subventions à l'exportation dans le secteur agricole, en demandant qu'ils soient distribués aux membres du Groupe de travail. _______________ 1. Le secteur agricole lituanien (de même que l'ensemble de l'économie) se trouve encore dans une période de transition et de restructuration Le secteur agricole lituanien a subi un bouleversement social, politique et économique sans précédent au cours des dernières années. Outre la dissolution de l'Union soviétique et l'effondrement de toutes les pratiques en matière de production et de commerce établies précédemment, la Lituanie a dû faire face aux exigences du passage à une économie de marché. Afin de poursuivre le développement des institutions de marché et d'encourager des réponses plus souples de la part du secteur agricole aux changements concernant l'offre de produits intérieurs et les niveaux de prix sur le marché mondial, la Lituanie doit encore apporter des améliorations à un certain nombre d'orientations politiques. Toutefois, plusieurs problèmes sont intrinsèquement nationaux, et tandis que la Lituanie s'efforce d'encourager la libéralisation du commerce des produits agricoles et alimentaires, pivot du développement économique national, l'accession à l'OMC permet d'envisager que cette libéralisation favorise le développement d'un noyau d'activités agricoles et d'activités connexes. Quoi qu'il en soit, le processus d'accession à l'OMC est en cours et il semble irréversible. Le secteur alimentaire et agricole de la Lituanie, de même que l'ensemble de son économie, se heurte aux difficultés d'ajustement aux nouvelles conditions du marché. L'agriculture se trouve encore dans une période de redressement et sa productivité, y compris celle de la branche alimentaire, n'a pas atteint son niveau potentiel. La raison en est l'inflation, la distorsion de la production et des prix, et une rupture des relations, et donc une absence de concurrence, avec ses principaux partenaires commerciaux de l'ex-Union soviétique. La croissance et le développement dans le secteur sont freinés par l'incertitude des exploitants agricoles quant à leurs droits, par une infrastructure peu développée et par le manque d'un acheminement adéquat des intrants et des produits. Outre le morcellement des exploitations agricoles et l'insuffisance de la concurrence, les revenus des agriculteurs diminuent à cause du déficit commercial et d'un manque d'accès au crédit. La réforme agraire, en particulier le processus de restitution et de privatisation, et l'établissement de droits de propriété bien définis n'ont pas progressé aussi rapidement qu'on l'avait été souhaité. Toutefois, dans le cadre d'un échéancier national précis, l'intégration dans les structures du marché mondial influe énormément sur la réussite de la mise en oeuvre de politiques nationales WT/ACC/LTU/23 Page 2 orientées vers l'extérieur et sur l'amélioration de la balance commerciale nationale avec la poursuite du développement économique. Cela est dû à la part non négligeable que représente l'économie rurale dans la balance des paiements nationale. Le secteur alimentaire et agricole occupe le deuxième rang dans l'économie lituanienne. Il représente 20 pour cent du PIB, 23 pour cent de l'emploi et 20 pour cent de l'ensemble des exportations. Toutefois, il y a une énorme surcapacité structurelle dont le volume équivaut à celui des exportations vers l'ex-Union soviétique, les nouveaux échanges commerciaux récemment apparus n'ayant pas encore été établis sur des bases économiques et commerciales rationnelles. Étant donné la protection tarifaire et le soutien interne élevé de l'agriculture dans les pays occidentaux, les produits lituaniens sont incapables de pénétrer sur les marchés occidentaux et d'y être compétitifs. Le fait que la qualité des produits lituaniens ne satisfait pas entièrement aux normes internationales - des améliorations sont en cours mais elles nécessitent un certain temps - crée aussi des difficultés supplémentaires pour accéder à ces marchés. Les subventions à l'exportation sont actuellement la seule manière d'écouler une production en rapide croissance et devenant excédentaire, la demande intérieure étant encore stagnante à cause du faible niveau des revenus. 2. La Russie et les autres pays de la CEI sont les principaux marchés d'exportation pour les produits agricoles lituaniens Pendant la période soviétique, le marché russe était le principal marché pour les exportations agricoles lituaniennes, mais de 1991 à 1995 ce marché a été fermé parce que l'Union soviétique en ce temps et la Russie plus tard, ont appliqué des droits d'entrée NPF doubles aux exportations lituaniennes, signifiant un embargo de fait sur le principal marché d'exportation. Ces mesures ont entraîné une baisse de la production et de l'exportation agricole lituanienne de 50 pour cent. Pendant cette période (1991 à 1995), d'autres pays, Membres de l'OMC (y compris les pays développés occidentaux), ont introduit sur ce marché leurs produits subventionnés en acquittant des droits de douane ordinaires. À partir de 1995, lorsque l'Accord entre la Lituanie et la Russie sur la coopération commerciale et économique est entré en vigueur et que les droits de douane doubles n'ont plus été appliqués, la Lituanie a commencé à exporter sa production vers son ancien marché, la Russie et les autres pays de la CEI, qui étaient des marchés traditionnels qui avaient été développés en fonction du système alimentaire établi dans l'ex-Union soviétique. Toutefois, à cause des différences de prix entre les produits subventionnés des pays occidentaux et les produits lituaniens, ces derniers ne sont pas compétitifs sur ce marché sans subventions à l'exportation. 3. L'industrie de transformation ne peut être restructurée sans subventions à l'exportation L'industrie de transformation alimentaire lituanienne nécessite une restructuration. La production des matières premières et l'infrastructure de la commercialisation et de la distribution des produits sont insuffisamment développées. Le niveau actuel des investissements étrangers directs ne satisfait pas aux besoins de restructuration. La majeure partie des investissements est consacrée au secteur commercial. Les plus grandes entreprises à participation de capitaux étrangers mettent l'accent sur le marché intérieur. L'accroissement des investissements étrangers pourrait être stimulé si ces investissements pouvaient tirer parti de l'exportation de la production. Par ailleurs, les entreprises de transformation alimentaire nationales n'ont pas une compréhension du marché suffisante pour vendre et promouvoir activement leurs produits à l'étranger et elles n'arrivent pas à cibler leur gamme de produits ni à définir une couverture géographique. Une concurrence plus poussée renforce la concentration des ressources dans des domaines solides, donc un large cadre de soutien est nécessaire pour consolider l'industrie en vue de parvenir à une masse critique de production de produits ciblés, faute de quoi elle sera exclue de la concurrence future. L'infrastructure commerciale nécessaire en vue de faciliter la mise en oeuvre des accords commerciaux internationaux n'a pas été développée en Lituanie. À ce stade du processus, la restructuration des exportations ne peut se faire qu'au moyen de subventions à l'exportation. WT/ACC/LTU/23 Page 3 4. Les problèmes sociaux majeurs pourraient être résolus en octroyant temporairement des subventions à l'exportation dans le secteur agricole Il a été souligné plus tôt que l'agriculture est un secteur de haute priorité dans l'économie lituanienne. Elle emploie encore 23 pour cent de la population nationale. Les raisons de l'existence actuelle d'une telle situation sont les suivantes: la réforme agraire basée sur l'état de la propriété avant la guerre n'est pas encore terminée; les activités agricoles traditionnelles prédominent encore à cause de l'insuffisance des investissements qui pourraient modifier le profil de la production. Les activités agricoles traditionnelles ont produit un excédent de produits qui dépasse la demande du marché intérieur et devrait être exporté. La restructuration du secteur agricole lituanien est d'une importance capitale pour la stabilité économique du pays où, si elle ne se faisait pas, il y aurait un taux de chômage élevé parmi la population rurale. 5. Les dispositions de l'OMC n'interdisent pas les subventions à l'exportation dans le secteur agricole La Lituanie octroie actuellement des subventions à l'exportation dans le secteur agricole et elle est d'avis qu'il est nécessaire de continuer de le faire à l'avenir. La demande de suppression des subventions à l'exportation en Lituanie n'est pas acceptable eu égard au fait que les Membres de l'OMC appliquent de telles mesures. L'Accord sur l'agriculture n'exclut pas l'octroi de subventions à l'exportation dans le secteur agricole dans la mesure où ces subventions figurent dans la Liste du pays. Un certain nombre de Membres de l'OMC, notamment les États-Unis et les Communautés européennes, octroient des subventions à l'exportation dans le secteur agricole. 6. Justification des subventions à l'exportation La Lituanie octroie des subventions à l'exportation directes i) pour les produits à base de viande, de lait et de céréales et l'huile végétale et ii) pour la vente de stocks non commerciaux de produits agricoles et de produits alimentaires en provenance de la réserve d'État. Les subventions à l'exportation pour les produits agricoles et alimentaires sont justifiées en vertu des paragraphes 1 a) et 1 b) de l'article 9 (Engagements en matière de subventions à l'exportation) de l'Accord sur l'agriculture. __________