1 « L’économie a autant besoin de coopération que de concurrence. » Jean-Claude Marcourt Le succès du film « Demain » a mis en lumière l’économie sociale, coopérative et solidaire. Une découverte pour certains, une redécouverte pour beaucoup. L’intérêt pour une « autre économie » est relancé. C’est un autre modèle, mais qui a toute sa place dans le monde économique traditionnel, et où les mots participation, collectivité et redistribution prennent tout leur sens. 1. Une politique wallonne innovante et ambitieuse L’économie sociale, coopérative et solidaire est un modèle économique alternatif, totalement intégré dans l’économie de marché. C’est un modèle qui s’appuie sur des logiques participatives et démocratiques, tant au niveau de la gestion des entreprises que de l’affectation de leurs bénéfices à la redistribution plutôt qu’à la rémunération du capital. Il s’agit également et surtout d’entreprises poussées par des communautés, des porteurs de projets qui se fédèrent ou des associations. Le développement de l’économie sociale, coopérative et solidaire fait partie intégrante de la politique économique menée par le Vice-Président et Ministre de l’Économie, de l’Industrie, de l’Innovation et du Numérique, Jean-Claude MARCOURT depuis plus de 10 ans. Plusieurs objectifs ont été fixés : prendre en compte l’entreprenariat sous toutes ses formes ; contribuer à la relocalisation de l’économie ; favoriser une meilleure redistribution des richesses ; mobiliser des ressources nouvelles, dont l’épargne citoyenne. Une base légale avec un décret relatif à l’économie sociale (une première en Europe), un cadre administratif solide avec la création d’une Direction de l’Économie sociale, un véritable levier au niveau du financement grâce, entre autres, au renforcement des moyens de la SOWECSOM, un accompagnement professionnel des porteurs de projets par sept agences conseil et, enfin, des actions de sensibilisation auprès des étudiants par l’AEI : la politique menée par le Ministre en faveur du secteur a permis l’éclosion et le développement d’un écosystème riche et diversifié (détail des mesures en annexe 1). Et les chiffres sont là pour le démontrer. 2 2. Un secteur en pleine (r)évolution ! En Wallonie, on dénombre 318 coopératives agréées et 411 sociétés commerciales à finalité sociale, soit une augmentation de plus de 8% en 5 ans (de 2009 à 2014)1. Il représente10.435 emplois, en augmentation de 25% sur la même période ! Emplois 10000 10435 8324 8000 6000 4000 2000 0 2009 2014 Entreprises 673 729 600 400 200 0 2009 2014 À l’échelle européenne, on constate que ces entreprises sont plus solides et plus stables : elles se sont révélées plus résilientes pendant la crise de 2008, ont connu moins de pertes d'emploi que la moyenne et créent des emplois de qualité qui ne sont pas délocalisés, comme le soulignait une résolution récente du Parlement européen2. Une tendance qui se reflète également chez nous. 1 Sources: BCE - ONSS- Traitement OES- ConcertES- chiffres 2014 – Wallonie - Ces chiffres ne recouvrent pas les asbl, les fondations ni les sociétés coopératives non agréées. 2 Résolution du Parlement européen du 15 septembre 2016 sur "Comment tirer le meilleur parti du potentiel de création d'emplois des petites et moyennes entreprises (PME)?" 3 3. Brasero le mouvement coopératif comme priorité Sous cette législature, c’est le mouvement coopératif qui constitue une des priorités du Ministre MARCOURT, la coopérative étant une forme de société particulièrement adaptée aux finalités et au mode de gouvernance de ces entreprises d’économie sociale. La Sowecsom, spécialisée dans le financement d'entreprises d'économie sociale et coopérative, a été chargée de la mise en place du dispositif Brasero, mesure phare qui vise au développement des entreprises coopératives. Une trentaine de projets ont été financés en 18 mois seulement, pour un montant de près de 1,8 millions d’euros en capital. Et l’effet de levier est important puisqu’il a permis, parallèlement, de lever des capitaux auprès d’investisseurs privés pour un montant de 4,7 millions et généré des financements sous forme de prêts (auprès de la Sowecsom et de banques) pour également près de 5 millions d’euros. Brasero et les entreprises qu’il finance ont donc un véritable impact sur l’économie réelle en termes de création de valeur, création d’emplois et mobilisation de l’épargne citoyenne. Sont visés par ce programme des projets qui présentent une dimension citoyenne, qui s’inscrivent pleinement dans la mouvance du financement participatif, avec une implication forte des citoyens. Tout dernièrement, le Ministre de l’Économie, Jean-Claude MARCOURT, a également mis en place un cadre légal essentiel qui permettra aux travailleurs de développer ou de reprendre leur entreprise. C’est une mesure forte en faveur des « coopératives de travailleurs ». En Europe, il existe aujourd’hui plus de 35.000 coopératives de ce type. En Espagne, par exemple, on estime que 70% des emplois qui auraient été perdus faute de repreneurs ont pu être sauvés grâce à un mécanisme similaire. 4. La Sowecsom, 20 années au service de l’économie sociale Créée en 1995, la Sowecsom est plus que jamais dans l’actualité économique. Filiale de la S.R.I.W., elle est née du constat que les entreprises d’économie sociale, peu ou mal comprises du monde bancaire, rencontraient plus de difficultés à trouver du financement. Outre son dispositif Brasero qui s’adresse spécifiquement aux entreprises coopératives, la Sowecsom intervient financièrement, en prêt ou en capital, depuis maintenant 20 ans pour permettre le renforcement des fonds propres des 4 entreprises sociales et participer à leur création ou développement. Ces interventions se font donc à tous les stades de la vie des entreprises, après une étude approfondie du projet démontrant sa viabilité. Il s’agit, pour moitié des projets financés, de création de nouvelles pousses, ce qui permet à la Sowecsom de jouer pleinement son rôle de fonds de capital à risque. Risque mesuré cependant car la sinistralité est très faible (3%) en raison d’un modèle économique plus résilient et d’entreprises moins sujettes aux fluctuations conjoncturelles. En chiffres, la Sowecsom représente au total 60 millions d’euros investis dans 284 entreprises et 516 dossiers de financement. Ce sont aujourd’hui 120 entreprises en portefeuille et pas moins de 7.000 emplois. Depuis quelques années, le secteur connait une croissance particulièrement soutenue et attire de nouveaux entrepreneurs. Ce constat se traduit non seulement au niveau de la dynamique du secteur mais également dans son portefeuille : celuici a connu un renouvellement inégalé ces 2 dernières années, puisque, sur 46 entreprises ayant obtenu un financement, 29 étaient des nouvelles. 5. Les actions de l’Agence pour l’Entreprise & l’Innovation [AEI] en matière de soutien à l’économie sociale, coopérative et solidaire Fin 2015, le Gouvernement wallon chargeait l’AEI d’une mission de soutien et de promotion de l’économie sociale, coopérative et solidaire. Outre l’animation et le soutien des Agences-conseil (cf. annexe 1), le plan d’actions de l’AEI est décliné en 2 autres axes. a. Des aides directes aux entreprises coopératives : À titre d’exemple, suite à un appel à projets, l’AEI vient d’octroyer 40 bourses de maximum 12.500 euros aux porteurs de projet de coopératives citoyennes en vue de leur permettre de financer l’étude de faisabilité et le montage du projet coopératif et participatif. Le montant total engagé est de 459.890 euros. En outre, ces projets totalisaient, au moment du dépôt du dossier de candidature, une communauté de 600 candidats coopérateurs. Une fois leur modèle économique validé, leur modèle participatif et leur plan financier réalisés via la bourse, ces coopératives pourront déposer une demande de financement auprès de la Sowecsom, pour la mesure Brasero. Il s’agit donc d’une belle complémentarité 5 entre des outils d’accompagnement et des outils financiers en phase de préparation et en phase de démarrage.3 Ces projets sont accompagnés par les opérateurs du réseau AEI, en particulier les Agences-conseil en économie sociale. b. La promotion et la sensibilisation au modèle de l’économie sociale, coopérative et solidaire : La promotion et sensibilisation à l’économie sociale et coopérative dans les écoles secondaires et supérieures, et la promotion de l’économie sociale et coopérative auprès des porteurs de projet et entrepreneurs. C’est dans ce cadre que l’AEI a lancé le premier Forum des coopératives ce jeudi 13 octobre dont le but est de mettre en lumière l’entrepreneuriat social et coopératif auprès des porteurs de projet, des entreprises traditionnelles et des opérateurs de son écosystème. Cet évènement a été mis sur pied en collaboration avec la Sowecsom qui fête ses 20 ans et a notamment pour objectifs de mettre en lumière le modèle coopératif comme forme d’entrepreneuriat alternatif et de décloisonner l’économie sociale et l’économie classique, de casser les codes et faire mieux connaître un modèle qui rencontre aujourd’hui un véritable regain d’intérêt citoyen. Contacts Presse : Presse - Ministre Jean-Claude Marcourt Gaël LAMBINON 0472/45.59.87 – [email protected] Sowecsom Flora KOCOVSKI 13 av. Maurice Destenay - 4000 Liège - 04/221 99 42 - [email protected] Agence pour l’Entreprise & l’Innovation [AEI] Eric Winnen 13b, rue du Vertbois - 4000 Liège - 0473/444.839 – [email protected] 3 Quelques coopératives citoyennes ont déjà été concrétisées, comme Coopéco (Charleroi supermarché participatif), Coopéos (Brabant wallon/Hainaut - chaudière biomasse pour les collectivités), Les Jardins d’Arthey (Namur - coopérative de tourisme champêtre), Le chant de la Terre (La Louvière - vente de produits bio et espace de rencontre), RAYON9 (Liège - transport de colis à vélo), … 6 ANNEXE 1 : Les dispositifs en Wallonie En 2008, la Wallonie a été la première région/pays d’Europe à adopter un décret relatif à l’économie sociale, offrant une base légale à la définition de ce qu’est l’économie sociale et favorisant la création du « Conseil wallon de l’Économie Sociale ». Simultanément, l’économie sociale est devenue une réalité administrative et budgétaire : administrative par la création d’une Direction de l’économie sociale (au sein de la Direction Générale Opérationnelle « Économie et Recherche ») qui compte aujourd’hui une dizaine d’agents, et budgétaire par la constitution d’un budget autonome et spécifiquement dédicacé. Aujourd’hui, il se chiffre à environ 23 millions d’euros et permet de soutenir principalement les Entreprises d’Insertion qui totalisent plus de 5.000 emplois en Wallonie, les services de proximité qui totalisent 60 projets pour environ 400 emplois, et le développement du mouvement coopératif. 7 Agences-conseil agréées en Wallonie sont chargées de promouvoir et d’accompagner les porteurs de projet et les entreprises d’économie sociale et coopérative (AGES, CREDAL, FEBECOOP, PROGRESS, PROPAGE’S, SAW-B et SYNECO). Depuis 2015, ces organismes ont été intégrés au réseau de l’Agence pour l’Entreprise & l’Innovation [AEI], ce qui permet notamment aux entreprises du secteur de bénéficier de support en matière d’innovation, à la créativité et au numérique. À ce titre, l’AEI vient de sélectionner et financer 9 projets d’innovation sociale portés par ces Agences-conseil pour un montant total de 175.000 euros. Ils portent sur des innovations répondant à des besoins sociétaux et permettant la création de nouvelles entreprises coopératives. L’AEI est également chargée de promouvoir l’économie sociale, coopérative et solidaire dans les écoles secondaires et supérieures : ainsi 4 hautes-écoles et 1 école secondaire viennent d’être sélectionnées et financées, via des bourses de 10.000 euros, pour mener un projet pilote visant à sensibiliser les étudiants au modèle entrepreneurial coopératif. Après une phase-pilote de 6 mois, celles-ci ont décidé de créer une structure coopérative efficiente4. 4 Les projets financés : Henallux Arlon (pédagogique et social) : « Cal’main » coopérative à finalité sociale. Activités : point de retrait de produits locaux et bio, 1 SEL, du co-voiturage, un partenariat avec la Croix rouge, un cybercafé, des cours pour les élèves du secondaire. Ipsma Charleroi (3e secondaire) : « Sam’Col » : repair café, voyages scolaires et nombreuses autres activités décidées ensemble. Heaj Namur (arts numériques) : coopérative numérique, les étudiants de 4e année ont créé divers jeux vidéo qu’ils sont allés présenter à la Gamescom de Cologne. Hepn Ciney (agronomie) : « Valori’coop » : 3 étudiants cherchent à valoriser la pulpe de pomme pour une filière de production industrielle. Condorcet Ath (économie et agronomie) : « Graines d’entrepreneurs », micro-brasserie et potager collectif. 7 Un nouvel appel à projet sera lancé en 2017. Parallèlement, l’accompagnement des projets en cours se poursuit. Le budget alloué de 2016 à 2017 est de 220.000 euros. Enfin, depuis 2010, la Wallonie et la Sowecsom financent une « Chaire Économie Sociale » à l’Université de Liège. C’est aussi au sein de l’ULg qu’est née « l’Académie des Entrepreneurs sociaux » dont est l’objectif est triple : connecter différents publics – entrepreneurs sociaux, étudiants, alumni, professeurs – qui sont dans une démarche de réflexion et/ou d’apprentissage ; proposer à ces différents publics un espace de rencontre, de dialogue et d’échange au-delà de leurs affiliations respectives et de leurs secteurs d’activité ; et renforcer les connexions entre les entreprises sociales et le monde académique, notamment pour faire le lien avec la recherche scientifique. 8 ANNEXE 2 : Le succès du film-documentaire « Demain » Le film-documentaire « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent a connu un succès phénoménal pour un documentaire, puisqu’il a dépassé le million d’entrées sur le territoire français. Il a également obtenu le César du meilleur documentaire preuve d’une belle reconnaissance également de la profession. « Demain » est un film qui faire réfléchir à sa façon de vivre au quotidien. Ce film a permis des échanges permanents entre des volontés individuelles et des actions collectives et de très nombreuses associations ont organisé des projections-débats (près d’une centaine de débats jusqu’ici en Wallonie et à Bruxelles) dans les grandes salles mais aussi dans de plus petits cinémas, dans des centres culturels ou des salles de quartiers pour faire de ce film un outil de changement de société. Succès qualitatif donc. Et succès quantitatif tout aussi symptomatique, particulièrement dans notre région, car si « Demain » a réalisé 1 million d’entrées en France le succès est sans doute un peu plus phénoménal encore en Belgique francophone… En effet, un film qui sort en Belgique francophone fait habituellement entre 4 et 6 % des entrées françaises. C’est une estimation qui se confirme quasi dans tous les cas, mis à part certaines particularités plus régionales. « Demain » aurait donc « dû » faire entre 40.000 et 60.000 entrées en Wallonie et à Bruxelles. Or actuellement plus de 180.000 Wallons et Bruxellois ont vu le documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Soit quasi 18% des entrées françaises ! Le film connaît maintenant une nouvelle dynamique à destination du public scolaire. Il a été sélectionné dans le programme « Écran Large sur Tableau Noir » et a fait l’objet d’un dossier pédagogique à destination des enseignants5. Et ils sont très nombreux les enseignants, animateurs de maisons de jeunes et autres intervenants du monde de la jeunesse à utiliser le film comme outil de débats avec les jeunes. 5 Voir www.grignoux.be/ecran-large 9 ANNEXE 3 : Témoins entreprises Ethiquable - Vincent De Grelle - [email protected] -0472/93.92.76. Filiale d’un projet français, commerce équitable, coopérative regroupant +/- 80 personnes qui soutiennent le projet. Coprosain - Paul Vankeerberghen - [email protected] ou [email protected] - 0494 33 59 93 - Coopérative qui existe depuis 40 ans, issue du monde agricole (élevage, viande), pionnière dans ce qu’on appelle aujourd’hui les « circuits courts » (alternative à la grande distribution pour écouler la production des éleveurs). Damnet – Jérôme Herman [email protected] - 081/215150 - Secteur informatique, véritable coopérative de travailleurs (41 actionnaires, dont 23 sont des travailleurs). Les Tournières – Jean-François Ramquet [email protected] - 04/2210132 - Projet citoyen emblématique à Liège, puisqu’il a réuni 160 coopérateurs pour sauver le centre culturel Barricade (pionner des coopératives citoyennes qu’on connaît aujourd’hui). Vidéo sur l’économie sociale, coopérative et solidaire réalisée par l’AEI et disponible sur : http://www.infos-entreprises.be/fr/le-soutien-leconomie-sociale-18. 10