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de William Shakespeare
mise en scène
Clément Poirée
Rideau !
Le Blog théâtre de Jack Dion
Des rires et des larmes
Un coup de cœur avec « Beaucoup de bruit pour rien »
de Shakespeare, mis en scène par Clément Poirée, au
théâtre de la Tempête.
Des rires et des larmes
Le propre des grands, c’est qu’ils le restent même avec
des œuvres jugées mineures au regard de leur palma-
rès. A preuve « Beaucoup de bruit pour rien », de Shake-
speare. A côté d’ « Hamlet » ou de « Othello », il s'agit
d'une douce bluette. L’histoire est un peu bancale. Une
jeune fille prénommée Hero, (Suzanne Aubert, toute en
finesse et en charme) est courtisée par le prince Don
Pedro (Matthieu Marie) au profit du jeune comte Claudio
(Laurent Menoret). Elle sera finalement rejetée par ce
dernier sous prétexte que sa promise l’aurait trompé
avant le mariage avec un troisième larron.
En fait, les uns et les autres avaient été victimes d’un
complot ourdi par un demi frère bâtard du prince. Tout
finira bien grâce à un retournement aussi drôle qu’incer-
tain. Aux échanges des susnommés s’ajoutent les péré-
grinations amoureuses d’une cousine de Hero, Béatrice
(sublime Alix Poisson) et d’un gentilhomme, Benedict
(Bruno Blairet) experts dans l’art de jouer ensemble le
grand air de : « Je t’aime, moi non plus ».
Qu’est-ce qui fait donc de ce conte à dormir debout un
bonheur intact ? Primo, un Shakespeare, aussi « petit »
soit-il reste un Shakespeare, autrement dit un bijou de
créativité, d’inventivité, de musicalité, servi par une lan-
gue hors du commun (texte français de Jude Lucas). Le
grand Will n’a pas son pareil pour trousser une aventure
montée à la diable. Il invente des personnages forts en
gueule et en présence. Il joue sur toutes les gammes de
la paillardise, de la crudité verbale, et de l’humour, sans
jamais franchir la limite au-delà de laquelle on sombre
dans la vulgarité (certains contemporains devraient s’en
inspirer).
De ce point de vue, il faut saluer la performance de cet
acteur hors du commun qu’est Eddie Chignara. On l’avait
déjà salué dans « Le Dindon » de Feydeau, mis en scène
par Philippe Adrien. Ici, il réussit l’exploit d’interpréter un
ecclésiastique effacé et un chef de la police municipale
digne du Bérurier de San Antonio. Un régal.
Clément Poirée, vieux complice de Philippe Adrien, a su
tirer toute la saveur de cette pièce succulente. Rien n’est
laissé au hasard. Tout est millimétré. La scénographie
(Erwan Creff) tient de la magie. Les acteurs (saluons
également l’explosive Manon Combes dans le rôle de
Margaret, dame de compagnie de Hero) donnent toute
la mesure de leur talent, et Dieu sait s’ils en ont. C’est
du cousu main, du grand art, du plaisir permanent, et le
public ne s’y trompe pas. Il s’agit là, à n’en pas douter,
d’une des plus belles mises en scène de « Beaucoup de
bruit pour rien », à ne rater sous aucun prétexte.
Jack Dion
* « Beaucoup de bruit pour rien » de William Shake-
speare, texte français de Jude Lucas, mise en scène
Clément Poirée, Théâtre de la Tempête 75012 Paris
jusqu’au 11 décembre (01 43 28 36 36).
Vendredi 18 Novembre 2011
Dimanche 27 novembre 2011
«Beaucoup de bruit pour rien» est une comédie de
Shakespeare qu’on ne se lasse jamais de voir. Elle
est légère, vive, enjouée et les rebondissements ne
manquent pas pour explorer le thème de l’amour.
Le travail du jeune metteur en scène Clément
Poirée est des plus réussis. Son parti pris tient
la route, tant du côté de la dramaturgie que de
la direction d’acteurs. S’appuyant sue les décors
d’Erwan Creff, les lumières de Maëlle Payonne et
les costumes de Hanna Sjödin, la scénographie
marque le côté sombre qui se cache derrière la
comédie. C’est aux comediens qu’il revient de faire
la farce, frémir le drame... Nous avons alors droit à
un festival de nuances, de ruptures, de sincérités,
de trouvailles scéniques... Suzanne Aubert,
Manon Combes ( une révélation ), Jean-Claude
Jay, Eddie Chignara, François de Brauer, Matthieu
Marie, Laurent et Julien Villa sont épatants.Et puis,
il y a les deux grands rôles de ce texte, Béatrice et
Benedict, couple légendaire, jouant des mots, des
phrases et des envolées lyriques. Alix Poisson et
Bruno Blairet nous ont emballés. Menés tambour
battant par Clément Poirée, les acteurs nous font
passer du rire à l’émotion avec la délicatesse des
virtuoses.
Marie-Céline Nivière
Lundi 21 novembre 2011
Beaucoup de Bruit pour rien de Shakespeare
de Shakespeare mise en scène Clément Poirée
Ecrit par
Philippe CHEVILLEY
Clément Poirée a monté Shakespeare comme on l’aime, à la Tempête : vif, incisif,
équivoque, en dehors du temps. Musical et chantant, son « Beaucoup de bruit pour
rien » revêt des habits d’hier et d’aujourd’hui, embarque le spectateur dans une taverne
de conte. La comédie du grand Will est mise en scène comme une farce cassante,
derrière fous rires et larmes, pointent l’ironie et la mélancolie. L’amant jaloux, Claudio,
a tôt fait d’humilier sa future épouse, Hero ; les électrons libres, Béatrice et Benedict,
sont convertis au mariage par la ruse de leurs proches. L’amour est un un jeu dérisoire
- beaucoup de bruit pour vraiment pas grand-chose... Même le happy end part en
quenouille : plutôt que célébrer les noces, on préfère d’abord rire et danser... Adaptation
brillante de Jude Lucas, lecture intelligente de Clément Poirée, mais aussi - et surtout -
casting d’enfer. Charismatiques, étincelants, Alix Poisson (Béatrice) et Bruno Blairet
(Benedict) brûlent les planches, Jean-Claude Jay (Leonato) est un patriarche-chef de
clan, irrésistible. Chaque comédien a son morceau de bravoure. Le public, qui n’est pas
venu pour rien, fait beaucoup de bruit à la n.
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