FRANÇAIS
NOM ET VERBE AVEC UN SENS DIFFERENT
Le français comporte beaucoup de paires verbe/substantif dont les él2ments ne varient souvent que
d’une seule lettre. Un nom dérivant d’un verbe est un déverbal.
Dans la majorité des cas, les deux mots ont une origine et un sens commun. Dans le dictionnaire le
nom est souvent défini comme « action de…. » .
Des exemples de ces paires similaires sont, à raison d’une paire pour (presque) chaque lettre de
l’alphabet : arme - armer, bouton - boutonner, câble - câbler, demande - demander,
écume - écumer, fantasme - fantasmer, galop - galoper, hache - hacher, illusion - illusionner,
juge - juger, labour - labourer, marque - marquer, neige - neiger, octroi - octroyer, panique -
paniquer, quadruple - quadrupler, raison - raisonner, segment - segmenter, teinte - teinter,
usine - usiner, valse - valser, zèbre - zèbrer.
Il existe aussi des doubles paires comme : tache tacher, tâche tâcher, patin patiner, patine
patiner, point pointer, pointe pointer, pousse pousser, poussée pousser.
Par contre d’autres paires n’ont pas le même sens ni parfois la même origine.
Parfois un sens proche existait à l’origine mais a évolué depuis.
L’objectif de cet exercice est de rechercher ces « paires » et d’analyser l’origine ou la raison de leur
différence de sens.
L’idée étant de faire la liste la plus complète possible, certains mots ne sont pas très courants et leur
définition du dictionnaire est donc indiquée.
Les mots ont été recherchés dans le Larousse. Les explications proviennent presque entièrement de
l’excellent Robert-Dictionnaire historique de la langue française.
ABÎME - ABÎMER
Du latin abismus, du grec a bisos, sans fond.
Abîmer a d’abord signifié jeter dans un gouffre, puis ruiner une fortune, puis endommager.
ABORD ABORDER
Deux dérivés de bord. Le verbe avait d’abord un sens maritime, heurter ou attaquer un navire. Le
nom ne l’a jamais eu désignant plutôt un contact entre personnes. Son emploi le plus courant est
dans les expressions comme d’abord ou de prime abord. Abordage reprend le sens maritime.
ACCORD ACCORDER
Les deux mots ont un sens proche dans le domaine musical sous l’influence de l’italien chorda et
aussi en grammaire mais sinon le sens principal d’accorder est consentir à donner tandis que celui du
nom est l’entente, l’arrangement bien exprimés par l’expression courante « d’accord ».
ACTE ACTER
Le verbe a un sens limité au domaine juridique. Acte a trois sens principaux : action, document
juridique et partie de pièce de théatre. Ces mots, de même qu’action et acteur dérivent du participe
passé du latin agere, agir, faire. Le latin actus signifiait déjà pièce de théatre puis partie d’une
narration.
ADRESSE ADRESSER
Adresse, habileté n’a rien à voir avec adresse postale. Le premier sens est dérivé d’adroit.
Dans le sens postal, les deux mots sont proches et viennent de « à dresser », aller vers.
AFFRONT AFFRONTER
Les deux mots dérivent de front. Le verbe a maintenant le sens de s’opposer « front contre front »
mais il eut un emploi, sorti d’usage, dans le sens de couvrir de honte ou de tromper. Ce sens s’est
maintenu dans le mot affront.
AFFÛT AFFÛTER
Les deux mots viennent de fût, dans le sens de tronc d’arbre du latin fustis, bâton, tige, tronc.
Affût a deux sens. A l’affût à la chasse signifie « caché derrière un tronc ». L’affût d’un canon est un
assemblage de pièces de bois. S’afuster en ancien français signifiait se mettre en position d’où
l’évolution progressive vers mettre en état de service, préparer un outil puis aiguiser.
AGENCE AGENCER
Agencer est plus ancien et proche de gente (gente dame) ou gentil avec le sens de beau, agréable
avec le premier sens de « rendre agréable » évoluant vers « mettre en bon ordre ».
Agence dérive d’agent du latin agere, agir. Son premier sens était comptoir commercial.
AGRES AGRESSER
Origines totalement différentes. Agrès du norrois greida, préparer, désignait un équipement
quelconque et avait comme verbe en ancien français aggréer, remplacé par gréer.
Agresser dérive du latin aggressor et aggressio.
ALLEE ALLER
Aller a trois origine latines : ire, avancer (j’irai), vadere, aller vite (je vais) et ambulare, se promener
(nous allons). Allée signifie d’abord voyage, sens qui est resté dans l’expression « allées et venues »
mais le sens a évolué en chemin, d’abord de ronde, puis en voie de passage rectiline.
AMADOU AMADOUER
Les origines sont obscures. L’amadou est une substance spongieuse inflammable à base de
champignons dont l’amadou, mot provencal signigiant amoureux « qui s’enflamme ». Le verbe serait
un terme d’argot désignant la technique de mendiants s’enduisant le visage pour paraître malade et
provoquer la pitié.
AMENDE AMENDER
Les deux mots sont très proches et ont pour origine le latin emendare, corriger, améliorer, punir.
Sens qui se retrouve dans payer une amende. Le sens agricole d’amender provient du dérivé
amendement signifiant d’abord amélioration en général puis le fait d’amender une terre.
ÂNON ÂNONNER
C’est ânon qui a produit ânonner avec le sens de parler comme un âne en classe.
APPAREIL APPAREILLER
Le verbe est le plus ancien, du latin apparare, préparer, employé en français surtout pour la
préparation de bateaux de pêche. Appareil est un dérivé signifiant d’abord préparatif puis en même
temps déroulement d’une cérémonie et ensemble d’éléments préparés dans un but précis puis
équipement d’abord militaire. Dans le domaine médical, les sens sont très proches.
APPOINT APPOINTER
Les deux mots sont dérivés de point. Appointer signifiait à l’origine « faire un arrangement » puis a
évolué en rétribuer selon l’accord. L’appoint était la somme qui solde l’accord puis par extension,
tout ce qui sert de complément.
APPRÊT APPRÊTER
La différence n’est pas très importante. Le verbe signifie préparer en général. Le substantif est plus
spécialisé désignant un traitement ou une préparation particulière appliquée à une surface ou à un
tissus.
ASPERGE ASPERGER
Pas de rapport entre les deux mots. Asperge vient du grec aspharagos, pousse. Asperger vient du
latin aspergere, saupoudrer. En français, le verbe a d’abord été utilisé dans un contexte religieux
pour l’eau bénite, etc. puis est devenu synonyme d’arroser.
ATTRAPE ATTRAPER
Attraper est le mot d’origine et vient de « mettre à la trappe ». Le déverbal attrape existe et se
définit comme «objet destiné à tromper par jeu, par plaisanterie». L’élément de tromperie peut
exister dans le verbe mais n’est pas courant.
AVAL AVALER
L’origine est la même. Aval est composé de « à val », dans la direction de la vallée. Avaler signifiait à
l’origine descendre un cours d’eau, puis faire tomber, creuser et finalement faire descendre dans le
gosier. Aval dans le sens financier ou légal est un autre mot dont l’origine n’est pas claire et dont le
verbe est avaliser.
BALANCE BALANCER
Balance comme instrument pour peser vient du latin bi lanx, deux plateaux. Le verbe balancer ne
signifie pas peser mais exprime le mouvement ou l’équilibre entre les deux plateaux.
BALLOT BALLOTTER
Ballot est un diminutif de balle dans le sens de paquet qui est d’origine germanique. Ballotter vient
de l’italien ballotta, petite boule employée entre autres pour voter, sens conservé par ballotage. Le
verbe a toujours eu le sens de secouer, agiter. Ballote est une plante qui existe aussi.
BARBE BARBER
Barbe vient du latin barba avec le même sens. Barber signifiait d’abord faire la barbe mais a été
remplacé par raser. Le sens d’ennui est resté et s’exprime aussi dans d’autres dérivés comme :
rébarbatif, barbant, la barbe!, rasant ….. L’histoire ne dit pas si l’ennui est pour celui qui la porte ou
pour celui, ou celle, qui doit la regarder.
BERCE BERCER
La berce est une plante commune aussi appelée patte d’ours dont le nom vient sans doute de
l’allemand Bartsch. Bercer et berceau viennent de l’ancien français berz qui serait d’origine gauloise.
BERNE BERNER
Berne ne s’emploie que dans l’expression « en berne » et serait proche de berme en ce sens que le
drapeau reste près du mât comme l’eau près de la rive. Berner exprimait d’abord l’idée de vanner
le blé donc de le faire sauter en l’air d’où le concept de se moquer puis de tromper.
BIDON BIDONNER
Bidon vient du norrois bida, récipient. Bidonner date de la moitié du 19°s dans le langage étudiant
d’abord avec le sens de boire trop puis de rigoler.
BOUCHE BOUCHER
Bouche vient du latin bucca, même sens. Boucher vient de l’ancien français bousche, poignée de
paille, qui servait à fermer une ouverture. Il faut noter que boucher et boucherie viennent de (la
viande de) bouc.
BOUGE BOUGER
Un bouge, du latin bulga, sac a eu plusieurs sens successifs: d’abord un petit sac, puis une petite
pièce puis une « chambre de bonne » pas très propre et enfin une maison mal tenue. Bouger a la
même origine latine (bullicare) que bouillir, avec l’idée de bouillonner donc de se remuer.
BOULOT BOULOTTER
Origines pas très claires. Peut être que le bouleau, ayant un bois dur, demandait plus de travail. Il est
curieux que le verbe familier pour travailler soit boulonner et pas boulotter qui signifiait d’abord se
laisser vivre, vivoter mais pas manger et dont le sens a donc évolué..
BOUT BOUTER
Bout est un dérivé de bouter qui signifie pousser dehors. En ancien français bout signifiait coup mais
le sens dynamique a été perdu alors qu’il est resté dans l’autre dérivé, bouton.
BRAILLE BRAILLER
« Paire » un peu limite. L’alphabet pour aveugles est le nom de l’inventeur. Brailler vient d’un mot
latin qui a aussi donné braire.
BRANCHE BRANCHER
Branche vient du latin branca, patte d’animal puis branche d’arbre. Brancher était autrefois un terme
de fauconnerie signifiant se poser sur une branche. Le sens a évolué en « se diviser en branches » en
particulier en généalogie. Le sens actuel de connecter est un dérivé du mot branchement développé
au 19°s pour désigner le rattachement à une conduite d’eau ou d’électricité. Le sens de branché est
synonyme de « au courant ».
BRASSE BRASSER
Brasse est un dérivé de bras signifiant l’ensemble des deux bras d’où une mesure et une nage.
Brasser et son origine latine ont toujours désigné la fabrication de la bière puis son sens s’est étendu
à « mêler en remuant».
BRIQUE BRIQUER
Brique est d’origine néerlandaise (breken, casser) d’abord avec le sens de morceau puis de bloc
d’argile cuite. Briquer vient du dérivé « brique à pont », pierre de grès fin utilisée pour nettoyer les
ponts de bateau.
BRISE BRISER
Brise est sans doute un dérivé de l’espagnol brisa, vent du nord-est. Briser vient du latin brisare,
fouler le raisin.
BROCHE BROCHER
Les deux mots ont la même origine. Broche du latin broccus, proéminent surtout pour les dents, puis
pointu a désigné d’abord l’outil pour embrocher. Le nom du bijou vient du fait qu’il a une longue
pointe. Le verbe brocher signifiait autrefois éperonner, toujours l’idée de pointe. Le sens est resté en
imprimerie exprimant la fixation des pages avec une aiguille. Brochure a la même origine.
BÛCHE BÛCHER
Bûche vient du latin busca, bois, bosquet lui-même d’origine germanique. Une bûche est donc un
morceau de bois. Le substantif bûcher désigne un tas de bûches. Le verbe bûcher avec le sens de
travailler signifiait à l’origine travailler le bois à la hache.
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