CABINET Forum Med Suisse No11 14 mars 2001 271
Introduction
Dans le traitement des troubles du sommeil, la
recherche et la précision des étiologies vient en
premier lieu [1]. Ceci pour qu’un traitement
étiologique soit possible, p.ex. le traitement des
insomnies dans le contexte de pathologies psy-
chiatriques et somatiques, problèmes car-
diaques et troubles hormonaux notamment.
Des exemples de traitements spécifiques, exi-
geant en général le recours au spécialiste, sont
la pression positive continue respiratoire
(CPAP) dans les apnées du sommeil, les subs-
tances dopaminergiques dans le restless leg
syndrome ou les médicaments d’éveil ou sup-
primant le sommeil REM dans la narcolepsie.
Ce n’est qu’ensuite qu’intervient le traitement
symptomatique des troubles du sommeil, en-
globant le conseil en matière de sommeil et des
techniques psychothérapeutiques avant le re-
cours aux médicaments (schéma par étapes: ta-
bleau 1) [2].
Stratégies thérapeutiques
non pharmacologiques
Conseil de sommeil. Le conseil de sommeil suf-
fit souvent dans les insomnies légères (10 règles
d’hygiène du sommeil au tableau 2). Il déve-
loppe le comportement qui favorise le sommeil,
et prévient celui qui le trouble. Il est important
que le patient connaisse quelques éléments de
la physiologie du sommeil, de manière à corri-
ger les espoirs non réalistes qu’il pourrait
mettre dans un sommeil prétendument normal.
Les vieillards p. ex. doivent savoir que le som-
meil change avec l’âge. Le rythme veille-som-
meil doit se stabiliser et il faut évoquer les ha-
bitudes alimentaires. La nicotine, la caféine et
l’alcool doivent être également cités. Un petit
verre d’alcool avant d’aller dormir a un effet in-
ducteur du sommeil, c’est vrai, mais en plus
grande quantité, il supprime les phases REM
initiales et provoque un rebond REM au cours
de la seconde moitié de la nuit. Ce qui donne
lieu à des cauchemars et à un réveil prématuré.
Et il ne faut pas en sous-estimer l’effet diuré-
tique, avec les réveils nocturnes qu’il provoque.
Techniques de relaxation/Psychothérapie.
De nombreuses formes de psychothérapie pro-
posent des techniques de relaxation et tran-
quillisantes dans les insomnies [3]. En plus du
training autogène, du biofeed-back, de la myo-
relaxation selon Jacobson, de l’hypnose ou de
plusieurs techniques de méditation, la thérapie
comportementale surtout a mis au point des
méthodes très efficaces [4].
Contrôle du stimulus. Dans le contrôle du sti-
mulus, l’hypothèse de départ est que les in-
somniaques utilisent leur lit de manière pas
assez sélective pour y dormir: ils regardent la
télévision, mangent ou lisent. Cela génère des
processus de conditionnement selon lesquels le
lit n’est pas associé à sommeil, mais à insom-
Traitement des
troubles du sommeil
M. Hatzingera, J. Hättenschwilerb
aCentre de Médecine du Sommeil
des Hôpitaux universitaires de Bâle,
laboratoire du sommeil du Service
de Recherche sur la Dépression,
Médecine du sommeil
et Neurophysiologie
bClinique psychiatrique universitaire
de Zurich
Correspondance:
Dr Martin Hatzinger
Clinique psychiatrique universitaire
de Bâle
Wilhelm Klein-Strasse 27
CH-4025 Basel
E-mail:
Dr Josef Hättenschwiler
Clinique psychiatrique universitaire
de Zurich
Lenggstrasse 31
CH-8029 Zürich
E-mail:
Tableau 1.
Schéma thérapeutique des troubles
du sommeil.
1. Exclusion de causes exogènes, organiques,
psychiatriques ou psychosociales.
2. Information, conseil, hygiène du sommeil.
3. Mesures de relaxation et prise en charge
psychothérapeutique.
4. Phytothérapie
5. Hypnotiques et autres moyens favorisant
le sommeil.
Tableau 2.
10 règles d’hygiène du sommeil.
1. L’activité physique favorise la fatigue. Pas de
performances de pointe, mais promenade
le soir.
2. Seulement des repas légers le soir.
3. Entrainement du système végétatif, p.ex.
douches chaudes ou froides.
4. Café, thé ou autres stimulants peuvent jouer
un rôle défavorable. L’alcool facilite l’endor-
missement, mais dérange le maintien du
sommeil.
5. Chambre à coucher: lit agréable, obscurité,
calme.
6. Temps de sommeil court: un déficit de
sommeil est désagréable mais n’est pas
dangereux.
La sieste programme les troubles du sommeil
le soir.
7. Régularité: se coucher et se lever à la même
heure; rituel d’endormissement: la monotonie
favorise l’endormissement.
8. Mieux vaut se lever et lire que de se tourner
et se retourner au lit.
9. Paradoxe: «je ne veux pas m‘endormir»; rom-
pre avec la terreur de l’attitude d’attente.
10.Les somnifères peuvent induire des troubles
du sommeil.
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nie. Le traitement apprend au patient à sortir
de son lit lorsqu’il n’y dort pas pendant un cer-
tain temps. C’est lui-même qui décide combien
de temps il reste éveillé.
Prescription paradoxale. La prescription pa-
radoxale est une technique cognitive bien éva-
luée. L’hypothèse qui en est à la base est qu’un
symptôme douloureux provoque une attente
anxieuse accompagnée d’une stimulation végé-
tative. Le patient anxieux tente de contrôler ce
symptôme, ce qui accentue encore le problème,
par feed-back positif. La prescription para-
doxale vise à sortir de ce cercle vicieux: l’in-
somniaque doit provoquer intentionnellement
l’état de veille, en cessant de se forcer à dormir.
Il ne tente alors plus de contrôler son symp-
tôme, et la réaction végétative d’éveil n’a plus
sa raison d’être; l’envie de dormir peut ainsi
s’imposer et le patient s’endort.
Privation de sommeil. La privation de som-
meil, ou plutôt la restriction du temps passé au
lit, provoque un état de manque de sommeil, et
du même fait une amélioration de l’efficacité du
sommeil et de sa continuité.
Techniques de thérapie cognitive. Les tech-
niques de thérapie cognitive visent à réduire la
peur de l’insomnie par restructuration cogni-
tive, et à relativiser les faux espoirs. Les tech-
niques de thérapie cognitive s’intéressent d’une
part à la gestion des pensées s’opposant direc-
tement au sommeil, et de l’autre à changer
l’état d’esprit dysfonctionnel chronique. Des
notions subjectives telles que «si je n’ai pas bien
dormi, le jour suivant est déjà fichu» semblent
ne pas être en corrélation avec les fait objectifs
concernant les performances du lendemain. De
telles idées et l’attente négative ont un effet par-
ticulièrement destructeur.
Stratégies thérapeutiques
pharmacologiques
Si les différentes mesures non pharmacolo-
giques ne parviennent pas au but, il faut avoir
recours aux médicaments. Ils s’utilisent dans le
cadre d’un plan thérapeutique global, avec en-
tretiens de soutien, les 10 règles d’hygiène du
sommeil et des méthodes psychothérapeu-
tiques. Il faut savoir quels médicaments ont
déjà été prescrits ou pris en automédication.
Phytomédicaments
Avant d’employer les hypnotiques, il faut pen-
ser aux phytomédicaments. Plusieurs de ces
phytomédicaments bénéficient d’un jugement
positif. Dont surtout dans les états d’agitation
nerveuse, accompagnant souvent les troubles
du sommeil.
Millepertuis (Hypericum perforatum): léger
effet d’amélioration de l’humeur;
Strobile de houblon (Lupuli strobulus): effet
tranquillisant et inducteur du sommeil;
Feuille de mélisse (Melissae folium): effet
légèrement calmant et tranquillisant;
Tige de fleur de la Passion (Passiflorae
herba): effet légèrement sédatif;
Racine de valériane (Valerianae radix): effet
tranquillisant et inducteur du sommeil;
Kawa (Piper methysticum): effet tranquilli-
sant.
Plusieurs de ces substances se trouvent sous
forme d’extrait standardisé, et certaines pour
infusion, et il vaut la peine de mettre à profit
tous leurs effets hypnogènes effectifs et sugges-
tifs. Elles sont légèrement sédatives et ont des
effets positifs sur l’architecture du sommeil [5].
Leurs effets indésirables sont généralement né-
gligeables, mais un risque d’atteinte hépatique
a récemment été décrit pour le kawa, et la spé-
cialité à base de kawa a même dû être retirée
du marché. Nous ne savons pas grand-chose
des interactions des phytomédicaments: le
millepertuis aurait un effet enzymo-inducteur
hépatique [6]. Ce qui pourrait faire diminuer la
concentration de certains médicaments, et
donc atténuer leur effet, comme cela a été dé-
crit récemment lors de l’administration paral-
lèle de ciclosporine [7]. Les associations pré-
sentées comme remèdes à base végétale posent
problème si elles contiennent du brome, des
barbituriques ou de l’alcool. Il faut générale-
ment se méfier des spécialités non officielle-
ment enregistrées.
Hypnotiques du type agonistes des récep-
teurs des benzodiazépines
Les agonistes des récepteurs des benzodiazé-
pines GABAAoccupent une position dominante
dans le traitement hypnotique, du fait de leur
effet hypnogène, de leur simplicité d’emploi et
de leurs marges thérapeutiques très larges [8].
Utilisés comme il se doit, ce sont les médica-
ments de choix contre les insomnies. En l’état
actuel des connaissances, les benzodiazépines
déploient leur effet par interaction sur le
complexe du récepteur des benzodiazépines
GABAA, tout comme les nouveaux hypnotiques
zopiclone (Imovane®), zolpidem (Stinox®) et za-
léplone (Sonata®). Ils potentialisent l’effet du
neurotransmetteur inhibiteur GABA (acide
gamma-aminobutyrique), facilitant ainsi l’en-
dormissement, et rendant le sommeil plus pro-
fond, plus tranquille et récupérateur. Ces effets
se confirment à la polysomnographie: le délai
d’endormissement est plus court, il y a moins
de phénomènes de réveil, la durée globale du
sommeil est prolongée et son efficacité plus
grande. Les benzodiazépines diminuent les
parts de sommeil profond et REM. Aux doses
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recommandées, les nouveaux hypnotiques (zo-
piclone, zolpidem, zaléplone) agissent nette-
ment moins sur les sommeils profonds et REM.
Les différences d’effet sont en grande partie
fonction de la pharmacocinétique de ces subs-
tances, et donc de leurs durées d’action res-
pectives. Le tableau 3 présente les agonistes des
récepteurs des benzodiazépines souvent utili-
sés selon leurs différentes caractéristiques. La
demi-vie peut donner des précisions sur la
durée d’action voulue, mais il faut savoir que la
dose, la vitesse de résorption, la distribution (la
lipophilie) et le métabolisme sont des caracté-
ristiques pharmacocinétiques également im-
portantes.
Il faut choisir les somnifères individuellement,
en fonction de la symptomatologie, et sans né-
gliger le profil d’effets/effets indésirables. Les
critères les plus importants figurent au tableau
4. La durée d’action du médicament doit être
adaptée à la phénoménologie du trouble du
sommeil: les hypnotiques à brève durée d’ac-
tion sont indiqués dans les problèmes d’endor-
missement, et ceux à durée d’action moyenne
dans les problèmes de maintien du sommeil,
d’induction et de maintien du sommeil combi-
nés et dans le réveil prématuré. Les substances
à demi-vie très courte, comme le zaléplone,
peuvent également se prendre en pleine nuit,
sans crainte de «hang-over» le lendemain
matin. Les hypnotiques à longue durée d’action
ne doivent être utilisés que lorsqu’une action
spécifique sur la symptomatologie diurne est
souhaitée (p.ex. anxiolyse).
Les effets indésirables et le potentiel d’interac-
tions sont également très importants. Les ben-
zodiazépines, sur le marché depuis des années
et bien connues, ont révélé quelques effets in-
désirables. Dont sédation diurne, indifférence,
accoutumance, phénomène de rebond (réap-
parition de la symptomatologie originelle plus
marquée) après interruption, amnésie antéro-
grade, faiblesse musculaire, ataxie, dépen-
dance, états délirants et dépression respira-
toire. Il ne faut pas négliger les interactions po-
tentiellement dangereuses avec d’autres subs-
tances psychotropes (alcool, médicaments). Les
effets indésirables augmentent avec l’âge, mais
peuvent aussi être non négligeables chez les
jeunes. Lors de tout nouveau traitement par un
médicament agissant au niveau central, il faut
bien expliquer ses répercussions possibles sur
l’aptitude à la conduite de véhicules automo-
biles. Avec l’âge également, la variabilité des
effets et effets indésirables devient très impor-
tante. Il est conseillé de diminuer de moitié
la dose initiale chez les vieillards. Les effets
indésirables tels qu’obnubilation, hypervigi-
lance paradoxale, hallucinations et éventuels
troubles moteurs (myorelaxation, ataxie, risque
de chute) et respiratoires (dépression respira-
toire) sont souvent le reflet d’un surdosage re-
latif, et doivent être recherchés. Les patients
ayant une anamnèse de toxicomanie ne de-
vraient pas recevoir de somnifère ayant un po-
tentiel de dépendance. Mais il s’agit le cas
échéant de bien peser l’indication contre le
risque de dépendance. Les substances séda-
tives à toxicité importante, comme les tricy-
cliques, ne doivent être prescrites à des patients
suicidaires qu’avec une extrême prudence.
Exécution pratique d’un traitement par hyp-
notiques. Toutes ces caractéristiques imposent
quelques recommandations pour un traitement
Tableau 3. Agonistes des récépteurs des benzodiazépines.
Médicament Nom commercial Posologie (mg) Période de demi- Méta-
(CH) valeur (heures) bolites
actifs
Période de demi-vie longue
Flunitrazepam Rohypnol 1–2 20–30 +
Flurazepam Dalmadorm 15–30 40–100 (Metabolit) +
Nitrazepam Mogadon 5–10 30–40
Période de demi-vie moyenne
Brotizolam Lendormin 0,25–0,5 9 +
Lorazepam + 1 8–12
Diphenhydramin Somnium 25 2–3
Lormetazepam Loramet
Noctamid 1–2 8–12
Temazepam Normison 10–30 5–15
Zopiclon Imovane 3,75–7,5 4,5–6
Période de demi-vie courte
Midazolam Dormicum 7,5–15 1,5–2,5 +
Triazolam Halcion 1,5–5,5 1,5–5,5 +
Zaleplon Sonata 5–10 1
Zolpidem Stilnox 5–20 2–3
Tableau 4.
Critères de choix du médicament.
Caractéristiques de la substance
pharmacologique
1. Durée d‘action, pharmacokinéthique
2. Effet secondaire souhaité sur la symptoma-
tique diurne, p.ex. la peur
3. Profile d’effets secondaires
– Effets secondaires psychiatriques, cognition
– Motricité
– Respiration
Caractéristiques du patient
4. Age
5. Risque d’abus
6. Suicidalité
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par agonistes des récepteurs des benzodiazé-
pines. Au début d’un traitement par hypno-
tiques, il faut donner toutes les explications né-
cessaires au patient. Le traitement est limité
dans le temps, et c’est au médecin de détermi-
ner le médicament, la dose, l’heure de la prise
et la durée du traitement. Seul le médecin peut
adapter les doses. Ces recommandations figu-
rent dans le tableau 5. La durée de la prise ré-
gulière d’hypnotiques du type agonistes des ré-
cepteurs des benzodiazépines doit être limitée
à 2-4 semaines. Il n’est pas recommandé d’en-
visager un nouveau traitement d’emblée à long
terme, mais à titre exceptionnel, et uniquement
lorsque les critères du tableau 6 sont remplis.
Si l’insomnie reprend après interruption pro-
gressive du traitement, il faut revoir la straté-
gie thérapeutique, intensifier les méthodes non
médicamenteuses et/ou recourir à des subs-
tances d’autres classes (p.ex. antidépresseurs
sédatifs).
Mais si l’indication à un traitement chronique
par hypnotiques est posée, plusieurs concepts
thérapeutiques ont été développés:
Traitement intermittent standard. Pour le
traitement intermittent standard, la durée de la
prise régulière d’hypnotiques ayant un poten-
tiel de dépendance se limite à 4 semaines. En-
suite de quoi l’hypnotique est arrêté progressi-
vement sur quelques jours, et après une période
de 2–4 semaines de traitement non médica-
menteux intensif, repris si nécessaire pour 2–4
semaines.
Traitement intermittent à la demande
contrôlé. Pour le traitement intermittent à la
demande contrôlé, le traitement hypnotique est
incorporé à un concept de thérapie comporte-
mentale, en combinant l’administration inter-
mittente d’hypnotiques à des doses unitaires
correspondant aux besoins du patient, et c’est
à lui de décider. La prise de comprimés est fixée
pour 3 nuits au maximum en début de semaine,
celles précédant les jours où le patient pense de-
voir être absolument performant. Il ne peut,
mais ne doit pas nécessairement prendre le
somnifère que ces nuits-là. Le traitement inter-
mittent à la demande contrôlé n’est pas un trai-
tement à la demande spontané. Il empêche que
l’impression de mal dormir soit conditionnée
sans contrôle par la prise du comprimé.
Traitement combiné à faibles doses. L’asso-
ciation de deux somnifères peut être indiquée
dans les insomnies chroniques, lorsque malgré
la prise quotidienne le somnifère prescrit n’est
pas suffisamment efficace. En clinique, l’asso-
ciation d’un hypnotique à un antidépresseur sé-
datif à faible dose, ou à un neuroleptique de
faible puissance a fait ses preuves. Ce qui per-
met souvent de diminuer la dose de l’hypno-
tique.
Autres substances améliorant le sommeil
Antidépresseurs. Les antidépresseurs séda-
tifs, dont amitriptyline (Saroten®, Triptyzol®),
doxépine (Sinquane®), miansérine (Tolvon®),
mirtazapine (Remeron®), néfazodone
(Nefadar®), trazodone (Trittico®) et trimipra-
mine (Surmontil®) doivent être les premiers uti-
lisés chez les dépressifs souffrant de troubles
du sommeil. A dose suffisante, il n’y a généra-
lement pas besoin d’hypnotiques, et les benzo-
diazépines peuvent être progressivement aban-
données, le cas échéant. Du fait de leur puis-
sance sédative parfois très marquée, ces anti-
dépresseurs peuvent s’utiliser dans les troubles
du sommeil, qu’il y ait ou non une dépression.
Ce sont notamment des alternatives aux ago-
nistes des récepteurs des benzodiazépines lors-
qu’un traitement de longue durée est envisagé.
De faibles doses ont souvent un bon effet.
L’avantage d’une bonne efficacité et d’un po-
tentiel de dépendance quasi nul s’opposent aux
effets indésirables marqués des tricycliques,
notamment sur la conduction cardiaque, chute
de tension ou effets anticholinergiques. Ce qui
rend indispensables des explications avant la
mise en route du traitement. La miansérine et
les nouvelles substances néfazodone et mirta-
Tableau 5. Recommandations
pour le traitement médicamenteux.
1. Indication claire
2. posologie la plus petite possible
3. traitement le plus court possible, au maximum
4 semaines
4. ne pas arrêter la médication abruptement
5. Observer les contre-indications
Tableau 6. Thérapie à benzodiazépines à long terme si:
1. il y a un déficit chronique de sommeil;
2. l’état diurne est gêné sans traitement;
3. une insomnie de rebound a pu être exclue;
4. une insomnie pouvant être traité de façon causale a été exclue;
5. il n’y a pas d’antécédants de dépendance;
6. d’autres substances inductrices de sommeil et/ou des traitements non médicamenteux
sont contre-indiquées ou sans effets;
7. des essais d’arrêter la médication et une thérapie à intervalle est essayée;
8. le patient ne profite apparemment que d’une thérapie à somnifères continue et / ou
9. une prise de somnifères est bien tolérée pendant des années avec un sommeil
satisfaisant et sans perturbations diurnes et
10.l’arrêt du traitement à somnifère nuit plus qu’il n’apporte d’avantages.
CABINET Forum Med Suisse No11 14 mars 2001 275
zapine sont mieux tolérées, et peuvent égale-
ment être administrées aux vieillards. Elles se
prennent peu avant le coucher ou à dose faible
une à deux heures avant. Dans ce dernier cas,
les insomniaques chroniques sont débarrassés
de leur tensions et de leurs angoisses vespé-
rales, ce qui leur facilite l’endormissement. La
dose doit être fixée de cas en cas, du fait de la
variabilité interindividuelle considérable de
l’effet inducteur du sommeil et des effets indé-
sirables. Pour les tricycliques comme la trimi-
pramine, qui existe également en gouttes, ce
qui permet de bien en titrer la dose, la dose ini-
tiale recommandée est de 25 mg, éventuelle-
ment réduite de moitié chez le vieillard. Dans
une étude contrôlée, la trimipramine a fait
preuve du meilleur effet hypnotique à la dose
choisie librement par les patients jusqu’à plus
de 100 mg [9].
Neuroleptiques. Les neuroleptiques sédatifs
comme chlorprothixène (Truxal®), lévomépro-
mazine (Nozinan®), pipampérone (Dipiperon®),
promazine (Prazine®) ou thioridazine (Melle-
ril®) n’ont pas encore été étudiés suffisamment
dans l’indication «insomnie d’origine non psy-
chotique», scientifiquement parlant. Surtout en
ce qui concerne leur effet inducteur du sommeil
et leur efficacité à long terme. Et leurs effets in-
désirables potentiellement dangereux posent
des problèmes: chute tensionnelle par sympa-
thicolyse, mais aussi effets anticholinergiques
et moteurs extrapyramidaux (dyskinésies tar-
dives). La lévomépromazine (Nozinan®) par
exemple ne devrait être utilisée qu’avec la plus
grande retenue en raison de ses effets cardio-
vasculaires marqués, même chez les jeunes. Il
est recommandé d’utiliser les neuroleptiques
en première intention dans les insomnies ac-
compagnant les psychoses. Ils sont également
utilisés en cas de contre-indication aux benzo-
diazépines. Et notamment dans des problèmes
de dépendance, mais aussi chez les vieillards
insomniaques, qui bénéficient de leur effet
moins myorelaxant que celui des benzodiazé-
pines. Et chez les grands déments, certains
peuvent être utilisés avec grand succès, dont la
pipampérone (Dipiperon®).
Antihistaminiques. Les antihistaminiques
comme diphénhydramine (plusieurs spéciali-
tés), doxylamine (Sanalepsi®), hydroxyzine
(Atarax®) ou prométhazine (Phénergan®) s’uti-
lisent parfois pour la régulation du sommeil,
mais ils peuvent poser de grands problèmes en
particulier chez les vieillards, du fait de leurs
effets anticholinergiques et alpha-adrénoly-
tiques (états délirants, chute tensionnelle).
Mélatonine. L’hormone mélatonine, admise
aux U.S.A. comme complément alimentaire
(«nutritional supplement») pourrait prendre
une certaine importance dans le traitement des
troubles du sommeil. Mais en l’état actuel des
connaissances, la mélatonine n’est autorisée
que comme «chronothérapeutique», soit pour
traiter les troubles du rythme circadien, mais
pas comme hypnotique utilisable à large
échelle. Chez des aveugles ayant des rythmes
circadiens anarchiques (rythmes non synchro-
nisés sur l’heure extérieure et ne suivant pas un
rythme précis de 24 heures), la mélatonine a
permis de rétablir un rythme stable de 24 h,
synchronisé sur l’extérieur [10]. La mélatonine
devrait également s’avérer utile contre le «jet
lag» résultant du changement de fuseau horaire
après vols long courrier. Mais les données ne
sont pas unanimes [11]. Ce qui limite l’emploi
de la mélatonine est le manque de données sur
sa posologie optimale et ses effets indésirables,
surtout à long terme. D’autres études sont in-
dispensables avant qu’elle puisse être recom-
mandée de routine.
Age et hypnotiques
Encore une remarque sur l’âge pour terminer:
les vieillards sont en général plus sensibles aux
substances à effet central, dont les hypnotiques.
La sédation diurne ou les problèmes cognitifs
ou moteurs peuvent être plus marqués. Et il ne
faut pas oublier les interactions avec d’autres
médicaments. Du fait de leur multimorbidité,
les vieillards doivent souvent prendre un grand
nombre de médicaments. Il faut être restrictif
et prudent avec les benzodiazépines, et les
vieillards tolèrent généralement mieux les nou-
veaux agonistes des récepteurs des benzodia-
zépines. En plus des neuroleptiques et des an-
tidépresseurs, les vieillards, déments surtout,
peuvent bénéficier à court terme de l’hydrate
de chloral (Chloraldurat®) et du clométhiazole
(Distraneurin®). Tous deux ne doivent pas se
prescrire librement: et surtout la prise quoti-
dienne de clométhiazole doit être limitée à
quelques jours et, selon les recommandations
de la Médecine du sommeil, uniquement en mi-
lieu hospitalier [3]. Le clométhiazole peut en
Tableau 7.
Choix d’antidépressifs pour le
traitement de troubles du sommeil.
Amitriptylin (Saroten®, Tryptizol®)
Doxepin (Sinquan®)
Mianserin (Tolvon®)
Mirtazapin (Remeron®)
Nefazodon (Nefadar®)
Trazodon (Trittico®)
Trimipramin (Surmontil®)
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