CABINET Forum Med Suisse No11 14 mars 2001 272
nie. Le traitement apprend au patient à sortir
de son lit lorsqu’il n’y dort pas pendant un cer-
tain temps. C’est lui-même qui décide combien
de temps il reste éveillé.
Prescription paradoxale. La prescription pa-
radoxale est une technique cognitive bien éva-
luée. L’hypothèse qui en est à la base est qu’un
symptôme douloureux provoque une attente
anxieuse accompagnée d’une stimulation végé-
tative. Le patient anxieux tente de contrôler ce
symptôme, ce qui accentue encore le problème,
par feed-back positif. La prescription para-
doxale vise à sortir de ce cercle vicieux: l’in-
somniaque doit provoquer intentionnellement
l’état de veille, en cessant de se forcer à dormir.
Il ne tente alors plus de contrôler son symp-
tôme, et la réaction végétative d’éveil n’a plus
sa raison d’être; l’envie de dormir peut ainsi
s’imposer et le patient s’endort.
Privation de sommeil. La privation de som-
meil, ou plutôt la restriction du temps passé au
lit, provoque un état de manque de sommeil, et
du même fait une amélioration de l’efficacité du
sommeil et de sa continuité.
Techniques de thérapie cognitive. Les tech-
niques de thérapie cognitive visent à réduire la
peur de l’insomnie par restructuration cogni-
tive, et à relativiser les faux espoirs. Les tech-
niques de thérapie cognitive s’intéressent d’une
part à la gestion des pensées s’opposant direc-
tement au sommeil, et de l’autre à changer
l’état d’esprit dysfonctionnel chronique. Des
notions subjectives telles que «si je n’ai pas bien
dormi, le jour suivant est déjà fichu» semblent
ne pas être en corrélation avec les fait objectifs
concernant les performances du lendemain. De
telles idées et l’attente négative ont un effet par-
ticulièrement destructeur.
Stratégies thérapeutiques
pharmacologiques
Si les différentes mesures non pharmacolo-
giques ne parviennent pas au but, il faut avoir
recours aux médicaments. Ils s’utilisent dans le
cadre d’un plan thérapeutique global, avec en-
tretiens de soutien, les 10 règles d’hygiène du
sommeil et des méthodes psychothérapeu-
tiques. Il faut savoir quels médicaments ont
déjà été prescrits ou pris en automédication.
Phytomédicaments
Avant d’employer les hypnotiques, il faut pen-
ser aux phytomédicaments. Plusieurs de ces
phytomédicaments bénéficient d’un jugement
positif. Dont surtout dans les états d’agitation
nerveuse, accompagnant souvent les troubles
du sommeil.
–Millepertuis (Hypericum perforatum): léger
effet d’amélioration de l’humeur;
–Strobile de houblon (Lupuli strobulus): effet
tranquillisant et inducteur du sommeil;
–Feuille de mélisse (Melissae folium): effet
légèrement calmant et tranquillisant;
–Tige de fleur de la Passion (Passiflorae
herba): effet légèrement sédatif;
–Racine de valériane (Valerianae radix): effet
tranquillisant et inducteur du sommeil;
–Kawa (Piper methysticum): effet tranquilli-
sant.
Plusieurs de ces substances se trouvent sous
forme d’extrait standardisé, et certaines pour
infusion, et il vaut la peine de mettre à profit
tous leurs effets hypnogènes effectifs et sugges-
tifs. Elles sont légèrement sédatives et ont des
effets positifs sur l’architecture du sommeil [5].
Leurs effets indésirables sont généralement né-
gligeables, mais un risque d’atteinte hépatique
a récemment été décrit pour le kawa, et la spé-
cialité à base de kawa a même dû être retirée
du marché. Nous ne savons pas grand-chose
des interactions des phytomédicaments: le
millepertuis aurait un effet enzymo-inducteur
hépatique [6]. Ce qui pourrait faire diminuer la
concentration de certains médicaments, et
donc atténuer leur effet, comme cela a été dé-
crit récemment lors de l’administration paral-
lèle de ciclosporine [7]. Les associations pré-
sentées comme remèdes à base végétale posent
problème si elles contiennent du brome, des
barbituriques ou de l’alcool. Il faut générale-
ment se méfier des spécialités non officielle-
ment enregistrées.
Hypnotiques du type agonistes des récep-
teurs des benzodiazépines
Les agonistes des récepteurs des benzodiazé-
pines GABAAoccupent une position dominante
dans le traitement hypnotique, du fait de leur
effet hypnogène, de leur simplicité d’emploi et
de leurs marges thérapeutiques très larges [8].
Utilisés comme il se doit, ce sont les médica-
ments de choix contre les insomnies. En l’état
actuel des connaissances, les benzodiazépines
déploient leur effet par interaction sur le
complexe du récepteur des benzodiazépines
GABAA, tout comme les nouveaux hypnotiques
zopiclone (Imovane®), zolpidem (Stinox®) et za-
léplone (Sonata®). Ils potentialisent l’effet du
neurotransmetteur inhibiteur GABA (acide
gamma-aminobutyrique), facilitant ainsi l’en-
dormissement, et rendant le sommeil plus pro-
fond, plus tranquille et récupérateur. Ces effets
se confirment à la polysomnographie: le délai
d’endormissement est plus court, il y a moins
de phénomènes de réveil, la durée globale du
sommeil est prolongée et son efficacité plus
grande. Les benzodiazépines diminuent les
parts de sommeil profond et REM. Aux doses