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partie ou toute la nuit à écouter les homélies des moines. Les fidèles reviennent le lendemain prendre
le repas qu’ils ont offert avec les moines (Fuchs, 1991).
La fête de l’entrée des moines dans leur retraite est aussi la fête de l’entrée dans la saison des pluies.
La durée de la retraite peut varier et concerne des jeunes gens comme des adultes. Les personnes
effectuant une retraite prenne la vêture lors de cette cérémonie.
La Fête des morts se tient vers octobre/novembre. Elle dure 15 jours. Pendant cette fête où l’on
honore les morts, le rite le plus important est le pansukul. Une fois mort, l’individu se réincarne en
fonction de ses mérites. Il existe toujours un risque pour que le mort se réincarne dans les enfers
bouddhiques. Ce rite permet de transférer les mérites qu’ont accumulés les proches du défunt à ce
dernier et ainsi d’améliorer sa renaissance (Chouléan A. , 1986).
La spiritualité cambodgienne est donc très riche en êtres surnaturels, en procédés magiques, en rites.
Les aspects les plus animiques de la religion cambodgienne sont en perte de vitesse au Cambodge. Ce
processus est-il accéléré par la migration ?
La sécularisation en France
La sécularisation de la société française a produit une perte d’influence de l’institution religieuse et
une privatisation du croire. La pratique religieuse passe beaucoup moins par une pratique intermédiée
par l’institution. L’autorité du prêtre, y compris dans le domaine religieux où le croyant accède aux
textes spirituels directement, est affaibli. Le spirituel devient de l’ordre de l’intime. La modernité
consacre l’individu comme acteur et valeur première. L’individu des sociétés modernes souhaite « la
fin de toute contrainte, de toute obligation, et de toute forme de régulation ou de contrôle
institutionnelle » comme L. Obadia (Obadia, 1999) résume une des vues de Hervieu-Léger (Hervieu-
Léger, 1993). L’individu se détache de l’institution religieuse. Il se détache aussi de sa communauté
d’origine et des traditions culturelles ou religieuses qui y étaient rattachés. Pour G. Balandier, la
religion devient « non imposée par la tradition ou la coercition, [elle] relève de plus en plus du choix
et de l’appropriation individuelle » (Balandier, 1988). Tschannen (Tschannen, 2008) souligne
également une deuxième modalité de l’individualisme. Non seulement l’individu choisit son
appartenance religieuse, mais l’individu choisit aussi à l’intérieur de la religion son dogme particulier.
La religion est utilisée comme une ressource pour l’individu, un moyen d’accéder au bonheur, à la
sérénité…, plus que comme un discours général sur la transcendance à accepter dans son intégralité.
La religion se métamorphose en recueil de principes d’épanouissement personnel.
R.J. Campiche dresse une typologie des manières de croire et de pratiquer la religion en Europe
(Campiche & Alii, 1997). Il distingue six types (applicables à la religion chrétienne) suivant que l’individu
croit en Dieu ou non et suivant l’intensité du croire :
Les non religieux : ils sont soit athées, soit la religion ne joue aucune importance dans leur vie.
Les religieux : ils croient en Dieu, assistent à l’office religieux au moins une fois par mois et font
confiance à l’institution religieuse.
Les croyants hétérodoxes : ils croient fortement en certaines croyances religieuses (Dieu,
résurrection) mais ces croyances sont différentes des religions officielles. Ils assistent moins aux
offices et la religion tient une place un peu moins grande dans leur vie que les religieux.
Les « irréguliers » ou « tièdes » : ils assistent à un rythme mensuel au service religieux. Néanmoins,
les croyances au Diable ou à l’enfer sont pratiquement nul, la religion ne joue pas un rôle majeur
dans leur vie
Les « ritualistes » : ils n’ont pas de pratiques religieuses hors rites de passages et croyances
religieuses moins affirmés