Et toi Régine?
En fac de psychologie, à Censier, j'ai eu l'impression d'arriver dans un monde de chapelles
après le milieu des sciences pures (les mathématiques), dont j'arrivais. La vie psychique et
relationnelle des individus y était souvent décrite de manière très abstraite à l'aide de
concepts pris comme des vérités et non comme relevant d'une axiomatique.
Puis je me suis mise à parler le langage local. Avec du recul, j'avais plus de compétences à
la sortie dans le domaine de la psychiatrie qu'en psychanalyse et qu'en psychothérapie.
Lorsque j'ai travaillé ensuite en institution gériatrique, je me suis débrouillée comme j'ai pu,
j'ai beaucoup appris sur la pratique institutionnelle auprès de l'animatrice. Je me souviens de
mon accueil par l'équipe en réunion, une bouteille de gros rouge devant le médecin du
service et une devant moi... ce service hébergeait évidemment des patients avec des
problèmes d'alcool, vous vous en doutez bien: j'ai souri en me taisant, je ne savais pas quoi
dire!
Les êtres humains n'étant pas pour moi des équations, c'est moins l'aspect séduisant d'une
théorie qui m'intéresse que ses aspects pratiques, la théorie doit "me parler" et venir éclairer
la clinique et non l'inverse.
J'ai ensuite travaillé auprès de femmes victimes de violence, je n'en avais jamais entendu
parler à l'université. Je me suis encore dit qu'il fallait me former pour travailler avec des
familles car l'aspect interactionnel me paraissait occuper plus de place que l'intrapsychique
dans le discours de ces femmes.
La formation de l'Institut d’Études Systémiques m'a aussi appris à parler aux patients, et en
particulier lorsque ceux-ci ne peuvent pas aborder certains problèmes comme la
maltraitance. Les thérapies familiales systémiques m'ont fourni de bonnes pistes pour les
aider à avancer un peu dans leurs problèmes, en les aidant à anticiper sur les scénarios
relationnels des violences. J'ai appris aussi à leur raconter des d'histoires sur des situations
voisines des leurs, je ne savais pas d'ailleurs que je faisais aussi de l'hypnose sans le savoir!
Même si Jean-Paul MUGNIER avait signalé l'utilité du discours hypnotique pour les auteurs
d'agressions sexuelles... Néanmoins, j'avais conscience que je butais pour aider les gens sur
les symptômes psychotraumatiques, je ne savais pas comment faire.
Du côté du psychocorporel, j'avais choisi en 1988 une formation de relaxation très centrée
sur le corps (la Relaxation Statico-Dynamique), avec des reprises verbales très marquées par
la psychanalyse. J'ai appris à me détendre et à bien connaître mon corps, mais là aussi la
pratique avec les patients s'est révélée délicate, au sens où il faut un long apprentissage
avant d'avoir des résultats; quand des patients vous consultent pour des attaques de panique,
c'est éthiquement difficile à proposer. C'est en ce sens que j'ai peu utilisé cet outil tel quel, je
l'intègre maintenant facilement sur des séquences courtes.
Je sentais aussi confusément qu'il y avait des liens entre le corps et la tête, pour le dire vite,
qui n'étaient pas faits dans la relaxation.
2005, 16 ans d'expérience professionnelle comme psychologue derrière moi, je découvre les
thérapies brèves orientées solutions avec Marie-Christine CABIE. Je sens que j'ai trouvé un
outil intéressant, qui à l'expérience se révèle riche et complexe. Il est en effet difficile
lorsqu'on est habitué à penser en termes de compréhension, de sens à donner, et de
références systématiques au passé, de travailler avec les gens en s'intéressant à l'actuel et à