et affectueux, bien loin de l’image martiale à laquelle les auditeurs
distraits le réduisent trop souvent. Parmi les thèmes qu’il reprend,
se distingue celui de « l’Immortelle Bien-aimée », extrait de l’opéra
Siegfried. Une berceuse évoque la présence du petit Siegfried Wagner.
Des épisodes suivants émerge le motif du « Trésor du monde »,
toujours issu de l’opéra : on mesure à travers ces citations combien le
compositeur confie à la musique le soin d’exprimer son bonheur de
connaître les joies simples d’une vie familiale heureuse.
C’est la version originale, pour 13 instruments, que la Camerata Melun
Val de Seine interprète aujourd’hui. Rarement jouée – au profit d’une
version pour grand orchestre – elle n’en demeure pas moins plus fidèle
aux intentions du compositeur en mettant en valeur la poésie, la grâce
et l’intimité qu’il a merveilleusement illustrées.
Johannes Brahms (1833 – 1897)
variations sur un thème de haydn
Brahms a composé deux versions des Variations sur un thème de
Haydn, pour grand orchestre et pour deux pianos. La Camerata Melun
Val de Seine en offre une autre, pour un ensemble de 10 musiciens, due
à la plume d’un compositeur contemporain, Thibault Perrine.
Cette dernière présente l’avantage de faire pénétrer l’auditeur dans
l’intimité de la démarche du compositeur. Le titre est trompeur, car
il est établi que le thème — le Choral de Saint Antoine — n’est pas de
Haydn, contrairement à ce que l’on croyait à l’époque de Brahms.
L’œuvre commence par l’exposition du thème « andante », de forme
ABA, avec des reprises. La première des huit variations « poco piu
animato » présente un travail sur le contrepoint. La deuxième « Più
Vivace », marquée par de brusques éclats, n’est pas sans évoquer
Beethoven. La troisième « Con Moto » se signale par l’attention que
Brahms a portée à l’orchestration en faisant dialoguer d’une manière
très subtile les instruments. La quatrième « Andante con Moto »
sépare nettement vents et cordes, mélodie et accompagnement. La
cinquième « Vivace » rappelle volontiers un scherzo, avec des attaques
marquées et un élan toujours maintenu, que l’on retrouve dans la
sixième variation « Vivace », au rythme affirmé. La septième « Grazioso »
est remarquable par son rythme pointé et l’originalité de son langage
harmonique. La huitième « Presto non troppo », rejoint la première par
la même exigence dans la rigueur du travail contrapunctique. Le finale
est une passacaille qui conclut d’une manière grandiose cette œuvre où
la hauteur de l’inspiration masque l’exigence toujours présente d’une
science musicale inépuisable : « l’Art caché par l’Art même » disait un
autre compositeur, Jean-Philippe Rameau. Avec ces Variations sur un
thème de Haydn, Brahms compose l’une des grandes œuvres musicales
du XIXè siècle, s’inscrivant dans la continuité des deux autres grands « B »
de la musique allemande : Jean-Sébastien Bach et Ludwig van Beethoven.
www.anaisbellot.com