Introduction : l’expérience de la double
fente
La mécanique quantique est née au début du XX
ème
siècle de questionnements face à un certain
nombre de phénomènes physiques inexpliqués par la théorie classique. Depuis, c’est probablement la
théorie scientifique qui a été le plus testée, et vérifiée avec le plus de succès et de précision. Contrairement
à la plupart des théories physiques, elle n’a pas été créée par une seule personne, mais sa naissance s’étale
au contraire sur plusieurs décennies (avec une formalisation autour de 1925–1927) et fait intervenir de
nombreux acteurs. Contentons-nous ici de donner certaines dates importantes :
— 1900 : Planck, rayonnement du corps noir
— 1905 : Einstein, effet photo-électrique
— 1913 : Bohr, modèle de l’atome
— 1914 : Expérience de Franck et Hertz confirmant la quantification des niveaux d’énergie
— 1922 : Expérience de Stern et Gerlach montrant l’existence du spin
— 1923 : de Broglie, dualité onde-particule
— 1924 : Pauli, principe d’exclusion
— 1925 : Heisenberg, mécanique matricielle
— 1926 : Schrödinger, mécanique ondulatoire
— 1927 : Heisenberg, principe d’incertitude
— 1927 : Born, interprétation probabiliste de la fonction d’onde
— 1927 : Expérience de Davisson et Germer de diffraction des électrons
0.1 L’expérience de la double fente
La dualité onde-particule est un concept central de la mécanique quantique, et sera notre point
de départ. Initialement pressentie par Einstein pour la lumière, puis formulée en toute généralité par
de Broglie, elle est vérifiée expérimentalement par Davisson et Germer (voir dates ci-dessus). Nous
décrivons ici une expérience qui vint la confirmer plus tard, car plus difficile à réaliser en pratique,
mais néanmoins plus facile à comprendre, pour voir comment l’observation de la nature nous mène
nécessairement à une telle hypothèse.
Un émetteur (laser, canon à électrons, . . .) envoie des particules (photons, électrons, . . .) vers un
écran percé de deux fentes parallèles, et on mesure l’intensité sur un écran placé plus loin (voir figure 1).
Figure 1 – Expérience de la double fente
On observe des interférences comme sur la figure 1. On a donc affaire à un phénomène ondulatoire,
analogue aux interférences produites par des vagues sur un plan d’eau. Cela pouvait s’expliquer
classiquement pour la lumière (avant que l’on découvre le photon), mais ne peut plus s’expliquer
classiquement pour des particules de matière comme des électrons, des neutrons, des atomes, voire des
molécules, pour lesquels on observe pourtant les mêmes interférences.
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