1) Nous sommes une Eglise en pleine communion avec l’Eglise de Rome, fidèle à notre
tradition orientale, en très bonne relation avec l’Eglise-sœur, orthodoxe, dans les Patriarcats
d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem.
2) Nous sommes une Eglise arabe par ses origines et ses racines.
3) Nous sommes une Eglise dans un monde à majorité musulmane.
C’est ce qui m’a poussé à recourir à une terminologie, pour d’aucuns osée, car mal
comprise. Nous sommes l’Eglise des Arabes (en plus d’être une Eglise arabe) et une Eglise
de l’Islam, c’est-à-dire une Eglise dont l’histoire, le présent et l’avenir sont liés à l’Islam: une
Eglise arabe, avec et pour les Arabes; une Eglise de l’Islam, avec et pour l’Islam. En tant
qu’Eglise au Proche-Orient, nous avons donc une responsabilité toute spéciale envers ce
monde, qui est notre monde. C’est là que nous vivons notre christianisme depuis près de deux
mille ans, dont 1.434 années avec l’Islam. Notre Eglise est celle qui est définie par le Synode
pour le Moyen-Orient et dans l’Exhortation Apostolique Post-Synodale Ecclesia in Medio
Oriente, de votre cher prédécesseur, Sa Sainteté Benoît XVI, sur le thème: « Communion et
témoignage. »
Notre Eglise est répandue dans tous les pays du Proche-Orient et, dans des proportions
différentes, dans les pays d’émigration. C’est ce qui explique les caractéristiques que je viens
de mentionner.
Vous avez rencontré notre Eglise de l’émigration en Amérique Latine, notamment dans
votre pays, l’Argentine. J’ai eu le plaisir de vous faire une visite à Buenos Aires le 26 août
2010. Vous connaissez et vous aimez cette Eglise orientale, dans la richesse de l’Orientale
Lumen, de ses rites, de sa spiritualité, de sa théologie et de toutes ses traditions.
Cette Eglise que vous aimez est aujourd’hui une Eglise en détresse. Vous ne cessez d’en
parler, et surtout de cette Syrie que vous appelez « bien-aimée », où se trouve le siège de
notre Patriarcat antiochien.
Pour cette Eglise qui est dans une situation inédite dans son histoire, vous êtes Simon le
Cyrénéen, qui portez sa croix avec elle, et cela avec compassion et amitié. Pour cette Eglise
orientale, surtout en Syrie, vous êtes comme le Christ qui apaisa la tempête sur le lac de
Tibériade.
Comme le Bienheureux Pape Jean Paul II, qui fit tomber le mur de Berlin par sa prière et
ses interventions courageuses, vous avez fait, Très Saint Père, un miracle en appelant les
chrétiens et le monde entier au jeûne et à la prière, le 7 septembre dernier. Vous avez ainsi
provoqué un tournant dans la crise syrienne, et même dans la vision de la politique mondiale.
Le monde a changé, après le 7 septembre 2013!
Nous pressentons que vous préparez des initiatives qui vont changer la vision du monde,
surtout au Proche-Orient, et par là dans le monde entier.