Dossier thyroïde pages 5-11 Cancer du sein : l`essai clinique

Dossier thyroïde
Rédacteur invité: Pierre Dor pages 5-11
Cancer du sein:
l’essai clinique MINDACT
page 26
L’oncologie médicale,
une spécialité enfin reconnue
Rudy Demotte page 22
Vaccination contre le virus HPV:
une prévention efficace du cancer
du col de l’utérus! page 12
Quelle médecine pour demain?
page 2
La radiochirurgie par
Gamma Knife: des résultats
surprenants si les indications
sont bien posées page 16
LE JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE
L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES
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5TRIMESTRIEL – AVRIL-MAI-JUIN 2006
Éditeur responsable: Harry Bleiberg, 1 rue Héger-Bordet, 1000 Bruxelles – N° d’agréation: P501016 – Autorisation de fermeture B-714 – Ne paraît pas en juillet-août
BELGIQUE/BELGIË
PP/PB
B-714
Bureau de dépôt Bruxelles X Brussel
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ÉDITORIAL
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Quelle médecine pour demain?
Harry Bleiberg
4
Cancer de la thyroïde métastatique: devons-nous nous attendre
à une percée thérapeutique?
Ahmad Awada
DOSSIER THYROÏDE
5
Une recherche sur le cancer de la thyroïde à l’ULB
Carine Maenhaut
6
Les tumeurs de la glande thyroïde
Pierre Dor
8
Pour une approche plus physiopathologique des cancers thyroïdiens
et de leurs traitements par iode-131
Pierre Bourgeois
10
La chirurgie, étape-clé du traitement multidisciplinaire
des cancers thyroïdiens
Guy Andry, Didier Dequanter et Philippe Lothaire
11
Les conséquences de l’accident nucléaire de Tchernobyl
Jacques-Emile Dumont
INFORMATION SCIENTIFIQUE
12
Vaccination contre le virus HPV:
une prévention efficace du cancer du col de l’utérus!
Philippe Simon
14
Cancers du testicule curables à un stade avancé!
Alexandre Peltier, Thierry Gil et Roland van Velthoven
16
La radiochirurgie par Gamma Knife: des résultats surprenants
si les indications sont bien posées
Daniel Devriendt, Nicolas Massager et Marc Levivier
18
Cancer du sein: Lapatinib et métastases cérébrales
Dominique Lossignol
20
Nouvel objectif : prévenir la défaillance ovarienne précoce et préserver
la fertilité des jeunes patientes avant traitement oncologique
Isabelle Demeestere, Anne Delbaere et Yvon Englert
RECHERCHE
24
Recherche translationnelle? – Pardon! Que voulez-vous dire?
Véronique D’Hondt
26
Cancer du sein: l’essai clinique MINDACT
(Microarray In Node negative Disease may Avoid ChemoTherapy)
Fatima Cardoso, Martine Piccart et Sofia Braga
POLITIQUE ET SANTÉ
22
Les femmes belges pourront aussi dès à présent
bénéficier de l’Herceptine®en adjuvant
Rudy Demotte
23
Le problème universel du remboursement des nouvelles thérapies
moléculaires ciblées
Ahmad Awada
PRÉSENTATION D’UN SERVICE
28
Le Service d’Oncologie-Hématologie des Hôpitaux Iris Sud
Jean-Pierre Kains
THÈSE
9
Le statut de l’oncogène HER2 dans le cancer du sein
Denis Larsimont
PARTICIPEZ
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Dans chaque numéro du Journal
du Réseau Cancer de l’Université
Libre de Bruxelles sera publiée
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d’une valeur de 150 .
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Photo gagnante voir en page 23
RÉDACTEURS EN CHEF
Harry BLEIBERG
Ahmad AWADA
Recherche Clinique
Ahmad AWADA
Recherche Translationnelle
Fatima CARDOSO
Recherche Fondamentale
Christos SOTIRIOU
Gilbert VASSART
Hémato-oncologie
Willy FERREMANS
Philippe MARTIAT
Psycho-oncologie
Nicole DELVAUX
Darius RAZAVI
Spécialistes en oncologie
Vincent NINANE
Jean-Luc VAN LAETHEM
Bordet-IRIS
Jean-Pierre KAINS
Martine PICCART
Wallonie
Vincent RICHARD
Erasme
Thierry VELU
COMITÉ DE RÉDACTION
Ahmad AWADA
Harry BLEIBERG
Arsène BURNY
Martine HAZARD
Vincent NINANE
Jean-Claude PECTOR
Martine PICCART
Jean-Luc VAN LAETHEM
CONSEILLERS SCIENTIFIQUES
Marc ABRAMOWICZ
Guy ANDRY
Michel AOUN
Jean-Jacques BODY
Dominique BRON
Dominique DE VALERIOLA
Olivier DEWITT
André EFIRA
Patricia EWALENKO
Patrick FLAMEN
Thierry GIL
Michel GOLDMAN
André GRIVEGNEE
Alain HENDLISZ
Jean KLASTERSKY
Denis LARSIMONT
Marc LEMORT
Dominique LOSSIGNOL
Thi Hiyen N’GUYEN
Eric SARIBAN
Jean-Paul SCULIER
Philippe SIMON
Alexandre ZLOTTA
SECRÉTARIAT DE RÉDACTION:
Martine HAZARD – Tél. 02/541 32 01
www.jcancerulb.be
Le contenu des articles publiés dans ce journal
n’engage que la responsabilité de leur(s) auteur(s)
SOMMAIRE
JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°5 – AVRIL-MAI-JUIN 2006
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Quelle médecine pour demain?
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ne des grandes préoccupations de l’homme est de ne pas mourir. Nous avons peur de mourir,
nous avons peur d’en parler, nous évitons même le mot. C’est à la mort que la maladie et en par-
ticulier le cancer nous ramène.
Aujourd’hui, le corps est vécu comme une machine et le médecin comme son mécanicien. On aime à
penser qu’on peut entretenir son corps, tout réparer, changer des pièces et repousser l’idée de la mort
au-delà de toutes limites raisonnables. L’immortalité est un vieux fantasme des hommes, toujours pré-
sent. La science et la médecine en confortent l’idée. Un numéro du mois d’avril du Courrier International
consacrait un dossier aux mouvances de la science qui exploitent ce thème et titrait en première page,
citant un adepte de ce fantasme La personne qui vivra éternellement est sans doute déjà née’. (1)
Essayer de concevoir quelle sera la médecine de demain nous conduit à jeter un regard sur le passé.L’huma-
nité a connu différents systèmes de pensée destinés à contourner l’idée de la maladie et de la mort. La
médecine n’a pas toujours existé telle que nous la concevons aujourd’hui mais la plupart des concepts qui
ont été développés nont jamais disparu et ont persisté à des degrés divers jusqu’à nos jours.
Très loin dans notre histoire, les hommes croyaient que la maladie et la mort étaient provoquées par la
malveillance des morts. Lancêtre, puissant de son vivant, le devenait encore plus une fois mort. Honorer les
morts donna naissance à une grande variété de rites funéraires qui se fondaient tous sur le même prin-
cipe: il fallait que le corps du mort se sépare de son double (esprit, âme) pour qu’il quitte le monde des
vivants et ne revienne pas les perturber. Les corps mal séparés de leurs doubles donnèrent naissance à
la mythologie des fantômes et des vampires.
Le cannibalisme fut une des manières universelles de réaliser cette séparation: en mangeant la chair du
mort, on pensait l’intégrer, s’approprier sa force et peut-être même une partie de son identité. (2)
Plus tard, les dieux, traces des doubles, des ancêtres,des morts glorieux, prirent le pouvoir. C’étaient eux
qui pouvaient provoquer la maladie et la mort chez les humains qui ne les honoraient pas. Les dieux étaient
irritables mais s’ils étaient priés,ils pouvaient protéger les humains et les guérir. Les guérisseurs,les sorciers,
les prêtres devinrent les intercesseurs entre les dieux et les hommes.
Au début du deuxième millénaire et pendant plusieurs siècles, de grandes épidémies décimèrent l’Europe.
L’idée de Dieu ne pouvait rien pour les enrayer. La notion de contagion s’imposa assez vite. Les pauvres, les
mendiants, les vagabonds, ceux qui sans domicile allaient sur les routes puis pénétraient dans les villes,
furent considérés comme responsables des fléaux. Pour empêcher la contagion, il fallait donc les enfer-
mer. Le policier, représentant du roi, de l’état, devint alors celui qui pourrait faire barrière à l’épidémie et
à la mort en enfermant, en éloignant (hôpital, Hôtel-Dieu, galère), en organisant les soins, en imposant
les règles d’hygiène.
À l’avènement du capitalisme industriel, l’homme fut regardé comme l’outil de sa richesse nouvelle, comme
une machine raisonnante. La maladie était une panne de la machine qu‘il fallait pouvoir réparer. Depuis le
dix-huitième siècle, le médecin s’était progressivement imposé comme celui qui pouvait réparer les corps,
prévenir la maladie et repousser la mort. Lanatomie, la physiologie, la physique, la chimie, donnèrent aux
médecins des outils pour mieux comprendre et soigner. Lapogée du pouvoir médical culmina au ving-
tième siècle. De nouvelles technologies mises à la portée de tous, telles que la chirurgie micro-invasive,
l’imagerie computerisée, la biologie moléculaire, le décodage du génome humain, les thérapies ciblées,
les cellules souches, la thérapie génique, … permirent le développement de toutes les disciplines médicales
amenant l’espérance de vie à un niveau jamais atteint. Aujourd’hui, le fantasme d’immortalité est por
par la science elle-même. (1)
ÉDITORIAL
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Les formes les plus anciennes pour contourner l’idée de la mort persistent cependant toujours.
Le cannibalisme s’est transformé en une ingestion symbolique de forces extérieures. On
absorbe aussi un médicament pour son effet magique, comme solution à tous les problèmes.
Les régimes alimentaires, les suppléments nutritionnels, souvent habillés des oripeaux de
la science, clamant l’intégration en soi d’énergies mystérieuses et inconnues, apparaissent
à foison et font recette. Les sorciers, les guérisseurs, les sectes sont toujours présents.
La peur des grandes épidémies a vu resurgir le pouvoir du policier comme principal acteur du contrôle de
la maladie. C’est lui qui impose les mesures de quarantaine, d’enfermement des animaux, d’abattage
préventif…
Le coût des traitements s’amplifie. Le traitement d’un cancer au stade métastatique pourrait atteindre des
sommes de 30.000 par an. La société pourra-t-elle et voudra-t-elle payer? Lequel des anciens systèmes de
pensée va-t-il à nouveau s’imposer? Quelle sera la nouvelle croyance qui arrivera à écarter l’idée de la mort?
Dans ce numéro du Journal du réseau cancer de l’Université Libre de Bruxelles, le ministre de la santé, Rudy
Demotte, nous explique l’initiative prise par le gouvernement pour donner au patient l’accès aux médi-
caments (voir page 22). Ces mesures remarquables ne seront cependant probablement pas suffisantes.
Plusieurs orientations se dessinent. Le chercheur et le policier y joueront probablement les rôles essentiels.
Ahmad Awada nous montre les pistes actuellement suivies pour améliorer le rapport coût/efficacité.
Une voie importante passe par le développement de la recherche translationnelle pour définir les signes
spécifiques de la maladie et identifier les patients qui auraient une forte probabilité de répondre à un trai-
tement à l’exclusion de tous les autres. Ces travaux sont en cours (voir articles de Véronique D’Hondt,
page 24 et de Fatima Cardoso, page 26).
Une autre approche, déjà d’application, imposée par le législateur dans son arrêté royal du 21 mars 2003,
définit la façon dont doit être traité un cancer. Ont ainsi été mis en place un manuel de procédures diag-
nostique et thérapeutique, l’obligation d’une consultation pluridisciplinaire et un contrôle de la qualité
des soins dispensés et de l’adhésion au manuel de procédures. Cette approche pourrait avoir un impact
majeur sur le traitement de la maladie en termes de gain de survie et de diminution des coûts. Elle
implique que le législateur se dotera des moyens pour faire appliquer la loi.
La tendance, déjà en cours à la normalisation, pourrait toutefois s’accentuer. Dans un proche futur, il
faudra se comporter selon les normes pour continuer de bénéficier de l’argent public: ne pas être trop
gros,faire du sport,ne pas boire d’alcool, ne pas fumer... Un article du Lancet(3) rapporte qu’en Australie,
il est proposé que les prothèses de hanche ne soient plus remboursées pour les personnes obèses. On
pourrait imaginer des scénarios où le fumeur se verrait refuser le remboursement du traitement de
son cancer du poumon.
Le médecin pourrait s’effacer, tandis que le policier reviendrait, s’appuyant sur de nouvelles règles pour
décider qui traiter et comment traiter.
Avons-nous le choix ?
Harry Bleiberg
Rédacteur en chef
(1)
Le Courrier International. 2006; 806 : 13-19 avril.
(2) Attali J Lordre cannibale.Vie et mort de la médecine, Éditions Grasset et Fasquelle 1979.
(3) The Lancet. The weighty matter of care for all. 2006; 367: 876
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