les premières rafles. - 1942, des rafles à la déportation

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AVANT-PROPOS
PAR JEAN-PAUL BODIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L'ADMINISTRATION
DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS
Voilà plus de 70 ans, une tragédie effroyable ravagea notre continent.
organisées en 1941, concernant surtout les hommes. Mais 1942 fut
Au cours du deuxième conflit mondial, l'Allemagne nazie décida une
le début de la déportation systématique et massive des Juifs de
entreprise de destruction délibérée, systématique et organisée, qui
France. Prés de 13 000 personnes, hommes, femmes, enfants, furent
conduisit à l'extermination de six millions d'êtres humains, dont le
arrêtées lors de la grande rafle «du Vél d'hiv».
seul crime était d'être nés juifs au nom d'une idéologie criminelle
construite sur la brutalité, la peur, le mépris de la dignité humaine et
Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 76 000 Juifs furent
l'inégalité des races.
déportés, dont 11 000 avaient moins de 18 ans. 3% sont revenus après
la guerre. Mais, grâce à l'aide de réseaux et de milliers d'anonymes,
En France, une législation antisémite fut très rapidement mise
75% de la communauté juive française survécut.
en place par les Allemands en zone occupée, mais aussi à
l'initiative du gouvernement du maréchal Pétain, au mépris des
L'année 1942 fut donc une année charnière qu'il convient de
principes fondamentaux de la République française. Dès octobre
commémorer pour rappeler aux jeunes générations l'importance du
1940, un premier statut des Juifs est adopté les excluant de
devoir de mémoire, de la lutte contre toute forme de barbarie,
certaines professions (enseignant, journaliste, officier, fonctionnaire
de la possibilité qu'a tout individu de dire un jour non. Et c'est
de police,…) et des responsabilités politiques ou administratives
tout naturellement avec le Mémorial de la Shoah, auquel un
(mandats électifs, préfets, juges..). Ces interdictions sont renforcées
partenariat nous lie depuis 2010, que le ministère de la défense et
en juin 1941 lors du deuxième statut des Juifs (banquier, agent
des anciens combattants s'est associé pour organiser ensemble
immobilier, gérant de cinéma ou de salles de spectacle, avocat,
cette commémoration.
médecin…).
Tout au long de l'année 2012, se déroulera une série de manifestations,
Une structure spécifique, le commissariat général aux affaires juives,
détaillée dans cette brochure, conçue comme une véritable saison
véritable ministère de l'antisémitisme, fut créé et un recensement
mémorielle et destinée à tous les publics et toutes les générations
des biens et des personnes ordonné en 1941.
pour que tous ensemble nous affirmions «plus jamais ça».
Ainsi, tout se mit en place pour que la politique d'exclusion débouche
sur une politique de déportation. Les premières rafles furent d'ailleurs
JEAN-PAUL BODIN
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PRÉFACE
PAR ÉRIC DE ROTHSCHILD,
PRÉSIDENT DU MÉMORIAL DE LA SHOAH
Tout au long de l’année 2012, l’Europe et notamment la France
familles juives à Périgueux. C’est en grande partie à la suite de cet
commémore le 70e anniversaire de l’année 1942, une année qui fut
événement qu’il décide de fonder à Grenoble, dans la clandestinité,
déterminante dans l’histoire de l’assassinat des Juifs d’Europe par
le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) afin de
les nazis et leurs alliés.
recueillir la trace des crimes et pouvoir en demander justice. Ce
Après les massacres massifs par fusillades commencés en Ukraine
centre est aujourd’hui une composante essentielle du Mémorial de
dans le courant de l’été 1941, les nazis décident la mise à mort des
la Shoah, héritier du Mémorial du Martyr Juif inconnu érigé en 1956
Juifs de toute l’Europe. En 1942, la déportation des Juifs s’organise
par le même Schneersohn et rénové en 2005.
avec la complicité, voire le soutien d’un certain nombre d’adminis-
Le tournant de l’année 1942, c’est aussi celui d’une partie de
trations et de gouvernements, notamment celui du maréchal Pétain
l’opinion. Force est de constater que l’indifférence dominait quand
en France.
les premières mesures antisémites de 1940 et 1941 frappèrent les
Juifs, en particulier lors de la promulgation du premier statut des
En France, au terme des négociations conclues entre l’administration
Juifs en octobre 1940, sans pression allemande, par le maréchal
française et l’occupant nazi, les rafles de l’été 1942 sont réalisées
Pétain et son gouvernement. Une partie des Français témoigna de
par la police et la gendarmerie sur l’ensemble du territoire, y compris
sa désapprobation, notamment après le marquage par l’étoile jaune
là où l’occupant n’était pas. Ces arrestations massives qui se
en juin 1942, puis lors des arrestations massives de l’été 1942. Ils
soldent par la remise de dizaines de milliers de Juifs aux autorités
se manifestèrent alors au nom de leur conscience, au nom aussi
allemandes en vue de leur déportation, marquent un tournant.
des valeurs humanistes de la France, fondement des valeurs de la
1942, c’est le temps de la collaboration d’État. Pour la première fois,
République que Vichy n’avait pas réussi à extirper du cœur de tous.
en plus des hommes, des femmes et des enfants sont arrêtés en
plein jour. Ces derniers, les 4 000 enfants que les nazis ne réclamaient
Il est aujourd’hui difficile de le concevoir pour un jeune adulte, mais
pas, seront finalement déportés. Relisons les pages terribles consa-
pendant des décennies, la persécution des Juifs de France durant la
crées par Georges Wellers, à «l’épouvantable drame des enfants»
Seconde Guerre mondiale fut occultée dans la mémoire collective, au
pour tenter de prendre la mesure de cette tragédie. Le sort des
mieux noyée parmi la cohorte des victimes de l’occupant nazi. Les
enfants en constitue un symbole. C’est le marqueur du génocide.
arrestations, l’internement, les rafles et la déportation de 76 000 Juifs
Un témoin des rafles de l’été 1942 fut Isaac Schneersohn. Refugié
••• en Dordogne, il assiste impuissant à l’arrestation de dizaines de
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depuis le territoire national furent passés sous silence ou guère mieux.
ont servi à renforcer l’exercice de la tolérance et le respect de l’autre
L’heure était à la réconciliation nationale après les heures sombres et
dans notre société.
douloureuses de l’Occupation. Le régime de Vichy et la Collaboration
Rendons hommage au Mémorial et au CDJC, devenus aujourd’hui
n’étaient qu’une parenthèse. L’ancien chef de l’État, déchu de son
le Mémorial de la Shoah, qui ayant réuni au cours des temps les
titre de maréchal, Philippe Pétain, avait été jugé comme les principales
archives indispensables à la compréhension de cette époque,
figures de son régime finalement honni. Le temps de la Libération
éduquent de façon inlassable les jeunes générations.
était celui de la célébration de la Résistance et d’une forme d’oubli,
Rendons hommage à l’engagement de Serge Klarsfeld, historien,
malgré la voix de celles et ceux qui refusaient d’oublier, en vérité si
avocat, militant de la mémoire dont le rôle fut déterminant pour faire
peu nombreux alors.
comprendre à la société française et à ses élites, l’étendue de la
Il aura fallu toute la ténacité des rescapés, mais aussi, d’historiens,
tragédie perpétrée sur son sol en 1942.
d’écrivains, de cinéastes, d’associations, touchés souvent dans leur
Rendons hommage aux hommes politiques qui ont eu le courage de
chair, pour qu’au fil des années 1970 et des années suivantes, le
prendre en compte cette tragédie et notamment le Président
drame des Juifs de France émerge du pesant silence qui l’entourait.
Jacques Chirac qui, au nom de la République française, a reconnu
Des hommes, des institutions, ont contribué à mettre en lumière la
pour la première fois la responsabilité du pays dans ce drame.
tragédie de cette époque. Rendons hommage à Henri Bulawko qui,
libéré des camps satellites d’Auschwitz, fut l’une des grandes figures
70 ans après cette année terrible de 1942, le Mémorial de la Shoah
du monde de la Déportation et qui vient de nous quitter.
et le ministère de la défense et des anciens combattants ont décidé
Rendons hommage à tous les déportés qui, ayant vécu l’innommable,
de s’associer afin d’en transmettre la mémoire et l’histoire.
ont eu la force et la générosité, tant vis-à-vis de leurs compagnons
disparus que vis-à-vis des jeunes générations, de témoigner, d’enseigner, de transmettre cette terrible histoire. Leurs témoignages
ERIC DE ROTHSCHILD
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1942
LA MISE EN PLACE DU GÉNOCIDE
DES JUIFS D’EUROPE
L’année 1942 constitue une année charnière dans la mise en
Lors d’une conférence tenue dans la banlieue de Berlin, à Wannsee,
œuvre du génocide des Juifs par le IIIe Reich. Si l’antisémitisme
le 20 janvier 1942, quatorze hauts responsables de la SS et des
figure au cœur de l’idéologie nazie, si la haine des Juifs structure
principaux ministères sont réunis autour de Reinhard Heydrich,
la vision du monde de ses partisans, leurs manifestations vont
le chef de l’Office central de sécurité du Reich (RSHA), à l’origine
toutefois évoluer profondément entre 1933 et 1942.
de l’invitation. Cette réunion vise à définir les modalités
Certes, l’exclusion et la violence les caractérisent dans la durée.
d’application de l’extermination des Juifs d’Europe en associant
Mais après une première phase visant à débarrasser l’Allemagne
l’ensemble des administrations allemandes concernées.
de sa population juive par une politique d’émigration forcée,
L’extermination à l’échelle du continent repose sur la création
la prise de contrôle de la Pologne en 1939, puis de nouveaux
de sites de mise à mort. Si Chelmno est ouvert en décembre
territoires à l’Est avec le déclenchement de la guerre contre
1941, d’autres fonctionnent dans le cadre de l’Aktion Reinhard,
l’URSS en juin 1941, s’accompagnent d’une radicalisation de la
le programme d’assassinat des Juifs de Pologne qui constitue
violence perpétrée contre les Juifs. À l’automne 1941, alors que la
la première communauté juive européenne avec 3 300 000
perspective d’un effondrement rapide de l’Union soviétique
personnes dont 90% sont effectivement tués. Belzec est ouvert
s’éloigne, les dirigeants nazis lancent un programme d’assassinat
le 17 mars 1942, Sobibor en avril et Treblinka en juillet. Le
massif des populations juives, d’abord locales puis progressi-
23 juillet, un premier convoi de Juifs transférés de Varsovie
vement étendu à l’échelle européenne.
arrive à Treblinka, étape initiale dans la liquidation du plus
La décision de procéder à l’assassinat systématique des Juifs
grand ghetto de Pologne. Le camp d’Auschwitz-Birkenau devient
d’Europe est prise au cours du second semestre de l’année 1941,
à compter du printemps 1942 le centre de la déportation euro-
au plus haut niveau du régime nazi par Adolf Hitler et le chef de
péenne des Juifs et de leur assassinat.
la SS Heinrich Himmler, mais sa réalisation débute pleinement
••• en 1942.
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L’année 1942 constitue donc un tournant pour les populations de
Cette politique est l’aboutissement de négociations entamées
toute l’Europe, notamment en France. Dans ce pays, dès l’occu-
au printemps 1942 par l’Allemagne nazie auprès des autorités
pation en 1940, les Juifs sont frappés par les directives allemandes
françaises afin de s’assurer de leur participation pour l’arrestation
et celles du régime de Vichy qui visent à les mettre au ban de la
et l’internement des Juifs désormais destinés à la déportation
société en définissant au préalable des critères d’identification.
et à la mort.
Ces mesures se précisent et se radicalisent au fil des mois,
provoquant l’internement de plusieurs milliers d’individus, leur
Des rafles perpétrées dans les semaines suivantes frappent
retrait de nombreuses professions comme de pans entiers de la
cette fois des familles entières, à Paris à partir de la mi-juillet et
vie quotidienne, légalisant aussi le pillage économique. Des rafles
en zone sud à partir du 26 août. 10 000 Juifs venant de la zone
vont frapper dès mai 1941 des hommes juifs étrangers en zone
non occupée seront remis ainsi au IIIe Reich.
nord, avant de toucher également des personnalités de nationalité
française en décembre 1941. Les rafles visent à interner et à
Au cours de la seule année 1942, plus de deux millions et demi
exclure les Juifs étrangers puis français de la société.
de Juifs d’Europe sont assassinés. S’agissant de la France ou
Au printemps 1942, l’application des décisions radicales adoptées
de la Belgique par exemple, près de la moitié du nombre total
par le régime nazi se met en place, avec la complicité du régime
des Juifs tués durant la totalité de la guerre l'est cette année là.
de Vichy qui entend affirmer ses prérogatives et sa loyauté envers
Entre mars et novembre, 43 convois avec 42 000 Juifs déportés
les autorités d’occupation, plus encore après le retour au pouvoir
quittent la France.
comme vice-président du Conseil de Pierre Laval en avril 1942,
aux côtés du maréchal Pétain.
Mais si 1942 marque une étape cruciale dans l’accomplissement
Le responsable des affaires juives de la Gestapo en France,
du génocide, parallèlement des informations vont parvenir
Dannecker, organise le départ d’un premier convoi de Juifs à
auprès des dirigeants alliés sur les crimes en cours. En France,
destination d’Auschwitz le 27 mars 1942, dans une optique
les mesures d’exclusion et de persécution, notamment les rafles
de représailles après les attaques commises contre les troupes
de l’été 1942, suscitent une prise de conscience d’une partie
allemandes. Il se compose de 1 112 hommes. Les convois
grandissante de l’opinion qui favorise le sauvetage de la majorité
reprendront à partir de juin et plus encore dans les mois suivants.
des Juifs de France.
DATES DES PREMIERS CONVOIS ARRIVANT À AUSCHWITZ
Ghettos avoisinant Auschwitz : mars 1942
Slovaquie : 26 mars 1942
France : 30 mars 1942
Pays-Bas : 17 juillet 1942
Belgique : 5 août 1942
Yougoslavie : 18 août 1942
Camp-ghetto de Theresienstadt (Tchécoslovaquie) : 28 octobre 1942
Norvège : 1er décembre 1942
Allemagne : 10 décembre 1942
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LA SHOAH
L’EXTERMINATION DES JUIFS
EN EUROPE
Rampe d'arrivée des convois de déportés à Auschwitz-Birkenau. Pologne, 1945.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
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LA SHOAH
L’EXTERMINATION DES JUIFS
EN EUROPE
La Shoah se caractérise par trois facteurs historiques majeurs :
L’ANTISÉMITISME AU CŒUR DE L’IDÉOLOGIE NAZIE
l’intention d’anéantir entièrement un peuple et une civilisation, la
mobilisation de moyens criminels massifs par un appareil d’État
La vision nationale-socialiste, largement développée par Hitler dans
bureaucratique et centralisé, et le nombre des victimes. L’extermination
Mein Kampf, est fondée sur le principe de l’existence de races,
des Juifs d’Europe se double d’une volonté d’effacer toute trace
fondamentalement inégales entre elles, qui déterminent de manière
du massacre et d’en masquer la réalité jusque dans le vocabulaire
immuable la place de chacun dans une hiérarchie politique, sociale
employé («Solution finale de la question juive», «transfert à l’Est»,
et culturelle.
«traitement spécial»...). Evénement sans équivalent, la Shoah
marque une rupture brutale dans l’histoire de l’espèce humaine que
Au sommet de cette classification, «les Aryens, présupposés fondateurs
la haine séculaire des Juifs et l’antisémitisme viscéral d’Adolf Hitler
de l’humanité, incarnés par les Allemands, peuple de maîtres à qui il
ne suffisent pas à expliquer.
revient de dominer le monde». En bas se trouvent les Slaves. Les Juifs
sont placés en dehors de l’espèce humaine, assimilés à des parasites
Le retour à la chronologie permet de reconstituer les mécanismes
à éliminer. L’antisémitisme est d’ailleurs au centre de la conception
historiques ayant conduit de l’exclusion juridique des Juifs dans
nazie du monde. Selon les nazis, les Juifs animent une conspiration
l’Allemagne des années 30 à leur extermination programmée et
mondiale et gangrènent les peuples. Ils sont jugés responsables de la
défaite de l’Allemagne en 1918 et de son déclin. Si Hitler se présente
systématique à l’échelle du continent européen.
comme un théoricien novateur, le mythe qu’il développe à propos des
Juifs puise ses racines dans le passé de l’antijudaïsme chrétien et
dans celui de l’antisémitisme moderne né au XIXe siècle.
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.EXCLURE.
.LES PERSÉCUTIONS ANTISÉMITES.
.EN ALLEMAGNE (1933-1939).
Inscriptions antisémites sur des boutiques appartenant à des Juifs, après la Nuit de Cristal. Allemagne, 10 novembre 1938.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
En Allemagne, la persécution des Juifs commence dès l’arrivée des
Au total, plus de 400 lois et décrets anti-juifs sont édictés entre 1933
nazis au pouvoir, dans une société allemande de plus en plus
et 1939, et près de 2 000 jusqu’en 1945.
marquée par la violence qui frappe de nombreux groupes sociaux,
En septembre 1935, la Loi pour la défense du sang et de l’honneur
opposés au IIIe Reich ou jugés déviants.
allemand et la Loi sur la citoyenneté du Reich, communément
L’égalité civile dont les Juifs bénéficiaient en Allemagne depuis 1871
appelées les Lois de Nuremberg, privent les Juifs de la citoyenneté
est brisée. Le champ des interdictions professionnelles s’étend
allemande et de tous les droits civiques qui y sont attachés, comme
progressivement de la fonction publique aux arts, à la culture, à
le droit de vote. Ils sont désormais considérés juridiquement comme
l’armée, à la justice, à l’enseignement, à la médecine, à la presse
des «sujets de l’État» et non plus des citoyens.
et aux professions libérales. De multiples dispositions juridiques
••• frappent les Juifs dans tous les domaines de la vie quotidienne.
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Des SA posent avec un panneau
appelant au boycott des magasins
appartenant à des Juifs.
Allemagne, années 1930.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
Plus de 500 000 Juifs sont directement concernés par l’application
à des Juifs sont systématiquement confisquées, les commerces
de ces lois. 250 000 autres personnes, issues de mariages mixtes,
fermés et les travailleurs indépendants contraints de cesser toute
font l’objet de dispositions particulières.
activité.
Jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir
De plus, après l’exécution à Paris d’un conseiller militaire allemand
nazi entend se débarrasser des Juifs en les forçant à émigrer.
par un jeune Juif polonais, Hershl Grynszpan, en représailles à
Contraints à l’exil, environ 150 000 Juifs quittent l’Allemagne dans les
l’expulsion récente des Juifs polonais vivant en Allemagne, une
cinq premières années du régime, mais après l’annexion de
vague de violences anti-juives est organisée en Allemagne et en
l’Autriche en mars 1938, 185 000 Juifs sont intégrés au Reich. Toutes
Autriche dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. 91 personnes sont
les mesures discriminatoires introduites en Allemagne depuis 1933
assassinées, 267 synagogues saccagées et incendiées, et plus de
leur sont immédiatement appliquées. Pour chercher une solution au
7 000 magasins pillés. C’est la «Nuit de Cristal». 35 000 hommes,
problème des réfugiés, essentiellement juifs, qui fuient l’Allemagne,
âgés de 16 à 80 ans, sont arrêtés et envoyés dans les camps de
une conférence internationale est organisée à Evian du 6 au 15 juillet
concentration. C’est la première fois que des Juifs sont placés
1938. Elle se solde par un échec, aucun des 32 États participants
dans le système concentrationnaire au seul motif de leur judéité.
n’acceptant d’assouplir sa politique d’immigration pour les accueillir.
L’émigration forcée des Juifs du Reich s’accélère. Au total, 120 000
L’année 1938 marque un nouveau tournant dans la politique antijuive
Juifs environ quittent l’Allemagne après la «Nuit de Cristal».
du régime nazi. Le 26 avril, les Juifs sont contraints par décret de
Le 30 janvier 1939, Hitler prononce un discours au Reichstag dans
déclarer tous les biens qu’ils possèdent. C’est le début d’un processus
lequel il annonce que «si la guerre devait éclater, le résultat en
de spoliation appelé «aryanisation». Les entreprises appartenant
serait l’extermination des Juifs européens».
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.DE LA CRÉATION DES GHETTOS.
.EN POLOGNE OCCUPÉE À L’INVASION.
.DE L’URSS (1939-1941).
Un enfant dans le ghetto de Varsovie. Pologne, 1942.
© IPN
Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent
septembre, Reinhard Heydrich, nommé à la tête de l’Office central
la Pologne. L’Armée rouge prend les défenses polonaises à revers
de sécurité du Reich (RSHA), décide de transférer les Juifs du
le 17 en application des dispositions secrètes du pacte germano-
Warthegau vers le Gouvernement général, de les regrouper dans
soviétique, signé le 23 août. Après quatre semaines de combat,
les villes et de les parquer dans des quartiers séparés, les ghettos.
l’Allemagne et l’URSS se partagent le territoire polonais. Les régions
Les petites communautés de moins de cinq cents personnes sont
de Poznan (Posen) et Lodz (Litzmannstadt) sont annexées au Reich
dissoutes, les villages détruits et les synagogues incendiées. Fin
sous le nom de Warthegau, et un «Gouvernement général» créé
novembre, les Juifs sont contraints de porter un signe distinctif.
autour de Cracovie.
Tous les hommes âgés de quatorze à soixante ans sont astreints au
Au total, 1 900 000 Juifs habitent dans ces deux zones. Immédiate••• ment, les violences à leur encontre se multiplient. Dès le mois de
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Transfert de population
vers le ghetto de Lodz sous
la surveillance de soldats nazis.
Pologne, 1942
© Mémorial de la Shoah/CDJC
travail forcé. Les premiers ghettos apparaissent à la fin de l’année
Juifs dans les ghettos ne constitue qu’une étape intermédiaire avant
1939 dans la zone annexée au Reich, et au printemps 1940 dans le
leur expulsion définitive des territoires sous domination allemande.
«Gouvernement général». Les plus importants sont créés à Lodz en
Dans un premier temps, Heydrich envisage de créer une «réserve
février 1940, à Varsovie en octobre 1940 et à Cracovie en mars 1941.
juive» dans le district de Lublin, mais ce projet se heurte à la double
Il n’y a pas de plan d’ensemble. Le processus d’enfermement
opposition du chef du Gouvernement général, Hans Frank, et du
s’opère au gré des décisions locales des forces d’occupation. Les
responsable suprême de l’économie allemande, Hermann Göring,
Juifs sont brutalement contraints de quitter leur domicile et d’aller
également en charge de la question juive. Après l’invasion de la
s’entasser dans le quartier le plus pauvre de la ville. Leurs habitations
France, Adolf Eichmann, qui dirige le Bureau des affaires juives
et tous les biens qu’ils ne peuvent emporter sont saisis. Les entre-
du RSHA (IVb4), étudie l’émigration forcée des Juifs vers l’île de
prises leur appartenant sont liquidées. Le ghetto est entouré d’une
Madagascar. Mais la poursuite de la guerre contre le Royaume-Uni
enceinte surveillée. La famine organisée, le surpeuplement, le froid
rend le projet irréalisable.
et les épidémies provoquent une mortalité très importante, de près
Choisissant la fuite en avant, Hitler décide alors de déclencher
de 800 000 personnes. Toutefois, pour les nazis, l’enfermement des
l’offensive contre l’URSS.
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.DÉTRUIRE.
.L’EXTERMINATION PHYSIQUE.
.(1941-1945).
Exécution de femmes et d’enfants juifs du ghetto de Mizocz par une unité mobile allemande aidée de miliciens ukrainiens. Ukraine, 14 octobre 1942.
© USHMM
Le 22 juin 1941, l’attaque de l’Union soviétique marque un tournant
forces de police, mais aussi auxiliaires baltes et ukrainiens. Ces
dans le processus génocidaire. Pour Hitler, la guerre contre l’URSS
«unités mobiles de tuerie », selon l’expression de l’historien américain
n’est pas une guerre conventionnelle mais une guerre totale, une
Raul Hilberg, sont chargées d’éliminer les commissaires politiques,
«guerre d’extermination» ayant pour fin l’anéantissement du «judéo-
les militants communistes et les hommes juifs, puis, rapidement,
bolchevisme».
l’ensemble de la population juive, femmes et enfants compris.
Cinq millions de Juifs vivent alors sur le territoire soviétique, dont
Derrière un front s’étendant de la Baltique à la Mer Noire, les
quatre dans la partie occidentale directement touchée par l’invasion.
Einsatzgruppen procèdent à des tueries systématiques qui font
Dès le printemps 1941, quatre unités spéciales, les Einsatzgruppen,
plus de un million cinq cent mille morts au total.
ont été constituées pour suivre l’avancée des troupes allemandes.
••• Elles comptent près de 3 000 volontaires : Waffen SS, membres des
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Les dirigeants nazis pensent remporter une victoire rapide contre
Environ 550 000 personnes sont tuées à Belzec en l’espace de neuf
l’URSS. La résistance inattendue des troupes soviétiques les amène
mois entre mars et décembre 1942 ; 250 000 à Sobibor entre mai
à remiser, au moins provisoirement, le projet d’une expulsion
1942 et octobre 1943 ; 900 000 à Treblinka entre juillet 1942 et
généralisée des Juifs à l’Est, en même temps qu’elle laisse entrevoir
novembre 1943. Alors que le site de Belzec est abandonné en juin
l’éventualité d’une nouvelle défaite militaire de l’Allemagne. C’est
1943, Treblinka et Sobibor cessent de fonctionner après la révolte
dans ce contexte qu’est prise, à l’automne 1941, la décision d’assas-
du commando juif chargé du fonctionnement des installations,
siner tous les Juifs d’Europe. La technique retenue est le gazage,
respectivement le 2 août et le 14 octobre 1943. L’Aktion Reinhard
homicide déjà employé en secret depuis le début de l’année 1940
prend fin avec l’exécution des 43 000 détenus juifs du camp de
dans six centres d’euthanasie situés à l’intérieur du Reich à
Majdanek et des ateliers de travail de la région de Lublin, entre le
l’encontre d’handicapés mentaux et de malades incurables, lors de
3 et le 5 novembre 1943.
l’Aktion T4. Dans un premier temps, les Juifs sont asphyxiés à
Parallèlement à l’Aktion Reinhard, le camp d’Auschwitz est doté de
l’arrière de camions au moyen des gaz d’échappement. Ces camions
grandes installations de gazage et d’incinération, où un million de
à gaz sont utilisés à Chelmno à partir du 8 décembre 1941.
Juifs, déportés de tous les territoires occupés par les forces du
L’extermination des Juifs a donc commencé lorsque se tient à
Reich, sont assassinés entre 1942 et 1944.
Wannsee, le 20 janvier 1942, une conférence au cours de laquelle
sont précisées les modalités administratives, politiques et diploma-
Malgré la volonté des nazis de préserver le secret sur ces crimes,
tiques de la «Solution finale de la question juive». La conférence
des informations circulent rapidement au sein des pays occupés et
était initialement convoquée pour le 9 décembre 1941. Elle fut
sont transmises aux principaux gouvernements alliés. Ainsi en mai
repoussée en raison de l’attaque japonaise contre les États-Unis,
1942, un rapport du Bund (Union générale des travailleurs juifs)
provoquant son entrée en guerre et l’extension désormais planétaire
parvient au gouvernement polonais en exil à Londres, décrivant
du conflit. Pour les nazis, onze millions de Juifs, dont ceux présents
l’extermination des Juifs, fournissant une liste de sites d’extermi-
en Angleterre, en Irlande et sur les territoires liées à la France en
nation ainsi qu’une estimation du nombre de victimes de 700 000,
Afrique du Nord, sont concernés. La réunion confirme par ailleurs
qui s’avère inférieure à la réalité. La radio anglaise rapporte ces
la prééminence administrative et bureaucratique de la SS dans le
informations. Tout au long du printemps et jusqu’à la fin de l’année,
génocide des Juifs d’Europe.
de nouveaux messages parviennent à Londres et à Washington.
L’étape suivante est la liquidation des Juifs du Gouvernement
Ainsi, le 8 août 1942, le représentant du congrès juif mondial en
général, appelée Aktion Reinhard. Trois «centres de mise à mort»,
Suisse, Gerhart Riegner adresse un télégramme au rabbin Stephen
selon l’expression de Raul Hilberg, équipés de chambres à gaz fixes,
Wise, président du congrès juif mondial aux États-Unis, et à Sidney
sont construits à Belzec, Treblinka et Sobibor au début de
Silverman, un député britannique, relayant les confidences d’Eduard
l’année 1942. Les trois centres de mise à mort fonctionnent selon
Schulte, un industriel allemand, sur un vaste programme d’assassinat
un même modèle. À l’arrivée des convois, les victimes doivent se
des Juifs d’Europe. Dans les dernières semaines de 1942, le résistant
déshabiller avant d’être poussées dans les chambres à gaz à travers
polonais Jan Karski témoigne de son parcours clandestin au sein du
un corridor entouré de barbelés. Les chambres à gaz, maquillées en
ghetto de Varsovie auprès du premier ministre britannique puis, en
salles de douche, fonctionnent au moyen du monoxyde de carbone
1943, auprès du président américain.
produit par des moteurs diesel. Les corps des victimes sont d’abord
Sur la base de ces informations, les gouvernements alliés dénoncent
ensevelis dans des fosses communes creusées à proximité, puis
le 17 décembre 1942, pour la première fois expressément, la politique
brûlés sur des bûchers à ciel ouvert, afin de dissimuler toute trace
d’extermination des Juifs d’Europe, sans jamais intervenir directement
du massacre.
jusqu’à la fin de la guerre.
_18
RÉPARTITION DES VICTIMES PAR PAYS
(DANS LES FRONTIÈRES DE 1937)
Les chiffres du bilan établi par Raul Hilberg sont des minima. Pour
certains historiens, le nombre des victimes est plus élevé et pourrait
atteindre le chiffre de 6,5 millions.
Selon l’Enzyklopädie des Holocaust **
Selon R. Hilberg *
EUROPE DE L’EST
Pologne
environ 3 000 000
2 900 000 à 3 000 000
Lituanie
environ 130 000
140 000 à 143 000
Lettonie
70 000
70 000 à 71 500
Estonie
2 000
1 500 à 2 000
Roumanie
URSS
270 000
271 000 à 287 000
plus de 700 000
1 000 000 à 1 100 000
environ 120 000
134 500 à 141 500
EUROPE CENTRALE ET BALKANIQUE
Allemagne
Autriche
Tchécoslovaquie
Hongrie
environ 50 000
50 000
260 000
146 150 à 149 150
plus de 180 000
550 000 à 569 000
Yougoslavie
60 000
56 200 à 63 300
Grèce
60 000
60 000 à 67 000
EUROPE OCCIDENTALE
France
75 000
77 320
Belgique
24 000
28 900
Pays-Bas
environ 100 000
100 000
environ 1000
1 950
Luxembourg
Italie (y compris Rhodes)
Norvège
Total général
9 000
7680
environ 1000
762
environ 5 100 000
5 596 000 à 5 860 000
* D’après Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988.
** E. Jäckel, P. Longerich, J.H. Schoeps (dir.), Enzyklopädie des Holocaust, Argon, 1993, 1
_19
re
édition, Israël Gutman (dir.), 1990.
CARTE DES CAMPS EN EUROPE
Helsinki
FINLANDE
NORVÈGE
Camp de concentration
Vaivara
Oslo
Camp d’extermination
Klooga
Stockholm
Camp mixte
Ghetto
Allemagne et pays annexés
Pays occupés par l’Allemagne
SUÈDE
Pays alliés de l’Allemagne
OSTLAND
Pays neutres
Riga-Kaiserwald
MER
BALTIQUE
DANEMARK
URSS
MER
DU NORD
KauenKovno (Kaunas)
Copenhague
Vilna
Minsk
Stutthof
District
de Bialystok
Neuengamme
Bialystok
Hambourg
Ravensbrück
Bergen-Belsen
Treblinka
OranienburgSachsenhausen
Amsterdam
Chelmno
(Kulmhof)
Hanovre
UKRAINE
Varsovie
Berlin
PAYS-BAS
Lodz
ALLEMAGNE
Dora-Mittelbau
Bruxelles
Dresde
Cologne
GOUVERNEMENT
GÉNÉRAL
DE POLOGNE
BELGIQUE
Theresienstadt
Auschwitz
Prague
LUXEMBOURG
Belzec
Lvov
Plaszow
Cracovie
Flossenburg
Luxembourg
Majdanek
Wroclaw
Gross-Rosen
Buchenwald
Sobibor
Lublin
Leipzig
District
de Lemberg
BOHÊME-MORAVIE
Nuremberg
ALSACE-LORRAINE
SLOVAQUIE
Strasbourg
Natzweiler
Mauthausen
Vienne
Dachau
FRANCE
Linz
Bratislava
HONGRIE
Munich
Budapest
AUTRICHE
Berne
SUISSE
ITALIE
BASSE-STYRIE
ROUMANIE
CROATIE
© Mémorial de la Shoah
_20
.AUSCHWITZ-BIRKENAU.
.AU CŒUR DE LA DESTRUCTION DE MASSE.
.DU JUDAÏSME EUROPÉEN.
Entrée principale du camp d’Auschwitz I, portant l’inscription : «Arbeit macht frei» (le travail rend libre).
À droite en entrant, se trouve le bloc 24 réservé à l’immatriculation des détenus (le Häftlingschreibstube). Pologne, 1945.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
Le 27 avril 1940, Himmler donne l’ordre d’aménager un camp
à la fois au régime concentrationnaire et au meurtre de masse.
de concentration à Oswiecim, devenu Auschwitz après l’annexion de
Au printemps 1941, plusieurs kommandos de prisonniers sont
ce territoire au Reich. En mars 1941, l’emprise administrative du
constitués en camps satellites dans des fermes pour des travaux
camp d’Auschwitz s’étend sur 40 km2. Le 1er mars 1941, Himmler
agricoles, dans des usines, des fonderies, des mines. Le premier et
décide l’établissement d’un second camp sur le site du village
le plus important de ces camps est celui de Buna-Monowitz autour
voisin de Brzezinka, devenu Birkenau, à trois kilomètres. Dans la
d’une usine de la firme IG Farben, de caoutchouc synthétique et
seconde moitié de l’année 1941, Birkenau est désigné pour devenir
d’essence.
le principal camp d’extermination des Juifs d’Europe de l’Ouest.
••• Auschwitz prend la forme désormais d’un vaste complexe, lié
_21
Un convoi de Juifs venu
de Hongrie arrive sur la rampe
de sélection du camp d’Auschwitz
Birkenau, mai-juillet 1944.
© Album d’Auschwitz, Yad Vashem
Le complexe d’Auschwitz constitué de trois camps, le camp principal
LA DÉPORTATION DE FRANCE
(Auschwitz I), Birkenau (Auschwitz II) et Monowitz (Auschwitz III),
VERS AUSCHWITZ BIRKENAU
et 40 camps annexes, devient le plus vaste et le plus peuplé des
camps de l’univers concentrationnaire nazi.
Sur 76 000 déportés juifs de France, 69 000 ont été déportés vers
L’efficacité du Zyklon B, un produit insecticide, est d’abord testée
Auschwitz, répartis en 69 convois, entre mars 1942 et août 1944. 2 500
seulement sont revenus.
en septembre 1941. Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz, juge
3 convois de déportés politiques, composés principalement de résis-
le procédé plus sûr que le monoxyde de carbone utilisé par ailleurs.
tants, sont partis à destination d’Auschwitz les 6 juillet 1942, 24 janvier
Dans un premier temps, les gazages ont lieu dans la morgue du
1943 et 27 avril 1944. Sur 3 060 déportés, 969 ont survécu. Le convoi
crématoire I. En 1942, les opérations sont transférées à Birkenau
de janvier 1943 était constitué de 230 femmes, parmi lesquelles
dans un, puis deux bâtiments, transformés à cet effet, qui reçoivent
se trouvaient de grandes figures de la Résistance comme Danielle
le nom de bunker n°I et II.
Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Charlotte Delbo.
À partir de juillet 1942, une sélection est pratiquée à l’arrivée de
145 Tsiganes français ont été déportés à Auschwitz depuis la Belgique
chaque transport de déportés juifs. Si tous sont destinés à mourir
le 15 janvier 1944.
selon les plans nazis, un faible nombre échappe à Auschwitz à ce
Aucun Tsigane n’a été déporté directement de France.
funeste destin, pour fournir de la main-d’œuvre au service de la
guerre totale.
_22
Baraquements du camp
de Birkenau. Pologne, 1942-1944.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
En juillet 1942, la construction de quatre Krematorium, associant
BILAN D’AUSCHWITZ
chambres à gaz, salle de déshabillage et plusieurs fours, est lancée.
Elle s’achève entre mars et juin 1943. Dans ces installations
Au moins 1,3 million de personnes ont été déportées à Auschwitz.
modernes, il devient possible, en vingt-quatre heures, de brûler près
Parmi elles, 1,1 million ont été assassinées :
de 4 800 cadavres et de gazer 3 000 personnes en même temps.
960 000 Juifs
70 000 à 75 000 Polonais non-juifs
Tandis que les autres centres de mise à mort sont démantelés, à
21 000 Tsiganes
Birkenau l’extermination n’est pas interrompue. Entre le 15 mai et
15 000 prisonniers de guerre soviétiques
le 9 juillet 1944, plus de 440 000 Juifs hongrois sont déportés à
10 000 à 15 000 détenus non-juifs d’autres nationalités
Auschwitz, où la grande majorité est gazée à l’arrivée.
(notamment tchèques, russes, biélorusses, ukrainiens,
yougoslaves, français, allemands, autrichiens).
Les troupes soviétiques pénètrent à Auschwitz le 27 janvier 1945,
dont les détenus ont été progressivement évacués à partir de la fin
de l’année 1944. Ils découvrent dans l’ensemble du complexe 7 000
déportés, ne mesurant que peu à peu l’étendue des crimes commis
par le IIIe Reich.
_23
LA SHOAH
LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION
DES JUIFS EN FRANCE
Vérification de papiers par des officiers allemands à la ligne de démarcation. France, sans date.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_25
LA SHOAH
LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION
DES JUIFS EN FRANCE
Ouverture du camp des Milles pour les ressortissants du Reich
vivant dans la région de Marseille, septembre 1939.
© Mémorial de la Shoah/CDJC/coll. Paulmyer
L’invasion de la Pologne par l’Allemagne en septembre 1939
déclenche la Seconde Guerre mondiale. Soutenant son allié, la
France s’engage dans le conflit. Mais l’offensive des troupes du
IIIe Reich en mai 1940 sur le front occidental défait les armées
françaises. Le 22 juin 1940, la France vaincue signe une convention
d’armistice avec le régime nazi. Ses conditions sont sévères. Elle
En zone occupée, les autorités allemandes appliquent une législation
prévoit notamment l’occupation de plus de la moitié de son territoire,
antisémite, inspirée par les lois du Reich. L’ordonnance du 27 sep-
l’annexion de l’Alsace-Moselle et le rattachement du Nord et du
tembre 1940 énonce les critères d’appartenance à la religion juive et
Pas-de-Calais au Commandement allemand de Bruxelles. Une ligne
ordonne le recensement des personnes considérées comme telles.
de démarcation établit une séparation entre une partie occupée au
Il leur est interdit de quitter cette zone. Le processus de spoliation des
nord et une zone dite «libre» au sud sous autorité française. La
entreprises et commerces juifs s’engage également. «Tout commerce,
France doit en outre livrer tous les ressortissants allemands et
dont le propriétaire ou le détenteur est juif, devra être désigné
autrichiens désignés par le gouvernement du Reich, internés dès
comme entreprise juive» par une affiche spéciale en langue
septembre 1939.
allemande et française.
_26
.LA POLITIQUE ANTISÉMITE.
.DE L’ÉTAT FRANÇAIS.
Affiche éditée par le centre de propagande de la Révolution nationale - Centre d'Avignon, 1942.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
La IIIe République cesse de fait d’exister le 10 juillet 1940 avec le
Le régime de Vichy entend mettre en œuvre une «Révolution natio-
vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. La démocratie est
nale», devant se traduire par «l’assainissement» politique, social et
remplacée par un régime autoritaire. Faisant figure d’homme provi-
moral de la nation. Substituant la devise «Travail, Famille, Patrie» à la
dentiel, le chef de «l’État français», installé avec le gouvernement
formule républicaine «Liberté, Egalité, Fraternité», cet ordre nouveau
à Vichy, bénéficie alors du soutien massif de la population française
se fonde sur une idéologie nationaliste, autoritaire, xénophobe et
traumatisée par la débâcle militaire et l’effondrement du pays.
antisémite. Il applique d’emblée une politique d’exclusion à l’égard
Appelé au gouvernement dès le 18 mai, Pétain avait rapidement
des individus jugés «nuisibles», au premier rang desquels les Juifs.
exclu le principe de la capitulation et de la poursuite des combats,
••• convaincu du caractère inéluctable de la défaite.
_27
Le gouvernement de Vichy, avec à sa tête Pierre Laval, promulgue
ainsi précocement une suite de lois et de décrets à leur encontre,
applicable en zone occupée comme en zone dite «libre».
Durant cette période, on comptera plus de 200 textes législatifs qu’il
s’agisse d’ordonnances allemandes, de décrets ou de lois.
Le 22 juillet 1940, le gouvernement de Vichy promulgue un décret-loi
portant sur la révision des naturalisations établies depuis 1927.
15 000 personnes perdent la nationalité française, dont environ
8 000 Juifs, et deviennent apatrides.
De sa propre initiative, et sans pression nazie, l’État français adopte
le 3 octobre une loi définissant le «statut des Juifs». Celle-ci concerne
les deux zones. Certains secteurs d’activité leur sont désormais
interdits : la fonction publique, la presse et le cinéma notamment.
Cette liste ne cessera de s’élargir décret après décret.
Les Juifs d’Algérie, sont privés de la nationalité française, acquise
depuis le décret Crémieux en 1871. Le 7 octobre 1940, ils deviennent
des «indigènes des départements de l’Algérie».
«Vichy a promulgué le statut des Juifs en France»,
articles de la presse collaborationniste et antisémite, 19 octobre 1940.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_28
.LA COLLABORATION.
.FRANCO-ALLEMANDE.
.CONTRE LES JUIFS.
Le maréchal Philippe Pétain est accueilli par Adolf Hitler à la gare de Montoire-sur-le-Loir. Loir-et-Cher, 24 octobre 1940.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
Lors de la rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire, le 24 octobre
1940, le principe d’une collaboration d’État entre la France et
l’Allemagne dans les domaines économiques, militaires et répressifs
est institué. À cette période, malgré la germanophobie d’une
majorité de la population, la collaboration est surtout entreprise
à l’initiative de Vichy.
••• _29
La coordination des appareils répressifs français et allemands est
interdictions professionnelles, aryanisation des entreprises). La
facilitée par le maintien de l’administration de Vichy, qui entend
spoliation concernera au total près de 47 000 entreprises. Le 2 juin
préserver ses prérogatives, sur la plus grande partie du territoire.
1941, tout en ordonnant un recensement sur l’ensemble du territoire,
Celle-ci recourt de manière systématique à l’internement administratif
l’État français promulgue un deuxième statut des Juifs, qui élargit
et établit des fichiers utilisés par la suite pour les arrestations.
les critères d’appartenance à la «race juive» et étend le champ des
interdictions professionnelles.
À la demande des Allemands, un Commissariat général aux questions
Sur une demande allemande, une loi française est adoptée le 29
juives (CGQJ) est créé par le gouvernement Darlan le 29 mars 1941.
novembre 1941 créant l’Union générale des israélites de France
Son rôle est d’élaborer une législation à l’encontre des Juifs et
(UGIF), chargée d'assurer la représentation des Juifs auprès des
de veiller à son application dans les deux zones (recensement,
pouvoirs publics.
Certificat de non-influence juive, délivré aux entreprises par le Commissariat
générale aux questions juives pour éviter leur aryanisation.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_30
.LES PREMIÈRES RAFLES.
Gare d’Austerlitz, mai 1941.
Les Juifs étrangers raflés suite à une convocation dans les commissariats de police sont emmenés dans les camps du Loiret.
© Rue des Archives
À Paris, en liaison étroite avec l’administration française, les autorités
camp d’internement ouvert à cette occasion. Ce sont surtout des
allemandes procèdent aux premières arrestations. Le 14 mai 1941,
Juifs étrangers bien qu’il y ait aussi parmi eux des Français.
3 710 hommes sont convoqués dans des commissariats où ils sont
arrêtés pour être transférés dans les camps de Pithiviers et
Le 12 décembre, 743 hommes, des notables essentiellement, sont
de Beaune-la-Rolande (Loiret). C’est la rafle dite du «billet vert»
arrêtés et enfermés au camp de Compiègne-Royallieu (Oise). Ce camp
du nom du document envoyé par les autorités. Le 20 août suivant,
sera par la suite le lieu de rassemblement et de transit des déportés
plus de 4 000 autres sont conduits à la cité de la Muette, à Drancy,
politiques, celui de Drancy le devenant pour les Juifs.
_31
.LE TOURNANT DE L’ÉTÉ 1942.
Les autobus et voitures de la police ayant servi à transporter les Juifs lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942,
garés devant le Vélodrome d’Hiver à Paris. Retrouvée par Serge Klarsfeld en 1990, il s’agit de la seule photographie
connue à ce jour se rapportant à ces journées tragiques.
© Mémorial de la Shoah/CDJC/BHVP
L'année 1942 marque le début de la mise en œuvre de la «Solution
Entre-temps, une ordonnance allemande est proclamée le 29 mai,
finale» à l’échelle européenne. Le 27 mars, un premier convoi de
et simultanément en France, en Belgique et aux Pays-Bas, relative
déportés juifs quitte la France pour Auschwitz. Soixante-treize
au port de l’étoile jaune. Elle entre en vigueur le 7 juin. Peu après,
autres suivront par la suite, la plupart pour cette même destination.
l’accès à la plupart des lieux publics est interdit aux Juifs. L’exclusion
Reinhard Heydrich se rend à Paris le 5 mai 1942 afin d’installer le
se renforce.
général SS Karl Oberg comme chef de la SS et de la police en France
Début juin, Oberg entame des négociations avec les autorités
et lancer la préparation des déportations massives. Adolf Eichmann,
françaises sur l’organisation et les conditions de mise en œuvre de
le chef de la section antijuive du RSHA, se déplacera à son tour le
••• 30 juin.
_32
De gauche à droite : Le cardinal Saliège, archevêque de Toulouse. Le cardinal Saliège fait lire dès le 23 août 1942 dans les églises de son diocèse
une vigoureuse lettre de protestation contre les rafles de Juifs. Haute-Garonne, non daté. Portrait de Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban, interné à
Compiègne pour des faits de résistance. Tarn-et-Garonne, non daté. Le cardinal Gerlier, archevêque et primat des Gaules. Mgr Jean Delay, évêque de Marseille.
Le pasteur Marc Boegner. Membre du Comité de coordination pour l’assistance dans les camps, il met toute son autorité morale en jeu pour tenter
d'améliorer le sort des Juifs. Il défend et sauve de nombreux Juifs et des réfugiés politiques. France, 13 mars 1938.
© DR
l’arrestation, du transfert et de la déportation des Juifs de France,
À cette date, le gouvernement s’efforce encore de conserver le
aboutissant à la signature d’un accord officiel avec René Bousquet,
contrôle illusoire des mesures prises envers les Juifs français, tout en
secrétaire d’État à la Police de Vichy représentant le gouvernement,
acceptant que les enfants nés en France de parents étrangers soient
le 2 juillet 1942. Ce document valide la participation des forces de
déportés. Plus de la moitié des Juifs déportés de France l’a été au
l’ordre françaises aux arrestations de Juifs, le nombre des Juifs à
cours du deuxième semestre 1942.
arrêter et à livrer, les critères d’arrestation, le transfert de Juifs
Les grandes rafles de l’été 1942 concernent pour la première fois
depuis la zone sud, alors non occupée, en vue de leur déportation.
des familles entières. Elles suscitent une réaction indignée dans une
Le nombre est fixé à 100 000 personnes pour l’année 1942. Sur la
partie de l’opinion publique, jusqu’alors peu sensible aux persécutions
proposition de Pierre Laval, la déportation des enfants de moins de
commises contre les Juifs. Ainsi, une partie de l’épiscopat français,
16 ans est en outre acceptée par Berlin et appliquée en août.
plus particulièrement en zone libre, se manifeste. De hautes
personnalités comme Mgr Saliège, archevêque de Toulouse,
Malgré le nombre élevé de personnes prises lors de la rafle, organisée
Mgr Théas, évêque de Montauban, Mgr Delay, évêque de Marseille,
à Paris et en région parisienne les 16 et 17 juillet 1942, le quota de Juifs
le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, ou le pasteur Marc Boegner,
à déporter fixé par les Allemands et les représentants du gouverne-
protestent contre l’arrestation, les mauvais traitements et la remise
ment de Vichy lors de négociations n’est pas atteint. Pour y parvenir,
des Juifs à l’occupant. Des institutions religieuses, des couvents,
l’État français se tourne vers les camps d’internement de la zone
participent à l’accueil sous de fausses identités d’enfants, notamment
sud, encore non occupée. Ceux-ci constituent un vivier dans lequel
ceux dont les parents étrangers sont enfermés dans les camps d’in-
il puisera régulièrement. Ainsi, parmi les 10 000 Juifs livrés au Reich
ternement ou sont déjà déportés. Dans le milieu rural, des initiatives
en août-septembre 1942, figurent en majorité des apatrides et des
individuelles et spontanées se manifestent également.
étrangers provenant de ces camps. Les autres sont raflés à partir du
••• 26 août dans les départements du sud de la France.
_33
Groupe de résistants et de parachutistes anglais du Special Operation
Executive (SOE), internés à la prison militaire de Mauzac. Haute-Garonne, 1942.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
Ces interventions et la désapprobation d’une fraction de la population
ont un réel impact sur l’opinion publique.
Mais surtout, les Juifs prennent en charge leur propre sauvetage à
travers les actions conduites par des organisations juives comme
l’Œuvre de secours aux enfants, parfois appuyées par des organisations non juives, pour la plupart caritatives et religieuses.
Cette résistance a revêtu divers aspects selon les circonstances
et les lieux. Le rôle des femmes, souvent jeunes, est exemplaire,
notamment dans le sauvetage des enfants qu’elles ont cachés ou
fait passer en Suisse.
La conjonction de toutes ces actions, juives et non juives, contribue
grandement à la survie des trois quarts des Juifs de France ; un
phénomène favorisé aussi par la géographie du territoire et les
conditions de l’occupation du pays.
Le réseau parisien des FTP-MOI est démantelé
Par ailleurs, de nombreux Juifs de France s’engagent contre
par la police de Vichy et la gestapo en février 1944.
l’occupant au sein de la Résistance intérieure ou extérieure, suscitant
Le procès de ces résistants, dit le procès des 23,
également la création de mouvements spécifiques comme l’Orga-
avec parmi eux 12 Juifs, s’ouvre le 10 février. Tous sont condamnés
nisation juive de Combat. Cet engagement des Juifs en Résistance
à mort et exécutés le 21 février au Mont Valérien.
prend de multiples formes.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
_34
.DE L’INVASION.
.DE LA ZONE SUD À LA LIBÉRATION.
Rafle des Juifs de Marseille (Bouches-du-Rhône). France, 22-27 janvier 1943.
© Bunedsarchiv
Le 11 novembre 1942, la zone sud est envahie par les Allemands et
les Italiens. La zone italienne, dans le sud-est de la France, constitue
alors un refuge pour les Juifs mais, suite à l’armistice signé en
septembre 1943 par ce gouvernement avec les Alliés, l’intégralité
du territoire est occupée par les Allemands. Même si les forces de
l’ordre françaises demeurent impliquées, le régime de Vichy se
montre plus réticent dans sa collaboration en la matière. Les troupes
du IIIe Reich se chargent le plus souvent des arrestations, appuyées
dès lors par la Milice.
••• _35
Les persécutions, les arrestations et les déportations se poursuivent
néanmoins jusqu’à la Libération, frappant désormais l’ensemble des
Juifs. Ainsi, le 6 avril 1944, quarante-quatre enfants et leurs éducateurs
sont raflés à Izieu (Ain) par Klaus Barbie, le chef de la Gestapo à
Lyon. En juillet, Aloïs Brunner, alors commandant du camp de
Drancy, fait arrêter en banlieue parisienne plus de 230 enfants et
adolescents qui sont déportés le 31 juillet, moins d’un mois avant la
libération de la capitale. De nombreux Juifs sont par ailleurs arrêtés
voire assassinés par la Milice, comme à Rillieux-la-Pape près de
Lyon, où Paul Touvier, son responsable local, fait exécuter sommairement sept otages le 29 juin 1944. Dans les derniers jours de
l’Occupation, ils sont encore plusieurs centaines à être massacrés
en divers lieux, dont des personnalités comme Jean Zay.
BILAN DE LA SHOAH EN FRANCE
En 1940, 300 à 330 000 Juifs vivent en France métropolitaine
et 370 000 en Afrique du Nord.
Parmi les premiers, 200 000 sont de nationalité française et 130 000
de nationalité étrangère. Près de la moitié vivent à Paris et dans les
villes limitrophes.
Sur les 80 000 victimes de la Shoah en France, 55 000 sont des Juifs
étrangers et 25 000 des Juifs de nationalité française.
76 000, dont environ 11 400 enfants (2 000 de moins de 6 ans), ont
été déportés, dont 69 000 à Auschwitz. Seuls 2 500 ont survécu.
3 000 sont morts dans les camps d'internement français.
1 000 sont exécutés ou abattus sommairement en France.
Nombre de déportés par année :
1942 : 42 000 en 43 convois (vers Auschwitz-Birkenau)
Enfants juifs hébergés par l’UGIF rue Lamarck
1943 : 17 000 en 17 convois (13 vers Auschwitz-Birkenau,
dans le XVIIIe arrondissement, parmi eux beaucoup seront
4 vers Sobibor)
raflés et déportés à Auschwitz Birkenau, en juillet 1944.
1944 : 15 000 en 14 convois (dont 12 vers Auschwitz-Birkenau,
© Mémorial de la Shoah/CDJC
un vers la Lituanie et l’Estonie et un vers Buchenwald)
Un millier de Juifs du nord de la France ont été déportés
via la Belgique.
_36
.LES CAMPS D’INTERNEMENT.
.EN FRANCE.
Groupe d'internés avec Ajzyk-Majer Sendyk au camp de Pithiviers (Loiret) le 23 mars 1942.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
La loi du 4 octobre 1940 permet l’internement des «ressortissants
alors d’une mesure d’exception à l’égard de milliers d’étrangers
étrangers de race juive» dans «des camps spéciaux», sur simple
jugés alors «indésirables» : réfugiés allemands ou autrichiens consi-
décision préfectorale. 40 000 Juifs étrangers sont ainsi internés dans
dérés comme ressortissants de puissances ennemies, républicains
des dizaines de camps, à Gurs (Pyrénées-Atlantiques) ou Rivesaltes
espagnols, combattants des Brigades internationales. Conformément
(Pyrénées-Orientales) notamment. Le camp des Milles (Bouches-
à la convention d’armistice, le IIIe Reich obtient le transfert des
du-Rhône) devient à l’automne 1940 un camp de transit pour les
internés qu’il réclame.
internés en instance d’émigration. Ces camps avaient été créés pour
••• la plupart sous le gouvernement Daladier à l’automne 1939. Il s’agissait
_37
63
CARTE DES CAMPS D’INTERNEMENT EN FRANCE
Calais
ROYAUME-UNI
BELGIQUE
Sangatte
Boulogne-sur-Mer
Dannes-Camiers
PAS-DECALAIS
Étaples
Merlimont
MANCHE
Fort-Mahon
NORD
Alderney-Aurigny
SOMME
Wadelincourt
Frénois
Dom-le-Mesnil
Flize
Chalandry-Élaire
Les Ayvelles
Mézières
St-Marceau
Balaives
Poix-Terron
Sailly
Chagny
Boutancourt
Chémery-s.-Bar
Illy
Francheval
Brévilly
Tétaigne
Carignan
Puilly
Margny
Herbeuval
Singly
Vaux-lès-Mouzon
Villemontry
Beaumont-en-Argonne
Bulson
Le Radois
LUXEMBOURG
Rémaucourt
Écly
Compiègne
OISE
Fleurines
MANCHE
ARDENNES
LORRAINE
Austerlitz
Bassano
Lévitan
MEUSE
Drancy
Paris
Voves
EUREET-LOIRE
MEURTHEET-MOSELLE
ALSACE
VOSGES
Vittel
LOIRET-CHER
Beaune-la-Rolande
LOIRET
Clefs
Lamotte-Beuvron
INDREET-LOIRE
MAINE-ET-LOIRE
CÔTE-D’OR
La Lande
Bligny-sur-Ouche
St-Sauveur
Meillant
Douadic
VIENNE
CHER
Rouillé
ALLIER
La Guiche
HAUTEVIENNE
Montluçon
Oradour-sur-Glane
AIN
Vichy
RHÔNE
Mons
St-Priest-Taurion
Marsat
St-Paul-d'Eyjeaux
St-Germain-les-Belles
Séreilhac
Nexon
Soudeilles
La Meyze
Thiviers
DORDOGNE
Mérignac
Mauzac
Camp d'internement
Camp réservé aux Juifs
GIRONDE
Casseneuil
Marmande
Nicole
Camp sous administration allemande
LANDES
Agen
GERS
Centre géré par le Service Social des Étrangers
BASSESPYRÉNÉES
Lieu de départ des convois de déportation
Gurs
Fabrèges
Buzy
Fleurance
LOZÈRE
Albi
BASSES-ALPES
Alès
La Grand-Combe
Castillon-du-Gard
Pézenas
Carnon-Plage
Sisteron
VAUCLUSE
Beaucaire BOUCHES-
Bram
Le Vernet
Sabarat
AUDE
ARIÈGE
Arles
Miramas
Rivesaltes
Mont-Louis
Zone sud
Le Boulou
ESPAGNE
© Mémorial de la Shoah
_39
Norante
Reillane
Les Milles
Villeneuve-lèsMaguelone
Salin-de-Giraud
La Peyrade
Agde
Hôtel Bompard
Lagrasse
Hôtel du Levant
Hôtel Terminus des Ports
St-Pierre-des-Champs
Le Soler
Perpignan
Les Mées
DU-RHÔNE
Capestang
Zone d’occupation allemande
Zone d’occupation italienne
HÉRAULT
Castres
Récébédou
Noé
Pont-la-Dame
(Aspres-sur-Buëch)
DRÔME
Langlade
Calvisson
TARN
Toulouse
HAUTES-ALPES
Montélimar
ARDÈCHE
GARD
Brens
Masseube
Bagnères-de-Bigorre
Rieucros
La Vernède
La Favède
Muret
ITALIE
Alboussière
Crest
Caylus
Réalville
L'Isle-Jourdain
Zone nord
HAUTE-LOIRE
SAVOIE
Uriage
St-Georges-d'Aurac
Aurillac
Villemur
St-Sulpice
HAUTESPYRÉNÉES HAUTEGARONNE
Idron
Centre de rassemblement départemental
ou régional pour la rafle du 26 août 1942
Montauban
Montech
Montmélian
ISÈRE
Fort-Barraux
Chanac
GARONNE
Ruffieux
Ceyzerieux
Lentiol
CANTAL
Catus
Penne-d'Agenais
Tombebouc
TARN-ET-Septfonds
Gabarret
Groupement de travailleurs étrangers
Fumel
Vénissieux
Mauriac
Altillac
LOT
LOT-ET-GARONNE
Uzeste
Camp de l'organisation «TODT»
Beaulieu
HAUTE-SAVOIE
Annecy
Villeurbanne
PUY-DE-DÔME
Neuvic
Rabès CORRÈZE
Chancelade
Savigny
Hauteville
Leyment
Lyon
ClermontFerrand
Nébouzat
Ussel
Égletons
Auchère-par-Égletons
Le Change
Camp de concentration
JURA
Les Bournetsde-Chirat-l'Église
OCÉAN ATLANTIQUE
Moussac
SUISSE
Lons-le-Saunier
INDRE
Poitiers
CHARENTE
Natzweiler
Pithiviers
SARTHE
La Flèche
Angers
BAS-RHIN
Écrouves
SEINEET-OISE
FRANCE
ALLEMAGNE
Barjols
Vidauban
Meyreuil
Gardanne VAR
Aubagne
Nans-les-Pins
St-Cyr-sur-Mer
La Ciotat
Marseille
Barcarès
Canet-Village
Argelès
St-Cyprien
ALPES
MARITIMES
Nice
Mandelieu
Hyères
CORSE
MER MÉDITÉRRANÉE
.LA RAFLE DU VÉL D’HIV.
.ET SES CONSÉQUENCES.
Pour la première fois en France, des femmes et des enfants sont
Après la déportation des adultes, près de 3 000 enfants restent sans
raflés. Les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 personnes dont 4 051 enfants
leurs parents, plongés dans une profonde détresse morale et ma-
de 2 à 16 ans sont arrêtés par la police française à Paris et en
térielle. Lorsqu’Adolf Eichmann répond positivement à la demande
banlieue. Son engagement dans cette vaste opération résulte d’une
française de les déporter également, ils sont transférés dans des
décision du régime de Vichy. Si cette rafle vise principalement les
conditions effroyables à partir du 15 août à Drancy puis envoyés vers
Juifs étrangers, la très grande majorité de leurs enfants sont de
Auschwitz-Birkenau entre le 17 et le 28 août. Pour faire croire qu’ils
nationalité française, car nés en France.
partent vers l’Est avec leurs parents, ils sont mélangés dans les
Les célibataires et les couples sans enfant sont conduits directement
convois à des adultes en provenance de la zone non occupée. Aucun
à Drancy. Les familles, soit les deux-tiers des personnes arrêtées,
de ces enfants déportés n’a survécu.
sont regroupées dans des conditions déplorables au Vélodrome
d’Hiver avant d’être transférées dans les camps du Loiret à Pithiviers
Le sort de ces enfants constitue un des événements parmi les plus
et Beaune-la-Rolande. Les adultes et les plus âgés des enfants sont
dramatiques de la persécution des Juifs de France.
déportés au cours des semaines suivantes.
LES JUSTES PARMI LES NATIONS
«Quiconque sauve une vie sauve l’univers entier». Dans l’Europe occupée, une
petite minorité d’hommes et de femmes, de toutes croyances et de tous milieux
sociaux, ont sauvé des Juifs, parfois au péril de leur vie.
Ils leur ont fourni de faux papiers, les ont aidés à se cacher ou à fuir. Institution
de mémoire créée en 1953 par l’État d’Israël, le Mémorial de Yad Vashem leur
attribue «au nom du peuple juif reconnaissant» le titre de «Juste parmi les
nations», le plus haut titre de vertu biblique. Cette distinction n’est en principe
décernée qu’à des personnes individuelles, exception faite de la commune
néerlandaise de Nieuwlande et de celle du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire)
qui, avec l’ensemble du plateau Vivarais-Lignon occupe une place exceptionnelle
dans l’histoire du sauvetage des Juifs en France. Au 1er janvier 2011, 23 788
personnes (dont 6 266 en Pologne, 5 108 aux Pays-Bas et 3 331 en France)
s’étaient vues décerner la médaille des «Justes parmi les nations» par
Yad Vashem.
_40
1942
CHRONOLOGIE DE L’ANNÉE
SELON 3 AXES
.EUROPE.
.FRANCE.
.GUERRE.
_41
.EUROPE - ANNÉE 1942.
20 JANVIER
27 JANVIER
24 FÉVRIER
À la conférence de Wannsee,
Bilan global des tueries jusqu'alors
Naufrage du Struma, un navire
mise au point des modalités
effectuées par l'Einsatzgruppe D,
avec à son bord 767 Juifs fuyant
de l’extermination massive
d'après le rapport d'activité
l'Europe pour la Palestine et refoulés
des Juifs d'Europe.
USSR N°150 : 76 000 Juifs.
par les autorités turques.
© DR
© USHMM, coll. David Stoliar
.FRANCE - ANNÉE 1942.
JANVIER
16 JANVIER
7 FÉVRIER
Rassemblement des Juifs étrangers dans
Premier versement
6e ordonnance allemande : Couvre-feu
des Groupements de travailleurs étrangers,
de «l'amende du Milliard»,
pour les Juifs en Zone occupée entre 20 heures
en marge des camps d’internement.
imposée aux Juifs en Zone occupée
et 6 heures du matin. Interdiction de changer
par le Militärbefehlshaber in Frankreich,
de résidence.
le Haut-Commandement militaire
en France.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
15 FÉVRIER
Prise de la base anglaise de Singapour
par les Japonais.
_42
25 FÉVRIER
DÉBUT MARS
16 MARS
Les déportés du premier convoi
Début de l’extermination massive
Mise en fonction du camp
de Juifs provenant de Haute-Silésie
par le gaz à Auschwitz-Birkenau
d'extermination de Belzec
sont exterminés à Auschwitz.
dans une ferme aménagée à cet effet.
dans le cadre de ce qui deviendra
l’«Aktion Reinhard» ; Un premier
convoi de 6 786 Juifs venant
du Gouvernement général
arrive le lendemain.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
22 FÉVRIER
9 MARS
24 MARS
Exécution au Mont Valérien
Nomination du général Karl Oberg,
7e ordonnance allemande donnant
de 13 Juifs transférés du camp
chef des SS et de la police allemande
une nouvelle définition des personnes
d’internement de Drancy à la prison
en France.
considérées comme «juives».
du Cherche-Midi à Paris.
_43
.EUROPE - ANNÉE 1942.
26 MARS
1ER AVRIL
8 AVRIL
Arrivée à Auschwitz du premier
Premier rapport de l'organisation juive
Rapport de l’Einsatzgruppe D
convoi de Juifs en provenance
clandestine «Oyneg Shabbes» sur
déclarant la Crimée «judenfrei»
de Slovaquie.
l'extermination des Juifs en Pologne
(nettoyée de Juifs).
adressée au gouvernement en exil à
Londres depuis le ghetto de Varsovie.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
.FRANCE - ANNÉE 1942.
27 MARS
17 AVRIL
18 AVRIL
Départ depuis les camps d’internement
Retour de Pierre Laval comme
René Bousquet est nommé
de Drancy et de Compiègne
chef du gouvernement.
du premier convoi de déportation
des Juifs de France, avec 1 112 personnes.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
© Mémorial de la Shoah/CDJC
.GUERRE - ANNÉE 1942.
27 MARS
Opération «Chariot» des troupes
britanniques contre le port
de Saint-Nazaire.
_44
Secrétaire général à la Police par P. Laval.
1ER MAI
29 MAI
Mise en fonction du camp
Exécution de R. Heydrich, le chef
d’extermination de Sobibor
de l’Office central de sécurité du Reich,
dans le cadre de ce qui deviendra
à Prague par la Résistance tchèque.
«l'Aktion Reinhard».
5 MAI
6 MAI
29 MAI
Arrivée à Paris de R. Heydrich,
Nomination de Louis Darquier
8e ordonnance allemande :
chef de l’Office central de sécurité
dit «de Pellepoix» à la direction
port obligatoire de l'étoile jaune
du Reich, pour installer K. Oberg
du Commissariat général
pour les Juifs de plus de six ans
dans ses nouvelles fonctions.
aux questions juives, en remplacement
en zone occupée à partir
de Xavier Vallat.
du 7 juin 1942.
© DR
© Mémorial de la Shoah/CDJC
© DR
© Mémorial de la Shoah/CDJC/
coll. Simon et Annette Lippe
6 MAI
Les dernières forces américaines
des Philippines se rendent
aux Japonais.
_45
© Mémorial de la Shoah/CDJC/JEAA/
Coll. Rebecca Dreyfuss
Dr
anc
y
Dr
anc
y
.EUROPE - ANNÉE 1942.
1ER JUILLET
Dénonciation en langue française
sur la BBC du massacre des Juifs
polonais et de l'existence
des chambres à gaz.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
2 JUILLET
4 JUILLET
6 JUILLET
Accords Bousquet - Oberg
Accord de P. Laval de livrer
Télégramme de Theodor Dannecker,
de collaboration policière, actant
à l’Allemagne les milliers de Juifs
représentant à Paris d’A. Eichmann,
la participation de l’administration
étrangers réfugiés en zone sud,
à ce dernier relatant la proposition
française lors des rafles.
à condition que les Juifs français
de P. Laval de déporter les enfants
de zone occupée soient déportés
de moins de 16 ans avec leurs parents.
seulement si les «quotas» fixés
par l’Allemagne ne sont pas atteints.
© Mémorial de la Shoah/CDJC/BNF
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_48
16 ET 17 JUILLET
Arrivée au camp d’extermination
d’Auschwitz-Birkenau du premier
convoi de Juifs hollandais,
en provenance des camps d’internement
de Westerbork et d'Amersfoort.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
8 JUILLET
16 ET 17 JUILLET
17 JUILLET
9e ordonnance allemande :
Rafle contre les Juifs dite
Convoi n°6 de Pithiviers
Il est interdit aux Juifs de fréquenter
du Vélodrome d'Hiver à Paris et
à Auschwitz-Birkenau,
les établissements de spectacle
en région parisienne, la plus importante
avec 928 Juifs.
et autres établissements ouverts
de toute la Seconde Guerre mondiale,
au public, d'entrer dans les magasins,
avec l’arrestation de 12 884 personnes
d'y faire des achats sauf
dont 4 051 enfants.
entre 15 et 16 heures.
_49
.EUROPE - ANNÉE 1942.
22 JUILLET
Début de la liquidation du ghetto
de Varsovie et, parallèlement,
mise en fonction de Treblinka,
troisième centre d'extermination
dans le cadre de «l'Aktion Reinhard».
.FRANCE - ANNÉE 1942.
19 JUILLET
20 JUILLET
22 JUILLET
Premier transfert des familles internées
Profanation de la synagogue
Lettre non rendue publique du cardinal Suhard,
au Vél d'Hiv vers les camps
de la rue de la Victoire par des membres
cardinal archevêque de Paris, au maréchal
d’internement du Loiret. 3 autres transferts
du Parti populaire français.
Pétain, au nom des cardinaux et archevêques
suivront les 20, 21 et 22 juillet.
Convoi n°7 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
Convoi n°8 d’Angers
de France, protestant contre les traitements
à Auschwitz-Birkenau,
indignes infligés aux Juifs
Convoi n°9 de Drancy
avec 827 Juifs.
avec 999 Juifs.
à Auschwitz-Birkenau, avec 996 Juifs.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_50
27 JUILLET
Création de l'Organisation juive
de combat, la Zydowska Organizacja
Bojowa, dans le ghetto de Varsovie.
24 JUILLET
27 JUILLET
29 JUILLET
Convoi n°10 de Drancy
T. Dannecker est évincé et remplacé
Convoi n°12 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
par Heinz Röthke comme chef du service
avec 1 000 Juifs.
des affaires juives de la Gestapo
en France.
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs.
Protestation du Consistoire Central
des Israélites de France auprès
Convoi n°11 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
_51
du Gouvernement français contre la situation
des Juifs en zone occupée.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
5 AOÛT
Arrivée du premier convoi de Juifs
venant de Belgique à Auschwitz,
en provenance du camp d’internement
de Malines.
© USHMM / Pro Museo Judaico
.FRANCE - ANNÉE 1942.
31 JUILLET
3 AOÛT
5 AOÛT
Convoi n°13 de Pithiviers
Convoi n°14 de Pithiviers
Convoi n°15 de Beaune-la-Rolande
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 049 Juifs.
avec 1 034 Juifs.
avec 1 014 Juifs.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_52
8 AOUT
Télégramme envoyé
par Gerhart Riegner, représentant
du Congrès juif mondial à Genève,
avertissant du programme
d’extermination des Juifs.
7 AOÛT
7 AOÛT
10 AOÛT
Convoi n°16 de Pithiviers
Arrivée au camp d’internement
Convoi n°17 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
de Drancy du premier transfert de Juifs
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 069 Juifs.
arrêtés en zone sud, venant des camps
avec 1 006 Juifs.
d’internement et des GTE.
_53
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
12 AOÛT
14 AOÛT
15 AOÛT
Convoi n°18 de Drancy
Convoi n°19 de Drancy
Premier transfert d'enfants
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau avec,
avec 1 007 Juifs.
pour la première fois, des enfants
des camps du Loiret vers Drancy.
de moins de 12 ans,
et avec 991 Juifs.
© Georges Horan
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_54
18 AOÛT
Arrivée à Auschwitz du premier
convoi en provenance de Croatie.
17 AOÛT
19 AOÛT
20 AOÛT
Convoi n°20 de Drancy
Convoi n°21 de Drancy
Lettre de protestation du pasteur
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs.
à Auschwitz-Birkenau,
Marc Boegner, Président du Conseil
Début de la déportation des enfants
avec 1 000 Juifs.
de la Fédération protestante de France,
venant des camps du Loiret.
à Pétain après les rafles en zone occupée
et les transferts de Juifs depuis
les camps d’internement du sud
de la France en vue de la déportation.
19 AOUT
Echec de l'opération
anglo-canadienne «Jubilé» à Dieppe.
_55
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
21 AOÛT
23 AOÛT
24 AOÛT
Convoi n°22 de Drancy
Lecture en chaire de la lettre
Convoi n°23 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
de protestation de Monseigneur Saliège,
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
archevêque de Toulouse, dans les églises
avec 1 000 Juifs.
du diocèse contre le sort infligé
aux Juifs.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_56
25 AOÛT
26 AOÛT
28 AOÛT
Nouvelle protestation
Convoi n°24 de Drancy
Convoi n°25 de Drancy
du Consistoire Central auprès
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 002 Juifs.
du Gouvernement contre la situation
Rafle des Juifs étrangers en zone sud.
des Juifs en France.
Lettre pastorale de Monseigneur Théas,
évêque de Montauban, dénonçant
«la barbare sauvagerie» avec laquelle
sont traités les Juifs.
_57
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
30 AOÛT
31 AOÛT
2 SEPTEMBRE
Lettre pastorale du Cardinal Gerlier,
Convoi n°26 de Drancy
Convoi n°27 de Drancy
archevêque de Lyon, primat des Gaules,
lue en chaire le 6 septembre,
en faveur des Juifs persécutés.
à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs.
Sauvetage d’une centaine d’enfants
internés au camp de Vénissieux par
l’Amitié chrétienne, de l’abbé Glasberg
et du révérend-père Chaillet,
avec le concours de l’Œuvre de secours
aux enfants.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_58
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
9 SEPTEMBRE
Fusillade par l’Einsatzgruppe D
de 2 000 Juifs de Kislovodsk
et Jessentuki (Caucase du Nord).
4 SEPTEMBRE
7 SEPTEMBRE
9 SEPTEMBRE
Convoi n°28 de Drancy
Convoi n°29 de Drancy
Convoi n°30 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 013 Juifs.
avec 1 000 Juifs.
avec 1 000 Juifs.
_59
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
11 SEPTEMBRE
14 SEPTEMBRE
16 SEPTEMBRE
Convoi n°31 de Drancy
Convoi n°32 de Drancy
Convoi n°33 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
avec 1 000 Juifs.
avec 1 003 Juifs.
Rafle des Juifs des départements
du Nord et du Pas-de-Calais.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_60
18 SEPTEMBRE
21 SEPTEMBRE
23 SEPTEMBRE
Convoi n°34 de Drancy
Convoi n°35 de Pithiviers
Convoi n°36 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
avec 1 000 Juifs.
avec 1 000 Juifs.
_61
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
24 SEPTEMBRE
25 SEPTEMBRE
26 SEPTEMBRE
Rafle de 1 574 Juifs de nationalité
Convoi n°37 de Drancy
Fermeture du camp d’internement
roumaine à Paris et en région
à Auschwitz-Birkenau,
de Récébédou et transfert des internés
parisienne.
avec 1 004 personnes.
restants au camp d’internement
de Nexon.
© Mémorial de la Shoah/ CDJC
.GUERRE - ANNÉE 1942.
_62
OCTOBRE
Le Comité international
de la Croix-Rouge renonce à toute
intervention publique sur l’assassinat
en masse des Juifs.
28 SEPTEMBRE
30 SEPTEMBRE
Convoi n°38 de Drancy
Convoi n°39 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
à Auschwitz-Birkenau,
avec 904 Juifs.
avec 210 Juifs.
_63
.EUROPE - ANNÉE 1942.
3 OCTOBRE
7 OCTOBRE
29 OCTOBRE
Fin de la première grande déportation
Création d'une Commission
Exécution massive des Juifs de Pinsk
du ghetto de Varsovie.
d’enquête sur les crimes de guerre
(Biélorussie) par l’Einsatzgruppe B
par les gouvernements anglais et
avec l’aide de l’Ordnungspolizei
américain devenue la Commission
et de la Wehrmacht : 16 200 victimes.
des Nations Unies pour les crimes
de guerre.
© Mémorial de la Shoah/CDJC
.FRANCE - ANNÉE 1942.
.GUERRE - ANNÉE 1942.
8 OCTOBRE
Victoire anglaise sur le corps
expéditionnaire allemand
à El Alamein.
_64
4 NOVEMBRE
5 NOVEMBRE
6 NOVEMBRE
Convoi n°40 de Drancy
Rafle de 1 060 Juifs de nationalité
Convoi n°42 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
grecque à Paris et en zone occupée.
avec 1 000 Juifs.
à Auschwitz-Birkenau,
avec 1 000 Juifs.
NOVEMBRE
Début du recul des armées
allemandes en URSS.
_65
.EUROPE - ANNÉE 1942.
.FRANCE - ANNÉE 1942.
9 NOVEMBRE
11 NOVEMBRE
25 NOVEMBRE
Interdiction aux Juifs étrangers
Convoi n°45 de Drancy
Dissolution du camp d’internement
de quitter leur commune de résidence
à Auschwitz-Birkenau,
de Rivesaltes. Les derniers internés
sans autorisation délivrée par la police.
avec 745 Juifs.
sont transférés au camp d’internement
Convoi n°44 de Drancy
à Auschwitz-Birkenau,
Invasion de la Zone sud de la France
de Gurs.
par l’Allemagne et l’Italie.
avec 1 000 Juifs.
© Mémorial de la Shoah/ CDJC
.GUERRE - ANNÉE 1942.
8-11 NOVEMBRE
19 NOVEMBRE
Opération «Torch». Débarquement
Offensive soviétique à Stalingrad.
anglo-américain en Afrique du Nord.
© SGA/DMPA
_66
1ER DÉCEMBRE
10 DÉCEMBRE
17 DÉCEMBRE
Arrivée à Auschwitz du premier
Arrivée à Auschwitz du premier
Accusation de l'Allemagne
convoi en provenance de la Norvège.
convoi en provenance de Berlin.
par les États-Unis et les membres
européens des Nations-Unies de mener
«une politique d’extermination
inhumaine du peuple juif en Europe».
9 DÉCEMBRE
11 DÉCEMBRE
Les derniers internés au camp
Loi relative à l'apposition
d’internement des Milles sont transférés
de la mention «Juif» sur les titres
au GTE de la Ciotat. Le camp est fermé.
d'identité et d'alimentation
des ressortissants français et étrangers.
© Mémorial de la Shoah/ CDJC
_67
COMMÉMORATIONS
ET MANIFESTATIONS CULTURELLES
_69
LES PRINCIPALES COMMÉMORATIONS
Frossard et les enfants d’Izieu), placée désormais sous la responsabilité
ET CÉRÉMONIES
du ministère de la défense et des anciens combattants, ainsi que le
village de Chambon-sur-Lignon (reconnu dans son ensemble «Juste
La Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste
parmi les Nations» pour avoir protégé un très grand nombre de Juifs)
le 27 janvier 2012
ont aussi participé à ces manifestations.
Départ du premier convoi (sur 42) de Drancy et Compiègne
le 27 mars 2012
Le premier convoi de déportés quitte la gare du Bourget le 27 mars
1942. Ce sont 1 112 hommes qui sont ainsi déportés en direction
d'Auschwitz après avoir été, pour moitié, internés à Drancy après la
rafle du 20 août 1941, et pour l'autre, internés à Royallieu, lors de
© J. Robert - SGA/DMPA
la rafle du 12 décembre 1941. Le convoi est escorté jusqu'à la
frontière par des gendarmes français et un officier SS. Il s'agit d'un
événement nouveau et dramatique pour la France occupée.
Le ministère de la défense et des anciens combattants, en partenariat
En 2005, les Nations unies ont voté une résolution selon laquelle
avec le Mémorial de la Shoah, participera, dans le cadre de ces
l'anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier,
commémorations, à l'organisation d'une cérémonie à Drancy et
serait désormais la journée internationale à la mémoire des victimes
Compiègne dans la même journée.
de l’Holocauste. Depuis lors, de nombreuses manifestations sont
organisées chaque année à cette date.
La commémoration de la rafle du Vél d’Hiv
Le Mémorial de la Shoah, en partenariat avec le ministère de la
le 22 juillet 2012
défense et des anciens combattants, ainsi que l'Office national
des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), a pris
l’initiative d’organiser et coordonner sur tout le territoire national, des
manifestations à vocation pédagogique et commémorative.
À Paris, cette journée au mémorial a été caractérisée par un échange
© J. Robert - SGA/DMPA
entre des rescapés et des élèves, puis une cérémonie avec lecture
d'un message de Simone Veil en présence du secrétaire d'État
auprès du ministre de la défense et des anciens combattants.
À cette occasion l'annonce du lancement officiel de l'année mémorielle
«1942 : des rafles à la déportation» a été faite.
Le dimanche 16 juillet ou le suivant se déroule la Journée nationale à
En province, des manifestations ont eu lieu dans différents sites,
la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État
tels que les camps de Gurs, de Natzweiler-Struthof, des Milles, de
français et d’hommage aux «Justes» de France. La date retenue fait
Rivesaltes, la Maison d’Izieu, le centre d’étude et de recherche sur les
référence à celle du 16 juillet 1942, début de la grande rafle parisienne
camps du Loiret ainsi que l’antenne de Toulouse du Mémorial de la
à l'encontre des Juifs, connue sous le nom de «rafle du Vél d'Hiv».
Shoah. La prison de Montluc (où furent internés Jean Moulin, André
Cette journée est organisée par le ministère de la défense et des anciens
_70
LES MANIFESTATIONS CULTURELLES
combattants en liaison avec les organismes et associations concernés :
Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), amicale
des anciens déportés Juifs de France, comité français pour Yad
Vashem. Il s’agit de la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée
en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Vichy
mobilisa la police française pour participer à l’opération au côté
des Allemands et le nombre des arrestations dans Paris fut de 13 152
personnes selon la préfecture de police. La date du 16 juillet deviendra,
en 2000, la «journée nationale à la mémoire des victimes des crimes
racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes»
© J. Robert - SGA/DMPA
de France».
Commémoration des rafles en zone non occupée
13 septembre 2012
La grande rafle du Vél d'Hiv est suivie par des rafles en province.
Une journée d’étude sera organisée le 24 mars 2012, par la direction
Les Juifs cherchent à quitter la zone occupée et à passer la ligne
de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA), sur le thème de
de démarcation. Le gouvernement de Vichy participe activement à
la déportation des Juifs de France, sous la présidence d'Henry Rousso
ces rafles organisées dans toute la zone sud, afin de fournir aux
à l’amphi Foch de l’École militaire à Paris. Deux tables rondes seront
Allemands le nombre de Juifs demandés. Malgré une exécution
organisées : une sur la politique de déportation d’État et une sur la
minutieuse de la part de la police et de la gendarmerie, les rafles de
mise en place concrète de la déportation, suivies de la projection
l'été 1942 sont difficiles à cacher et des protestations commencent
d'une fiction.
à s'élever.
L'Archevêque de Toulouse, Jules Saliège, dénonce alors, dans une
Exposition : «Les Juifs de France», réalisée par le Mémorial de la
lettre pastorale intitulée Et clamor Jerusalem ascendit, les persécutions
Shoah, circulera sous forme d’exposition itinérante dans les villes
antisémites et en ordonne la lecture dans toutes les paroisses de son
de Montpellier, Poitiers, Marseille, Chambon-sur-Lignon, Toulouse,
diocèse le 23 août 1942.
Saint-Omer, Metz et Béziers. Une deuxième version de cette exposition
Des commémorations auront lieu à Toulouse où un hommage sera
sera présentée au plus grand nombre par l’ONAC-VG, avec l’aide
rendu à Monseigneur Saliège, «compagnon de la Libération» et «Juste
financière de la DMPA.
parmi les Nations», avec la lecture de sa lettre du 23 août 1942.
Après la cérémonie, une conférence sera organisée sur «l’impact des
rafles dans l’opinion publique» en présence d'historiens et enseignants
issus de la région.
_71
PROGRAMME
DE LA SAISON MÉMORIELLE
_73
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
Janvier
Mise en place d’une signalétique spécifique sur les éléments se rapportant
Musée de l’Armée, Paris
à la persécution des Juifs en 1942 dans l’exposition du Musée de l’Armée.
10 janvier
Conférence inaugurale «1942 : une année charnière
Mémorial de la Shoah, Paris
pour la Seconde Guerre mondiale et pour la Shoah».
17 janvier
Lancement du cycle : «La conférence de Wannsee : organisation et planification
Mémorial de la Shoah, Paris
du génocide des Juifs d’Europe».
19 janvier
Centenaire de l'OSE - Projection du film «Le sauvetage des enfants, 1938-1945»
Mémorial de la Shoah, Paris
de Michel Kaptur et Katy Hazan.
24 janvier
Conférence de Serge Klarsfeld, avocat et historien :
Montpellier
«1942 : l’année terrible pour les Juifs de France».
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
proposée par le Mémorial de la Shoah.
27 janvier
29 janvier
Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes
Beaune-la-Rolande
de l'Holocauste - Cérémonies pédagogiques et commémoratives sur les lieux
Chambon-sur-Lignon
de mémoire de la Shoah en France (sous l’égide du Mémorial de la Shoah
Drancy
en partenariat avec l’Amicale du camp de Gurs, le Centre d’étude et de recherche
Gurs
sur les camps d’internement du Loiret/Musée-Mémorial des enfants du Vél d’Hiv,
Izieu
le Centre européen du résistant déporté/Camp de Natzweiler-Struthof, du Conseil
Les Milles
régional Languedoc-Roussillon, du Conseil Général des Pyrénées-Orientales/
Mémorial de la Shoah, Paris
Mémorial de Rivesaltes, de la Fondation du camp des Milles, de la Maison d’Izieu,
Natzwiller
de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre du Rhône,
Pithiviers
de la Ville du Chambon-sur-Lignon. Avec le soutien de la direction de la mémoire,
Prison Montluc, Lyon
du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants
Rivesaltes
et de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.
Toulouse
Présentation officielle de l’année commémorative.
Mémorial de la Shoah, Paris
Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau,
Auschwitz
organisé par le Mémorial de la Shoah.
31 janvier
Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes
Unesco, Paris
de l'Holocauste - Cérémonie à l'UNESCO.
7 février
Rencontre : «La traque des responsables de la Solution finale»
Toulouse
Avec Efraïm Zuroff (Centre Simon Wiesenthal).
9 février
Rencontre : «Himmler et la Solution finale». En présence de Florent Brayard (EHESS),
Peter Longerich (Université de Londres).
_74
Mémorial de la Shoah, Paris
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
Mars
Rencontre autour de la littérature jeunesse sur la déportation et la Shoah,
Centre européen
organisée en partenariat par le Centre européen du résistant déporté/
du résistant déporté/Camp
Camp de Natzweiler-Struthof et le Mémorial de la Shoah.
de Natzweiler-Struthof,
Présentation de l’exposition «Mus/Mouse/Mause. Variations suédoises
Natzwiller
autour de la BD d’Art Spiegelman».
Mars
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
Poitiers
proposée par le Mémorial de la Shoah.
6 mars
Lancement du cycle sur l’Aktion Reinhardt.
Mémorial de la Shoah, Paris
18 mars
Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau,
Auschwitz
organisé par le Mémorial de la Shoah.
24 Mars
Journée d’étude consacrée à la persécution des Juifs de France,
École militaire, Paris
sous la direction d’Henry Rousso (CNRS), organisée par la direction de la mémoire,
du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants,
en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.
25 mars
Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau,
Auschwitz
organisé par le Mémorial de la Shoah.
27 mars
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°1, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
27 mars
Rencontre : «France, 27 mars 1942 : le premier convoi de déportation»
Drancy
Compiègne
Mémorial de la Shoah, Paris
et projection du documentaire «Premier convoi» de Pierre Oscar Lévy.
7 avril
Vernissage de l’exposition «Les convois des 45 000 et des 31 000,
Mémorial de l'internement
et de la déportation,
de Royallieu à Auschwitz-Birkenau».
Compiègne
13 avril
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
Vénissieux
proposée par le Mémorial de la Shoah.
18 au 19 avril
Cérémonie de Yom HaShoah, sous l’égide de la Fondation pour la mémoire
Mémorial de la Shoah, Paris
de la Shoah, organisée par le Mémorial de la Shoah, en partenariat
avec le Mouvement Juif Libéral de France, l’association des Fils et Filles
des Déportés Juifs de France et le Consistoire de Paris.
19 avril
Cérémonie du soulèvement du ghetto de Varsovie,
organisée par le Mémorial de la Shoah en partenariat avec la Commission
du Souvenir du Conseil représentatif des institutions juives de France.
_75
Mémorial de la Shoah, Paris
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
29 avril
Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation.
29 avril
Vernissage d’une exposition temporaire à la Maison d’Izieu consacrée
Maison d’Izieu, Ain
aux documents produits par l’accusation française au procès de Nuremberg
sur la «Solution finale», à partir des archives du juge Robert Falco.
Mai
Vernissage de l’exposition «Les enfants et la Shoah».
Mémorial de la Shoah, Paris
2 Mai
Rencontre à l’occasion de la publication
Mémorial de la Shoah, Paris
de l’ouvrage «À l’intérieur du camp de Drancy». En présence d’Annette Wieviorka
(CNRS) et Michel Laffitte (agrégé d’histoire).
5 au 10 Mai
«Le train des Mille : un train pour la Liberté»,
Auschwitz
initié par la Fondation Auschwitz, l’Institut National des Invalides de Guerre
de Belgique et la Fédération internationale des Résistants, avec le soutien
de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.
9 mai
Conférence : «1942 : Les étapes de l‘évolution du camp d’Auschwitz».
Mémorial de la Shoah, Paris
En présence de Robert Jan Van Pelt (Université Waterloo), Piotr Setkiewicz
(Musée d’Auschwitz), Marcello Pezzetti (Musée de la Shoah, Rome).
9 mai
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
CRDP, Marseille
proposée par le Mémorial de la Shoah.
15 mai
Vernissage de l’exposition «Je pars demain…»
CERCIL, Orléans
réalisée par le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement
du Loiret et la déportation juive.
29 mai
Rencontre sur «La 8e ordonnance allemande : le port de l’étoile jaune».
Mémorial de la Shoah, Paris
En présence de Jean-Marc Berlière (Université de Bourgogne),
Cédric Gruat (historien), et Emmanuel Debono (Fondation Spielberg).
5 juin
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°2, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
6 Juin
Rencontre : «La France de Vichy et les Juifs. Les grandes étapes de l’historiographie
Mémorial de la Shoah, Paris
sur Vichy». En présence de Michael Marrus (Université de Toronto)
et Henry Rousso (CNRS).
12 Juin
Rencontre sur «La France et les rafles». En présence de Tal Bruttmann (historien),
Laurent Joly (CNRS), Claire Zalc (CNRS), Nicolas Mariot (CNRS).
_76
Mémorial de la Shoah, Paris
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
14 Juin
Rencontre : «De la déportation de représailles à la Solution finale».
Mémorial de la Shoah, Paris
En présence de Gaël Eismann (Université de Caen), Thomas Fontaine (historien)
et Benoit Verny (historien).
22 juin
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°3,
Mémorial de la Shoah, Paris
sous l’égide du ministère de la défense et des anciens combattants
et du Mémorial de la Shoah.
25 juin
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°4, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
25 juin
Présentation du webdocumentaire «Objets-Témoins» de Marc Vassal.
CERCIL, Orléans
28 juin
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°5, sous l’égide
Beaune-la-Rolande
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Juillet
Programmation cinéma et rencontres au Studio 66, par le Musée
Mémorial de la Shoah, Paris
Champigny-sur-Marne
de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne.
Juillet
Evénement musical commémoratif, en coopération avec le Festival International
1 juillet
er
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
de musique d’Aix en Provence.
Colloque sur les enfants cachés «Qui sont les enfants cachés ?». Sous la direction
Mémorial de la Shoah, Paris
de Nathalie Zadje et Catherine Grandsard (Université Paris VIII Saint-Denis,
Centre Georges-Devereux), co-organisé par le Mémorial de la Shoah
et le Centre Georges-Devereux - Université Paris VIII Saint-Denis.
6 juillet
Conférence consacrée au convoi de déportés politiques
Mémorial de l'internement
et de la déportation,
du 6 juillet 1942 vers Auschwitz.
Compiègne
16 juillet
Inauguration du Centre d’histoire et de mémoire de Drancy (sous réserve).
Drancy
17 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°6, sous l’égide
Pithiviers
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Rencontre autour de l’histoire et la mémoire du Convoi n°6, en partenariat
Mémorial de la Shoah, Paris
avec l’association mémoire du Convoi 6.
19 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°7, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
20 juillet
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°8, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
_77
Angers
Mémorial de la Shoah, Paris
DATE
ÉVÈNEMENT
22 juillet
Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites
LIEU
de l’État français et d’hommage aux «Justes» de France.
22 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°9, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
24 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°10, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
27 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°11, sous l’égide
29 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°12, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
31 juillet
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°13, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Août
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah»
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
Chambon-sur-Lignon
proposée par le Mémorial de la Shoah.
3 août
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°14, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
5 août
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°15, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
7 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°16, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
10 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°17, sous l’égide
12 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°18, sous l’égide
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
Beaune-la-Rolande
Mémorial de la Shoah, Paris
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
14 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°19, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
17 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°20, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
19 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°21, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
21 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°22, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
_78
Mémorial de la Shoah, Paris
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
24 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°23, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
26 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°24, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
26 août
Hommage au sauvetage des enfants du camp de Vénissieux,
en partenariat avec la ville de Vénissieux, le Centre d’histoire de la Résistance
Vénissieux
Lyon
et de la Déportation de Lyon, l’ONACVG et l’association des Fils et Filles
des Déportés Juifs de France.
28 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°25, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
31 août
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°26, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Septembre
Inauguration du Musée-Mémorial du Chambon-sur-Lignon
Chambon-sur-Lignon
(sous réserve).
2 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°27, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
4 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°28, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
7 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°29, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
9 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°30, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
10 septembre
Inauguration du site-mémorial du camp des Milles.
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
11 septembre
Cérémonie commémorative en hommage aux victimes de la Déportation
de la région Nord Pas-de-Calais, sous l’égide du ministère de la défense
Lille
Mémorial de la Shoah, Paris
et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Table ronde : «La Déportation des Juifs du Nord de la France».
11 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°31, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
_79
Mémorial de la Shoah, Paris
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
13 septembre
Cérémonie en hommage aux victimes des rafles de zone sud et aux Justes.
Toulouse
Table ronde : «L'éveil des consciences.
L'impact des rafles de 1942 sur l'opinion publique».
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée
par le Mémorial de la Shoah.
14 septembre
Vernissage de l’exposition «1942 : le temps des rafles en Nord-Pas-de-Calais
La Coupole.
et en Belgique» proposée par La Coupole. Centre d’Histoire et de Mémoire
Centre d’Histoire et de Mémoire
du Nord–Pas-de-Calais.
du Nord–Pas-de-Calais,
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée
Saint-Omer
par le Mémorial de la Shoah.
14 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°32, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
16 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°33, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
16 septembre
Vernissage de l’exposition : «Nouvelles architectures et projets mémoriaux
Mémorial de la Shoah, Paris
en France», suivie d’une rencontre internationale.
18 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°34, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
21 septembre
Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°35, sous l’égide
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
23 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°36, sous l’égide
Pithiviers
Mémorial de la Shoah, Paris
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
23 septembre
Cérémonie de la Hazkarah, en présence d’Alain Finkielkraut (sous réserve)
Mémorial de la Shoah, Paris
25 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°37, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah
28 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°38, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
30 septembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°39, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Octobre
Hommage aux Justes du Béarn, à l’initiative de l’Amicale du camp de Gurs
avec le soutien du Mémorial de la Shoah.
_80
Pau
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
Octobre
Colloque sur «Rafles et déportations dans le massif central
Guéret
et ses marges, 1942-1943», sous la direction de Pascal Plas (Université de Limoges),
co-organisé par le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane et la revue
«Histoire et mémoires», en partenariat avec le Conseil général de la Creuse.
Exposition «Les rafles de 1942 en Haute-Vienne» au Centre de la mémoire
Octobre
Centre de la mémoire,
Oradour-sur-Glane
d’Oradour-sur-Glane.
Journée d’étude : «Le tournant de l’année 1942» proposée par le Mémorial de Caen,
Mémorial de Caen
en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.
Octobre
Rencontre avec Piotr M.A. Cywinski (Musée d’Auschwitz-Birkenau).
Mémorial de la Shoah, Paris
Octobre
Rencontre : «Les camps, une mémoire européenne».
Strasbourg
En présence de : Frédérique Neau-Dufour (CERD), Piotr M.A. Cywinski
(Musée d’Auschwitz-Birkenau), Jacques Fredj (Mémorial de la Shoah).
Octobre
Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée
Metz
par le Mémorial de la Shoah.
Rencontre avec Annette Wieviorka (CNRS).
28 octobre au
1er novembre
Novembre
Voyage de mémoire sur les lieux de déportation des Juifs de France
Pologne,
(Auschwitz-Birkenau, Sobibor, Majdanek, Kaunas et Reval),
Lituanie,
proposé par le Mémorial de la Shoah.
Estonie
Rencontre organisée par le Mémorial de la Shoah :
Bordeaux
«Les procès de la collaboration antijuive en France».
Novembre
Evénement commémoratif des actions de sauvetage de l’OSE
(Organisation de Secours à l’Enfance) au camp des Milles, dans le cadre
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
du 100e anniversaire de l’OSE.
4 novembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°40, sous l’égide
6 novembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°42, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
7 au 8 novembre
Colloque sur les Juifs en Afrique du Nord face aux persécutions,
Mémorial de la Shoah, Paris
en partenariat avec l’Institut Ben Zvi.
19 au 23
novembre
Cycle de projections-débats sur la persécution des Juifs de France, en partenariat
avec l’ONACVG, la Cinémathèque de Toulouse et le Mémorial de la Shoah.
_81
Cinémathèque,
Toulouse
DATE
ÉVÈNEMENT
LIEU
9 novembre
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°44, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
9 novembre
Manifestation commémorative du 20e anniversaire de l’installation
11 novembre
Fondation du camp des Milles,
Les Milles
du Wagon-Souvenir des Milles.
Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°45, sous l’égide
Mémorial de la Shoah, Paris
du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.
Décembre
Rencontre internationale sur la perception de la Shoah durant
Mémorial de la Shoah, Paris
la Seconde Guerre mondiale.
9 décembre
Cérémonie commémorative en mémoire des victimes de la rafle des Juifs de Tunis.
Mémorial de la Shoah, Paris
Les cérémonies commémoratives des départs des convois de déportation sont placées sous l’égide du ministère de la défense et des anciens
combattants et du Mémorial de la Shoah, et organisées en partenariat avec l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, et le
soutien notamment de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, l’Œuvre
nationale du Bleuet de France, la ville de Pithiviers, la ville de Beaune-la-Rolande, et le Centre d’étude et de recherche sur les camps
d’internement dans le Loiret et la déportation.
_82
LES PRINCIPAUX PARTENAIRES
DE L’ANNÉE MÉMORIELLE
_83
LES INSTITUTIONS FRANÇAISES
Un dispositif d'indemnisation
FACE AU DRAME DE LA SHOAH
En 1997, la mission Mattéoli est créée et chargée «d'étudier les
conditions dans lesquelles les biens immobiliers et mobiliers
Lorsque, en 1943, le général de Gaulle crée, à Alger, l'embryon du futur
appartenant aux Juifs de France ont été confisqués ou, d'une manière
ministère des prisonniers, déportés, réfugiés, il a déjà conscience de
générale, requis par fraude, violence ou vol, tant par l'occupant que
l'enjeu considérable que représentera la réintégration dans la nation
par les autorités de Vichy entre 1940 et 1944».
des 5 millions de personnes arrachées à leur foyer. Concernant les
Ainsi, depuis le décret du 10 septembre 1999, la France indemnise les
Juifs, seuls 3 000 reviennent, en 1945, de l'enfer des camps.
«victimes des persécutions antisémites et des actes de barbarie
pendant la Seconde Guerre mondiale», après instruction des demandes
Les premières mesures de réparation
par une commission autonome.
Tous les internés et déportés français, quel que soit le motif de leur
Par ailleurs, dans le prolongement de la mission Mattéoli, les
internement ou de leur déportation, sauf comme «droit commun»,
dispositions du décret du 13 juillet 2000 instituent une mesure de
ont pu obtenir le titre de «déporté - ou interné - politique», institué par
réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de
l'ordonnance du 11 mai 1945 complétée par les lois du 5 septembre
persécutions antisémites.
1947 et du 9 septembre 1948.
Le bénéfice de l'indemnisation s'adresse aux personnes dont le père
Ces mêmes textes précisaient les dispositions relatives au droit à
ou la mère, victime des persécutions antisémites, a trouvé la mort en
pension et aux droits et avantages accessoires qui leur étaient appli-
déportation, si elles étaient mineures (moins de 21 ans) au moment
cables en tant que victimes civiles.
où la déportation est intervenue.
Tous les textes législatifs pris ultérieurement concernant l'évolution
La mesure de réparation, sous réserve de ne percevoir aucune
du droit à réparation en faveur des internés et déportés politiques leur
indemnité viagère de la part de la République fédérale d'Allemagne
ont été appliqués.
ou de la République d'Autriche en réparation de la déportation dont
ses parents, ou l'un d'eux, ont été victimes, prend la forme, au choix
du bénéficiaire, d'une indemnité ou d'une rente viagère.
La reconnaissance du génocide
Même si la littérature aborde le thème de la déportation et de
l'extermination des Juifs dès les années 1950, c'est à l'aide de puissants
Entretenir la mémoire
leviers, comme le cinéma et la télévision, qu'une prise de conscience
Le traitement mémoriel de la Shoah par le gouvernement français va
générale se produit dans les années 1970-1980.
suivre le même cheminement que la législation relative à la réparation.
En 1993, un décret institue une journée à la mémoire des «victimes
Dans un premier temps, indissociés de l'hommage rendu à l'ensemble
des crimes racistes et antisémites commis sous l'autorité de fait dite
des déportés, le souvenir de la Shoah et les réflexions qu'elle suscite
du gouvernement de l'État français, 1940-1944».
vont bénéficier, à partir des années 1990, d'une action individualisée
En juillet 1995, le Président de la République déclare officiellement
de la part du gouvernement.
que «la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français,
Cette action s'est amplifiée au fil du temps et revêt aujourd'hui de
par l'État français».
multiples formes, depuis que la reconnaissance de ce génocide a été
La loi du 10 juillet 2000, tout en reconnaissant explicitement le rôle de
effective au niveau européen et mondial.
l'État français, associe au souvenir des victimes celui des «Justes»,
Une direction spécifique, la direction de la mémoire, du patrimoine et
ces Français qui, au péril de leur vie, ont caché et sauvé des Juifs
des archives (DMPA), a été créée en 1999. Sous l'autorité du secrétaire
durant l'Occupation.
d'État, elle définit et met en œuvre la politique de mémoire et
_84
culturelle du ministère de la défense. À ce titre, elle organise les
La Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes
cérémonies commémoratives et assure le suivi de la vie associative
racistes et antisémites de l’État français et d’hommage
du monde combattant. Elle apporte son soutien à des projets éducatifs
aux «Justes» de France
dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'éducation natio-
Le dimanche 16 juillet ou le suivant se déroule la Journée nationale à
nale et conçoit des outils pédagogiques. Elle veille à l’entretien et à la
la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État
valorisation des lieux de mémoire. Elle publie des ouvrages relatifs au
français et d’hommage aux «Justes» de France.
patrimoine, à l'histoire et à la mémoire des conflits contemporains et
La date retenue fait référence à celle du 16 juillet 1942, début de
apporte un soutien financier à la réalisation de documentaires.
la grande rafle parisienne à l'encontre des Juifs, connue sous le nom
de «rafle du Vél d'Hiv» et devenue symbolique de la politique
Les cérémonies
anti-juive du Gouvernement de Vichy. Cette journée est organisée par
le ministère de la défense et des anciens combattants en liaison avec
les organismes et associations concernés : Conseil représentatif des
institutions juives de France (CRIF), amicale des anciens déportés
Juifs de France, comité français pour Yad Vashem.
L'anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau
Le gouvernement français s'associe fréquemment à cette célébration,
qui correspond à la Journée internationale à la mémoire des victimes
de l'Holocauste. Le 60e anniversaire de la libération de ce camp a été
© J. Robert - SGA/DMPA
l'occasion d'inaugurer le nouveau Pavillon français d'Auschwitz par
le Président de la République le 27 janvier 2005.
Le 65e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau a
été célébré avec solennité, le 27 janvier 2010, dans l'enceinte des
La Journée nationale du souvenir
camps, en présence de nombreuses délégations internationales.
des victimes et des héros de la déportation
La direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) a
Une loi du 14 avril 1954 institue le dernier dimanche d'avril «Journée
organisé le déplacement d'une délégation française (180 personnes)
nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation».
pour assister à ces cérémonies.
Cette date a été choisie en raison de sa proximité avec l'anniversaire
de la libération de la plupart des camps de concentration. Lors de cette
Les actions pédagogiques
journée de commémoration nationale, plusieurs cérémonies, présidées
Depuis la fin des années 1980, les voyages scolaires à Auschwitz et sur
par une autorité gouvernementale et organisées par le ministère de
les autres lieux de mémoire rappelant la Shoah se sont multipliés. La
la défense et des anciens combattants, se déroulent en France.
DMPA subventionne bon nombre de ces initiatives.
À Paris, la déportation et l'extermination des Juifs y est spécifiquement
En outre, elle soutient, dans la réalisation de ses actions, l'association
rappelée, puisqu'une cérémonie de dépôt de gerbe, une lecture du
Maison d'Izieu - Mémorial des enfants juifs exterminés, par l'intermé-
Kaddish et une courte visite se déroulent au Mémorial de la Shoah
diaire d'une convention de partenariat. En particulier des sessions de
à Paris, avant que les participants ne se rendent au mémorial de la
formation à Térézin, Auschwitz et Berlin à destination des enseignants
Déportation, dans l'île de la Cité.
sont mises en place grâce à ce financement.
_85
rassemblement exceptionnel vienne conclure l'année du 65e anniversaire de la libération des camps. Des débats, entrecoupés d'animations
et d'intermèdes culturels, ont réuni rescapés et jeunes générations
dans l'enceinte de l'École Militaire, en novembre 2010.
Primé au Festival international du film d'histoire de Pessac en 2010, le
documentaire intitulé «Moi petite fille de treize ans. Simone Lagrange
témoigne d'Auschwitz» et réalisé par Elisabeth Coronel, Florence
© J. Robert - SGA/DMPA
Gaillard et Arnaud de Mezamat, a reçu le soutien du ministère de la
défense et des anciens combattants.
En dernier lieu, la DMPA a coédité en 2011 un guide historique
d'Auschwitz avec les éditions Autrement.
Le Concours national de la Résistance et de la Déportation, mis en
La valorisation des lieux de mémoire
œuvre conjointement par le ministère de l'éducation nationale et la
DMPA aborde, tous les deux ans, un thème relatif à la Déportation.
Par exemple, en 2009, le thème «Des enfants et des adolescents dans
l'univers concentrationnaire nazi» portait la réflexion sur les enfants
et adolescents juifs assassinés dans les camps d'extermination nazis.
En 2012, le thème est : «Résister dans les camps nazis».
Enfin, tous les ans, une formation est dispensée aux nouveaux
attachés d'administration du ministère de la défense et des anciens
combattants par le Mémorial de la Shoah, organisme avec lequel la
DMPA a signé une convention de partenariat en septembre 2010.
Elle a pour objectif de les faire réfléchir aux limites du devoir d'obéissance, en s'appuyant sur l'exemple de la collaboration du régime de
Vichy au processus de déportation des Juifs de France.
© J. Robert - SGA/DMPA
Les productions culturelles
La DMPA soutient de nombreux projets culturels de tous types
(livres, plaquettes de présentation, films, DVD ou expositions), relatifs
à la mémoire de la Shoah.
Le monument du quai de Grenelle
On peut citer l'appui à la mise en œuvre de pièces de théâtre sur la
L'œuvre, réalisée par M. Walter Spitzer, lui-même ancien déporté,
mémoire de la Shoah : la DMPA a financé ainsi la compagnie TRAC qui
associé avec l'architecte Mario Azagury, est située square de Grenelle
réalisait un spectacle pédagogique, au profit des scolaires, tiré du récit
à Paris (15e). Elle est conçue comme un contact réel et symbolique :
de Francine Christophe sur sa déportation à Bergen-Belsen, «Une
sur une forme courbe en béton armé, sept personnages de bronze
petite fille privilégiée», ainsi que la comédie musicale «CabaretTérézin».
sont assis ou étendus, en attente. C'est l'image anonyme de tous les
Le ministère de la défense et des anciens combattants et le monde
persécutés, même si une lecture directe peut y voir une évocation des
associatif de la Résistance et de la Déportation ont tenu à ce qu’un
victimes des rafles des 16 et 17 juillet 1942.
_86
C'est devant ce monument, financé par le ministère des anciens
Afin de tenir compte notamment des recherches historiques intervenues
combattants et inauguré le 17 juillet 1994 par le Président de la
depuis cette époque, le Premier ministre a annoncé, lors du dîner
République, que se déroule la cérémonie annuelle marquant la
du CRIF du 27 janvier 2003, la rénovation complète du contenu de
Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes
l'exposition. Le ministère de la défense en a assuré la mise en œuvre.
et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes» de France.
Il est, depuis, l'un des pavillons nationaux les plus visités.
Le monument de Gurs
Le centre européen du résistant déporté (CERD),
Ce monument fut érigé comme lieu symbolique des camps
site de l'ancien camp de Natzweiler-Struthof
d'internement. Il comporte deux parties, symboliquement reliées par
un tronçon de voie ferrée : un «monument-signal», situé en bordure
de la RD 936, qui comporte une dalle bétonnée, entourée de lignes
de fil de fer barbelé et cantonnée de 4 poteaux d'éclairage, et un
«monument-symbole» qui reproduit l'ossature d'une baraque de camp.
L'ensemble, financé majoritairement par le ministère des anciens
combattants, a été inauguré le 14 octobre 1994.
Le monument érigé à proximité de la maison d'Izieu
La maison accueillit, de mai 1943 à avril 1944, plus de 100 enfants
juifs, ainsi temporairement soustraits aux persécutions antisémites.
44 d'entre eux furent arrêtés et déportés en 1944 sur ordre de Klaus
Barbie. Le ministère des anciens combattants a financé le monument
situé à proximité de la maison.
Le Mémorial des martyrs de la Déportation
© J. Robert - SGA/DMPA
C'est dans l'île de la Cité à Paris, derrière le chevet de la cathédrale
Notre-Dame, que le promeneur découvre le Mémorial des martyrs de
la Déportation. L'édifice, financé au moyen d'une souscription nationale,
fut inauguré le 12 avril 1962 par le général de Gaulle, Président de la
République. Il est dédié à l'ensemble des déportés. Le 29 février 1964,
S'il n'est pas un lieu de mémoire dédié à la Shoah, le CERD qui
l'association en fit don à l'État.
prend place à proximité du camp de Natzweiler-Struthof évoque ce
génocide car une partie de ses prisonniers étaient juifs.
Le Pavillon français d'Auschwitz
La gestion de l'ancien camp a été confiée dès 1949 au ministère des
Depuis 1979, la France dispose en Pologne, à l'instar des autres pays
anciens combattants et victimes de guerre, date à laquelle s'est
européens dont des ressortissants ont été déportés à Auschwitz, d'une
engagé le travail de mémoire. Le site est administré depuis 1953 par
exposition permanente située dans l'enceinte de l'ancien camp de
une structure composée d'anciens internés, résistants et déportés. En
concentration d'Auschwitz-I.
juillet 1960, le général de Gaulle inaugura le mémorial «aux martyrs
et héros de la Déportation».
_87
La création du CERD, inauguré en novembre 2005 par le Président de
Le soutien aux institutions ayant trait à la mémoire de la Shoah
la République, est venue parachever ce travail de mémoire. Le CERD
Créée et reconnue d'utilité publique par décret du 17 octobre 1990, la
rappelle le sens de l'engagement résistant et présente l'histoire des
fondation pour la mémoire de la déportation bénéficie du soutien du
résistances en Europe, il évoque l'ensemble du système concentra-
ministère. Elle a pour objectif de pérenniser la mémoire de la dépor-
tionnaire, en présentant l'histoire des principaux camps de concen-
tation et de l'internement, quels qu'en furent le motif et la finalité.
tration et d'extermination. Il se situe dans une perspective résolument
Le ministère de la défense a noué ensuite de nombreux partenariats
européenne.
avec des institutions plus spécifiquement en charge de la mémoire
Son fonctionnement, assuré par le ministère de la défense et des
de la Shoah, en particulier la fondation pour la mémoire de la Shoah,
anciens combattants, est placé sous la responsabilité de l’Office
et la Maison d'Izieu, ainsi que le mémorial de la Shoah, ou bien
national des anciens combattants et victimes de guerre.
encore Yad Vashem France.
L'État, par sa contribution, a participé activement à la création de la
Mémorial de la prison de Montluc à Lyon
fondation pour la mémoire de la Shoah. Le ministère de la défense
Lieu d'incarcération pour les détenus des procès du régime de Vichy
et des anciens combattants est membre de droit de son conseil
entre 1940 et 1942, la prison de Montluc est transformée à partir
d'administration. Il assure un suivi, à ce titre, des projets initiés par
du 11 novembre 1942 en un centre régional d’internement pour les
la fondation.
autorités d’Occupation. Jusqu’en août 1944, Montluc fut un lieu de
Les statuts et la reconnaissance d'utilité publique ont été officialisés
répression, de torture et d’exécution pour plusieurs milliers de
par un décret en date du 26 décembre 2000.
résistants, d’otages et de persécutés raciaux. Si le nom de Jean Moulin
La dotation en capital de la fondation provient en partie des spoliations
est demeuré le plus célèbre parmi ceux qui y furent incarcérés,
commises pendant l'Occupation à l'encontre des personnes considérées
d'autres personnalités y ont été emprisonnées tel l'historien Marc
comme juives, et d'une contribution de l'État.
Bloch. Le lieu resta également une prison pour des condamnés de
D'autres institutions, comme la fondation du camp des Milles,
droit commun.
l'association Projet Aladin, le Centre d'étude et de recherche sur
Transféré en 1947 au ministère de la justice, le fort de Montluc a
les camps d'internement dans le Loiret (CERCIL) et l'Union des étudiants
ensuite servi de centre pénitentiaire. Le 5 février 1983, Klaus Barbie
juifs de France ont bénéficié de financements de la part de la DMPA.
y fut incarcéré à son arrivée en France, avant d'être transféré à la
prison Saint-Joseph pour raison de sécurité. Jugée trop vétuste au
La recherche historique
début des années 2000, la prison a fermé ses portes, les derniers
Le ministère de la défense et des anciens combattants détient des
prisonniers l’ayant quittée début 2009.
archives pouvant être utiles à une meilleure connaissance de la Shoah
Depuis le 14 septembre 2010, la gestion du site, inscrit à l’inventaire
et les met à la disposition des chercheurs, après inventaire et en
supplémentaire des monuments historiques, relève du ministère de
fonction de la législation.
la défense et des anciens combattants, direction de la mémoire, du
Ainsi le bureau des archives des victimes des conflits contemporains,
patrimoine et des archives (DMPA), et de son opérateur, l'Office
localisé à Caen et qui relève du service historique de la défense,
national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG).
conserve, en son sein, bon nombre de fonds d'archives individuelles
Le projet culturel de la prison de Montluc, transformée en mémorial,
ou collectives.
vise à promouvoir les mémoires de la Seconde Guerre mondiale,
Ces fonds concernent les arrestations, les internements, la déportation,
notamment en direction des jeunes.
les camps de concentration, le rapatriement des survivants ou les
demandes d’attribution du statut de déporté politique.
_88
L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS
ET VICTIMES DE GUERRE (ONACVG)
L’histoire de l’Office national des anciens combattants et victimes de
guerre (ONAC-VG) résulte de la fusion de plusieurs organismes, créés
au début du XXe siècle, pour faire face aux conséquences de la
Première Guerre mondiale. Le très grand nombre des personnes
affectées par ce conflit d’une ampleur sans précédent pose la question
de leur prise en charge. C’est ainsi que l’ONAC-VG, établissement
public d’État né au cœur de la Grande Guerre, continue à apporter un
soutien moral et matériel de l’État à plus de 3,5 millions de ressortissants.
Sous l’autorité du secrétaire d’État auprès du ministre de la défense
et des anciens combattants, l’ONAC-VG est l’opérateur majeur de la
politique de mémoire combattante définie par la direction de la
mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense et
des anciens combattants. Il est chargé de décliner localement, grâce
ses services départementaux et ses missions interdépartementales
«mémoire et communication», les thématiques liées au calendrier
commémoratif.
La rencontre avec les témoins de l’histoire, qui disparaissent progressivement, reste au cœur des initiatives mémorielles des services
départementaux de l’ONAC-VG. C’est pourquoi l’Office conçoit des
opérations pédagogiques et culturelles : expositions pédagogiques,
théâtre, sport, promotion des porte-drapeaux, voyages sur les hauts
lieux de mémoire, édition de dépliants, cinéma, concours scolaires…
Enfin, depuis le 1er janvier 2010, le rôle de l’ONAC-VG a été étendu à
l’entretien, la rénovation et la mise en valeur mémorielle ou muséologique des nécropoles et hauts lieux de mémoire. En 2012, l’ONAC-VG
s’investira totalement dans les commémorations de l’année 1942,
l’année de la Déportation.
www.onac-vg.fr
www.bleuetdefrance.fr
_89
Les activités pédagogiques et les actions de formation
LE MÉMORIAL DE LA SHOAH
MUSÉE, CENTRE DE DOCUMENTATION
Pourquoi et comment enseigner l’histoire de la Shoah au XXIe siècle ?
Ces questions sont au cœur de la mission du Mémorial. Le Mémorial
Un lieu de référence en Europe
de la Shoah poursuit et accentue les actions de sensibilisation
Situé au cœur du quartier historique du Marais, le Mémorial de la
menées depuis plusieurs années en direction des jeunes publics, en
Shoah est aujourd’hui l’institution de référence en Europe sur
accueillant des classes dans ses locaux, en développant des
l’histoire de la Shoah. Installé au tournant du «siècle des génocides»,
ateliers pédagogiques ou en organisant des voyages d’étude sur
ouvert sur le siècle nouveau, le Mémorial est un pont jeté entre les
les lieux de mémoire comme Auschwitz.
femmes et les hommes contemporains de la Shoah et ceux qui n’ont
pas vécu, ni directement ni par la médiation de leurs parents, cette
Se souvenir
période historique. Musée, centre de documentation et lieu de
Le Mémorial de la Shoah est aussi un lieu de mémoire. À l’extérieur,
mémoire, il propose un parcours, une documentation exceptionnelle
le Mur des Noms porte les noms des 76 000 hommes, femmes et
et de nombreuses activités pour mieux comprendre cette période
enfants juifs déportés de France entre 1942 et 1944. Au cœur du
tragique de l’histoire, la transmettre aux nouvelles générations et
Mémorial, la crypte est le tombeau symbolique des six millions de
lutter contre le retour de toute forme d’intolérance.
Juifs morts sans sépulture. En son centre reposent les cendres de
victimes, recueillies dans les camps d’extermination. Le Mur des
Un musée pour expliquer
Justes, érigé dans l’Allée des Justes qui jouxte le Mémorial, porte les
L’exposition permanente décrit le sort des Juifs pendant la Seconde
noms des hommes et femmes qui, au péril de leur vie, ont œuvré en
Guerre mondiale et les mécanismes qui ont abouti à l’extermination
France pour sauver des Juifs persécutés.
de près de six millions d’entre eux. Photographies, documents originaux,
affiches, correspondances privées, objets, films… mettent en regard
Un centre de documentation
l’histoire collective et des destinées individuelles. L’exposition
Constitué de trois départements, les archives, la photothèque et la
permanente se termine par le Mémorial des enfants où quelque 2 700
bibliothèque, le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC)
photographies rappellent le sort des enfants juifs déportés de France.
du Mémorial de la Shoah est aujourd’hui le plus grand centre de
Pour les enfants de 8 à 12 ans, un parcours adapté est proposé à l’aide
documentation en Europe consacré à l’histoire de la Shoah et au sort
d’une signalétique spécifique et d’un livret d’accompagnement en
des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Créé dans la
vente à la librairie.
clandestinité en 1943, le CDJC possède les documents de source
allemande tels que les archives du service antijuif de la Gestapo, de
Les expositions temporaires
l’ambassade d’Allemagne à Paris ou de l’état-major allemand en
Complémentaires de l’exposition permanente, les expositions
France, mais aussi les documents de source française comme les
temporaires proposées tout au long de l’année abordent l’histoire de
archives du commissariat général aux Questions juives ou celles
la Shoah selon des sujets connexes tels l’approfondissement d’un
de l’institut d’étude des Questions juives.
moment clé de cette période comme la Nuit de Cristal, l’œuvre d’un
auteur dont le destin a été chamboulé par la mise en place de la
[email protected]
Solution finale ou encore la perception de la Shoah à travers
www.memorialdelashoah.org
l’observation du sport comme outil de propagande.
••• _90
LE CENTRE D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE
LE MÉMORIAL DE CAEN
SUR LES CAMPS D'INTERNEMENT DANS LE LOIRET
(BEAUNE-LA-ROLANDE, PITHIVIERS ET JARGEAU)
Inauguré le 6 juin 1988, le Mémorial de Caen a été édifié au-dessus
ET LA DÉPORTATION JUIVE
d'une galerie souterraine qui abritait en 1944 le poste de commandement
MUSÉE-MÉMORIAL DES ENFANTS DU VÉL D’HIV
de la 716e division d'infanterie allemande qui gardait le secteur côtier
s'étendant d'Omaha à l'embouchure de l'Orne.
Depuis 1991, le Cercil travaille sur l’histoire et la mémoire des camps
L’objectif dominant de ce Mémorial, érigé à Caen, ville largement
d’internement de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau, tous trois
détruite durant la Seconde Guerre mondiale, est celui de l’hommage
situés dans le Loiret, et la déportation juive.
mais aussi de la réconciliation.
Entre le 14 mai 1941 et juillet 1943, plus de 16 000 Juifs, dont près de
Le parcours muséographique se divise en deux parties : «le monde
4 500 enfants, ont été internés dans les camps de Pithiviers et Beaune-
avant 1945» et «le monde après 1945». Ces deux espaces permettent
la-Rolande, avant d’être déportés et assassinés à Auschwitz-Birkenau.
de couvrir les années 1918 à 1989, du Traité de Versailles à la chute
En 1942, huit convois partirent directement des gares de Beaune-
du mur de Berlin.
la-Rolande et de Pithiviers pour Auschwitz.
En 2009 et 2010, le Mémorial de Caen a rénové ses parcours et ouvert
Entre avril 1941 et décembre 1945, 1 190 Tsiganes, dont 700 enfants,
4 nouveaux espaces de visite : «Guerre mondiale, Guerre totale» et
ont été internés dans le camp de Jargeau.
«Le Débarquement et la Bataille de Normandie» dans la partie consacrée
Depuis 2011, le Cercil est installé dans de nouveaux locaux où on peut
à la Seconde Guerre mondiale, «Berlin au cœur de la Guerre froide»
découvrir une exposition permanente présentant l’histoire de ces
dans la partie consacrée à la Guerre froide, et «Taches d'opinions» (sur
camps autour d’archives, d’analyses et de témoignages. Un mémorial
l'actualité du monde au travers le dessin de presse) qui remplace
consacré aux enfants du Vél d’hiv permet d’évoquer la vie des 4 500
l'exposition précédemment dédiée aux cultures de paix.
enfants juifs internés dans le Loiret et assassinés à Auschwitz-Birkenau.
www.memorial-caen.fr
Il comprend également un centre de ressources et d’archives. Un pôle
pédagogique, composé de deux professeurs mis à disposition par
l’Education nationale et de médiateurs, est un interlocuteur privilégié
pour les enseignants. Sont organisés des visites sur le site de
Pithiviers, des ateliers pédagogiques, des visites interactives de
l’exposition permanente, des rencontres avec des témoins. Sont
accompagnés les projets initiés par les établissements, les recherches
des étudiants et les TPE des lycéens.
Ouvert aux chercheurs et au public, le Cercil est ainsi à la fois un lieu
de recherche, de mémoire et d’éducation.
www.cercil.fr
_91
LE MÉMORIAL DE L'INTERNEMENT
LA COUPOLE
ET DE LA DÉPORTATION
MUSÉE BUNKER DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE
CAMP DE ROYALLIEU
Le Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais est
Construite en 1913, la caserne militaire de Royallieu, qui s’étendait sur
implanté dans un ancien bunker construit par les Allemands pendant
20 hectares, fût transformée en camp d'internement pour prisonniers
la Seconde Guerre mondiale, à Helfaut, près de Saint-Omer. Ce
politiques de 1941 à 1944. Une partie de l'ancien camp a été conservée
blockhaus, édifié par l’organisation Todt, était destiné au stockage, à
pour devenir le Mémorial de l'internement et de la déportation,
la préparation et au lancement de la fusée V2.
inauguré le 23 février 2008. À l’intérieur des baraquements, le parcours
C’est en 1987 que le Département du Pas-de-Calais décide de trans-
historique permet, grâce aux nouvelles technologies audiovisuelles,
former ce gigantesque bunker en centre d’histoire. Après dix années
de raconter l'histoire des internés à travers des témoignages sonores,
de recherches menées par Yves le Maner, La Coupole est inaugurée le
des documents écrits (lettres manuscrites, documents administratifs,
9 mai 1997. Depuis cette date, 1,7 million de personnes l’ont déjà
photographies) et des projections. Environ 50 000 personnes
visitée. En 2010, le centre d’histoire a totalement renouvelé sa scéno-
(prisonniers politiques, Résistants, Juifs, étrangers) ont transité par ce
graphie. Celle-ci est structurée autour de deux circuits :
camp pour être déportées vers Buchenwald, Auschwitz, Neuengamme,
Le premier parcours porte sur les armes secrètes d’Hitler. Wernher
Mauthausen, Dachau, Sachsenhausen ou encore Ravensbrück. Près
von Braun en est le fil conducteur. Des laboratoires secrets du centre
de la moitié ne sont pas revenues.
de recherches de Peenemünde au rêve accompli d’aller marcher sur
L'ensemble du site est porteur de mémoire, y compris le Jardin, mis
la Lune, le visiteur découvre ce chapitre du XXe siècle où sont abor-
en valeur par l'architecte Jean-Jacques Raynaud, avec des stèles de
dées les notions de guerre totale, de bombardement stratégique, de
verres et des chaises parlantes qui évoquent chaque chapitre de
guerre froide… Une analyse comparée de photographies permet
l'internement à Royallieu, racontés par les internés eux-mêmes, de
de comprendre les terribles conditions de vie et de travail des
l'arrivée jusqu'au départ en déportation. Ainsi, le Mémorial permet
déportés de Dora chargés d’assembler les fusées V2.
Le deuxième parcours est intitulé «Le Nord–Pas-de-Calais dans la
de comprendre aujourd’hui comment les Allemands sont passés
d’une politique de répression, marquée par les fusillades d’otages, à
main allemande».
une politique de déportation, y compris raciale.
Plusieurs grands thèmes sont développés : la violence de l’invasion,
la pression massive de l’occupant entre 1940 et 1944 sur la population
www.memorial-compiegne.fr
civile, les formes particulières de la résistance dans la région, la
persécution des Juifs, la collaboration et les différents visages de
la Libération, etc.
Ce circuit s’achève par un espace consacré à la déportation et au
génocide. Un «Mémorial des déportés et des fusillés» rend hommage
aux milliers de victimes du régime nazi de la région Nord–Pas-de-Calais.
Lorsque le visiteur retrouve la lumière du jour, il aura, on l’espère,
mieux compris les drames et les violences du XXe siècle et appréciera
la chance qu’il a de vivre dans une Europe en paix.
[email protected]
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LE MUSÉE DE L’ARMÉE
LE CENTRE D'HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE
ET DE LA DÉPORTATION
Le musée de l’Armée, situé en l’Hôtel national des Invalides, au cœur
de Paris, présente au public un ensemble exceptionnel d’objets et
Aménagé dans l’ancienne École de santé militaire, à l’intérieur même
d’œuvres relatifs à l’histoire militaire de la France, depuis le Moyen-Âge
des bâtiments où le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, a sévi,
jusqu’au XXe siècle : armures, uniformes, armes à feu, armes blanches,
le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon
pièces d’artillerie, emblèmes, décorations, figurines historiques,
s’attache à être plus qu’un musée du souvenir.
tableaux, photographies, effets personnels de grands personnages
C’est un lieu fort et symbolique au service de l’Histoire et de la
historiques mais aussi d’acteurs anonymes des conflits armés auxquels
Mémoire. Un lieu qui nous invite à revisiter l’une des plus sombres
la France a participé… Leur diversité, leur nombre et la longue
périodes de notre histoire ; c’est également un centre de réflexion
période chronologique couverte par ces collections, font du musée
ouvert, par ses nombreuses expositions temporaires, sur le monde
de l’Armée un des principaux musées d’art et d’histoire militaire
contemporain.
au monde.
Depuis son inauguration en 1992, le CHRD a accueilli près d’un million
Au sein du parcours de visite, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale
de visiteurs et programmé plus de quatre-vingts expositions temporaires.
s’étend sur plus de 2 000 m2. Dans ses espaces, le drame vécu par les
Bien que plébiscité par le public, le parcours permanent nécessitait
populations juives est évoqué, à travers des documents personnels
d’être renouvelé pour rendre compte des avancées de la recherche
mais aussi au sein d’une séquence dédiée à la déportation et aux
historique et répondre aux attentes d’un public toujours plus curieux
camps de concentration, dans une scénographie sobre et le respect
et exigeant.
de leur mémoire.
Le musée a donc fermé ses portes pour un an et se consacre à la
En 2011, le musée de l’Armée a accueilli plus de 1 450 000 visiteurs.
rénovation d’une exposition enrichie d'objets et de contenus inédits,
aménagée au sein d'une scénographie innovante.
www.invalides.org
[email protected]
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LE CENTRE EUROPÉEN DU RÉSISTANT DÉPORTÉ
LA MAISON D'IZIEU
En mai 1941, au lieu-dit le Struthof, au cœur de l'Alsace annexée
La Maison d'Izieu perpétue le souvenir des 105 enfants et des adultes
de fait par le IIIe Reich, les nazis ouvrent le Konzentrationslager
juifs qui y avaient trouvé refuge à partir de mai 1943. Sur ordre de
Natzweiler. 52 000 personnes sont déportées dans ce camp ou dans
Klaus Barbie, 44 enfants et 7 adultes furent arrêtés le 6 avril 1944, puis
l'un de ses 70 camps annexes. 22 000 n'en reviendront jamais.
déportés. L’éducatrice Léa Feldblum fut l’unique survivante.
Le KL Natzweiler est destiné aux résistants de l'Europe tout entière
Lieu d’histoire et de mémoire attaché au présent et tourné vers l’avenir,
qui y sont livrés à un travail épuisant au profit de l'économie du
la Maison d’Izieu consacre ses activités à l’information et à l’éducation
IIIe Reich. Un certain nombre de déportés pour motifs raciaux (Juifs et
de tous les publics sur le crime contre l’humanité et les circonstances
Tziganes) sont également envoyés au Struthof pour être livrés
qui l’engendrent. Elle mène un travail de recherche historique sur la
à de terribles expérimentations pseudo-scientifiques.
colonie d’Izieu et élargit la réflexion sur la transmission, la mémoire
Aujourd'hui, le site historique, protégé au titre des monuments
et sa construction.
historiques, permet de découvrir ce que fut le fonctionnement de
À travers l’évocation des enfants juifs d’Izieu et de leurs éducateurs,
ce camp de concentration unique en France, avec ses baraques,
c’est contre toute forme d’intolérance et de racisme qu’elle entend lutter.
son four crématoire et sa chambre à gaz.
La Maison d’Izieu est ouverte à tous types de publics, individuels,
Inauguré en 2005, le Centre européen du résistant déporté complète
familiaux, groupes adultes, jeunes et scolaires.
la visite du lieu par une approche pédagogique affirmée. Bornes
Deux bâtiments se visitent. Dans la Grange, dédiée à l’histoire,
tactiles, films, objets et photos retracent la montée du fascisme et du
l’itinéraire et la vie des enfants d'Izieu et de leur famille sont retracés.
nazisme en Europe, la mise en place du système concentrationnaire
Des extraits du procès Barbie relatifs à la rafle d'Izieu sont diffusés en
nazi, et parallèlement rendent hommage aux résistances qui se
exclusivité. Dans la Maison, dédiée à la mémoire, la vie quotidienne
levèrent contre l’oppression.
de la colonie est évoquée à travers les photos, lettres et dessins
Lieu de rencontre et de réflexion, le Centre européen du résistant
des enfants.
déporté organise régulièrement des expositions temporaires et des
conférences. Il s'est donné pour mission de diffuser les valeurs de
[email protected]
liberté, de respect, de tolérance et de vigilance.
[email protected]
Le Struthof, Haut lieu de la mémoire nationale et européenne, est
www.memorializieu.eu
placé sous la responsabilité de l'Office national des anciens combattants
et victimes de guerre, établissement public sous tutelle du ministère
de la défense et des anciens combattants.
www.struthof.fr
_94
LE CENTRE DE LA MÉMOIRE D’ORADOUR
LE MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALE
Le centre de la mémoire a ouvert ses portes le 12 mai 1999. Il a
Le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne gère,
été inauguré le 16 juillet 1999 en présence du président de la
conserve, enrichit et valorise une collection exceptionnelle de plus de
République. Le centre de la mémoire est situé entre les ruines et le
500 000 pièces sur la Résistance intérieure française. Cette collection
nouveau village d’Oradour. Ce bâtiment semi enterré se fond dans
dévolue aux Archives nationales est sous tutelle de la Direction des
les courbes du terrain, ses façades de verre reflètent les arbres et les
Musées de France et de la Direction des Archives de France ; sous
bords de la Glane, rappelant la vie paisible précédant le massacre.
convention avec le ministère de l’éducation nationale.
Une déchirure centrale du bâtiment par des lames d’acier rouillées
L’association «Musée de la Résistance nationale» valorise sa collection
symbolise à la fois la destruction (par la forme), la mémoire et la
auprès de tous les publics ; un outil au service de la collectivité.
résistance au temps (par la matière).
Dans les années 1960, d’anciens résistants lancent l’idée d’un Musée
Le temps faisant son œuvre, les ruines seules peuvent-elles continuer
de la Résistance. Ils se constituent en association et, pendant 20 ans,
à perpétuer à l’avenir un message de mémoire et de paix sans
collectent auprès de leurs camarades de lutte et de leurs familles,
présence des témoins ?
documents et objets. En 1985, grâce au soutien d’un comité de
Le centre fournit une explication historique aux ruines du village martyr
parrainage regroupant des centaines de collectivités territoriales, de
d’Oradour qui sont les vestiges de l’événement tragique survenu le
très nombreux anciens résistants et déportés, des syndicats, des
10 juin 1944, lorsqu’une unité de la division SS Das Reich massacre
associations et de simples citoyens, un premier site du musée de la
642 personnes, hommes, femmes, et enfants dans ce petit bourg de
Résistance nationale ouvre ses portes à Champigny-sur-Marne.
Haute-Vienne situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Limoges.
Depuis, dans le souci de faire vivre l’histoire et les enseignements de
À l’intérieur du centre, une exposition permanente intitulée «Com-
la Résistance au plan national, l’Association des Amis du Musée de la
prendre Oradour» présente un parcours retraçant les événements
Résistance nationale donne naissance à de nombreuses associations
qui conduisirent à cet acte de barbarie. De l’expansion du nazisme en
d’amis du Musée et de nouveaux sites muséographiques en Île-de-
Europe au procès de Bordeaux, 5 espaces d’information permettent
France et en province. Chaque site, chaque association développe des
de mieux comprendre la réalité historique et l’exemplarité d’Oradour.
activités et est devenu un acteur majeur de la politique de mémoire
Plus de 300 documents (archives, photographies, films, témoignages)
de sa région.
apportent des explications sur les événements qui firent d’Oradour
www.musee-resistance.com
un symbole national et préparent à la visite du village martyr.
En plus de l’exposition permanente, le centre de la mémoire organise
des expositions temporaires, des conférences, des journées d’études
et d’autres activités qui visent à éveiller la conscience citoyenne et à
transmettre un message de paix.
www.oradour.org
_95
LE CAMP DES MILLES
LA VILLE DE VÉNISSIEUX
MÉMOIRE ET ÉDUCATION
Vénissieux, 60 000 habitants, 3e ville du Rhône, 7e de Rhône Alpes, a
Le Camp des Milles, entre Aix-en-Provence et Marseille, est aujourd’hui
une forte tradition populaire, industrielle et résistante.
le seul grand camp français, et l'un des rares en Europe, encore intact et
Dans les heures sombres de notre histoire, Vénissieux s’est illustrée
intégralement accessible au public à partir du deuxième semestre 2012.
dans la lutte contre l’occupant nazi. Ainsi, le 2 septembre 1944, elle fut
Il témoigne de l'engrenage tragique des internements d’«étrangers»
une des rares communes à se libérer d’elle-même, par un mouvement
et d’«indésirables» puis des déportations de juifs de la zone Sud entre
d’insurrection populaire. Après les grandes rafles organisées par l’État
1939 et 1942 vers Auschwitz via Drancy.
français de Vichy, le 26 août 1942, nombre de juifs furent internés dans
Une de ses fortes caractéristiques fut le nombre d’intellectuels et
un camp régional implanté rue de la République à Vénissieux. Des
d’artistes parmi ses 10 000 internés venant de 27 pays. Ils ont laissé
associations de secours vont arriver à extraire et sauver 84 enfants
de nombreuses traces encore visibles aujourd’hui, y compris de
et 16 adultes d’une mort certaine. Cependant, 545 furent ensuite
grandes peintures murales. Le camp fut donc un lieu d’angoisses, de
déportés dans le camp d’Auschwitz. Dans de nombreuses entreprises,
souffrances mais aussi de résistance par la création et de sauvetages,
des ouvriers et des syndicalistes clandestins ont porté les combats
dont il faut se souvenir.
contre l’occupant. Ces valeurs de résistance, de solidarité transmises
La «Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Education» a été
en héritage par nos aînés sont constitutives d’être vénissian
créée en 2009 comme établissement reconnu d’utilité publique par
aujourd’hui. Dire non à l’ordre établi, au règne du tout puissant,
décret du Premier Ministre. Elle a pour but d’aménager les espaces et
et être en résistance est encore nécessaire de nos jours.
bâtiments du camp pour en faire un haut lieu de mémoire et d’histoire,
Vénissieux est très attachée au devoir de mémoire collective, à sa
d’éducation et de culture.
transmission aux générations suivantes, pour former les citoyens de
Elle prend ainsi la suite d’un long combat contre l’oubli et l’ignorance
demain et lutter contre toute tentative de réécriture de l’histoire, à
initié il y a trente ans par d’anciens résistants et déportés.
l’instar de la famille de Louis Renault dans une actualité toute récente.
Elle est dirigée par un large Conseil d’Administration qui représente
Les commémorations sont autant de devoirs de mémoire pour notre
la diversité de ses partenaires publics, privés et associatifs : État et
ville. Avec le don du musée de la résistance de Vénissieux, la ville a
collectivités locales, grandes associations concernées, et entreprises
le projet de mettre en valeur ce fonds muséal dans une Maison de la
mécènes. Parmi eux, le Mémorial de la Shoah est en charge des
mémoire, lieu de compréhension et de transmission de notre histoire
contenus historiques du Site-Mémorial en cours d’achèvement. La
commune.
Fondation est présidée par Alain Chouraqui, Directeur de recherche au
www.ville-venissieux.fr
CNRS. Serge Klarsfeld en est le Vice-Président.
Le camp des Milles est reconnu comme Monument historique par
le ministère de la culture, comme Haut lieu de mémoire par le
ministère de la défense et des anciens combattants et comme
partenaire institutionnel du ministère de l’éducation nationale. Son
Site-mémorial sera ouvert en juin 2012.
www.campdesmilles.org
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LA VILLE DE PITHIVIERS
LA VILLE DE BEAUNE-LA-ROLANDE
Le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale appartient
La ville de Beaune-la-Rolande s’associe pleinement à la saison
à l’histoire. Pour nous, Pithivériens, il est toujours dans notre esprit
mémorielle «1942, Des rafles et des déportations» organisée par le
même s’il ne reste du camp d’internement que le bâtiment de
Mémorial de la Shoah et elle poursuit sans relâche un travail de
l’infirmerie ou, pour certains, enfants dans les années 1940, des
mémoire sur le camp d’internement et la déportation des juifs durant
images d’individus enfermés.
la seconde guerre mondiale en liaison avec le CERCIL, dont elle est
Nous devons nous souvenir de la persécution de milliers d’hommes,
membre fondatrice.
de femmes et d’enfants, réalisée en rupture totale avec les valeurs et
Le gouvernement de Vichy et sa complicité avec l’occupant n’ont droit
les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et
à aucune indulgence, pas même celle de la défaite car on ne sauve
par la tradition républicaine : justice, tolérance, générosité, liberté
pas son pays en déshonorant ses principes. En collaborant avec le
et respect entre tous les hommes et entre tous les peuples. Autant
nazisme, ce gouvernement s’est associé au crime contre l’humanité
de valeurs et de principes fondamentaux pour la démocratie et
dans toute son horreur. En oubliant les pages sombres de cette
notre civilisation.
histoire nous pourrions être condamnés à les revivre.
Et, en corollaire, il me semble essentiel de transmettre l’horreur
Une civilisation sans mémoire est une civilisation sans avenir et il est
de l’extermination des juifs dans un souci de vérité historique,
tout particulièrement important que les jeunes générations s’en
d’enseignement et d’information de nos jeunes et de responsabilité
imprègnent. La liberté et la paix ne sont pas des droits naturels et
reconnue de l’État français.
l’oubli ne peut pas faire partie de l’histoire.
C’est pourquoi la Ville de Pithiviers participe bien volontiers à la
Grâce au Mémorial de la Shoah, cette initiative de mémoire, détermine
saison mémorielle «1942, Des rafles et des déportations» organisée
notre reconnaissance envers celles et ceux qui ont soufferts, avec une
par le Mémorial de la Shoah, comme elle prend part régulièrement
mention particulière pour tous ces enfants, victimes innocentes de la
aux manifestations du CERCIL, dont elle est membre, ou aux
barbarie nazie.
commémorations officielles de la déportation.
www.beaune-la-rolande.mairie.com
www.ville-pithiviers.fr
_97
TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS
_05
par Jean-Paul BODIN,
secrétaire général pour l’administration
au ministère de la défense et des anciens combattants
PRÉFACE
_07
par Éric de ROTHSCHILD,
président du mémorial de la Shoah
.1942.
LA MISE EN PLACE DU GÉNOCIDE DES JUIFS D’EUROPE
_09
.LA SHOAH.
L’EXTERMINATION DES JUIFS EN EUROPE
_11
.LA SHOAH.
LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION DES JUIFS EN FRANCE
_25
.1942.
CHRONOLOGIE DE L’ANNÉE SELON 3 AXES :
EUROPE / FRANCE / GUERRE
_41
COMMÉMORATIONS ET MANIFESTATIONS CULTURELLES
_69
PROGRAMME DE LA SAISON MÉMORIELLE
_73
LES PRINCIPAUX PARTENAIRES DE L’ANNÉE MÉMORIELLE
_83
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