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Voilà plus de 70 ans, une tragédie effroyable ravagea notre continent.
Au cours du deuxième conflit mondial, l'Allemagne nazie décida une
entreprise de destruction délibérée, systématique et organisée, qui
conduisit à l'extermination de six millions d'êtres humains, dont le
seul crime était d'être nés juifs au nom d'une idéologie criminelle
construite sur la brutalité, la peur, le mépris de la dignité humaine et
l'inégalité des races.
En France, une législation antisémite fut très rapidement mise
en place par les Allemands en zone occupée, mais aussi à
l'initiative du gouvernement du maréchal Pétain, au mépris des
principes fondamentaux de la République française. Dès octobre
1940, un premier statut des Juifs est adopté les excluant de
certaines professions (enseignant, journaliste, officier, fonctionnaire
de police,…) et des responsabilités politiques ou administratives
(mandats électifs, préfets, juges..). Ces interdictions sont renforcées
en juin 1941 lors du deuxième statut des Juifs (banquier, agent
immobilier, gérant de cinéma ou de salles de spectacle, avocat,
médecin…).
Une structure spécifique, le commissariat général aux affaires juives,
véritable ministère de l'antisémitisme, fut créé et un recensement
des biens et des personnes ordonné en 1941.
Ainsi, tout se mit en place pour que la politique d'exclusion débouche
sur une politique de déportation. Les premières rafles furent d'ailleurs
organisées en 1941, concernant surtout les hommes. Mais 1942 fut
le début de la déportation systématique et massive des Juifs de
France. Prés de 13 000 personnes, hommes, femmes, enfants, furent
arrêtées lors de la grande rafle «du Vél d'hiv».
Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 76 000 Juifs furent
déportés, dont 11 000 avaient moins de 18 ans. 3% sont revenus après
la guerre. Mais, grâce à l'aide de réseaux et de milliers d'anonymes,
75% de la communauté juive française survécut.
L'année 1942 fut donc une année charnière qu'il convient de
commémorer pour rappeler aux jeunes générations l'importance du
devoir de mémoire, de la lutte contre toute forme de barbarie,
de la possibilité qu'a tout individu de dire un jour non. Et c'est
tout naturellement avec le Mémorial de la Shoah, auquel un
partenariat nous lie depuis 2010, que le ministère de la défense et
des anciens combattants s'est associé pour organiser ensemble
cette commémoration.
Tout au long de l'année 2012, se déroulera une série de manifestations,
détaillée dans cette brochure, conçue comme une véritable saison
mémorielle et destinée à tous les publics et toutes les générations
pour que tous ensemble nous affirmions «plus jamais ça».
JEAN-PAUL BODIN
AVANT-PROPOS
PAR JEAN-PAUL BODIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L'ADMINISTRATION
DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS