DOSSIER : OREILLES Oreilles “L'oreille est le sens préféré de l'attention. Elle garde, en quelque sorte, la frontière du côté où la vue ne voit pas.” Paul Valéry “L'oreille est le chemin du cœur.” Voltaire Oreille, cerveau, attention, émotions sont indissociables. Comme tous les organes des sens, l’oreille transmet des informations, en l’occurrence sonores, de notre environnement à notre cerveau. Celui-ci intégrera les sons en fonction de son état, il se peut même qu’il pense en entendre alors que le silence règne. Il peut répondre à ses informations par des réactions instinctives immédiates souvent émotionnelles ou construire une réponse complexe après que le message soit passé par notre cortex. Une partie de l’oreille nous permet de d’intégrer les informations sur la position et les mouvements de notre corps. Le défaut de cette fonction provoque les vertiges. Entrer dans la santé par l’oreille, c’est un peu comme tenter de comprendre une famille en analysant un seul de ses membres. En médecine intégrative, un organe ne peut être isolé du reste de l’organisme. Vous comprendrez vite le rôle du cerveau, de notre psyché, de l’intestin, de nos carences ou de nos surcharges dans la santé de cet organe essentiel à notre quotidien. Les acouphènes sont un sujet sensible. Trois articles leur sont consacrés. Des opinions particulières sont présentes dans chacun d’entre eux dans un esprit intégratif : il est toujours intéressant d’écouter différents sons sur un même sujet. - Prise en charge psychosomatique des acouphènes par le docteur Anne-Marie Piffaut, médecin ORL - page 18. - Acouphènes et hyperacousie : pathologie et souffrance par le docteur Michel Vertallier, médecin ORL - page 24. - Interview de Patricia Grevin, acouphènes, les soulager avec la sophrologie par Alain Giraud, sophrologue - page 36. Notre façon de marcher peut perturber l’oreille : - Traitement comportemental des vertiges et des acouphènes par le docteur Bernard Rosa, médecin ostéopathe - page 26. L’otite fait partie des pathologies courantes des enfants, les causes et les moyens de la prévenir ou de la traiter sont nombreuses : - Otites et micronutrition par le docteur Philippe Tournesac - page 21. - L’estomac dans les oreilles par le docteur Philippe Tournesac - page 35. - Voyage homéopathique autour de l’oreille par le docteur Yves Le Guénédal, médecin homéopathe - page 34. La diminution de la fonction de perception de l’oreille provoque la surdité. L’appareillage a beaucoup évolué. - S‘appareiller, vite par le docteur Jean-Michel Issartel - page 28. - Témoignage : Glamour les prothèses ! par Marielle Issartel - page 29. - Rééduquer l’audition, est-ce-possible ? par le docteur Dominique Deslandres, médecin ORL - page 30. L’altération de la perception auditive joue un rôle dans les capacités d’apprentissage. Parfois, il s’agit de perturbations fines mêlant hypo et hypersensibilité à différentes fréquences : - Quand les sons aident à apprendre mieux par Ariane Camus et le docteur Jean-Michel Issartel - page 31. Sophie Barki Santé intégrative - n°17 septembre/octobre 10 17 DOSSIER : OREILLES Prise en charge psychosomatique des acouphènes Dr Anne-Marie PIFFAUT Le point sur la prise en charge psychosomatique des acouphènes L’acouphène se définirait comme la perception de sensations sonores en l’absence de tout stimulus extérieur. Le nombre de porteurs d'acouphènes en France est estimé à plus de deux millions six cent mille personnes. Un million et demi en souffriraient. Trois cent mille personnes les trouveraient insupportables. D’après l'association France Acouphènes, environ deux cent mille nouveaux cas seraient à déplorer chaque année (1). Les très jeunes sont concernés depuis l’utilisation des lecteurs de musiques dont l’intensité est excessive. COMMENT LE PATIENT PEUT-IL S’Y RETROUVER ? Tout patient souffrant d’acouphènes doit consulter en premier lieu un médecin qui éliminera une cause organique. Le bilan ORL est essentiel. Il permettra d’éliminer ne serait-ce qu’un simple bouchon de cérumen, un catarrhe tubaire conséquence d’une rhinite et d’un dysfonctionnement de la trompe d’Eustache. Il ne faut pas méconnaître une otospongiose ou un neurinome de l’acoustique dont le traitement est chirurgical. De nombreuses autres causes sont à chercher comme le bruxisme lié à un trouble de l’articulation temporomaxillaire orientant vers un stomatologiste ou un chirurgien dentiste, lesquels conseilleront une gouttière à porter de préférence la nuit. Une fois les traitements classiques prescrits et jugés inefficaces, que faire ? Les patients supportent mal le constat d’impuissance de leurs médecins : « Habituez-vous », « Vous les garderez toute votre vie » leur disent-ils. Insatisfaits, ils consultent alors des forums en ligne et les quittent plutôt déprimés. Peu de praticiens sont formés à la prise en charge intégrant à la fois les versants psychologique et somatique des acouphènes ? Ceci est très regrettable. L'enseignement médical de psychosomatique n'existe pas en France, ou alors il reste trop théorique et n'apprend pas à traiter les malades. La prise en charge intégrative des patients souffrant d'acouphènes permet de dépister les signes annonciateurs d'un trouble psychosomatique une fois les bilans ORL classiques réalisés. Le bilan psychosomatique tient compte de la récurrence de la plainte. Plutôt que de demander aux patients de “faire avec”, il est important de rechercher ce qui s’est accumulé au fil des ans dans la vie des patients et qui reste source 18 Santé intégrative - n°17 septembre/octobre 10 d’émotions encore aujourd’hui. Il apparaît alors que les patients qui ne “guérissent” pas de leurs symptômes, sont très souvent victimes d’un stress aigu intense, d’un stress chronique ou d’un stress post-traumatique. Les bruits internes se présentent aussi comme des facteurs de stress surajoutés, “la petite goutte qui fait déborder le vase”. Les troubles anxiodépressifs précèdent, accompagnent ou sont la conséquence des acouphènes récalcitrants. L’ÉCOUTE QUI PERMET DE FAIRE LA PART DES CHOSES NE SUFFIT PAS TOUJOURS. ALORS COMMENT FAIRE POUR GUÉRIR DANS CE CAS ? Lors des premières consultations, les causes présentant un caractère de gravité éliminées, le praticien se doit de rassurer le patient en lui apportant des données anatomo-physiologiques lui permettant de se représenter l'oreille dans l'espace et de comprendre son fonctionnement. Il peut s'aider de maquettes ou d'un schéma et expliquer qu’au sein de l’oreille interne, les cellules de l’Organe de Corti fabriquent continuellement un bruit dont l'intensité est faible car inférieure à 6 décibels ce qui est très rassurant. On n’y prête pas attention car ce bruit ne présente aucun intérêt. Les mesures réalisées ont montré que l’intensité des acouphènes était voisine de 10-15 dB ce qui est très peu. Les “oto-émissions acoustiques” circulent de l'oreille interne jusqu'au cortex cérébral en passant par les centres de la mémoire et des émotions. Ce bruit montre qu’en fait le corps est bien vivant. Ainsi toute personne qui les recherche perçoit un sifflement dans le silence. QU’EST-CE QUI FAIT QUE Anne-Marie Piffaut, ORL, phoniatre, sexologue, praticien en TCC et EMDR, auteur d’un livre qui donne espoir : « L’ACOUPHENE dans tous ses états. Psychosomatique ORL ». Des patients l’achètent en nombre pour l’offrir aux praticiens leur ayant dit qu’il n’y avait rien à faire. Il se trouve en ligne sur unibook.com. Bientôt en librairie édité par L’Harmattan. DOSSIER : OREILLES Dr Anne-Marie PIFFAUT Prise en charge psychosomatique des acouphènes Quand les acouphènes persistent, il faudrait une prise en charge psychosomatique DES PERSONNES LE SUPPORTENT ET D’AUTRES PAS ? LÀ EST LA VÉRITABLE QUESTION Le problème vient plus de la façon dont elles perçoivent ce bruit plus que du bruit lui-même. La perception de l’intensité se modifie au cours de la journée, de la semaine, du mois, de l’année. Elle peut être continue ou intermittente. Pour des patients, ce sera plus fort le matin pour d’autres, ce sera le soir. Pour certains, ce sera après le sport, pour d’autres, du fait du repos, après la sieste ou les repas. Il y a autant de façons de percevoir l’acouphène que de patients à traiter. 92 % des personnes consultant pour des acouphènes sont satisfaites des soins de leurs ORL. La plupart du temps les acouphènes disparaissent spontanément une fois que les conflits à l'origine du problème sont résolus. Il en est de même de la plupart des pathologies fonctionnelles. Pour d'autres personnes, les acouphènes sont toujours là mais ils ne les gênent plus. Elles reconnaissent souvent que le problème était ailleurs. Pour 8 % des sujets porteurs d’acou- phènes invalidants, il n'est pas rare alors de retrouver un deuil, une séparation d'avec un conjoint ou un enfant, un licenciement, des agressions, un harcèlement, des conflits non résolus. C’est ce que l’ORL psychosomaticien va explorer lors de l'interrogatoire (analyse fonctionnelle). POURQUOI CE BRUIT DEVIENT-IL CONSCIENT ? Il existe plusieurs raisons d'ordre neurophysiologique associées à un état émotionnel survenant dans un contexte psychosocial et environnemental particulier. Les sujets sont tout à fait capables pour peu qu'on le leur demande, d'établir des liens entre l'apparition de l'acouphène et les situations émotionnelles de leur vie. Cela demande un peu de temps. Elles seront traitées à l’aide des thérapies comportementales et cognitives (TCC), incluant la gestion du temps, le traitement des conflits interpersonnels ou les troubles l’assertivité(2) aidées de l'hypnose ou de la relaxation passive ou dynamique. La thérapie EMDR (Eye Movement Desenzitisation and Reproces- sing) encore appelée thérapie par le traitement adaptatif de l’information, est utilisée de façon intégrative quand le sujet souffre de stress post-traumatique. Avant même de commencer les séances d'EMDR, on demande au sujet d'établir une liste des situations les meilleures et les pires de sa vie. Les situations les meilleures seront exploitées en temps que ressources, ce dont les personnes ont le plus grand besoin quand elles accèdent au pire. Les praticiens EMDR certifiés(3) sont avant tout des psychothérapeutes confirmés. LA SOLUTION Quand les acouphènes persistent, les sujets en souffrance devraient pouvoir bénéficier d’une prise en charge psychosomatique, or pour l’instant, rares sont les ORL formés à la psychothérapie et à la psychosomatique. Les psychologues psychothérapeutes quant à eux, n’étant pas ORL, ne peuvent pas revendiquer le titre de psychosomaticien dans cette spécialité. La solution est une collaboration entre les ORL et les psychothérapeutes. Par leurs échanges réguliers, les uns formeraient les autres et Santé intégrative - n°17 septembre/octobre 10 19 DOSSIER : OREILLES Prise en charge psychosomatique des acouphènes Docteur Anne-Marie PIFFAUT réciproquement. Les patients ignorent tout de la psychosomatique. Ils viennent parler de leurs symptômes. Tout un vocabulaire imagé caractérise les acouphènes. D’un point de vue qualitatif, savoir quelle est la ressemblance de l'acouphène avec tous les noms d’oiseaux ou d’insectes ne présente que peu d’intérêt mais le patient a besoin d'en parler. Ce temps d'écoute fait partie du traitement du moins au début. Puis viendra un autre temps où le patient comprendra qu'il y a d’autres choses plus importantes à traiter, l’acouphène n’étant qu’une sonnette d’alarme et finalement une amie. Elle prévient que « quelque chose ne va pas » et c’est ce que nous allons prendre en compte et traiter. Très vite, il n’est plus question des acouphènes. Car ce que l’on traite : – Ce sont plus les représentations que les patients "se font" de leurs oreilles, de leurs acouphènes ou de toutes autres pathologies. – Ce sont les raisons pour lesquelles ils deviennent intolérables : surmenage, conflits, burnout, stress post-traumatique, agressions associées à un traumatisme sonore ou à des paroles dévalorisantes, cataclysmes, séquelles de guerre... – Ce sont les retentissements émotionnels, comportementaux et cognitifs de ce symptôme qui n’est que la partie visible de l’iceberg. RÉSULTATS Cette prise en charge intégrative a prouvé son efficacité alliant les données de l’ORL et des psychothérapies adaptées à chaque cas. Les bénéfices sont généralisables à de nombreuses autres situations de la vie mais aussi à d'autres symptômes qui peuvent disparaître tout comme les acouphènes. Ainsi avec l’hypnose et l’EMDR, il est arrivé que des patients traités pour des acouphènes aient constaté des bénéfices aussi sur les vertiges, les surdités brusques, l’asthme, le psoriasis, l’eczéma ou les troubles sexuels. Ces troubles associés n'avaient pas été évoqués en consulta- 20 Santé intégrative - n°17 septembre/octobre 10 tion et ne faisaient pas l’objet du traitement. Les personnes sachant mieux gérer les conflits, ont gagné une meilleure estime d’elles-mêmes. Elles avancent désormais plus confiantes dans la vie. L'état dépressif a ainsi pu être traité. LA PRISE EN CHARGE PSYCHOSOMATIQUE DES ACOUPHÈNES EST SPÉCIFIQUE Elle doit être pratiquée par des psychothérapeutes expérimentés en association avec les ORL. Le mieux serait dans un premier temps de former les ORL à la psychosomatique. Le diagnostic et le traitement précoces pourraient juguler l'errance médicale très fréquente lorsqu'il s'agit des pathologies fonctionnelles. Les praticiens, les audioprothésistes, les associations, les médias doivent savoir que la démarche va dans le sens de l’oubli de ces bruits physiologiques en rassurant et non pas en inquiétant. L’anxiété aurait plutôt tendance à les fixer dans la mémoire et donc à les pérenniser. Ceci nécessite de la part des soignants une connaissance en anatomie et neurophysiologie de l'oreille, une formation à la gestion des émotions, à la résolution des problèmes de la vie présente, passée et à venir grâce aux psychothérapies exercées de façon intégrative. Connaître la partie enfouie de l’iceberg nécessite du temps, de l’argent. Il s’agit d’une prise en charge contractuelle. Une alliance doit se créer entre les deux partis, c’est un gage de réussite. Cette thérapie s’adresse à des patients motivés. En psychosomatique, nous ne traitons pas seulement des symptômes mais des personnes dans leur globalité familiale, médico-sociale, affective et culturelle. (1) Ces chiffres ont été rapportés par l’équipe lyonnaise du Professeur Lionel Collet et Madame Chéry-Croze ex-présidente de l’association France Acouphènes. (2) Les techniques d’affirmation de soi, encore nommées « apprentissage des compétences sociales » sont essentielles. Elles améliorent la confiance en soi et l’estime de soi, participant au traitement de la dépression. (3) Les praticiens EMDR doivent être certifiés par EMDR France qui fournit la liste de référence sur le site : www.emdrfrance.org DOSSIER : OREILLES Dr Philippe TOURNESAC Otites et micronutrition Otites et micronutrition Le fonctionnement de notre état interne nécessite l’intégrité de notre état digestif, la protection de nos cellules et un statut en nutriments adapté à nos besoins. La Micronutrition étudie l’impact des micronutriments (vitamines, minéraux, oligoéléments, acides gras essentiels, ...) sur la santé, évalue les déficits et recherche les moyens d’optimiser le statut micronutritionnel des individus. Elle a montré son efficacité : • pour la prise en charge des troubles fonctionnels qui représentent 80 % des motifs de consultation ; • en prévention, en contribuant à réguler durablement les grandes fonctions de l’organisme ; • en accompagnement du traitement de certaines pathologies, afin d’améliorer la qualité de vie. Il ne s’agit pas uniquement de conseiller quelques vitamines et minéraux, la stratégie générale repose sur trois grands axes : Les affections ORL, dont les otites font partie, sont souvent une bonne indication pour une prise en charge micronutritionnelle. Elles sont en général consécutives à des troubles fonctionnels du système immunitaire ou de l’intestin (cf. article l’estomac dans les oreilles). Elles surviennent souvent chez des enfants carencés. Leur répétition nécessite d’établir une stratégie préventive. Même lorsqu’elles nécessitent un traitement antibiotique et anti-inflammatoire, l’accompagnement micronutritionnel garde son importance pour prévenir les rechutes et limiter les dégâts occasionnés par les médicaments. EQUILIBRER L’ÉCOSYSTÈME INTESTINAL ET AMÉLIORER LA SANTÉ DIGESTIVE L’intestin de l’enfant est immature à la naissance. L’allaitement maternel permet une transition entre la vie intra-utérine de la grossesse et l’alimentation diversifiée de l’omnivore que nous sommes. Pour de nombreuses raisons, l’allaitement n’a pas la place qui lui revient. Très souvent, l’enfant est donc nourri au biberon. En dehors de la qualité du lait maternel, l’allaitement permet de privilégier une flore intestinale riche en bifidobacterium alors que le bi- Une analyse détaillée du patient pour une stratégie efficace • Equilibrer l’écosystème intestinal et améliorer la santé digestive avec les probiotiques et prébiotiques. • Protéger l’organisme des agressions et des effets du vieillissement avec les protecteurs cellulaires. • Combler les déficits liés aux modes de vie et aux dysfonctionnements de l’organisme, avec des conseils nutritionnels et les compléments nutritionnels. En conseillant des doses physiologiques tenant compte des carences et correspondant aux besoins quotidiens de l’organisme, la Micronutrition se différencie des thérapies utilisant des nutriments à très fortes doses ou à très faibles doses. Cette stratégie, proche de la physiologie, permet d’éviter les surdosages en certaines molécules qui présentent un danger certain en cas d’utilisation sur des périodes prolongées. ©chrisharvey - Fotolia.com Santé intégrative - n°17 septembre/octobre 10 21 DOSSIER : OREILLES Otites et micronutrition Dr Philippe TOURNESAC beron privilégiera une flore intestinale différente plus riche en streptocoques et pauvre en lactobactéries*. On connaît de mieux en mieux l’importance de la flore dans la maturation du système immunitaire. La flore intestinale joue aussi un rôle dans le transit qu’il s’agisse de constipation ou de diarrhée. En cas de prise d’antibiotique, certaines souches de lactobactéries limitent l’implantation ou le développement de microorganismes comme des bactéries nocives dites pathogènes ou du candida albicans à l’origine des traditionnelles mycoses post antibiotiques. Chez l’adulte, on peut retrouver un intestin perturbé depuis l’enfance. Parfois, une alimentation déséquilibrée de type fastfood, un stress excessif, une surconsommation de médicaments “anti” va l’altérer. Son dysfonctionnement est facilement suspecté par l’interrogatoire, par des gastroentérites à répétition, des ballonnements ou une constipation chronique. Certains examens comme la coproculture, la parasitologie des selles ou le fécalogramme peuvent aussi s’avérer utile pour confirmer le diagnostic. Au niveau sanguin, la baisse de l’haptoglobine, la modification du taux de myéloperoxydase, la présence d’endotoxines et l’augmentation des IgG contre certains aliments sont autant d’arguments permettant de suspecter un dysfonctionnement intestinal. L’écosystème intestinal est complexe. Il dépend de notre état interne, de nos carences, de notre histoire et de l’état de la flore. L’émergence des pro* et prébiotiques* depuis une vingtaine d’années a permis de progresser dans sa prise en charge. Mais ces produits suffisent rarement à eux seuls. Intégrés à la stratégie micronutritionnelle globale, ils retrouvent alors leur véritable place. Pour beaucoup, les probiotiques commercialisés par les différents laboratoires sont équivalents. En fait, chaque souche de lactobactérie possède des propriétés très différentes qui peuvent parfois s’annuler si on les associe mal. Le choix du thérapeute ne peut pas être fait au hasard. Il nécessite de déterminer l’objectif : limiter le candida albicans, stimuler certaines défenses immunitaires, améliorer la tolérance alimentaire... L’observation et l’analyse des résultats obtenus permettent aussi de rectifier une prescription. tion inflammatoire. Il est possible d’influer sur leur production avec certaines molécules comme l’extrait de Porphyra umbilicalis. Les antioxydants aident le corps à mieux gérer les agressions cellulaires et à optimiser les processus de réparation après une agression. PROTÉGER L’ORGANISME DES AGRESSIONS ET DES EFFETS (1) Davidson H. Hamer et al., Micronutrient Deficiencies Are Associated with Impaired Immune Response and Higher Burden of Respiratory Infections in Elderly Ecuadorians. J. Nutr. 139: 113– 119, 2009. DU VIEILLISSEMENT AVEC LES PROTECTEURS CELLULAIRES La répétition des pathologies infectieuses ou une réaction inflammatoire (de cicatrisation) trop intense peut altérer les cellules et favoriser un vieillissement précoce qui se manifestera par une surdité. Les HSP* permettent de modérer la réac- I. E. D. M. : Institut Européen de Diététique et Micronutrition Association regroupant des médecins micronutritionnistes dans toute la France. 20 rue Emeriau 75015 Paris Tel : 0 810 004 336 Email : [email protected] Site internet : www.iedm.asso.fr 22 Santé intégrative - n°17 septembre/octobre 10 COMBLER LES DÉFICITS Les déficits en vitamine C, D, B6, B9, B12 et zinc ont démontré qu’ils favorisaient les infections ORL (nez gorge oreille)(1). La vitamine C est connue pour ses propriétés antioxydantes. Elle a aussi des vertus antivirales. La diminution de la consommation de fruits et légumes, ainsi que les agressions infectieuses ou inflammatoires répétées favorisent le déficit. La vitamine D renforce et équilibre le système immunitaire. Elle a largement démontré son intérêt dans la prévention des infections comme la grippe. Malheureusement beaucoup de médecins oublient de continuer à en prescrire aux enfants après un an. Le déficit en vitamine D favorise aussi un dysfonctionnement au niveau du 4ème métamère (zone d’innervation du 4ème nerf cervical), ce qui entraîne un dysfonctionnement du diaphragme et favorise le reflux gastro-œsophagien, grand facteur d’otite (cf. article L’estomac dans les oreilles). La vitamine B6 a de nombreuses fonctions au niveau du foie elle aide les enzymes permettant l’utilisation des acides aminés provenant de l’alimentation et la désintoxication (Transaminases, décarboxylases, transférases). Elle est impliquée dans la formation des anticorps et donc la régulation immunitaire. Elle inhibe la production d’histamine impliquée dans les réactions allergiques. Le déficit en zinc, très fréquent chez les enfants, entraîne une baisse des défenses immunitaires et un retard de cicatrisation. La prise en charge micronutrionnelle se doit d’être intégrative et ne saurait être isolée du reste des approches médicales. Dans l’approche proposée, une analyse détaillée du patient, de son histoire et de quelques paramètres biologiques permet d’établir une stratégie souvent efficace. Lexique : HSP : protéines de stress ou heat shock proteins (HSP) intervenant dans la régulation des fonctions inflammatoires. Détails dans les numéros 18 et 19 de Spasmagazine (2006) Lactobactéries : bactéries produisant de l’acide lactique exemple : bifidobacterium, lactobacillus Prébiotiques : substrat sélectif d’une ou d’un nombre restreint de souches bactériennes bénéfiques qui résident dans le côlon. Probiotiques : micro-organismes qui, lorsqu'ils sont ingérés en quantité suffisante, exercent un effet bénéfique sur la santé de l'hôte.