LES VÉRIFICATEURS APRÈS LA TEMPÊTE FINANCIÈRE 3
permettre aux investisseurs de superviser la gestion des entreprises,
d’évaluer les titres des émetteurs et de prendre des décisions éclairées3.
Or, depuis la récente débâcle de plusieurs grandes sociétés
américaines, la confiance des investisseurs a été fortement ébranlée à la
suite des nombreuses accusations de fraudes et d’irrégularités sérieuses
commises dans la comptabilité et la vérification de l’information
financière publiée par les entreprises4. Des sociétés importantes ont été
accusées d’avoir utilisé diverses méthodes de gestion des résultats,
notamment en reportant l’inscription de dépenses à des exercices futurs,
en enregistrant des revenus fictifs et en omettant de divulguer certaines
opérations5. Les entreprises auraient, semble-t-il, eu recours à ces
méthodes de gestion des résultats, entre autres, pour atteindre les
rendements élevés anticipés par les analystes financiers ou pour permettre
à leurs dirigeants, rémunérés sous forme d’options d’achat d’actions, de
profiter d’une hausse appréciable du prix des actions6. Tout comme les
3 Concernant l’utilité de l’information financière destinée aux investisseurs et de la
réglementation visant à assurer la fiabilité de cette information, voir R. CRÊTE, J.
BÉDARD, S. ROUSSEAU, «Les vérificateurs et la fiabilité de l’information
financière : les messages de l’environnement institutionnel et juridique », (2004) 45
Cahiers de droit 219-294; C.H.H. DONALD, « Civil Remedies for Breach of
Continuous Disclosure Obligations under Ontario’s Securities Act», (2000) 45
McGill L.J. 609, p. 612, 613.
4 J. W. MARKHAM, « Accountants Make Miserable Policemen: Rethinking the Federal
Securities Laws », (2003) 28 N.C. Int’l L. & Com. Reg. 725 ; SECURITIES AND
EXCHANGE Commission (SEC), Report Pursuant to Section 704 of the Sarbanes-
Oxley Act of 2002, [En ligne], [http://www.sec.gov/news/studies/sox704report.pdf]
(24 septembre 2003) ; W. W. BRATTON, « Enron and the Dark Side of Shareholder
Value », (2001-2002) 76 Tulane L. Rev. 1275 ; J.C. COFFEE, « Gatekeeper Failure
and Reform: The Challenge of Fashioning Relevant Reforms », loc. cit., note 2.
5 M. M. JENNINGS, « A Primer on Enron: Lessons from a Perfect Storm of Financial
Reporting, Corporate Governance and Ethical Culture Failures », (2002-2003) 39
Cal. W. L. Rev. 163, 180-190 ; SEC, Report Pursuant to Section 704 of the
Sarbanes-Oxley Act of 2002, id., p. 7 et suiv.
6 Voir les allégations soumises par la SEC dans les affaires suivantes : SEC v. Xerox
Corporation, D.C. (S.D.N.Y. 2002), [En ligne], 11 avril 2002, [http://www.sec.gov/
litigation/complaints/complr17465.htm] (29 octobre 2003) ; SEC v. Crawford, D.C.
(N.D.Cal. 2003), [En ligne], 20 février 2003, [http://www.sec.gov/litigation/comp
laints/comp17978.htm] (29 octobre 2003). Voir également : J. N. GORDON,
« Governance Failures of the Enron Board and the New Information Order of
Sarbanes-Oxley », Columbia Law and Economics Working Paper No. 216, 4-6.[En
ligne], March 2003, [http://papers.ssrn.com/abstract=391363], (24 septembre 2003).