- La f orlane dans la Fille d'opéra est plutôt – en contradiction avec le caractère
habituellement vif de cette danse –, mélancolie accentuée par le rythme assez lent indiqué par Germaine
Tailleferre. C'est une danse à deux temps (6/8), de tempo lent, fondée sur la répétition d’une phrase de
structure rythmique de deux mesures
→ Eoute : forlane de Campra https://www.youtube.com/watch?v=5O8zajgRe1g
La forlane est originaire au XVIIème siècle du Frioul (nord est de l'Italie-Pays Vénitien). Elle était dansée
dans un tempo rapide par un ou deux couples, avec des gestes heurtés ; sa réputation de légèreté licencieuse
a fait dire à Paul Nettl :
« La lascive forlane est le cancan ou si vous préféres le tango [sic] de l'époque [...] Les
pieds prudes et les chastes oreilles sont tenus de l'ignorer. »
Casanova, pour sa part, insistait sur son rythme endiablé : « Il n'y a point de danse nationale plus violente ».
Introduite en France par André Campra à la fin du XVIIème siècle (très peu composée par Rameau), elle
devint une danse de cour.
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- Le récitatif a pour fonction de faire avancer l’action, le drame, l’histoire dans l'opéra. Il permet de
véhiculer beaucoup de texte et permet à l'expression théâtrale d'être plus persceptible par le public
puisque l'accompagnement instrumental est plus léger et essentiellement donné au clavecin ou à un luth
ou un violoncelle. Son tempo et son rythme ne peuvent généralement pas être notés avec exactitude.
Dans La fille d'opéra on a plusieurs fois l'emploi du récitatif
- Dans la scène 3, lorsque les parents de Pouponne demande de récupérer l'argent que le couple a eu,
Germaine Tailleferre utilise le récitatif secco (accompagnement clavecin)
- Dans la scène 5, lorsque le merlan et le bottier viennent à leur tour réclamer leur due, Germaine
Tailleferre utilise le récitatif obligato (accompagnement orchestre)
- Dans la scène 6, lorsque Mistouflet demande à Pouponne de fuir avec lui et aller à Limours, Germaine
Tailleferre utilise le récitatif stile concitato (style d'accompagnement spécifique pour traduire la tension
dramatique de ce qui se passe sous nos yeux)
- Dans la scène11, lorsque Pouponne s'enthousiasme de partir à l'opéra, Germaine Tailleferre utilise le
récitatif secco (accompagnement clavecin).
Claudio Monteverdi est un compositeur très important puisqu'il va développer à la fin de la Renaissance
musicale le genre du madrigal. Le magrigal est un poème mis en musique. Il a écrit 9 livres de madrigaux.
On va s'intéresser particulièrement au livre VIII qui date de 1638 car dans la préface du Huitième Livre des
Madrigaux, Monteverdi definit un nouveau style de récitatif : le stile concitato.
En effet, il nous fait remarquer qu'il existe seulement deux genres registres stylistiques en musique :
- le genre « temperato » - « tempéré »
- le genre « molle » - « doux ».
Mais il n'y a rien pour représenter le genre lié à la guerre. Il va alors désigner un style particulier du récitatif,
un nouveau genre : le « stile concitato », adapté à la représentation musicale de la guerre.
"Ce style consiste en une déclamation musicale rapide, sans battue rigoureuse de mesure
et comportant de nombreuses répétitions de notes, et qui devait être articulée avec toutes
les nuances expressives de la parole prononcée dans un mouvement d’émotion".
Au XVIIIème siècle, Gluck utilise le stile concitato pour marquer le drame qui se joue au début de son
IIIème acte de son Orféo.
Le duo entre Pouponne et Mistouflet, « Pouponne, c'en est fait », est une référence au duo entre Orphée
et Eurydice tiré du 3e acte d'Orphée et Eurydice de Gluck « Je frémis, je languis ». Dans les deux airs, il
y a la même tonalité, il y a les mêmes rythmes - quart de soupir, trois doubles- à l’accompagnement, qui
symbolisent l’angoisse.