Université Pierre & Marie Curie M1 de Mathématiques
MM002 (Algèbre et théorie de Galois) Automne 2012
TD n3.
1 Modules libres
Exercice 1. Montrer que Z/nZn’est pas un Z-module libre. Plus généralement, montrer que si tout A-module
est libre, alors Aest un corps.
Exercice 2. Donner des exemples :
(ı) De A-modules non libres,
(ıı) d’une famille libre à néléments dans Anqui n’est pas une base,
(ııı) d’une partie génératrice minimale qui ne soit pas une base,
(ıv) de sous-module n’ayant pas de supplémentaire,
(v) de module libre ayant un sous-module qui n’est pas libre.
Exercice 3. Soit Aun anneau intègre et Kson corps des fractions. On suppose que K6=A(c’est-à-dire que
An’est pas un corps), montrer que Kn’est pas libre comme A-module.
Exercice 4. Montrer qu’un idéal Id’un anneau Aest un sous-module libre de Asi et seulement si Iest
principal et engendré par un élément non diviseur de zéro de A.
Exercice 5. (ı) Soit Mun A-module libre de type fini. Montrer que toutes les bases de Mont le même cardinal.
Indice : choisir un idéal maximal de Aet se ramener au cas des espaces vectoriel.
(ıı) Trouver un module Mtel que M'MM.
Exercice 6. Soit kun corps, Pk[X]et A=k[X]/(P).
(ı) Quelle est la dimension de Acomme k-espace vectoriel ? Donnez-en une base.
(ıı) On pose M=A= Homk(A, k); donner une base de M.
(ııı) Pour fAet uMon définit f·uMpar (f·u)(g) = u(f·g). Montrer que cette loi munit Md’une
structure de A-module libre de rang 1. Donnez-en une base.
Exercice 7. Soit Aun anneau et Tune matrice n×mà coefficients dans A. Cette matrice représente un
homomorphisme de modules u:AmAn. Posons M= Coker u=An/Im(u).
(ı) Montrer que (0 : M) = (Im(u) : An).
(ıı) Montrer que si mnalors les mineurs maximaux de T(c’est à dire les déterminants des sous matrices
n×nde T) appartiennent à (0 : M).
Indice : traiter tout d’abord le cas m=n.
Exercice 8. Soit Aun anneau et u:AnAnun morphisme de matrice Mudans la base canonique de An.
Posons M= Coker u=An/Im(u)et soit u:AnAndont la matrice Muest la matrice transposée des
cofacteurs de Mu. Enfin pour k∈ {1, . . . , n}soit Jkl’idéal engendré par les k-mineurs de Mu(c’est-à-dire les
déterminants des sous-matrices k×kde Mu). Remarquer que Jn= (det(Mu)) et que Jn1est engendré par les
coefficients de Mu.
(ı) Soit a(0 : M)et µa:AnAn,x7−ax ; montrer qu’il existe un morphisme v:AnAntel que
µa=uv, et que det(Mu)·Mv=aMu.
(ıı) Montrer que (0 : M)(Jn:Jn1).
On suppose désormais que det(Mu)n’est pas diviseur de zéro.
(ııı) Montrer que uest injectif.
(ıv) Soit a(Jn:Jn1); montrer qu’il existe w:AnAntel que au= det(Mu)·w. Montrer alors que
uw=µa.
(v) Montrer que (0 : M)=(Jn:Jn1).
Exercice 9. Soit Pun A-module. Montrer que les propriétés suivantes sont équivalentes :
(a) pour tout morphisme surjectif de A-module g:EFet pour tout fHomA(P, F ), il existe h
HomA(P, E)tel que f=gh,
(b) pour tout morphisme surjectif π:MP, il existe un morphime s:PMtel que πs= IdP(un tel
morphisme sest appelé une section de π).
(c) Il existe un A-module Mtel que MPest libre.
1
Un A-module Pvérifiant ces propriétés est appelé module projectif.
Montrer qu’un A-module libre est projectif.
Donner un exemple de Z-module qui n’est pas projectif.
Exercice 10. Soit Jun A-module. On dit que Jest un A-module injectif si, pour tout morphisme injectif
i:NMde A-modules et tout morphisme de f:NJde A-module, il existe un morphisme g:MJtel
que f=gi.
a) Montrer que Zn’est pas un Z-module injectif.
b) Soit Jun A-module tel que tout morphisme f:IJde A-modules où Iest un idéal de Ase prolonge
en un morphisme AJ. On veut montrer que Jest injectif.
Soit donc Nun sous-A-module d’un A-module Met soit f:NJun morphisme.
i) Montrer en utilisant le lemme de Zorn qu’il existe un prolongement f0de fà un sous-module N0de
Mcontenant Ntel que f0ne peut se prolonger à aucun sous-module N00 de Mcontenant strictement
N0.
ii) Soit xMet soit I={aA, ax N0}. En utilisant le morphisme g:IJdéfini par
g(a) = f0(ax), montrer que f0se prolonge à N0+Ax.
iii) En déduire que N0=Met que Jest injectif.
c) Montrer que Qet Q/Zsont des Z-modules injectifs.
d) Montrer qu’un produit (quelconque) de modules injectifs est encore injectif.
e) Montrer que tout Z-module s’injecte dans un Z-module injectif.
2 Modules de type fini
Exercice 11. Soit Aun anneau, Mun Amodule de type fini et ϕ:MAnun morphisme surjectif de
A-modules.
(ı) Montrer que ϕadmet un inverse à droite ψ(c’est-à-dire qu’il existe ψ:AnMtel que ϕψ=idAn).
(ıı) Montrer que M'KerϕImψ.
(ııı) Montrer que Kerϕest de type fini.
Exercice 12. Soit Aun anneau, Iun idéal de Aet Mun A-module de type fini, montrer que
pAnn(M/IM) = pAnn(M) + I.
Exercice 13. Lemme de Nakayama.
(ı) Soit Mun A-module de type fini et Iun idéal de A. Supposons que M=IM, montrer qu’il existe alors
aItel que (1 + a)M= 0 (choisir 1 + adéterminant d’une matrice).
(ıı) En déduire que si Aest local, I=mson idéal maximal et M=mMalors M= 0.
(ııı) Soit Rle radical de Jacobson de A(c’est-à-dire l’intersection de tous les idéaux maximaux). Montrer que
si RM=M, alors M= 0.
Exercice 14. Soit Aun anneau et Iun idéal de type fini de Atel que I2=I. Montrer qu’il existe eAtel
que e2=eet I= (e).
Indice : utiliser le lemme de Nakayama pour trouver aItel que (1 + a)I= 0.
Exercice 15. Soient Aun anneau, Mun A-module, Nun A-module de type fini et u:MNun homo-
morphisme de A-modules. Soit Rle radical de Jacobson de A(Rest l’intersection de tous les idéaux maximaux
de A).
(ı) Montrer que uinduit un homomorphisme v:M/R.M N/R.N .
(ıı) Remarquer que si Iest un idéal de Aet N0M0sont deux A-modules alors on a
I·(M0/N0)=(I·M0+N0)/N0.
(ııı) On suppose que vest surjectif, calculer Im u+R·Net en déduire que uest surjectif.
2
3 Modules et anneaux noethériens
Exercice 16. Montrer que si Mest un A-module noethérien alors M[X]est un A[X]-module noethérien.
Exercice 17. Soit Aun anneau. Si A[X]est noethérien, Aest-il nécessairement noethérien ?
Exercice 18. Soient M,M0et M00 trois A-modules et i:M0Mun homomorphisme injectif et π:M
M00 un homomorphisme surjectif tels que πi= 0. Montrer que Mest noethérien si et seulement si M0,M00
et ker π/ Im isont noethériens.
Exercice 19. Soient Mun A-module et N1et N2deux sous-module de M. Montrer que N1et N2sont
noethériens si et seulement si N1+N2est noethérien, et que M/N1et M/N2sont noethériens si et seulement
si M/(N1N2)est noethérien.
Exercice 20. Soit Mun A-module noethérien et uHom(M, M). Montrer que uest bijective si et seulement
si uest surjective (on pourra utiliser le lemme du serpent).
Exercice 21. Soit Mun A-module noethérien et I= (0 : M). Montrer que A/I est un anneau noethérien.
Exercice 22. L’anneau A=k[X1, X2,· · · , Xn,· · · ]est-il noethérien ?
Exercice 23. Soit Aun anneau et (In)n>0une suite croissante d’idéaux de type fini. Montrer que I=SIn
est de type fini si et seulement si la suite est stationnaire.
Exercice 24. (ı) Soient Aun anneau non noethérien, aAet Iun idéal de A. Montrer que si les idéaux
I+ (a)et (I:a) = {xA / ax I}sont de type fini, alors Il’est.
(ıı) Montrer qu’un anneau est noethérien si et seulement si tous ses idéaux premiers sont de type fini.
Indice : Considérer un idéal maximal parmi ceux qui ne sont pas de type fini.
Exercice 25. Soit Aun anneau intègre et noethérien. On suppose que Aadmet un unique idéal maximal m
(c’est-à-dire Aest un anneau local) et que cet idéal est engendré par un élément non nul a.
(ı) Montrer que uAest inversible si et seulement si u6∈ m.
(ıı) Montrer que tout élément non nul xde As’écrit d’une manière unique sous la forme x=uanuA×et
nN.
Exercice 26. Soit Aun anneau local dont l’idéal maximal est principal en gendré par aet tel que \
n>0
mn= 0.
(ı) Montrer que uAest inversible si et seulement si u6∈ m.
(ıı) Montrer que tout élément non nul xde As’écrit sous la forme x=uanuA×et nN.
(ııı) Montrer que tout idéal Iest de la forme (an).
(ıv) En déduire que Aest un anneau principal.
Exercice 27. Soit Mun A-modulenoethérien et soit ϕ:MMun endomorphisme de M. Montrer qu’il
existe un entier ntel que ker ϕnIm ϕn= 0.
Exercice 28. Soit f:AAun morphisme d’anneaux.
(ı) On suppose Anoethérien, montrer qu’il existe un entier n1tel que ker(fn) = ker(fn+1). En déduire que
l’application
f: Im(fn)Im(fn+1)
est injective.
(ıı) Montrer que si fest surjective et Anoethérien, alors elle est bijective.
(ııı) Montrer qu’on ne peut remplacer dans la question précédente l’hypothèse « sujective » par « injective ».
(ıv) Montrer que l’on ne peut se paaser de l’hypothèse noethérien (considérer par exemple A=k[X1,· · · , Xn,· · · ]
un anneau de polynômes à une infinité de variables et fconvenable).
Exercice 29. Soit Aun anneau noethérien et Gun groupe fini opérant sur Apar automorphismes d’anneaux.
On note AG={aA:gG, ga =a}. Vérifier que AGest un sous-anneau de A.
On suppose que le cardinal de Gest inversible dans Aet on défini p:AApar
p(a) = 1
card(G)X
gG
ga.
(ı) Montrer que pour tout gG, on a gp=pg=p.
(ıı) Montrer que pest un projecteur (c’est-à-dire p2=p) qui est AG-linéaire (mais en général pas un morphisme
d’anneaux.
(ııı) Montrer que l’image de pest AG.
(ıv) Soit Iun idéal de AGet IA l’idéal de Aengendré par I. Montre que p(IA) = I.
(v) Montrer que AGest noethérien.
3
Exercice 30. On dit qu’un anneau Rest gradué s’il existe une décomposition R=
M
n=0
Rnoù les Rnsont des
sous-groupes de (R, +) vérifiant Rn·RmRn+m.
(ı) Montrer que R0est alors un sous-anneau de R. Montrer aussi que I=
M
n=1
Rnest un idéal de R.
(ıı) On suppose que R0est noethérien et que Rest de type fini comme R0-algèbre. Montrer que Rest noethérien.
(ııı) Réciproquement, on suppose Rnoethérien, montrer que R0est noethérien. Montrer qu’il existe des éléments
x1,· · · , xrRavec xiRn(i)pour un entier n(i)1tels que I= (x1,· · · , xr). Montrer alors par récurrence
que pour tout n, on a RnR0[x1,· · · , xr]. En déduire que Rest une R0-algèbre de type fini.
(ıv) On se donne un anneau noethérien Aet Iun idéal de A. Soit R(I)l’e,semble des polynômes PA[T]tels
que P=PanTnavec anIn. Montrer que R(I)est noethérien.
Exercice 31. Idéaux associés.
Soit Aun anneau noetherien. Si Mest un A-module, et mMon note Ann(m) = {aA, am = 0}. On note
Ass(M) = {pSpec(A) : mM, p= Ann(m)}.
a) Montrer que, si M6= 0,Ass(M)est non vide. Montrer plus précisément que SpAss(M)p={aA:x
M\{0}, ax = 0}.
b) Montrer que, si Mest de type fini, il existe une suite de sous-modules 0 = M0M1⊂ · · · ⊂ Mn1
Mn=Mtels que Mk/Mk1=A/pkavec pkSpec A.
c) Montrer que si NMest un sous-module, Ass(M)Ass NAss M/N.
d) Montrer que si Sest une partie multiplicative de A,AssS1A(S1M) = AssA(S1M) = Ass(M)
Spec(S1A).
e) Montrer que Ass(M)Supp(M) := {pSpec(A) : Mp6= 0}et Ass(M)contient les éléments minimaux
de Supp(M).
Exercice 32. Décomposition primaire.
On suppose encore Anoetherien. Un A-module Mest dit coprimaire si Ass(M)est un singleton. Un sous-A-
module Nde Mest dit primaire si M/N est coprimaire.
a) Soit Mun A-module non nul. Montrer que Mest coprimaire si et seulement si pour tout aAdiviseur
de 0dans Met pour tout xM, il existe nNtel que anx= 0.
b) Soit Mun module de type fini et Nun sous-module. Montrer qu’il existe une famille fini (Qi)de sous-
modules primaires de Mtels que N=TQi.
4 Polynômes
Exercice 33. Soit Aun anneau et soit Sun ensemble. Montrer qu’il existe une unique (à isomorphisme près)
A-algèbre A[S]et une fonction i:SA[S]telles que, pour toute A-algèbre Bmuni d’une fonction j:SA[S],
il existe un unique morphisme f:A[S]Bde A-algèbres tel que j=fi.
Exercice 34. Soit Mun A-module d’annulateur I. On désigne par M[X]l’ensemble des polynômes à coefficients
dans M, c’est-à-dire {m0+m1X+. . . +mdXd, avec i:miM}.
(ı) Montrer que M[X]est naturellement pourvu d’une structure de A[X]-module.
(ıı) Quel est l’annulateur de M[X]?
(ııı) Soit Nun sous-A-module de M; montrer que (M/N)[X]'M[X]/N[X].
(ıv) Montrer que si Mest de type fini alors M[X]est un A[X]-module de type fini.
(v) Montrer que si Mest un A-module libre alors M[X]est un A[X]-module libre.
Exercice 35. Soient Met Ndeux A-modules.
(ı) Soit uEndAM. Montrer qu’il existe une unique structure de A[X]-module sur Mtelle que X·m=u(m)
( et 1·m=m) pour tout mM. On notera Mule A[X]-module Mmuni de cette structure.
Montrer que cette application u7→ Muinduit une bijection entre les structures de A[X]-modules sur Met les
endomorphismes uEndAM.
(ıı) Soient uEndAMet vEndAN, déterminer tous les homomorphismes de A[X]-modules de Mudans Nv.
(ııı) Si M=N, à quelle condition a-t-on Mu'Nv?
(ıv) Comment pouvez-vous interpréter les résultats de l’exercice lorsque A=kest un corps et M=knest
l’espace vectoriel standard de dimension nsur k?
Montrer que tous les éléments de Musont de torsion.
4
5 Suites exactes, complexes
Une suite de morphismes de A-modules
· · · M0
f0
M1→ · · · −Mn1
fn1
Mn
fn
· · ·
est dite exacte si pour tout entier itel que fi1et fisoient définis,
ker fi= Im fi1.
Exercice 36. Soit f:MNun morphisme de A-module, montrer que l’on a la suite exacte :
0ker fMNCoker(f)0.
Montrer qu’elle se décompose en deux suites exactes :
0ker fMIm f0 et 0 Im fNCoker(f)0.
Exercice 37. Soit (0) M0i
Mπ
M00 (0) une suite exacte de A-modules ; " montrer que les cinq
propriétés suivantes sont équivalentes :
(ı) rHomA(M, M 0)tel que ri= IdM0,
(ıı) sHomA(M00, M)tel que πs= IdM00 ,
(ııı) sHomA(M00, M)tel que M=i(M0)s(M00),
(ıv) (0) HomA(N, M0)i
HomA(N, M)π
HomA(N, M00)(0) est une suite exacte pour tout A-
module N,
(v) (0) HomA(M00 , N)π
HomA(M, N)i
HomA(M0, N )(0) est une suite exacte pour tout A-
module N.
On dit qu’une suite exacte qui vérifie ces propriétés est scindée.
Exercice 38. Soient M1, . . . , Mndes A-modules et fi:MiMi+1 des homomorphismes de A-modules. On
dit que M0
f0
M1
f1
· · · fn1
Mnest un complexe (resp. une suite exacte) si pour tout i:Im(fi)ker(fi+1)
(resp. Im(fi) = ker(fi+1)).
(ı) Soit (0) M0i
Mπ
M00 (0) une suite exacte. Montrer que iest injectif et que πest surjectif.
(ıı) Soit M0
f0
M1
f1
· · · fn1
Mnun complexe. Montrer que ce complexe est une suite exacte si et seulement
si pour tout iles suites (0) ker fiMi
fi
ker fi+1 (0) sont exactes.
(ııı) On suppose que Aest un corps et que les Misont des k-espaces vectoriels de dimension finie. Soit
0M1
f1
M2
f2
· · · fn1
Mn0
une suite exacte. Montrer que n
X
i=1
(1)idim Mi= 0.
Exercice 39. Lemme du serpent.
Considérons le diagramme suivant de morphismes de modules :
M1
i//
f1
M2
f2
p//M3
f3
//0
0//N1
j//N2
q//N3
et supposons que les lignes sont des suites exactes et que l’on a les égalités de composées : f2i=jf1et
f3p=qf2.
(ı) Montrer que ce diagramme induit deux diagrammes
ker(f1)ker(f2)ker(f3) et Coker(f1)Coker(f2)Coker(f3)
qui sont des suites exactes.
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