C. Bonsack et al. L’Encéphale, 2006 ; 32 : 679-85, cahier 1
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annexes sous forme d’un tableau sont posées sur le projet
de sortie et son déroulement effectif. Enfin, un tableau
regroupe de manière systématique la prescription des
médicaments pendant l’hospitalisation jusqu’à la sortie.
La revue de dossiers a été complétée et validée par les
infirmiers et/ou médecins référents des patients. Comme
dans l’étude de Boyer et al. (5), l’insertion dans les soins
ambulatoires a été mesurée par la présence du patient au
premier rendez-vous prévu (avec un rappel). Les interve-
nants ambulatoires prévus ont été systématiquement con-
tactés par téléphone et/ou par écrit.
Les données ont été analysées à l’aide du logiciel SPSS
10.0 pour Windows. Le test du
χ2 a été utilisé pour les
valeurs catégorielles et le test t de Student pour les com-
paraisons de moyennes. Les valeurs de p < 0,05 sont con-
sidérées comme significatives.
RÉSULTATS
Première hospitalisation dans le secteur des patients
de moins de 30 ans
Au total, 230 patients âgés de 18 à 30 ans ont été hos-
pitalisés pour la première fois en 2000 dans le Département
Universitaire de Psychiatrie Adulte, dont 52 patients avec un
diagnostic de psychose et 178 avec un diagnostic de trouble
non psychotique qui constitue un groupe de comparaison.
Comparé au sous-groupe de patients non psychoti-
ques, les 52 patients présentant un diagnostic d’épisode
psychotique sont nettement plus souvent des hommes
(83 % vs 49 % ; p < 0,0001) et la durée moyenne de leur
premier séjour est plus longue (24 vs 14 jours ;
p < 0,0001). La plupart de ces patients sont célibataires,
sans enfants et près de la moitié vivent seuls. Les moda-
lités d’admission présentent des différences importantes :
les jeunes psychotiques sont majoritairement adressés
par des psychiatres (86 %), sur un mode involontaire
(53 %), alors que les patients non psychotiques sont
adressés équitablement par des médecins non psychia-
tres et psychiatres (41 % et 53 % respectivement), plutôt
en admission volontaire (79 %) (p < 0,0001). Les autres
variables socio-démographiques telles que le mode de
vie, le niveau de scolarité atteint, la catégorie profession-
nelle, l’occupation au moment de l’admission sont com-
parables dans les deux populations. Concernant les varia-
bles spécifiquement relevées pour les 52 patients
souffrant de psychose, 50 % ont eu un premier contact
avec la psychiatrie dans les trois derniers mois ; 14
(26,9 %) ont déjà été hospitalisés en psychiatrie hors du
secteur ; 50 % consomment des substances, dont 2/3 du
cannabis, et 1/3 des combinaisons de substances. Les
problèmes dans le lieu de vie du patient tels que disputes,
destruction de matériel avant l’admission sont fréquents
(42 %) ; 28 % ont eu des problèmes avec la police ; 30 %
ont des antécédents d’auto-agression, mais seulement
5 % des comportements agressifs envers autrui ; 42 %
des admissions ont eu lieu dans un contexte de dangero-
sité actuelle pour le patient ou pour autrui. Un quart des
patients ont dû être contenus en chambre fermée, et 8 %
avec une contention physique (soit la quasi-totalité des
contentions physiques de l’année) ; 15 % ont présenté un
effet indésirable des médicaments ; 39 % des patients ont
des problèmes de compliance (refus de prise de médica-
ments ou prise irrégulière nécessitant une supervision) au
traitement médicamenteux, selon l’avis des intervenants
hospitaliers. La médication prescrite est différente selon
les services. Une logique de prescription semble néan-
moins se dégager : benzodiazépines et neuroleptiques
sédatifs à l’admission ; relais avec des neuroleptiques aty-
piques en cours de séjour et à la sortie.
Insertion dans les soins après un épisode psychotique
L’insertion dans un programme de soins ambulatoires
a été relevée pour chacun des 42 patients présentant un
épisode psychotique et adressé pour un suivi ultérieur
dans le secteur : deux sous-groupes (venant au rendez-
vous et ne venant pas au rendez-vous) ont été analysés
en termes de caractéristiques socio-démographiques, cli-
niques et comportementales, et en termes d’efforts des
soignants à établir un lien efficace avec le réseau ambu-
latoire. Sur 42 patients, 20 d’entre eux ne sont pas venus
au rendez-vous ambulatoire.
Les variables socio-démographiques ne semblent pas
associées avec l’insertion dans la filière de soins
(tableau I). En particulier le sexe, l’âge, le niveau de sco-
larité et le diagnostic principal ne semblent pas avoir
d’impact. Parmi les caractéristiques cliniques, seule la
présence d’idéation suicidaire à l’admission a une relation
statistiquement significative avec l’insertion dans la filière
de soins. Le processus de soins et les efforts faits pour
préparer la sortie apparaissent en revanche comme des
éléments les plus essentiels de l’insertion dans les soins
ambulatoires. Ainsi, nous avons observé une corrélation
significative entre les éléments qui favorisent la participa-
tion du patient au processus de soin tels que l’admission
volontaire et la discussion du diagnostic avec le patient et
l’adhésion au suivi post-hospitalier. Les éléments sem-
blant les plus déterminants sont les efforts consentis pour
la mise en place de projets concrets, initiés durant l’hos-
pitalisation, en collaboration avec le réseau ambulatoire
concerné. Ces projets constituent d’abord un accompa-
gnement psychosocial des patients, autour de besoins
dans leur vie quotidienne. Ils permettent de maintenir le
contact et de soutenir les projets de soins à strictement
parler, et concernent les besoins de base (aide au loge-
ment, obtention d’aides financières ou pour trouver une
occupation), les activités quotidiennes ou les projets édu-
catifs (éducation sur les médicaments, la gestion des
symptômes ou sur d’autres aspects spécifiques).
DISCUSSION
Le premier séjour hospitalier pour un épisode psycho-
tique constitue à la fois une période à risque et une
opportunité : risque d’une rencontre difficile avec les soins
psychiatriques et d’une rupture avec la communauté, mais