Birger Priddat
Les marchés : des jeux de mots mélangés
Märkte als gemischte Sprachspiele »
Birger Priddat remarque qu’il est possible d’agir en termes d’économie sans avoir la moindre
notion d’économie. Il fait la distinction entre un langage E (langage économique) et un
langage C (langage courant). Il faut constater que le langage C contient des théories mineures,
qui opèrent avec des heuristiques différentes de celles attendues par les économistes. En
général, les acteurs économiques ne pensent pas en termes de E, au mieux en formes de
dialectes quotidiens de l’économie du langage C. E dépend finalement de l’interprétation de C
pour pouvoir comprendre la situation économique. Les décisions dépendent du sens que le
langage fournit. Le langage dirige l’action, des problèmes de traduction entre E et C sont donc
de première importance.
Birger Priddat illustre sa thèse avec l’exemple de l’investisseur privé. Des conseillers veulent
lui enseigner E, il en résulte un dialecte combinant E et C. L’investisseur ne veut finalement
pas vraiment apprendre E, il imagine plutôt la situation comme au casino et veut être informé
par son conseiller.
L’économie est ainsi perçue comme un jeu, la communication avec les autres joueurs (les
investisseurs) comme une part du jeu. Dans ce contexte, E devient un idiome de référence.
Les acteurs du modèle E agissent sans utiliser systématiquement le langage économique. Ils
ne pensent pas en termes de E, ils agissent selon des configurations plus complexes: ils sont
motivés par le social darwinisme, la psychologie, la politique de puissance et quand ce n’est
pas par l’astrologie. De telles théories de la pratique, qui se basent intuitivement sur la
configuration du réel peuvent aboutir à des résultats meilleurs que le seul E. L’économie est
finalement aussi une analyse linguistique.
C’est pourquoi la littérature est si importante pour l’économie ; elle documente la conception
de l’économie.